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II - 1. Propos introductifsopos introductifs

II - 1.1. les technologies de l’information et de la communication (TIC)

Il n’existe pas une définition univoque des TIC et les définitions varient en fonction de leur utilisation. Globalement, elles peuvent être apparentées à la dénomination générale de la « Société de l’information » et englobent les concepts gravitant autour de l’informatique. L’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) définit le secteur d’activité des technologies de l’information et de la communication comme « une combinaison des entreprises manufacturières et de services qui capturent, transmettent et affichent électroniquement des données et des informations » (OCDE, 2002). L’office québécois de la langue française définit les TIC comme :

« l’ensemble des technologies issues de la convergence de l'informatique et des techniques évoluées du multimédia et des télécommunications, qui ont permis l'émergence de moyens de communication plus efficaces, en améliorant le traitement, la mise en mémoire, la diffusion et l'échange de l'information. »

Il est donc possible de caractériser les TIC suivant deux caractéristiques principales, le pendant tech- nologique correspondant à la numérisation de l’information et le pendant social de leur capacité à mettre en relation (CASTELLS, 1998 ; MUCCHIELLI, 1995 ; RALLET, 2006 ; SEGUY, 2008).

Les TIC sont donc composés de :

- l’équipement informatique classique tel que les ordinateurs et les périphériques d’entrée et de sortie connectés,

- réseaux informatiques et de télécommunications,

- logiciels et plus largement de l’ensemble des outils capables de gérer les données numériques, - activités de « contenu » comme les multimédias et l’audiovisuel,

A partir du milieu des années 90, une nouvelle révolution technologique, basée sur les principes de l’informatique distribuée, a progressivement vu le jour, permettant la connexion croissante d’ordinateurs au travers de réseaux câblés. Pour en témoigner, la croissance exponentielle du nombre d’utilisateurs d’Internet illustrée par la Figure 13.

Figure 13 : Évolution du nombre d'utilisateurs d'Internet (source www.isc.org)

D’autre part, les systèmes informatiques se sont progressivement étendus et distribués (Rallet, 2006) (Figure 14). Si, dans un premier temps, la recherche en informatique a permis la connexion de postes informatiques au sein d’une même organisation (Intranet), elle permet aujourd’hui d’en connecter plu- sieurs géographiquement distantes (Extranet). Cette évolution matérielle s’accompagne d’autre part, d’un développement croissant de solutions logicielles adaptées, le World Wide Web (le terme Web est utilisé dans la suite de ce mémoire), les courriers électroniques et le transfert de fichiers par FTP (File Transfer Protocol) étant sans doute les applications les plus connues et les plus utilisées à l’heure ac- tuelle.

Figure 14 : Évolution de l'informatique de 1960 à nos jours (adapté de WALDNER, 2007)

Dans ce contexte, l’utilisation de l’informatique et des réseaux à grande échelle se généralise et s’initie dans le quotidien des entreprises. Les TIC sont devenus une composante à part entière de l’organisation et permettent d’entretenir, de soutenir et de faire survivre les compétences acquises, par

leur pouvoir de « capitalisation des savoirs et de gestion des connaissances » (RALLET, 2006). Les

fonctions principales des TIC sont (Figure 15) : - le partage des ressources,

- le partage d’information, - la communication, - la coordination.

Figure 15 : Ensemble des fonctions de l'intranet, et par extension des TIC

A l’origine appliquée à l’Intranet, ce modèle est extensible à l’Internet et à l’ensemble des technologies « réseau » existantes. Cette « révolution culturelle » comme le titre Le Monde diplomatique « Manière de voir » de février-mars 2010, déterritorialise progressivement le fonctionnement des sociétés mo- dernes (CHOLLET et RIVIERE, 2010). Physiquement distribués, ces réseaux informatiques englobent de

plus en plus d’entités matérielles géographiquement distantes et invisibles pour l’utilisateur, au point d’utiliser le terme « ubiquitaire » ou « en nuages » : « environnement d'intelligence artificielle dans le- quel les ordinateurs et réseaux sont enfouis et intégrés dans le monde réel. L'utilisateur a accès à un ensemble de services au travers d'interfaces distribuées intelligentes. Ces interfaces s'appuient sur des technologies intégrées dans les objets familiers » (PUZENAT, 2008).

