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ii. Le rapport différencié à la réalité des actes de parole

II. LES CONDITIONS DES ACTES DE PAROLE

II.1. ii. Le rapport différencié à la réalité des actes de parole

§ 25. Les dimensions d'évaluation, les faits et la subversion de la doctrine du positivisme logique.

On considère généralement que le propre d'un énoncé vrai, et donc, dans la terminologie austinienne, le propre des « constatifs », et notamment des « affirmations », est de se trouver dans un certain rapport avec la réalité. On tient qu'ils disent ou rapportent ce qui est, le rapport étant le plus souvent pensé sous forme de copie ou d'hypothèse à vérifier. C'est le propre de la doctrine du positivisme logique de considérer que seuls les énoncés susceptibles d'entretenir ce type de rapport avec les faits portent véritablement une signification. Comme l'explique Ayer :

Nous nous chargerons de montrer que, pour autant que les affirmations de valeur sont douées de signification, elles sont des affirmations « scientifiques » ordinaires ; et que, dès lors qu'elles ne sont pas scientifiques, elles ne sont pas douées de signification, au sens littéral du terme, mais qu'elles sont simplement des expressions émotives, qui ne peuvent être ni vraies, ni fausses259.

Cette explication, selon laquelle, dès lors qu'on ne peut extraire d'un énoncé donné une proposition factuelle susceptible d'être vérifiée empiriquement, c'est-à-dire une description susceptible de dire ce qui est, alors cet énoncé ne porte pas vraiment de signification et n'est donc pas susceptible d'être vrai ou faux, doit valoir aussi bien pour les énoncés portant des jugements de valeur que des jugements esthétiques, bref pour tous les énoncés normatifs : ceux-ci ne sont alors que des expressions, qui ne décrivent pas un état de fait et qui peuvent ou doivent normalement et seulement susciter chez autrui certaines réactions émotives.

C'est ainsi que si je dis à quelqu'un : « Tu as mal agi en volant cet argent », je n'affirme rien de plus que si j'avais simplement dit : « Tu as volé cet argent ». En ajoutant que c'est mal agir, je n'affirme rien de plus à cet égard. Je manifeste simplement ma désapprobation morale. C'est comme si j'avais dit : « Tu as volé cet argent » sur un ton particulièrement horrifié, ou comme si je l'avais écrit en ajoutant certains signes particuliers d'exclamation. Le ton, ou les signes d'exclamation, n'ajoutent rien à la

258. Cette naturalisation de la normativité est très proche de celle qu'opère W.V.O Quine,, notamment in The Roots of Reference, Open Court , La Salle, Ill., 1973, 151 p. Voir aussi S. Laugier, L’anthropologie

logique de Quine, l’apprentissage de l’obvie, Vrin, Paris, 1992, 288 p.

signification littérale de la phrase. Il sert uniquement à montrer que son expression s'accompagne, chez le locuteur, de certains sentiments.

Si maintenant je généralise l'affirmation précédente et dit : « C'est mal de voler de l'argent », j'énonce une phrase qui n'a pas de signification factuelle – c'est-à-dire qui n'exprime aucune proposition qui puisse être vraie ou fausse. [...] Car en disant que c'est mal, ou bien, de faire un certain type d'action, je ne fais aucune affirmation sur les faits, ni même sur mon propre état d'esprit. Je suis seulement en train d'exprimer certains sentiments moraux260.

On remarque immédiatement la proximité d'une telle analyse des énoncés moraux avec l'analyse, offerte par Austin, des performatifs : ils ne décrivent rien, surtout pas eux-mêmes, ni ce qu'ils servent à faire, ou encore ils n'apportent aucune contribution sémantique à ce qui est dit, mais ils servent à exprimer quelque chose et, une expression n'étant ni vraie ni fausse, ne sont eux-mêmes ni vrais ni faux. Ayer renvoie donc les énoncés moraux à une problématique de l'usage, pour mieux les exclure du champ de la vérité. C'est également ainsi qu'on analysait alors les énoncés de jugement, d'ordre, ou de promesse, qualifiés plus tard de performatifs par Austin et rangés par Ayer dans la catégorie des énoncés éthiques ayant certaines fonctions : ceux-ci n'étant pas des énoncés porteurs d'une proposition pouvant être vérifiée par les faits, c'est-à-dire descriptifs, n'étaient pas considérés comme véritablement signifiants, ni comme susceptibles d'être vrais ou faux, car leur objet propre n'était pas de rapporter les faits, mais de provoquer certaines réactions chez l'interlocuteur :

