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Identification des pôles d’emploi de l’agglomération

Chapitre 3 : Analyse et traitement des densités urbaines, le cas de l’agglomération dijonnaise

I. L’agglomération du Grand Dijon comme terrain d’étude

2. Identification des pôles d’emploi de l’agglomération

L’agglomération compte en 2012 près de 137 734 emplois dont plus de 65% sont situés à Dijon (90 241 emplois)21. Composé de nombreux commerces et services aux particuliers et aux entreprises, le centre-ville de Dijon s’apparente au Central Business District (CBD) du territoire. L’emploi de l’agglomération est majoritairement tertiaire (78,8 % en 201122), et les actifs se répartissent entre les différentes catégories socio-professionnelles (CSP) comme suit :

Tableau 11 : Répartition des actifs du Grand Dijon par CSP

Part dans le total des actifs (en %) en 2012 Agriculteurs exploitants 0,5

Artisans, Commerçants, Chefs d’entreprise 6,3 Cadres, Prof. intellectuelles supérieures 17,1

Professions intermédiaires 28,6

Employés 27,5

Ouvriers 20

Source : INSEE RP2012 (exploitation principale)

Bien que les emplois restent très concentrés dans le pôle urbain dijonnais, on observe cependant des concentrations d’activités en périphérie du CBD. L’existence de pôles d’emploi secondaires s’explique par des politiques d’aménagement amorcées à partir des années 1990, plus particulièrement au travers de la création de Zones d’Activités Economiques (ZAE). Menées à l’échelle intercommunale, ces politiques ont pour objectif la création de zones industrielles, commerciales ou de pôles technologiques, visant à conforter l’activité en place ou le développement de nouveaux centres spécialisés en périphérie de la ville-centre. Dans leurs travaux, Baumont etal.

(2004 a; 2004 b) analysent les mutations spatiales de l’agglomération dijonnaise et tentent d’identifier ces pôles d’emploi secondaires. Pour cela, les auteurs ont recours à plusieurs méthodes et critères d’identification. Suivant les travaux de Giuliano et Small (1991), un pôle d’emploi se

21 Source : INSEE RP2012

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définit comme « une zone ou un ensemble de zones contiguës qui possèdent individuellement une densité d'emplois supérieure à un certain seuil 𝐷̅ et supérieure à la densité des zones qui l'entourent et qui possèdent globalement un nombre d'emplois total supérieur à un certain seuil 𝐸̅ » (Baumont, Bourdon, et Guillain 2004a). Evidemment le choix du seuil varie grandement selon la taille de l’aire urbaine étudiée : pour Los Angeles, Giuliano et Small (1991) fixent un seuil 𝐸̅ égal à 10 000 emplois, seuil qui n’est de toute évidence pas adapté à une agglomération française de taille moyenne. Le premier critère retenu par Baumont etal. (2004 a) est donc un seuil d’emplois supérieur ou égal à 1000. Cependant, comme le précisent les auteures, le découpage administratif/statistique réalisé sur ce territoire entraine un biais d’hétérogénéité spatiale. L’agglomération dijonnaise est en effet constituée de plusieurs communes dont certaines sont découpées en IRIS (Ilots Regroupés pour l'Information Statistique) et d’autres pas. On observe donc de petites unités spatiales à proximité du CDB (des IRIS de petite taille) et de grandes unités spatiales à la frontière de l’agglomération (des communes non « irisées »). Ainsi, la fixation d’un seuil unique n’est pas pertinente sur un espace urbain constitué de zones très hétérogènes par leur taille, il ne permet pas de les comparer entre elles et d’identifier les « réelles » concentrations d’activités. Pour pallier ce biais méthodologique, les auteures utilisent deux autres critères d’identification des concentrations d’activités :

- les petites unités spatiales (inférieures à 203 acres) doivent présenter une densité d’au moins 8 emplois par acre ;

- les grandes unités spatiales (supérieures à 203 acres) doivent présenter un ratio emploi/population supérieur ou égal à 1.

Suivant ces différents critères, Baumont etal. (2004 a) identifient 5 pôles d’emploi dont 2 « multi-communaux » :

- le centre-ville de Dijon (ou CBD) qui se compose d’activités tertiaires supérieures (services aux particuliers (finance, immobilier, assurance) ; services aux entreprises ; transport et communication). Cette localisation centrale des services supérieurs répond au besoin de proximité avec la clientèle et tient également à la faible consommation d’espace de ces activités, bien rare et onéreux dans les centres-villes ;

- le pôle « multi-communal » Nord marqué dans les années 1990 par l’industrie, la construction et le commerce de gros, concentre en 1999 de nombreuses activités tertiaires principalement destinées aux ménages, il tend alors à être un pôle multi-sectoriel ;

- le pôle « multi-communal » Sud dont la composition sectorielle est proche de celle du pôle Nord en 1990 (industrie, construction, commerce de gros). En 1999, de nombreuses entreprises de services aux entreprises et de R&D s’y sont implantées ; à la différence du pôle Nord, le pôle Sud reste spécialisé dans l’industrie ;

- deux pôles isolés « Est » et « Nord » concentrant dans une moindre mesure des industries et commerces.

