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II] Les parcours mutilés de la méthodologie Introduction au chapitre

Il sera question, dans ce chapitre, de l‟examen de la méthodologie propre à la littérature. D‟abord, il sera question de comprendre ce que la matière littéraire peut contre les objets scientifiques constitués. Ensuite, nous verrons ce que la lecture peut fabriquer comme logiques d‟appréhension de la matière narrative. En dernier lieu, il s‟agira de revenir sur les matrices signifiantes. La quête de la méthodologie signifie la création de conceptions par lesquelles l‟objet pourrait nous donner accès à des sens particuliers. Montrer que l‟énoncé n‟est qu‟un transit des compréhensibles.

Nous scinderons la masse énonciative (dans cette séquence du travail) à trois types d‟énoncés. D‟abord, l‟énoncé produit par le narrateur, en d‟autres termes tout ce qui échappe à la pronominalisation situationnelle. «Dans le cas de l'expression le soi, la décision serait de prendre au sérieux l'apparence d'un être ou d'une forme d'existence - le soi - que suscite

inévitablement la nominalisation.

»

174 A titre d‟exemple, l‟énoncé Le soleil sřest levé n‟est pas dit par une subjectivé qui se désigne, ni par un énonciateur qui marque sa subjectivité (il n‟y a pas de je, ni du il). Cet énoncé reprend les questions existentielles lourdes, mais cette reprise n‟invite pas la langue historique pour s‟opérer. Le même énoncé ne renvoie qu‟à un énoncé impur. Si l‟on accepte que l‟idée d‟existentialité est le produit exclusif de l‟existant, l‟on est dans l‟obligation de comprendre que l‟énoncé errant n‟a pas d‟origine sémantico-humaine et il n‟est pas le reflet d‟une préoccupation humaine. Faut- il noter que l‟humain ne peut pas se réduire à l‟état civil et à tout ce que ces systèmes historiques ont produit comme modes de désignation de soi et de l‟Autre. L‟intervention de l‟idéologie dans l‟appréhension de l‟Autre est évidente. A propos de l‟idéologie, Paul Ricoeur écrit : « Dans ses premières œuvres, Marx sřassigne pour tâche de déterminer ce quřest le réel. Cette détermination va affecter le concept dřidéologie, puisque lřidéologie est tout ce qui tombe en dehors de cette réalité. » Nous pouvons comprendre que l‟Autre, en tant qu‟image, est fabriqué par l‟appareil psychanalytique de soi.

« Le texte littéraire, production de lřimaginaire par excellence, est un genre inépuisable pour la rencontre de lřAutre : rencontre par procuration certes, mais rencontre tout de même. La littérature permet dřétudier lřhomme dans sa complexité et sa variabilité. Elle permet dřexplorer une pluralité de personnages, de situations. »175

Nous considérons que les énoncés thématiques sont loin de constituer un questionnement sur la langue (notamment son fonctionnement). Le deuxième type d‟énoncés que nous exploiterons dans notre travail, c‟est l‟énoncé produit par un être jouissant d‟une identité dans le texte analysé. Il s‟agit, dans ce cas-là, de désigner le propos et son producteur. A titre d‟exemple, l‟idée qu‟avait Mokrane (personnage dans La colline

oubliée) de la mort ou de la jouissance. Nous pouvons élargir la réflexion en y introduisant

les passages par lesquels passe la pensée produite concernant la question existentielle. En analysant, par exemple, le parcours narratif de Menach, l‟on pourrait comprendre l‟idée qu‟il se fabrique de la haine, de Dieu ou de l‟Existence. Nous pouvons lire, à propos de l‟étude du personnage, ce qui suit : « …cet être fictif est traité comme sřil sřagissait dřun humain réel : il est représenté parlant, pensant, agissant, et il suscite des réactions affectives (sympathie et répulsion) et même pratiques (imitation). Cette illusion de vie réelle du personnage fait partie du pacte de lecture. »176Il est évident que notre travail, notamment dans cette séquence-là, fait fonctionner l‟herméneutique et que nous procédons par l‟interprétation.