Il est important de noter que les termes éthiques ne servent pas seulement à exprimer des sentiments. Ils sont également destinés à exciter des sentiments et ainsi à stimuler l'action. Certains d'entre eux sont en effet utilisés de telle sorte qu'ils confèrent aux phrases où ils sont présents l' effet d'ordres. Ainsi la phrase : « Il est de votre devoir de dire la vérité » peut à la fois être regardée comme l'expression d'un certain type de sentiment moral à l'égard de la sincérité et l'expression de l'ordre : « Dis la vérité »261.

Ramenant l'effet de ces énoncés à ce que Austin appellera des effets perlocutionnaires, et donc à une activité propre de la parole, Ayer peut se permettre de les exclure définitivement du champ de la vérité : on ne peut évaluer la vérité de ces énoncés puisqu'ils entraînent, ou non, les effets de l'ordre. Austin reprendra d'ailleurs cette qualification d'Ayer pour les actes perlocutionnaires : ceux-ci adviennent ou n'adviennent pas et c'est à peu près tout ce qu'on peut en dire. Tous les énoncés considérés ne sont donc pas susceptibles d'être vrais ou faux tout simplement parce qu'ils n'ont pas de rapport avec les faits du monde : ils expriment

260. A.J. Ayer, Language, Truth and Logic, op. cit., p. 107. 261. A.J. Ayer, Language, Truth and Logic, op. cit., p. 108.

simplement l'état de la personne qui les prononce ou entraînent un certain nombre d'effets que la vérité ne prend nullement en compte.

Sont donc bien exclus du rapport à la réalité tous les énoncés qui ne sont pas censés rendre un jugement sur les faits, qui, par conséquent, ne sont pas vérifiables et qui ne sont donc pas susceptibles d'être vrais ou faux. Tous ces énoncés, par conséquent, ne sont pas susceptibles, non plus, d'évaluation objective : « ils n'ont absolument aucune validité objective262. » Or, comme le dit Cavell, « la réponse d'Austin au positivisme logique [...] dépend d'une compréhension de l'énoncé performatif comme conservant une adéquation à la réalité (ou à certaines conditions factuelles) égale à celles des affirmations vérifiables 263. » Austin va en effet considérer que tous les actes de parole entretiennent un certain rapport spécifique avec les faits, généralisant par là, d'une certaine façon, la dimension de la vérité à tous les énoncés. Ainsi, alors que le positivisme logique se servait de la propriété de la vérité pour restreindre le champ des énoncés signifiants aux seuls énoncés qui rapportent ce qui est, Austin, en montrant que tous les énoncés ont parmi certaines conditions spécifiques d'évaluation un rapport aux faits – qui est parfois évaluable en termes de vrai ou de faux –, étend le rapport aux faits aux énoncés mêmes qui ne disent pas ce qui est. Et, par contrecoup, il réduit la vérité à une relation avec les faits parmi d'autres, rendant même les énoncés descriptifs susceptibles d'avoir d'autres rapports.

Sommes-nous assurés qu'une affirmation vraie relève d'une autre classe d'appréciation que le raisonnement valable, le conseil judicieux, le jugement équitable ou le blâme justifié ? Ces derniers n'ont-ils pas des rapports compliqués avec les faits ? Cela est vrai également des exercitifs tels que dénommer, nommer, léguer et parier. Les faits y entrent en considération, tout autant que la connaissance ou l'opinion qu'on en a. [...]