On constate donc le schéma classique de répartition spatiale des activités économiques selon lequel les activités industrielles et de commerce de gros, très consommatrices d’espace, se localisent en périphérie où le foncier est disponible en grande quantité et peu onéreux (Polèse et Shearmur 2010). Entre 1990 et 1999, on assiste donc à une spécialisation du CBD dans les services supérieurs, aux

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particuliers (finance, assurance, immobilier) comme aux entreprises (services juridiques, comptables, communication, transport). Les autres activités tertiaires « standards » se relocalisent vers les pôles périphériques, entrainant une baisse du nombre d’emplois au CBD et une diversification des centres secondaires. Cette diversification est particulièrement remarquable pour le pôle Nord : déjà amorcée en 1990, elle se confirme avec la création d’une grande zone commerciale destinée à la consommation des ménages, la Toison d’Or. Il est également important de noter que la localisation de ces pôles secondaires d’emploi est très liée à l’implantation des grandes infrastructures de transport, la majorité d’entre eux bénéficie en effet d’un accès direct à la rocade dijonnaise.

Bien que les travaux de Baumont et al. (2004 a, 2004 b) portent sur le contexte économique de l’agglomération en 1999, une note d’information réalisée par la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) de Côte-d’Or indique que les concentrations d’activités sur le territoire sont sensiblement les mêmes en 2013. On constate en effet sur la carte de la Figure 31 que le schéma spatial des zones d’activités en 2013 correspond à celui décrit par Baumont et al. (2004 a, 2004 b).

Figure 31 : Zones d’Activités du Grand Dijon en 2013

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Dans nos travaux, nous conservons donc ces mêmes pôles d’emploi à savoir : - le centre-ville de Dijon en tant que CBD ;

- le pôle Nord, le pôle Sud, le pôle isolé Nord de Fontaine-les-Dijon et les pôles isolés Est de Chevigny et Quetigny23.

Nous ajoutons également le pôle secondaire composé du Centre Hospitalier Universitaire (CHU) Le Bocage et de l’Université de Bourgogne, localisés dans des IRIS contigus, nous permettant de tenir compte de l’emploi public. Suivant les critères d’identification de Baumont etal. (2004a), cette zone présente un ratio emploi/population supérieur à 2, il peut donc être considéré comme un pôle d’emploi secondaire.

Tableau 12 : Caractéristiques des IRIS "Bocage" et "Université"

IRIS « Bocage » IRIS « Université » Total du pôle

Surface (acre) 24 66,34 647,04 713,38

Population (2012) 96 4 122 4 218

Nombre d’emplois 7 125 25 2 900 26 10 025

Ratio emploi / population 2,38

Sources : INSEE RP2012, Université de Bourgogne, CHU de Dijon

Au total, nous considérons donc sept pôles d’emploi : le centre-ville, deux pôles multi-communaux et quatre pôles « isolés » (cf carte de la Figure 32). Nous remarquons que ces pôles sont essentiellement implantés à l’est de l’agglomération : seul le pôle de Fontaine-les-Dijon est implanté au nord-ouest. Cette géographie de l’activité économique peut notamment s’expliquer par le fait que, jusqu’en 2014, l’ouest dijonnais ne bénéficiait pas d’un accès direct à la rocade. En 2014, la dernière portion de rocade est achevée, la LINO (Liaison Nord) relie désormais l’ouest à tous les grands pôles de l’agglomération et particulièrement aux territoires de l’est qui concentrent la majorité des équipements structurants (hôpital, université, stade, piscine olympique, aéroport, centres commerciaux…). En continuité de l’autoroute A38 en direction de Paris, cet aménagement vise le développement de zones d’activités dans les communes de l’ouest, en proposant une accessibilité accrue à l’agglomération et au territoire national.

23 Le pôle de Quetigny a été dissocié du pôle Nord car il constitue une zone commerciale indépendante du pôle de la Toison d’Or, et les deux sont séparées par la zone industrielle de Saint-Apollinaire

24 Les surfaces des IRIS sont calculées à l’aide du SIG QGis

25 Chiffres tirés des « Chiffres-clés 2014 » du CHU (personnel médical et non médical)

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Figure 32 : Les centres d'emploi du Grand Dijon

Source : IGN – Contours IRIS