• Aucun résultat trouvé

Article 1 : Institutionnalisation de la mesure de la performance des entreprises en

5. Idéologie du chiffre: production de frontières et de jeux

Le discours des organismes de mesure de la performance se caractérise par son intention pratique (Hall, 1997b, p.44). Mais surtout il s’agit chaque fois, remarquons-le, de promouvoir une idéologie du chiffre qui vise principalement à établir un régime

52

d’exclusion et d’inclusion, dont la zone de démarcation dépend de la performance, telle qu’elle est chiffrée, des entreprises en matière de développement durable. On cherche à distinguer les « amis » et les « ennemis » de l’environnement, les gentils et les méchants. Pour pouvoir être reconnu sans équivoque, il faut un signe clair, un slogan susceptible de rallier facilement les parties prenantes. Le but est d’exclure et de mettre au banc des accusés toute entreprise dont les activités portent atteinte aux principes fondamentaux du développement durable. Or, les frontières discriminantes ne sont pas fondées sur une technologie aussi neutre que possible – mais, au contraire, elles sont orientées en fonction de « normes » de durabilité qui sont censées s’appliquer universellement, sans tenir compte des spécificités et événements locaux. À titre d’exemple, les règlementations économiques, sociales et environnementales ainsi que les normes de travail diffèrent d’un secteur d’activité à un autre et d’un pays à un autre. De là, on prend le parti de dispositifs foncièrement réducteurs mais qui permettent, paradoxalement, de produire des mesures généralisables et comparables (Latour, 1999).

The JSI also incorporates several exclusionary indicators, which eliminate firms from contention regardless of what their record of performance may be in other areas. The JSI does not include companies that have significant involvement in: the production of nuclear power; the manufacture of tobacco products; weapons-related contracting. (Jantzi, available at

http://sustainalytics.com/indexes, accessed November 21, 2010)

To be considered for inclusion, a company must have achieved a minimum RepuTex Sustainability Rating of BBB (satisfactory). (RepuTex, available at

http://www.prnasia.com/xprn/storyCenter.do?method=loadWebPR&code=0 8404011&langId=1, accessed November 21, 2010)

Ce régime d’exclusion et d’inclusion vise à critiquer et donc à marginaliser les entreprises non « performantes », qui ne se comportent pas selon les canons du modèle écologique et responsable tel qu’il est conçu par les producteurs de mesure. Une attention particulière doit être portée, dans ce contexte, aux conséquences résultant de la procédure d’exclusion.9 Celle-ci pourrait créer un état d’inconfort chez les entreprises

exclues – ou celles faisant partie de l’élite mais qui craignent d’être dégommées. Ici, il

9 Ici, l’objectif n’est pas de juger du caractère acceptable ou non de l’effet d’exclusion, mais plutôt de mettre en exergue l’effet normalisateur de l’idéologie du chiffre. En effet, les entreprises exclues peuvent donner de l’emploi à des milliers de personnes, leur offrir des régimes de retraite, investir dans la communauté, alors que d’autres peuvent œuvrer dans des secteurs « acceptables » mais exploiter leur main-d’œuvre de façon abusive. Cette problématique constitue un terrain fertile, selon moi, pour les chercheurs intéressés en la matière.

53 faudrait insister sur l’anxiété qu’un tel dispositif de discrimination peut susciter chez les entreprises (Espeland et Sauder, 2009, p.74). L’angoisse et la peur de l’exclusion peuvent imposer des pressions d’amélioration continue et déclencher diverses actions pour réduire ces craintes. Comment les entreprises pourraient-elles donc agir ? Certes, elles peuvent agir sur leurs propres comportements et essayer d’améliorer leur performance conformément aux modèles réductionnistes déterminés par les organismes de mesure de la performance. Ce faisant, ces entreprises se trouvent à participer à la reconnaissance tacite, et donc à la légitimation, de ces modèles de mesure. Par ailleurs, elles peuvent avoir recours à divers moyens, notamment de négociation et éventuellement de lobbying, visant à agir sur les organismes de mesure de la performance pour que ceux-ci ajustent leurs procédures d’exclusion et d’inclusion. Elles peuvent également s’engager dans des tentatives de manipulation des données qu’utilisent les producteurs de mesure. En agissant ainsi, les entreprises ne sont pas des entités passives face au pouvoir disciplinaire des organismes de mesure de la performance. Pouvoir disciplinaire et résistance sont inextricablement reliés.