Nous demandons : « Était-ce une affirmation juste ? » ; et les bonnes raisons de dire et d'affirmer, ainsi que les preuves valables permettant de le faire, sont-elles si différentes des raisons et des preuves en faveur des actes performatifs comme raisonner, avertir et juger ? Le constatif est-il alors toujours vrai ou faux ? Lorsque nous confrontons un constatif avec les faits, nous l'estimons de différentes façons impliquant en fait l'emploi d'une grande variété de termes qui recouvrent ceux que nous utilisons pour estimer les performatifs. (HTD, p. 142/146 – trad. modifiée)

Pour évaluer, en effet, si un jugement est équitable, vous n'aurez d'autre recours que de prendre en compte les faits jugés – et le jugement ne sera équitable que si les faits considérés sont tels ou tels par rapport au jugement. Prenons le cas du jugement de l'affaire La Reine contre Finney, étudié par Austin dans « A Plea for Excuses » :

262. A.J. Ayer, Language, Truth and Logic, op. cit., p. 108.

Le prisonnier, accusé du meurtre de Thomas Watkins, était employé dans un asile d'aliénés. Responsable d'un aliéné qui prenait son bain, il fit couler de l'eau brûlante dans la baignoire et l'ébouillanta à mort. Les faits paraissent avoir été fidèlement exposés dans la déclaration que fit l'accusé devant le juge d'instruction : « J'avais baigné Watkins, puis j'ai vidé la baignoire. J'avais l'intention de faire couler un nouveau bain et je demandais à Watkins de sortir. A ce moment-là, le nouvel employé, occupé à la baignoire d'à côté, attira mon attention en me posant une question ; mon attention se détourna donc de la baignoire où se trouvait Watkins. Je tendis la main pour ouvrir le robinet de la baignoire où se trouvait Watkins. Je n'avais pas l'intention d'ouvrir le robinet d'eau chaude, je me suis trompé de robinet. Je n'ai su ce que j'avais fait que lorsque j'entendis Thomas Watkins pousser un cri, et je n'ai découvert mon erreur qu'en voyant la vapeur. [...] » (Il a été prouvé que l'aliéné jouissait suffisamment de ses facultés pour pouvoir comprendre ce qu'on lui disait et sortir de la baignoire.)

Verdict : Non coupable264 .

On ne peut certes pas juger de la vérité du jugement : celui-ci n'est pas vrai ou faux ; mais il entretient cependant un rapport avec les faits – un rapport même particulièrement compliqué avec des faits particulièrement raffinés. Ici, il ne s'agit pas seulement de savoir si le chat est sur le paillasson. Il s'agit de déterminer si Finney est coupable du meurtre de Watkins. Naturellement, il s'agit de porter un jugement normatif : il s'agit en fait de savoir si l'acte de Finney mérite la qualification de meurtre – et, si c'est le cas, de déterminer quelle peine il mérite, étant donnée la gravité des faits. De la description qu'on va donner de l'acte va donc dépendre la qualification éventuelle comme meurtre et la culpabilité, ou non, de Finney. Que la dimension d'évaluation soit une dimension normative n'est en réalité absolument pas gênante : nous avons déjà vu comment Austin brisait le fétiche de l'opposition entre fait et valeur et considérait que toute description avait des dimensions normatives qui n'entachaient pas son objectivité. Dès lors, cette description ne se distingue en rien des autres descriptions : donner une description d'un meurtre pourra être aussi objective que donner celle d'un don ou d'un chat sur un tapis ; l'une sera autant imprégnée de normes que l'autre. On l'avait vu pour les actions, mais cela vaut également pour les faits : ceux-ci ne se réduisent pas plus que l'action à des réalités purement physique ou « observables » (dans un sens particulièrement réduit de « observables ») 265. Ils incluent d'autres aspects, normatifs, évaluatifs, qui empêchent qu'on les réduise – comme le voudrait une tentation toujours présente dans la philosophie représentationnaliste, selon laquelle on peut toujours réduire les faits d'un niveau

264. In PP, notamment pp. 196-197/159-161.

265. Nous renvoyons à la citation d'Austin, extraite de « A Plea for Excuses », in PP, pp. 178-179/140-141, que nous avons donnée dans notre § 3.