174

Descombes Vincent, Le pouvoir dřêtre soi Paul Ricoeur Soi-même comme un autre, Crit ique Revue générale des publications françaises et étrangères, tome 47, nos 529 -530, juin-ju illet 1991, pp. 545-576.

175

ABDA LLA H-PRETCEILLE Mart ine, « La littérature comme lieu d‟apprentissage de l‟altérité et du divers », Synergies Brésil, n° spécial 2, 2010, p. 145-155

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C‟est dans cette séquence que notre travail prendra toute so n étendue. Nous aurons à déceler certaines préoccupations qui traversent les personnages (ceux qui sont liés par une trame), et nous nous limiterons à l‟existentialité telle que comprise non point par la littérature métaphysique (classique), mais ce que la conjoncture nous donne comme pistes de réflexion sur l‟existentialité. C‟est-à-dire que l‟on fera une refondation du lexique propre à la métaphysique. Comme il a été souligné, les thèmes (psychiques) fournis par la métaphysique ne nous importent pas ; ce qui est, par ailleurs, important pour nous c‟est l‟examen de l‟être (coincé entre l‟obligation d‟une présence historique et l‟obligation d‟unification du sujet déchiré). Le sujet est la confirmation de la possibilité de présence par ce que la matérialité décrète. L‟on peut lire, à propos de la notion de sujet ce qui suit :

«« Le sujet n'est pas celui qui pense. Le sujet est proprement celui que nous engageons, non pas, comme nous le lui disons pour le charmer, à tout dire Ŕ on ne peut pas tout dire Ŕ mais à dire des bêtises, tout est là. » Cette formule de Jacques Lacan nous semble bien résumer le paradoxe d'une psychanalyse qui, attentive à tout ce qui dans le discours non seulement contrecarre l'intentionnalité signifiante, mais se déploie en son absence, ne renonce cependant pas à injecter du sens là même où elle avait prétendu établir la préséance du signifiant sur le signifié. »177

Le rédacteur de l‟article dit, par ailleurs, et toujours à propos de la notion du Sujet : « Le sujet psychanalytique, c'est celui que la science moderne s'est efforcée en vain de « suturer » et à partir duquel elle a pu se définir de cette impuissance même. Bref, c'est son « corrélat antinomique », comme l'écrit Lacan. »178

Nous viserons, dans ce cas, les questions thématisées. Nous prenons deux exemples.

« …le père est devenu fou. »179 « Le soleil est un vieux maniaque. »180

Le premier énoncé contient une question existentielle textualisée, car elle n‟est repérable que par rapport à la fusion des voix qui reviennent dans le texte. Elle peut signifier un état psychique, comme elle peut signifier une disposition inscrite dans les rôles instaurés par les conditions socio-historiques.

Par ailleurs, le second énoncé renvoie à une question existentielle qui est autonome par rapport à un je qui nie sa filiation textuelle. Mais il y a une multitude de sens liés à ce je complet : l‟on peut déceler la dépression, la douleur, la haine de soi, le désir de mourir, la culpabilisation légitime de soi, etc. Ce qui peut relier les deux énoncés, c‟est qu‟ils ne

177

SAINT-GIRONS, Ba ldine, «Sujet », Encyclopédie Un iversalis, 2010.

178

Ide m.

179

MAMMERI, Mouloud, Le sommeil du juste, Bé jaia , Ta lntikit, 2005, p. 129

180

réclament pas un questionnement sur la matière linguistique. La langue est assurée de ne pas être considérée comme moyen de refondation épistémologique. Les questions sont thématisées et elles peuvent renvoyer à ce que les sens communs ont fabriqué.