Il n’empêche que le pouvoir disciplinaire associé à l’idéologie du chiffre, tel que mis en œuvre par le discours des producteurs de mesure, se trouve à créer une pression significative au sein de ce secteur : par l’entremise des procédures d’inclusion et d’exclusion, d’une part, et par le biais de l’attribution nominative des accréditations et des certifications d’autre part. En s’assurant que les classements se concrétisent sous la forme de dispositifs de punition et de récompense (Foucault, 1979), l’idéologie du chiffre se trouve précisément à encourager un mouvement disciplinaire que les entreprises ne peuvent totalement ignorer. Tel qu’indiqué dans les extraits ci-dessus, ce pouvoir s’exerce notamment par la construction de frontières éthico-morales. En allant encore un peu plus loin, on pourrait imaginer que les organismes de mesure de la performance adoptent un profil relativement semblable à celui d’un inspecteur de police ou d’un juge. À ce titre, Foucault (1979) prétend ce qui suit:

We are in the society of the teacher-judge, the doctor-judge, the educator- judge, the ‘social worker’ judge ; it is on them that the universal reign of the normative is based, and each individual, wherever he may find himself, subjects his body, his gestures, his aptitudes, his achievement. The carceral network, in its compact of disseminated forms, with its systems of insertion, distribution, surveillance, observation, has been the greatest support, in modern society, of the normalizing power (p.304).

54

Sur un plan plus fondamental encore, on pourrait penser que les producteurs de la mesure sont à la recherche de coupables. On voit donc que le discours associé à l’idéologie du chiffre donne bel et bien lieu à une forme assez virulente de pouvoir de normalisation.

En bref, on peut penser que l’idéologie du chiffre participe à l’établissement d’une matrice de normalisation. Selon Espeland et Sauder (2009, p.72), la normalisation sous- tend la création d’un système de classification qui, à la fois, récompense et punit. La matrice exclut des individus et des groupes, se créant ainsi des adversaires, voire des ennemis – mais, simultanément, des partisans. On voit fleurir un espace social où s’articulent divers jeux de pouvoir, de domination, de confrontation et de résistance. L’ennemi ne serait pas seulement celui qui est exclu de la procédure de mesure, mais également celui qui résiste, refuse, conteste voire se révolte contre le système de mesure. Serait-il donc légitime de penser que les mesures de la performance deviennent des mécanismes de normalisation générateurs d’anxiété pour les entreprises ?

Tout ceci résonne avec l’argumentation de certains chercheurs, à savoir que les mesures de la performance ne peuvent pas être conçues comme des dispositifs neutres (Espeland et Sauder, 2009 ; Spitzer, 2007 ; Wedlin, 2006 ; Townley, 1996, 1995, 1994 ; Porter, 1995). Elles doivent plutôt être entendues comme des instruments de normalisation qui favorisent l’exercice d’un pouvoir disciplinaire. Reste toutefois que les cibles du pouvoir disciplinaire ne se soumettront pas nécessairement avec docilité à l’emprise de la mesure. Dans notre cas, les entreprises mesurées peuvent « jouer » avec le système, manipuler diverses données, échanger avec les organismes de mesure pour négocier leurs scores. À ce titre, Porter (1995, p.24) stipule que la mesure est depuis longtemps une affaire de « négociation ». De la sorte, il serait légitime de se poser la question suivante : jusqu’à quel point les entreprises demeurent-elles passives et soumises face au pouvoir de normalisation des organismes de mesure de la performance durable? La réponse à cette question mériterait certes une recherche systématiquement plus profonde sur la réaction et la résistance des entreprises mesurées, notamment les exclues. Cependant, voici un extrait d’article écrit par David Gottesman (fondateur et président de la firme de consulting GreenOrder) et Andrew L. Shapiro (analyste au sein de GreenOrder) montrant que les entreprises peuvent agir d’une manière active afin de négocier leurs scores :

55 So how can you ensure that your company is viewed positively in the public eye? The simple answer is: Engage! You can make ratings work to your advantage through proactive steps such as seeing who's rating you and how you score - and then talk to them. In 2007, Climate Counts, a nonprofit that rates companies annually on their efforts to take climate action (and a GreenOrder client), rated Levi's a dismal 1 out of 100. Director Wood Turner received a call that afternoon from, as he describes it, the "bewildered but motivated" company: They acknowledged that they were behind on climate change and that the score had very much gotten their attention. They said simply, 'You got our attention. What can we do?' And we were more than happy to take them through our 22-criteria scorecard and our key benchmarks. After speaking with Climate Counts, Levi's improved its environmental reporting and received a score of 22 in 2008. (Harvard

Business Publishing, available at

http://blogs.harvardbusiness.org/leadinggreen/2009/01/want-higher- sustainability-rat.html, accessed November 21, 2010)

Par conséquent, je considère que le pouvoir disciplinaire des mesures de la performance donne lieu à un « jeu » (Wedlin, 2006, p.182), auquel les entreprises visées ont intérêt à participer. Ne pas participer de façon active à ce jeu se traduit par une docilité eu égard aux mesures et par la renonciation à influencer la façon dont le jeu se joue. Même en tentant de manipuler le système, les entreprises contribuent à légitimer aussi bien la pratique de mesure que le jeu lui-même.