supérieur (par exemple, les faits sociaux) à des faits d'un niveau plus fondamental (les faits « bruts » ou « physiques »)266, dont la description la plus objective, supposée scientifique, s'efforcerait de rendre compte. C'est l'idée défendue par Ayer quand il dit : « Il n'y a aucun champ de l'expérience qui ne puisse être, en principe, assujetti à une forme quelconque de loi scientifique, ni aucun type de connaissance spéculative concernant le monde qui soit, en principe, au-delà de la connaissance scientifique.267 », où par « connaissance scientifique » il faut entendre une connaissance factuelle ou encore une connaissance des faits physiques, vérifiée par l'expérience, elle-même réduite à la sensation : or on ne peut pas « sentir » la réalité d'une banque, de l'argent ou d'une loi268. Par conséquent, ces choses ne sont pas considérées comme des choses réelles. Mais comme Austin le remarque de manière incisive :

Premièrement, il est clairement présupposé [par les doctrines visées] que le commun des mortels croit qu'il perçoit des choses matérielles. Or ceci, du moins s'il faut comprendre qu'il dirait qu'il perçoit des choses matérielles, est manifestement faux ; car « chose matérielle » n'est pas une expression qu'utiliserait le commun des mortels [...] On peut cependant supposer que l'expression « chose matérielle » est ici avancée, non pas comme ce que dirait le commun des mortels, mais comme désignant, d'une façon générale, la classe des choses que le commun des mortels croit, et dont, tout à la fois, il dit de temps en temps percevoir des exemplaires. Mais nous devons alors bien sûr demander ce que comprend cette classe. On nous donne comme exemple des « objets familiers » – des chaises, des tables, des images, des livres, des fleurs, des crayons, des cigarettes. L'expression « chose matérielle » n'est pas ici mieux définie (ni dans un quelconque endroit du texte d'Ayer269). Mais le commun des mortels croit-il que ce qu'il

266. Nous faisons ici allusion tout à la fois à l'œuvre de Adolf Reinach, lointain précurseur de la théorie des actes de parole et, surtout, au livre de J.R. Searle, The Construction of Social Reality, op. cit., – lui-même largement inspiré de l'œuvre de Margaret Gilbert, auteur notamment de On social Facts, Princeton University Press, New York, 1992, 521 p. – et dans lequel il considère que les faits sociaux, et notamment les actes de parole, sont construits, en vertu de fonctions « agentives » donnée par l'intentionnalité, à partir de faits « bruts », pensés comme plus primitifs parce que réductibles à des événements physiques. Nous nous permettons de renvoyer à notre texte : « Le problème de l’ontologie des actes sociaux : Searle héritier de Reinach ? », Les

Études Philosophiques, PUF, Paris, 2005, 12 p. – à paraître. Mais voir aussi A.J. Ayer, Language, Truth and Logic, op. cit., p. 63-64, où Ayer entend ramener toute la réalité mondaine à « une construction logique de

contenus sensibles (sense-contents). »

267. A.J. Ayer, Language, Truth and Logic, op. cit., p. 48

268. C'est aussi tout l'enjeu de la notion d' « engagement ontologique » de Quine et de son physicalisme en général : voir W.V.O. Quine, Pursuit of Truth, Cambridge, Mass.: Harvard University Press, revised edition : 1992, 113 p. ; trad. fr. de M. Clavelin, La poursuite de la vérité, Paris : Seuil, coll. « L’ordre philosophique », 1993, 156 p.

perçoit est (toujours) quelque chose qui s'apparente à du mobilier ou à ces autres « objets familiers » – spécimens d'articles de mercerie de taille moyenne ? Nous pouvons penser, par exemple, à des personnes, à leurs voix, à des rivières, des flammes, des arcs-en-ciel, des ombres, des images cinématographiques, des images illustrant des livres ou des tableaux sur un mur, à des vapeurs ou des gaz – toutes choses que les personnes disent voir ou (parfois) entendre, sentir, c'est-à-dire « percevoir ». Mais sont-ce toutes des « choses matérielles » ? Si non, lesquelles n'en sont pas et pourquoi exactement ? Aucune réponse ne nous est octroyée. (SS, pp. 7-8/ 28-29 – trad. modifiée)