1] Philosopher par la négation utile de soi

Contrairement à la littérature philosophique (nous entendons par littérature les discours produits sur la condition humaine et non les discours produits sur la Raison humaine) qui s‟est inscrite dans le sillage de la métaphysique, nous considérons que l‟existentialisme n‟a pas eu pour préoccupation de réfléchir sur l‟humain. Entre l‟humain et l‟existant, les philosophes de l‟existentialisme nous apprennent qu‟il y a un décalage qui induit la révision de l‟espace académique (notamment ses composants). La présence historique du Sujet n‟est pas un thème propre à l‟humain, car il y a un rapport au temps très flottant. L‟existant ne se définit pas comme une marge de l‟humanité. Il concurrence le temps, non point pour s‟y inscrire, mais pour le comprimer de sorte que toute désignation du Sujet soit atemporelle et a-historique. Le temps est, pour le déprimé, un espace infini. L‟examen de ce qui peut provenir des personnages induit automatiquement à l‟exclusion des énoncés qui sont produits par l‟auteur et qui relèvent de l‟assertion. C‟est le troisième type d‟énoncés. Cet énoncé (ce type) renvoie à ce qui est dit non par l‟auteur-narrateur et non point par une voix narrative. Il nous revient, tout au cours du travail et sans observation rigide des procédés décrétés par l‟empirisme, d‟examiner ce type d‟énoncés en y décelant les parties signifiantes qui sont en relation avec l‟existentialité. Ces questions ne sont pas implicites, elles dépendent de ce que peut l‟Histoire devant l‟hégémonie du noyau signifiant du mot. Ces énoncés peuvent être considérés comme extérieurs à l‟espace narratif. Ils peuvent, par ailleurs, être attribués au narrateur (désigné tel que par les techniciens de l‟analyse littéraire, il est réduit à l‟idée d‟invoquer le fait par le décalage discursif qu‟est, dans notre cas, la narration), mais ils doivent être pris en dehors de toute inscription socio-historique. L‟auteur se démultiplie et rend l‟impact des instances historiques limité. Nous considérons que ce type de production comme étant un mode très alittéraire, en ce sens que ce qui est dit ne s‟inscrit pas dans une optique narrative.

« Lřexil ne peut engendrer quřune mauvaise amertume. »181

« Tout jugement définitif sur la vie des gens est f igé comme un axiome. Or, la vie est à lřopposé de lřimmobilité. »182

181

HADDAD, Male k, Lřélève et la leçon, Constantine, Média-plus, 2004, p. 52

182

Ces deux énoncés sont porteurs de sens à la fois matériels et métaphysiques, car ils dénotent d‟une subjectivité réfractaire à la catégorisation abstractionniste qui considère le sujet comme un vide disposé, pour se comprendre, à subir tous les regards épistémologiques.

L‟intrusion du modèle assertif dans le texte littéraire est très fréquente, mais le dire philosophique porte des germes de subjectivité que l‟Histoire ne néglige pas. L‟énoncé assertif nous donne une idée de ce qu‟est le texte littéraire, mais aussi de ce que peut être la réflexion pure (sans détours discursifs). L‟on peut lire à propos des biaisements que connaît le discours littéraire :

« G. Genette a proposé de concevoir les fictions narratives comme le résultat dřun acte de langage indirect. Pour lui, ce sont bien des assertions feintes, mais qui produisent indirectement une œuvre ; lřauteur fait une sorte dřacte déclaratif qui modifie la réalité en vertu des pouvoirs que lui confère son statut dřauteur. Cet acte déclaratif instaure lřétat provoqué par son énonciation. »183

1-1- La question existentielle à l’épreuve de la matière textuelle

Aussi bien pour le premier modèle que pour le second, le repérage de la question existentielle ne permet pas que la tradition philosophique soit épargnée par la critique, en ce sens que le réfléchir soit revu par les moyens que sont, dans le travail que nous menons, la langue et toutes les ramifications de celle-ci.

