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Echelle d’étude et prise en compte de l’hétérogénéité du découpage spatial

Chapitre 3 : Analyse et traitement des densités urbaines, le cas de l’agglomération dijonnaise

II. Données mobilisées et questionnements méthodologi-ques

2. Echelle d’étude et prise en compte de l’hétérogénéité du découpage spatial

L’échelle d’étude privilégiée dans nos travaux est celle de l’IRIS, découpage infra-communal réalisé par l’INSEE. Ce découpage présente l’avantage de pouvoir raisonner à l’échelle des quartiers et d’ainsi capter les hétérogénéités spatiales au sein d’un espace urbain. Cette unité spatiale et statistique nous permet de caractériser les quartiers selon des critères quantitatifs (nombre d’habitants ou de logements) mais également qualitatifs, et d’appréhender ainsi le statut socio-économique des différents espaces. Ce découpage à l’IRIS est appliqué aux communes de plus de 10 000 habitants et à une grande partie des communes comprenant entre 5 000 et 10 000 habitants. Afin de couvrir la totalité du territoire français, ce découpage considère les communes non « irisées » comme un IRIS. L’INSEE considère trois types d’IRIS qui doivent respecter « des critères géographiques et démographiques et avoir des contours identifiables sans ambigüité et stables dans le temps :

27 Avant 1949, de 1949 à 1974, de 1975 à 1981, de 1981 à 1989, de 1990 à 1999 et après 1990

28 Avant 1946, de 1946 à 1990, de 1990 à 2009 et après 2010

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- les IRIS d’habitat (H) : leur population se situe en général entre 1 800 et 5 000 habitants. Ils sont homogènes quant au type d'habitat et leurs limites s'appuient sur les grandes coupures du tissu urbain (voies principales, voies ferrées, cours d’eau…) ;

- les IRIS d’activité (A) : ils regroupent plus de 1 000 salariés et comptent au moins deux fois plus d’emplois salariés que de population résidente ;

- les IRIS divers (D) : il s'agit de grandes zones spécifiques peu habitées et ayant une superficie importante (parcs de loisirs, zones portuaires, forêts...) »30.

Les communes non « irisées » sont, elles, notées « Z ».

La communauté urbaine de Dijon est composée de 24 communes dont 15 ne sont pas « irisées » et de 122 IRIS (cf Tableau 13).

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Tableau 13 : Les IRIS de la Communauté Urbaine du Grand Dijon

Commune Population en 2012

Nombre et type

d’IRIS Nom des IRIS

Ahuy 1 265 Non irisée (Z)

Bressey-sur-Tille 707 Non irisée (Z)

Bretenière 781 Non irisée (Z)

Chenôve 13 959 9 IRIS (7H et 2A)

Ateliers SNCF, Chapitre-Bibliothèque, Mairie-Stade, Petignys-Chaufferie, Piscine-Valendons, Saint-Exupéry, Strd, Vieux Bourg Grand Crus, Zone Industrielle

Chevigny-Saint-Sauveur 10 330 5 IRIS (4H et 1A)

Breuil-Fleurs, Centre-Ville-Clos St-Sauveur, Château-Visitation, Corcelles-Bas de Chanot, Zone Economique

Corcelles-les-Monts 654 Non irisée (Z)

Crimolois 751 Non irisée (Z)

Daix 1 413 Non irisée (Z)

Dijon 152 071 66 IRIS (61 H, 4A,

1D)

Abattoirs, Arquebuse, Arsenal, Balzac, Bel Air, Bourroches Est, Bourroches Ouest, Carrières Bacquin, Carrousel, Castelnau, Champ Perdrix, Champmaillot, Charles de Gaulle, Chartreuse, Clémenceau, Clos de Pouilly, Combe à la Serpent, Concorde, Cordeliers, Darcy, Davout, Docteur Laval, Edouard Belin, Eugène Spuller, Fauconnet, François Pompom, Grangier, Gresilles Centre, Greuze, JJ Rousseau, Jouvence Est, Jouvence Ouest, La Charmette, La Gare, La Montagne, La Toison d'Or, Larrey, Le Bocage, Le Lac, Lentillères, Les Hauts de Montchapet, Les Roses, Les Valendons, Lochères, Lyautey, Mansart, Monge,