Conclusion

L’objectif de ce papier consiste à mieux comprendre la manière dont l’idéologie du chiffre se trouve véhiculée par le discours d’organismes de mesure de la performance socio-environnementale, donnant ainsi lieu à l’emprise d’un pouvoir disciplinaire. Pour ce faire, j’ai choisi de me référer à la méthode d’analyse herméneutique de Thompson (1990).

L’analyse discursive des sites web et des documents publics d’un certain nombre d’organismes de mesure de la performance en matière de développement durable m’a permis de révéler les modes discursifs adoptés par ces organismes ainsi que les stratégies idéologiques afférentes. L’idéologie du chiffre s’exprime à travers les modes suivants : la légitimation, la dissimulation, la fragmentation, l’unification et la réification. Les principales stratégies idéologiques utilisées sont la rationalisation, l’euphémisation, la différenciation, l’expurgation de l’autrui et la standardisation. Certains organismes de mesure de la performance appliquent la stratégie de rationalisation et produisent des chaînes de raisonnement pour justifier la qualité de leur

56

savoir-faire et la pertinence de leurs modèles de notation. De plus, ils ont recours à la stratégie d’euphémisation pour dissimuler l’objectif de leurs pratiques de notation. L’objectif occulte des organismes de mesure de la performance durable consiste alors à exercer un pouvoir disciplinaire sur les entreprises mesurées en rendant davantage visible, selon l’appareillage de mesure utilisé, les forces et les faiblesses de leurs politiques et leurs pratiques en matière de développement durable. Cependant, est-ce que les entreprises mesurées développent une certaine résistance au pouvoir exercé par ces organismes ? Si oui, leurs pratiques de résistance s’opposent-elles ou au contraire s’articulent-elles aux pratiques de pouvoir de ces organismes? Ces questions pourraient faire l’objet de recherches futures.

À travers les dispositifs d’inclusion, d’exclusion et de classification des entreprises, la mesure de ces organismes exerce une autorité sur les entreprises afin qu’elles modifient leurs conceptions, attitudes, et comportements en matière de développement durable. Les producteurs de mesure cherchent à justifier leur pratique par des revendications d’expertise, mais d’une façon qui comporte une certaine violence, – en créant artificiellement des frontières entre le pur et l’impur, entre le bien et le mal. Ce discours idéologique vise principalement la discrimination des entreprises. Cependant, il ne représente pas, d’une manière fondamentale, la vérité, bien qu’il tente de se légitimer en se présentant comme tel.

Comme modèle conceptuel et pragmatique, le message des organismes de mesure de la performance durable se fonde sur l’image qu’ils veulent projeter sans que ladite image ne reflète la vérité dans ce qu’ils produisent, de façon éminemment réductrice. N’empêche que les organismes présentent leurs mesures comme véritables. Dans les faits, cependant, l’idéologie du chiffre constitue un ensemble de représentations fonctionnant au service des intérêts soigneusement occultés des organismes de mesure de la performance durable. Leur discours idéologique est un savoir réducteur, un savoir qui en réalité vise le pouvoir. Par souci de ne pas révéler le caractère de leur projet pratique, exercer un pouvoir disciplinaire, ces organismes sont tenus de se cacher sous les apparences d’un savoir de substance. Comme il arrive de nos jours qu’on prenne pour indubitable et rédhibitoire un discours quand il a une allure quantitative et chiffrée, on passe sous silence qu’il s’agit d’un savoir ordonné au pouvoir sous l’apparence d’un savoir ordonné à la recherche de la vérité substantive. Bref, le discours des organismes

57 de mesure de la performance socio-environnementale est dissimulateur. Il est en outre partisan, simpliste et exclusiviste.

Enfin, ce travail pourrait fournir l’impulsion initiale et le point de départ de recherches futures. Il serait à mon avis intéressant que celles-ci se penchent par exemple sur les questions suivantes : qui détermine le canon de mesure de la performance durable et en assure la responsabilité ? Qui évalue le travail des organismes de mesure de la performance ? Qu’écrit la presse sur le travail de ces organismes ? Est-ce que le jeu suscité par l’idéologie du chiffre en vaut la chandelle ? Est-il susceptible de favoriser la responsabilisation socio-environnementale des entreprises ? Il s’agit ici de questions nécessitant des enquêtes empiriques. Néanmoins, sur la base de mon argumentation, on peut avancer que la résultante risque d’être ambiguë. Bien que le régime discriminatoire de l’idéologie du chiffre puisse induire certaines pressions, on ne doit pas oublier, d’une part, que les entreprises possèdent un certain pouvoir de manipulation et, d’autre part, que la mesure en tant que telle est foncièrement réductrice.