Si Bakhtine nous mène à réfléchir sur le texte par le biais de ce qu‟est le dialogisme (ce qui désigne la multitude des voix), Todorov, notamment dans la collection des textes des formalistes russes, nous parle de ce que peut être un texte littéraire, en insistant sur ce que l‟on appelle la séquence narrative. Todorov écrit :

« On peut établir une unité syntaxique supérieure à la proposition ; appelons-la séquence. La séquence aura des caractéristiques différentes suivant le type de relation entre proposition ; mais, dans chaque cas, une répétition incomplète de la position initiale en marquera la fin. »184

Il dévoile, par ce texte- là, les limites de lecture des textes littéraires, et de par là, nous serons dans l‟obligation de dire tout ce qui peut constituer un texte ne donne pas une totalité de significations, mais pas un objet d‟étude. Les recherches académiques et les écrits journalistiques procèdent d‟un impérialisme intellectuel, dans le sens où un livre, qui n‟est naturellement qu‟un amas de phrases réduit à la vision par ce que l‟Histoire a imposé, a été rendu l‟objet de toutes sortes d‟assertion. L‟idée de livre devient celle qui permet aux

183

MAINGUENEA U, Do minique, Pragmatique pour le discours littéraire, Paris, Nathan, 2001, p.24

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lecteurs et aux critiques d‟y projeter leurs visions. Le livre, qui est un support matériel, est le seul moyen qui nous permet d‟accéder à la totalité de l‟objet d‟étude.

« Le livre est chose inépuisable, pour la raison suffisante quřun seul livre lřest. Le livre nřest pas une entité close : cřest une relation, cřest un centre dřinnombrables relations. » Chaque livre renaît à chaque lecture, et lřhistoire littéraire est au moins autant lřhistoire des façons ou des raisons de lire, que celle des manières dřécrire ou des objets dřécriture. »185

Quand les spécialistes nous parlent d‟une œuvre, ils tentent de la réduire à des sens visibles et, du coup, d‟en faire à la fois une éthique et une idéologie, en ce sens que le langage délègue son pouvoir à un sujet dont l‟examen et l‟image sont confisqués par les pensées universitaires. La séquence veut dire, dans l‟usage d‟autres registres et domaines de langue, une portion du texte qui peut se tenir autonome des autres portions, de sorte que sa capacité de signifiance puisse échapper à la totalité et qu‟elle soit pertinente. Entre les pratiques scolaires qui invitent le corps des lecteurs à faire de l‟empirisme (dans ce sens où l‟enseignant tente de projeter des notions sur le texte étudié) et les discours journalistiques et académiques, le texte littéraire ne reçoit sa condition d‟existence que par le biais de la socio-histoire. En dépit de toutes les tentatives visant à rendre le texte analysable dans sa totalité, ce même texte reste un chantier d‟où germent les significations. Il est évident que ce que le texte donne comme significations ne peut être repris dans sa totalité, mais il est évident, par ailleurs, il y a possibilité d‟élaborer une idéologie de tout texte lu. Le texte n‟est pas un produit ontologique, il peut être repéré, dans notre cas, dans ses désignations historiques. Nous parlons de livre.

« Roger Chartier : Le premier problème, cřest : quřest-ce quřun livre ? Cřest

une question que posait Kant dans la seconde partie des Fondements de la métaphysique des mœurs, et il définissait très clairement ce quřest un livre. Dřun côté, cřest un objet produit par un travail de manufacture, quel quřil soit Ŕ copie manuscrite, impression ou éventuellement production électronique Ŕ, et qui appartient à celui qui lřacquiert. En même temps, un livre, cřest aussi une œuvre, un discours. Kant dit que cřest un discours adressé au public, qui est toujours la propriété de celui qui lřa composé et qui ne peut être diffusé quřà travers le mandat quřil donne à un libraire ou à un éditeur pour le mettre dans lřaire de la circulation publique. »186

1-2- Le Groupe Linguistique Signogène

185

GENETTE, Géra rd, Figures 1, Paris, Seuil, 1966, p. 130

186

Réponse donnée par Roger Chartier à une question donnée lors d‟une interview accordée au site La vie

des idées. Le te xte est consultable au lien suivant : http://www.laviedesidees.fr/ Le-livre -son-passe-son-avenir.html

Nous nous proposons comme élément central de notre travail (en matière de théorie) ce que nous appellerons le Groupe Linguistique Signogène. Qu‟est-ce que cela veut dire ? D‟abord, nous nous démarquons de ce que les linguistes font du texte littéraire. Todorov écrit, à propos de la doctrine des formalistes, ce qui suit :

« …il importe de préciser quelques principes de base de la doctrine formaliste.