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Parc des Sports, Petit Citeaux, Petites Roches, Providence, Républiques, Sacré Coeur, Saint-Michel, Saint-Pierre, Stalingrad, Stéarinerie, Tanneries, Tire Pesseau, Trois Forgerons, Université, Voltaire, York, ZI Nord Est

Fénay 1 565 Non irisée (Z)

Flavignerot 160 Non irisée (Z)

Fontaine-les-Dijon 9 142 5 IRIS (4H et 1A) Activités Economiques, Majnoni, Saint-Martin, Saverney, Vieux-Village Hauteville-les-Dijon 1 173 Non irisée (Z)

Longvic 9 078 4 IRIS (3H et 1A) Bief du Moulin, Bourg-Valentin-Prévots, Parc Poussots-Pommerets, Zone Industrielle Colombière

Magny-sur-Tille 854 Non irisée (Z)

Marsannay-la-Côte 5 192 3 IRIS (2H et 1A) Champagne-Haute, Le Bourg, Zac Neuilly-les-Dijon 1 848 Non irisée (Z)

Ouges 1 285 Non irisée (Z)

Perrigny-les-Dijon 1 461 Non irisée (Z) Plombières-les-Dijon 2 731 Non irisée (Z)

Quetigny 9 690 5 IRIS (4H et 1A)

Atrias-Vieux Village-Grand Chaignet, La Fontaine aux Jardins, Les Huches, Place Centrale-Quetignerots-Pré Bourgeot, Zone Activ Europe-Cap Vert-Grand Marche

Saint-Apollinaire 7 012 4 IRIS (2H et 2A) Nord Est, Nord-Village, Sud Est, Sud-Village Sennecey-les-Dijon 2 160 Non irisée (Z)

Talant 11 204 6 IRIS (6H) Boris Vian-Triolet, Mail-Canzio-Jouvet, Maronniers-Neruda, Montoillots-Logis de France-Zone Artisanale, Prévert-Plein Ciel, Vieux Talant-Clinique

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Dans nos travaux, nous éliminons certains IRIS concentrant une faible population. Suivant les recommandations de l’INSEE, les IRIS labellisés « 3 » sont généralement trop peu peuplés pour pouvoir être représentés correctement dans l’échantillon (moins de 1000 habitants). Ce sont des IRIS « atypiques » appartenant à des communes de plus de 10 000 habitants et essentiellement des IRIS d’activité ou « divers ». Nous éliminons également des IRIS labellisés « 4 » qui présentent également peu d’habitants car l’INSEE prévient que, pour toutes bases de données, « les effectifs inférieurs à 200 doivent être maniés avec précaution car, en raison de l'imprécision liée au sondage, ils peuvent ne pas être significatifs »31.

Ainsi, nous éliminons 10 IRIS d’activité et le seul IRIS « divers » (Combe à la Serpent-Le Lac) qui concentrent moins de 200 habitants :

En revanche, nous conservons trois IRIS d’activité comportant chacun plus de 1000 habitants. Ces IRIS « mixtes » concentrent à la fois un nombre élevé d’emplois mais également une population importante, nous ne les éliminons donc pas.

Au final, nos travaux portent sur 111 IRIS dont 108 sont des IRIS d’habitat et 3 des IRIS d’activité.

Si ce découpage infra-communal nous permet une analyse plus fine des quartiers et de leurs caractéristiques, il présente cependant un biais d’hétérogénéité spatiale lié au mode de construction des unités géographiques. En effet, afin de respecter le critère d’homogénéité du nombre de résidents entre les différents IRIS, ce découpage produit des IRIS de taille très différente. Le centre-ville, dans lequel les individus sont très concentrés, génère des IRIS de petite taille. Plus on s’éloigne de ce centre et plus la population est dispersée, engendrant un découpage géographique très large afin de parvenir au seuil de 1 800 habitants. Cette hétérogénéité est accentuée par le fait que les