58

Bibliographie

AccountAbility (1999). AccountAbility 1000 (AA1000) framework Standards, guidelines and professional qualification.

AccountAbility (2004). The Accountability rating: Encoding Accountability. AccountAbility (2008a). AA1000 Assurance Standard 2008.

AccountAbility (2008b). Accountability Rating Methodology.

Adams, C.A. (2004). The ethical, social and environmental reporting – performance portrayal gap. Accounting, Auditing & Accountability Journal, 17(5), 731-57. Adams, C., & Evans, R. (2004). Accountability, Completeness, Credibility and the

Audit Expectations Gap. Journal of Corporate Citizenship, 14(Summer), 97-115. Alberola, E., & Giamporcaro-Saunière, S. (2006). Les agences d’analyse et de notation

extra-financière : quels services pour quels investisseurs. Revue d’Économie

Financière, 1-20

Alvesson, M., & Karreman, D. (2000). Varieties of Discourse: On the Study of Organizations through Discourse Analysis. Human Relations, (53), 1125-1149. Amernic, J.H., & Craig, RJ. (2001). Three tenors in perfect harmony: ‘Close reading’ of

the joint letter published by the heads of aluminum giants Alcan, Pechiney, and Alusuisse, announcing their mega-merger plan. Critical Perspectives on

Accounting, 12(6), 763-95.

Anderson, FL., & Prelli, L.J. (2001). Pentadic cartography: Mapping the universe of discourse. Quarterly Journal of Speech, 87(1), 73–95.

Ball, A., Owen, D.L., & Gray, R.H. (2000). External Transparency or Internal Capture? The Role of Third Party Statements in Adding Value to Corporate Environmental Reports. Business Strategy and the Environment, 9(1), 1-23.

Berland, N. (2004). Mesurer et piloter la performance. Paris: Editions de la Performance, PricewaterhouseCoopers.

Brasier, K.J. (2002). Ideology and discourse: characterizations of the 1996 farm bill by agricultural interest groups. Agriculture and Human Values, 19(2), 239–53. Brown, G., & Yule, J. (2003). Discourse analysis. Cambridge University Press,

Cambridge.

Brownell, P. (1981). Participation in Budgeting, Locus of Control and Organizational Effectiveness. Accounting Review, 56(4), 844-860

Brownell, P., & Hirst, M.K. (1986). Reliance on Accounting Information, Budgetary Participation, and Task Uncertainty: Tests of a Three-Way Interaction. Journal of

Accounting Research, 24(2), 241-249.

Burritt, R.L., & Welch, S. (1997). Accountability for environmental performance of the Australian Commonwealth public sector. Accounting, Auditing and Accountability

Journal, 10(4), 532-561.

Business in the Environment (2000). Index of Corporate Environmental Engagement and Performance.

Caron, P L., & Gely, R. (2004). What Law Schools Can Learn from Billy Beane and the Oakland Athletics. Texas Law Review, 82, 1483–1554.

Capron, M., & Quairel-Lanoizelee, F. (2007) Mythes et réalités de l’entreprise responsable. Acteurs. Enjeux. Stratégie, La Découverte.

Chwastiak, M., & Young, J. (2003). Silences in annual reports. Critical Perspectives on

Accounting, 14(5), 533–552.

Corman, SB., Kuhn, T., McPhee, DR., & Dooley K.J. (2002). Studying complex discursive systems: Centering resonance analysis of communication. Human

59 Covaleski, M.A., Dirsmith, M.W., Heian, J.B., & Samuel, S. (1998). The Calculated and the Avowed: Techniques of Discipline and Struggles over Identity in Big Six Public Accounting Firms. Administrative Science Quarterly, 43, 293-327

Condor, S., & Antaki, C. (1997). Social cognition and discourse. In T.A van Dijk (Ed.),

Discourse as structure and process. London: Sage, 1-34.

Craig, R.J., & Amernic, J.H. (2004). Enron discourse: The rhetoric of a resilient capitalism. Critical Perspectives on Accounting, 15(6/7), 813–851.

Creswell, J.W. (1997). Qualitative Inquiry and Research Design: Choosing Among Five

Traditions. Thousand Oaks: Sage.