On parle le plus souvent de « méthode formelle », mais lřexpression est imprécise et on peut contester le choix aussi bien du substantif que de lřadjectif. La méthode, loin dřêtre unique, englobe un ensemble de procédés et de techniques qui servent à la description de lřœuvre littéraire, mais aussi à des investigations scientifiques fort différentes. Pour lřessentiel, on dira simplement quřil faut considérer avant tout lřœuvre elle-même, le texte littéraire comme un système immanent… »187

Les philosophes structuralistes considèrent que c‟est la littérarité d‟un texte qui doit être la préoccupation centrale de la science littéraire. « La formule de Jakobson : « lřobjet de la science littéraire nřest pas la littérature mais la littérarité (literaturnostř), cřest-à-dire ce qui fait dřune œuvre donnée une œuvre littéraire », doit être interprétée au niveau de lřinvestigation et non de lřobjet. »188 La question de la langue, telle que formée par les critiques littéraires en question, a son substrat épistémologique. Elle ne revient que par le biais de la littérature formelle, en considérant comme matière scientifique cette même littérature. L‟oralité est abandonnée par les formalistes, notamment français. Or, chacun sait que le travail de littérarisation n‟est pas lié à l‟Histoire. Par ailleurs, le découpage que font les linguistes du texte littéraire nous oblige à considérer la langue comme formalisa tion des formes méconnues, une matérialisation mystifiante. Le texte est contaminé par les formes signifiantes provenant de l‟espace linguistique. Tenter de réduire le texte à sa forme (discursive) matérielle ne ménage pas le chercheur dans la quête active des significations. Il est une lapalissade que de dire que le sens (du moins dans sa fabrication) convoque le sujet. Celui-ci peut être défini comme ce que l‟Histoire a pu fabriquer comme strates essentielles de l‟être a-historique. Cela veut dire que le capital traumatique est essentiel pour le sujet historique. La langue littéraire n‟est pas capable de restituer à la langue toute son étendue. Ensuite, nous considérons que la langue est dynamique, car c‟est elle qui invite à sa propre autodestruction.

Si la grammaire, notamment celle qui revient dans les instances pédagogiques officielles, a pu accompagner l‟analyse littéraire, elle a toutefois jugulé les tentatives de réflexion sur la langue. La grammaire a, certes, fonction de veiller sur le bon

187

TODOROV, Tzvetan, Poétique de la prose, Paris, Seuil,, col Poétique, p. 11-12.

188

fonctionnement de la langue (qui est, dans ce cas- là, un fait naturel), mais donne l‟impression que ce que font les usagers de la langue ne fait que renforcer le pouvoir des grammairiens (tous donnant la mission de valider moralement la conformité des énoncés à la norme). La critique littéraire a de tout temps réfléchi dans le cadre de l‟offre grammaticale (en ce sens que les critiques ne construisent de sens qu‟après avoir accepté les règles à partir desquelles ce même sens peut être valide), car elle a tenté de laisser les énoncés (littéraires) se construire conformément à ce qu‟autorise la grammaire (la syntaxe incluse). Le rapport de la langue au sens peut être compris en ces termes.

« La langue doit être décrite du point de vue de catégories qui correspondent à des intentions de communication (le sens), en mettant en regard de chacune dřelles les moyens (les formes) qui permettent de les exprimer. Cela revient à construire une grammaire du sujet parlant, lequel se trouve au coeur de ce qui fait lřintentionnalité du langage : un processus dřénonciation qui dépend des choix plus ou moins conscients que le sujet parlant opère pour produire du sens dans lřespoir de se faire comprendre. »189

Les liens qui existent naturellement dans chaque énoncé doivent être remis e n cause afin que le règne de la grammaire (qui est une partie de la morale, elle- même faisant partie de l‟ordre bourgeois) soit clos. Le GLS s‟inscrit dans cette optique-là, c‟est-à-dire qu‟il tente de réduire la portée de la grammaire dans la lecture et l‟analyse des textes. Il s‟agirait, si l‟on s‟en tient aux procédures conventionnelles, exactement, de décomposer