31 INSEE – Documentation Fichier Détail

COMMUNE Nom IRIS Type IRIS Label Pop12

1 Chenôve Strd A 3 103

2 Chenôve Zone Industrielle A 3 169

3 Chevigny-St-Sauveur Zone Economique A 3 122

4 Dijon ZI Nord Est A 3 78

5 Dijon La Gare A 3 38

6 Dijon Le Bocage A 3 96

7 Dijon Combe à la Serpent Le Lac D 3 7

8 Fontaine-les-Dijon Activités Economiques A 4 52

9 Longvic Zone Industrielle-Colombière A 4 118

10 Marsannay-la-Côte Zac A 4 142

11 Quetigny ZA Europe-Cap Vert-Grand Marche A 4 183

COMMUNE Nom IRIS Type IRIS Label Pop12

12 Dijon La Toison d'Or A 3 1933

13 Saint-Apollinaire Nord Est A 4 1732

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communes périphériques ne sont pas « irisées », c’est alors tout le territoire communal qui est considéré. Sur la Figure 34, on constate que les IRIS localisés dans un rayon de 3,5 kilomètres autour du CBD ont une superficie inférieure à 1 km². Passée cette distance, la taille moyenne des IRIS augmente pour atteindre près de 8 km² à la frontière de l’agglomération. La baisse de la surface moyenne des IRIS à environ 7 kilomètres du centre-ville peut s’expliquer par le fait que la commune de Chevigny (à environ 7,5 km à l’est de Dijon) soit découpée en 5 IRIS, contrairement à la majorité des communes de la couronne périphérique de Dijon.

Figure 34 : Taille moyenne des IRIS suivant la distance au centre32

Source : IGN – Contours IRIS

Cette hétérogénéité du découpage spatial implique deux biais pour l’étude des densités urbaines. Le premier a été mis en avant par Frankena (1978) lors de la parution des nombreuses études mobilisant la forme exponentielle négative pour estimer la fonction de densité. Puisque la densité est une fonction décroissante de la distance au centre (cf Chapitre 2, point II.1) et que les découpages administratifs / statistiques visent une population homogène entre les différentes unités spatiales, alors le centre est composé de très nombreux IRIS intensément peuplés et la périphérie, de quelques grands IRIS. Ce découpage conduit alors à une surreprésentation des petits IRIS très denses, donc très nombreux, et une sous-représentation des grands IRIS périphériques. La solution apportée par Frankena (1978) pour pallier ce déséquilibre dans la représentativité des différentes unités spatiales est de pondérer celles-ci par leur surface respective.

Le second biais engendré par cette hétérogénéité est relatif à la mesure de l’intensité d’occupation du sol dans les IRIS ; il conduit à distinguer la densité brute de la densité nette. En effet, si l’on considère toute la surface de l’IRIS pour calculer nos densités urbaines, il est inévitable que les IRIS du centre, les plus petits, présenterons de fortes densités alors que les IRIS périphériques, plus

32 Pour réaliser ce graphique, nous avons calculé la surface de chaque IRIS ainsi que la distance entre le centroïde de chaque IRIS et le centroïde du CBD à l’aide du SIG QGis

0,00 1,00 2,00 3,00 4,00 5,00 6,00 7,00 8,00 9,00 Su rf ac e mo yenn e des IR IS ( en k )

Distance au centre (en mètres)

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grands, apparaitront moins occupés. Considérer la totalité de la surface de l’unité spatiale revient à admettre que le territoire n’est destiné qu’à un usage résidentiel et que les individus s’y répartissent de façon homogène. Si cette supposition peut être relativement raisonnable dans les espaces urbains centraux, elle s’avère très critiquable dans les communes périphériques ou rurales. En effet, ces espaces sont peu urbanisés, la majorité des terres étant destinée à l’usage agricole ou laissée à l’état naturel. La population ne se répartit donc que sur une petite portion du territoire communal (Cavailhès 2009a). De même, la plupart des espaces, et particulièrement les centres urbains, comprennent des voies de communication ou des zones dédiées aux activités économiques. On ne peut donc considérer, en centre-ville comme en périphérie, que les individus se localisent sur tout l’espace disponible ; ils se localisent surtout là où l’urbanisation s’est implantée, là où des habitats ont été érigés. On revient à la relation très forte qui lie densité de population et densité de bâti, les deux ne peuvent être dissociées (Muth 1969; Goux 1981).

Ces questionnements méthodologiques impliquent donc une réflexion sur un mode de calcul de la densité capable de retranscrire fidèlement la concentration des individus dans l’espace et permettant d’effectuer des comparaisons pertinentes entre différents territoires. De fait, nous nous penchons sur les concepts et calculs de densité brute et nette, au cœur de nos travaux empiriques de thèse.

3. Densité brute versus densité nette : quel indicateur de concentration