Deegan, C., Rankin, M., & Tobin, J. (2002). An examination of the corporate social and environmental disclosures of BHP from 1983–1997; A test of legitimacy theory.

Accounting Auditing & Accountability Journal, 15(3), 312–343.

Deegan, C., Cooper, B., & Shelly, M. (2006a). An investigation of TBL report assurance statements: UK and European evidence. Managerial Auditing Journal, 21(4), 329-371.

Deegan, C., Cooper, B., & Shelly, M. (2006b). An investigation of TBL report assurance statements: Australian evidence. Australian Accounting Review, 16(2), 2-18.

Den Hartog, D.N., &Verburg, R.N. (1997). Charisma and rhetoric: Communicative techniques of international business leaders. Leadership Quarterly, 8(4), 355–91. Dow Jones Sustainability World Index (2009). Guide Book Version 11.1. September

2009.

EIRIS (2009). A Review of ESG Practices in Large Emerging Market Companies. Mars 2009.

EIRIS (2009). EIRIS Experts In Responsible Investment Solutions.

EIRIS (2008). The State of Responsible Business in 2008: Implications for PRI signatories. Eiris, October 2008, 32.p

Elsbach, K.D., & Kramer, R.M. (1996) Members’ Responses to Organizational Identity Threats: Encountering and Countering the Business Week Rankings.

Administrative Science Quarterly, 41, 442–476.

Environment Agency (2004). Corporate Environment Research: a review of environmental rating, ranking and indicies. Environment Agency, December 2004.

Espeland, W.N., & Sauder, M. (2007). The Reactivity of Rankings: How Public Measures Recreate Social Worlds. American Journal of Sociology, 113, 1–40. ETHIBEL (2005). Annual report 2005.

Fairclough, N. (1992). Discourse and social change. Cambridge: Polity Press.

Fairclough, N. (1985). Critical and descriptive goals in discourse analysis. Journal of

Pragmatics, 9(7), 739-763.

Fairclough, N., & Wodak R. (1997). Critical discourse analysis. In T.A van Dijk (Ed.),

Discourse as structure and process. London: Sage, 258-284.

Ferguson, J., Collison, D., Power, D., & Syevenson, L. (2009). Constructing meaning in the service of power: An analysis of the typical modes of ideology in accounting textbooks. Critical Perspectives on Accounting, 20(8), 896-909.

Foucault, M. (1971). L'Ordre du discours. Paris: Gallimard.

Foucault, M. (1991). Governmentality. In G. Burchell, C. Gordon, & P. Miller (Eds.),

The Foucault effect: Studies in governmentality. (87-104), London: Harvester

Wheatsheaf.

60

Foucault, M. (1980). Truth and power. In: Power/Knowledge, Selected Interviews and Other Writings 1972-1977. New York: Pantheon Books.

Gendron, Y., Cooper, D.J., & Townley, B. (2007). The construction of auditing expertise in measuring government performance. Accounting, Organizations and

Society, 32(1/2), 101–129.

Gladwin, T.N., Newburry, W.E., & Reiskin, E.D. (1997). Why is the Northern elite

mind biased against community, the environment and a sustainable future? In

M.H. Bazerman, D. Messick, A. Tenbrunsel, & K.A. Wade-Benzoni (Eds.),

Environment, ethics and behaviour: The psychology of environmental valuation and degradation. San Francisco: New Lexington, 234–274.

Gordon, C. (1991). Governmental rationality: An introduction. In G. Burchell, C. Gordon, & P.Miller (Eds.), The Foucault effect: Studies in governmentality. London: Harvester Wheatsheaf, 1-52.

Grant, D., Keenoy, T., & Oswick, C. (1998). Introduction: Organizational Discourse:

Of diversity, dichotomy and multi-disciplinarity. In D. Grant, T. Keenoy & C.

Oswick (Eds.). Discourse and Organization. London: Sage, 1-13.

Gray, R. (1992). Accounting and environmentalism: An exploration of the challenge of gently accounting for accountability, transparency and sustainability. Accounting,

Organizations and Society, 17(5), 399-425.

Gray, R., Kouhy, R., & Lavers, S. (1995). Corporate Social and Environmental reporting: A review of the literature and a longitudinal study of UK disclosure.

Auditing, Accounting and Accountability Journal, 8(2), 47–77.

Gray, R., Owen D., & Adams C. (1996). Accounting and Accountability: Changes and

Challenges in Corporate Social and Environmental Reporting. Prentice Hall

Europe, Hemel Hempstead.

Gray, R.H. (2000). Current Developments and Trends in Social and Environmental Auditing, Reporting and Attestation: A Review and Comment. International