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I ) Energies renouvelables et transferts de compétences

La coopération française au Kenya en termes de développement travaille en priorité sur trois axes majeurs : l’eau et l’assainissement, les infrastructures et l’environnement. La France dispose aujourd’hui d’une expérience fructueuse dans ces domaines au Kenya. Chacun de ces secteurs fait l’objet de réformes institutionnelles ambitieuses avec la participation d’acteurs influents au sein du dispositif de coopération française. La poursuite active de ces réformes est une condition essentielle du développement des interventions de la France. Dans ces secteurs de concentration, l’AFD est le pivot de la coopération, particulièrement dans le domaine de l’énergie.

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A) L’Agence française de développement : pivot de l’aide française au

développement

L’Agence française de développement (AFD) intervient dans plus de 70 pays en développement et est l’opérateur pivot du dispositif français d’aide au développement. Elle dispose d’un réseau de 66 agences et bureaux répartis sur les 5 continents. Par son soutien financier, l’AFD contribue à la réalisation de projets sociaux, au développement d’infrastructures et à la mise en œuvre de projets créateurs d’emplois, publics comme privés. L’Agence développe également des partenariats financiers et intellectuels avec d’autres bailleurs de fonds et contribue ainsi à l’influence française dans le domaine du développement.

Suite à l’inclusion du Kenya dans la Zone de solidarité prioritaire, l’AFD a ouvert en 1997 une agence régionale à Nairobi, qui a compétence sur le Kenya, la Tanzanie, l’Ouganda, le Rwanda et le Burundi. Les interventions de l’AFD au Kenya s’inscrivent dans le cadre du Document cadre-partenariat (DCP) signé en 2006 entre les autorités kenyanes et françaises et élaborée en conformité avec la stratégie de réduction de la pauvreté du Gouvernement kenyan

« Vision 2030 ».47

En 2010, les engagements cumulés de l’AFD représentaient 792 millions d’Euros, répartis majoritairement sur les secteurs de l’énergie, des infrastructures de transport, de l’eau potable et de l’assainissement, et du développement urbain. Ces engagements ont principalement pris la forme de prêts concessionnels. L’activité de l’AFD au Kenya a ainsi

doublé par rapport à 2009, portant son encours souverain sur le Kenya au 1er rang parmi les

pays d’Afrique sub-saharienne. 48

L’AFD dispose d’une filiale, Proparco, dont l’action complète la sienne en se concentrant sur le financement des entreprises privées kenyanes, le développement du secteur privé étant un facteur essentiel de lutte contre la pauvreté. Proparco fait partie des sociétés de financement du développement les plus actives au Kenya. Elle y a engagé près de 200 millions d’Euros depuis le lancement de ses activités en 1993.

47 « Vision 2030 » est le nom du projet de développement du gouvernement kenyan. Mis en place en 2008, son objectif est de transformer le Kenya en un pays aux revenus moyens, au niveau économique, social et politique. 48 Rapport annuel de l’Agence française de développement, 2010

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Ces concours ont permis à près de 2,5 millions de personnes de bénéficier de services d’eau améliorés, à 400 000 personnes d’être connectées aux réseaux électriques en zones rurales, de réhabiliter 1500 km de routes rurales, et d’aider 80 000 clients d’institutions de microfinance. Les interventions de PROPARCO ont bénéficié à 45 entreprises.

B) Coopération énergétique

Après la décennie 90 marquée par un fort sous-investissement dans le secteur des infrastructures, le Kenya est au bord de la pénurie d’électricité. Son réseau est vieillissant et affiche un taux de raccordement extrêmement faible : 16% nationalement, 6% en milieu rural en 2007. Ces taux sont anormalement bas. Ils sont de 70% en Afrique du Sud, 42% au Ghana, et en moyenne 32% dans les pays sous-développés. Le gouvernement fait du raccordement en milieu rural une de ses priorités, son objectif étant d’atteindre un taux de 40% en 2020. Le Kenya possède donc une production d’électricité bien insuffisante pour faire face à

l’augmentation de sa population.49

Deux centrales thermiques d’une capacité totale de 100 MW ont ainsi du être installées à proximité de Nairobi en 2006 suite à la sécheresse de 2005/2006 et de ses impacts sur la production d’hydroélectricité.

Le secteur de l’énergie est l’un des domaines prioritaires de l’AFD au Kenya tels que

définis par le DCP (Document cadre partenariat).50 L’AFD a engagé 105 millions d’Euros

dans ce secteur sous la forme de prêts concessionnels, souverain et non souverain, ce qui en fait le premier bailleur du secteur. Elle est impliquée dans tous les segments : distribution, production et transport, étude sur les interconnexions régionales. L’AFD préside d’ailleurs le groupe énergie des bailleurs de fonds et tente de faciliter à la fois le dialogue avec le gouvernement du Kenya et une approche cohérente et coordonnée des bailleurs.

Via l’AFD, le gouvernement français soutient le développement d’énergies renouvelables au Kenya à travers un prêt concessionnel de 56 millions d’Euros. L’initiative majeure financée par ce prêt est celle du développement de l’énergie géothermique. Le programme d’Olkaria mis en place en 2008 est le premier projet privé de production d’énergie géothermique en Afrique. La centrale d’Olkaria, construite et exploitée depuis 2000 par un groupe privé, a été étendue en 2008 grâce à un partenariat entre le Gouvernement kenyan et le

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De 31 millions de personnes en 2000, la population kenyane est passée à près de 40 millions aujourd’hui 50 Coopération au Développement : une vision française, Stratégies, 2011

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groupe Ormat. Afin de financer cette extension, Ormat et la société électrique kenyane ont fait appel à plusieurs institutions financières européennes. Proparco a octroyé un prêt direct de 15 millions de dollars pour financer cette opération. Les projets Olkaria II puis Olkaria III ont tous été financés avec le concours de l’AFD et sont partie prenante de la « Vision 2030 » pour le développement du Kenya.

Une autre piste explorée par le Kenya avec le soutien du Gouvernement français est la mise en œuvre d’un programme nucléaire. L’énergie nucléaire est en effet une énergie propre qui permettrait à terme de remplacer le charbon dans un pays dont près de 80% de la population est rurale et dont le charbon de bois est la première source d’énergie. La France a à plusieurs reprises rappellé son soutien au Kenya tant en termes financiers qu’en termes d’expertise. Ce sujet a été abordé au cours de la rencontre de l’Ambassadeur de France avec le Ministre de l’Energie kenyan, Kiraitu Murungi, en mars 2011. Ils ont évoqué ensemble l’initiative Paris-Nairobi qui place les énergies renouvelables au cœur des priorités kenyanes et donc de la coopération française dans le domaine du développement.