À cette vision fortement virtualisée des ressources informatiques vient se greffer des pratiques socié- tales nouvelles. D’après AYACHE (2008), les TIC représentent « le pivot de la société hyperinformation-

nelle » aboutissant au développement d’un « intelligence collective » que LEVY (1997) définit comme

« une intelligence partout distribuée, sans cesse valorisée, coordonnée en temps réel, qui aboutit à une mobilisation effective des compétences ». Plus pragmatiquement, cette vision « philosophique » se vérifie quotidiennement sur le Web, au travers d’outils du Web 2.0 défini comme participatif et social (O'REILLY, 2007). Il est depuis peu question de Web 3.0 ou web sémantique ou « Graphe Global

Géant ». Au travers de cette approche, les pages internet sont capables de communiquer entre elles 49

sans l’intervention humaine grâce à un langage formalisé (BERNERS-LEE, 2007 ; PISANI et PIOTET, 2008

; ZELDMAN, 2006).

II - 1.2. Collaboration et organisation virtuelle

Globalement, l’avènement des TIC a progressivement ouvert la voie de la collaboration entre des par- tenaires scientifiques, académiques et industriels géographiquement distants. Regroupés autour d’un ensemble de technologies informatiques, ces utilisateurs poursuivent des objectifs communs (coopéra- tion) ou tirent profit de cette organisation pour résoudre leurs propres problématiques (collaboration). Il est question d’ « e-collaboration » ou « organisation virtuelle » (BOURAS et al., 2008). Ce concept appa-

rait comme un des éléments fondateurs des recherches engagées, durant la fin des années 90 et poursuivies à l’heure actuelle, sur la technologie grille et son utilisation par des communautés scienti- fiques. Il constitue donc un axe de réflexion privilégié de cette recherche.

II - 1.3. Interopérabilité

L’interopérabilité, terme utilisé dans de nombreux domaines, est fortement liée à cette notion de par- tage de l’information et donc a fortiori de collaboration. Elle correspond « à l’aptitude, pour plusieurs systèmes hétérogènes, à pouvoir communiquer/échanger une information mécanique, électronique ou logique dans un environnement prédéterminé » (DUFLOT, 2007). D’après la Figure 16b, un client (C1)

est capable, si les systèmes d’information sont interopérables, d’accéder à différents serveurs distants. A contrario, si aucun effort d’interopérabilité n’est engagé, il est souvent nécessaire d’utiliser des clients différents (C1, C2 et C3) pour accéder à des systèmes d’informations distants (Figure 16a).

Figure 16 : L’interopérabilité selon l’OpenGIS® (adapté de KOLODZIEJ, 2004)

Ces concepts épistémologiques permettent de mieux situer les avancées technologiques actuelles du monde des TIC et d’intégrer cette recherche dans le vaste champ disciplinaire les englobant. En effet, la technologie grille, et les intergiciels permettant son fonctionnement, peuvent être inclus dans cette vision de l’informatique collaborative et interopérable. Ils sont largement décrits et discutés dans les paragraphes suivants.

Dans ce sens, cette deuxième partie de chapitre permet d’approfondir les concepts fondamentaux de l’informatique distribuée, tels qu’elle est a été présentée précédemment. En se basant sur les caracté- ristiques principales de ce champ d’application, une attention particulière est développée sur la techno- logie grille. Dans une seconde partie, la notion de système d’information géographique est présentée pour mieux appréhender la branche plus spécifique des SIG basés sur une architecture réseau, pro-

gressivement apparue dans le courant des années 90 en parallèle de la pérennisation de l’informatique distribuée. L’aboutissement de cette réflexion amène, en fin de chapitre, à considérer la gestion de l’information géographique au travers d’un réseau informatique distribué par l’utilisation de services web dédiés, permettant d’entrevoir la nécessaire interopérabilité des systèmes d’information temps- réel. Finalement, l’objectif principal de cette partie est de mettre en exergue les nouvelles potentialités technologiques existantes, dans la continuité des efforts développés autour de l’amélioration progres- sive de la chaîne informationnelle de la gestion de crise.