Les philosophes font en réalité un usage simplifié du terme de « choses matérielles », dans une référence abusive à la science physique, pour couvrir l'ensemble des réalités perçues, sans voir que c'est cette réduction même qui leur permet ensuite d'exclure un certain nombre de faits des « faits réels ». Mais en réalité, nous percevons tout autant les faits qui ne sont pas réductibles à des « choses matérielles » : nous percevons parfaitement les arcs-en-ciel, les images dans les livres, les images télévisées et la banque au coin de la rue. C'est dire que notre environnement perçu ne se réduit pas à des réalités descriptibles en termes purement physiques. En effet, pour expliquer ce qu'est une banque – réalité ordinaire du monde s'il en est – nous serons obligés de nous référer à autre chose qu'à des faits purement physiques : tout un ensemble de caractéristiques qui ne sont nullement atomiques et qui n'auraient pas de sens à être réduits à un conglomérat d'atomes plus ou moins raffinés. Ainsi, comme le dit Austin, « on considère généralement que les phénomènes, les événements, les situations, les états de choses font-réellement-partie-du-monde [...] Et sûrement pouvons-nous dire de tous que ce sont des faits. La défaite des Allemands est un événement et un fait – était un événement et un fait.270 »

Ce n'est pas dire que le langage ordinaire est vague, flou, non-scientifique – autre tentation prégnante du représentationnalisme dans sa variante positiviste271 – mais qu'il marque des distinctions et des phénomènes qui ne se situent pas au niveau physique. Pour le dire autrement : le langage ordinaire rend compte de dimensions qu'oublie la physique telle que la pense la philosophie – des dimensions qui n'ont pourtant rien de mystérieux, ni de « transcendant », mais qui sont tout simplement d'un autre ordre, tout aussi réaliste. (Qui penserait à nier, sinon le philosophe inattentif au réel, que l'argent existe, que le percepteur est un personnage réel et que l'État m'impose parfois son existence ?)

Nous devons donc prendre en compte dans l'évaluation des actes de parole des faits – tous les faits – du monde, sans nous restreindre, par une prudence infondée, aux simples

270. J.L. Austin, « Unfair to Facts », in PP, p. 156 – trad. inédite.

phénomènes physiques. Par conséquent, pourront intervenir dans l'évaluation des descriptions aux implications normatives marquées, rendant compte de faits non-physiques272, sans que cela attente le moins du monde à son objectivité.

Par ailleurs, on va voir qu'une dimension d'évaluation est nécessairement normative et que l'évaluation en termes de vérité ou de fausseté repose sur des normes spécifiques : la correspondance, plus ou moins stricte, avec les faits. Il s'agit ici d'autres normes qui seront prises en compte, permettant de donner un jugement le plus juste possible – et non pas vrai. C'est-à-dire qu'il s'agit d'évaluer un autre rapport à la réalité, qui n'est plus de simple correspondance – mais, pourrait-on dire, de « justesse », celle-ci ayant, comme la vérité, des normes spécifiques. (Ne pas condamner quelqu'un s'il n'est pas responsable de l'action, par exemple ; ou ne pas considérer les déments comme responsables de leurs actes.) Or ce sont des normes qui sont parfois bien plus fines que les normes de la vérité et qui déterminent l'objectivité possible de tels énoncés de manière plus raffinée, même si elle est parfois plus difficile à atteindre 273. (Dans le cas qui nous préoccupe, doit-on dire que Finney est responsable de ses actes ? Il n'a certes pas fait exprès de brûler à mort Watkins, mais il a volontairement appuyé sur le robinet. On le voit encore une fois, tout dépendra des objectifs informant la description.)

Quoi qu'il en soit, pour juger le cas Finney, le juge doit bien prendre en compte la réalité, c'est-à-dire ce qu'il a fait et la manière dont il l'a fait. C'est ici que la description d'une