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1. Contexte théorique

1.3. Les mécanismes d'action de l'activité physique sur le bien-être psychique

1.3.2. Les hypothèses psychologiques

1.3.2.1. Le rôle de l'activité physique sur le sentiment d’auto-efficacité et de maîtrise

Comme nous l’avons mentionné plus haut, l'auto-efficacité est également à considérer au niveau des conséquences de l'activité physique, participant à l'amélioration du bien-être (McAuley & Blissmer, 2000).

Selon Bandura, les croyances d'auto-efficacité se développent sur la base de quatre sources d'information : les expériences passées d'accomplissement, le modelage social (le fait de pouvoir observer un modèle, si possible qui nous ressemble), la persuasion verbale (émanant de personnes significatives) et la perception de son état physiologique et émotionnel (McAuley & Blissmer, 2000). Par conséquent, l'expérience de performance ou de maîtrise étant un facteur déterminant dans le développement et l'amélioration du sentiment d'efficacité personnel, la pratique de l'exercice physique apparaît comme un domaine dans lequel l'individu peut ressentir un sentiment d'accomplissement personnel et de progression, susceptibles d'augmenter son sentiment de contrôle et de maîtrise (Biddle et al., 2015; Craft, 2005).

1.3.2.1.1.État des recherches sur l'effet de l'activité physique sur le sentiment d'auto-efficacité

Concernant les études avec des patients, Biddle et Mutrie (2008) constatent que l'auto-efficacité peut être améliorée par des interventions d'activité physique comme le montrent les travaux d'Ewart et al. (1983;1986), avec une amélioration du sentiment d'auto-efficacité après avoir couru sur un tapis roulant chez des patients ayant vécu un infarctus du myocarde. A propos du potentiel transfert de l’augmentation du sentiment d’auto-efficacité à d’autres domaines, leur étude (1986) suggère que le sentiment d'auto-efficacité apporté par la course soit généralisable dans une certaine mesure, mais ait plus d'impact sur des activités semblables. Aussi, McAuley et al. (1999) montrent que la participation à une activité physique comme le stretching ou l'exercice aérobique, davantage que l'amélioration de la condition

physique, permet d'améliorer le sentiment d'auto-efficacité dans le domaine physique chez les personnes âgées d'environ 65 ans. Même si les résultats sont moins importants pour le stretching, ils suggèrent que le sentiment d’auto-efficacité puisse être augmenté par ce type d’activité chez les personnes plus âgées. Précisons que les résultats montrent sur le plan temporel une relation curvilinéaire entre l’auto- efficacité spécifique à l’exercice et l’activité physique, dans le sens que l’amélioration de l’auto-efficacité physique générale et spécifique à l’exercice constatée durant le programme d'intervention d'activité physique, diminue une fois le programme terminé, pendant la phase de follow up. Malheureusement, les bénéfices sur le plan de l'auto-efficacité ne semblent pas se maintenir après le programme d'intervention, c'est pourquoi il nous semblerait intéressant que les participants aient la possibilité de continuer l'activité physique de manière encadrée ou de pouvoir bénéficier régulièrement de tels programmes.

Comme le postulent Schwarzer (1992), ainsi que Bandura (1997), le sentiment d'auto-efficacité est important dans le bien-être psychique, notamment concernant l'affectivité (Luszczynska, Gutiérrez-Doña & Schwarzer, 2005). Comme l'activation émotionnelle contribue au développement du sentiment d'auto-efficacité, un sentiment de maîtrise va engendrer plus d'affects positifs. De l'autre côté, un sentiment d’inefficacité personnel va souvent être associé avec un sentiment d'impuissance et des émotions négatives, l'anxiété et la dépression. Certains travaux de McAuley et ses collaborateurs suggèrent également que le sentiment d'auto- efficacité soit en lien avec l'affectivité après l'exercice (Biddle & Mutrie, 2008), par exemple au niveau des affects positifs (Bozoian, Rejeski & McAuley, 1994) ou avec des marqueurs psycho-biologiques des affects négatifs (Rudolph & McAuley, 1995). Par ailleurs, certaines études sur la dépression suggèrent que l'amélioration du bien- être psychique en lien avec l'activité physique passe en partie par l'intermédiaire de l'augmentation du sentiment d'auto-efficacité. La dépression étant caractérisée par un locus de contrôle externe et un sentiment d'impuissance apprise (Abramson, Seligman & Teasdale 1978; Peterson, Maier & Seligman 1993; Seligman 1975), il est fort probable que l'activité physique puisse améliorer les symptômes par l'intermédiaire de ces mécanismes, postulent Biddle et Mutrie (2008), en référence à Greist et collaborateurs (1981) concernant le sentiment de maîtrise et Ossip-Klein et collaborateurs (1989) par rapport à l'amélioration de l'estime de soi avec l'exercice

physique. Aussi, deux études (Craft, 2005; Foley et al., 2008) suggèrent que l'amélioration du sentiment d'efficacité personnelle en matière de coping avec l'exercice physique puisse jouer un rôle dans l'amélioration de la dépression.

1.3.2.1.2.Variables individuelles et sentiment d'auto-efficacité

McAuley et Blissmer (2000) font remarquer que la relation réciproque entre activité physique et auto-efficacité est potentiellement influencée par d'autres paramètres tels que le type d'activité, le contexte de la pratique, le genre et l'âge.

Il semble par exemple que la fréquence de la pratique soit associée au sentiment d’auto-efficacité physique global et spécifique à l’exercice, davantage pour l'exercice de type aérobique que pour le stretching (McAuley et al., 1999).

McAuley et Blissmer (2000) évoquent une influence de l'âge et du genre sur l'auto- efficacité. L'étude de Wilcox et Storandt (1996), par exemple, montre une auto- efficacité moindre avec l'âge chez les femmes de 20 à 85 ans. Néanmoins, une auto- efficacité plus élevée est trouvée chez les femmes pratiquant de l'exercice physique que chez celles qui n'en pratiquent pas. Les auteurs évoquent l'idée que l'expérience de socialisation à l'activité physique pourrait jouer un rôle et font remarquer que concernant la génération des personnes âgées, les femmes avaient moins d'opportunités de pratiquer de l'activité physique que les hommes, en comparaison avec les jeunes générations actuelles. Mais cette tendance semble également toucher les jeunes adultes, comme l'observent Jonsson et Lidén (2012) qui trouvent un sentiment d'auto-efficacité plus bas chez les étudiantes universitaires que chez les étudiants.

Selon McAuley et Blissmer (2000), on peut s'attendre à un effet différent de l'activité de type aérobique en comparaison avec l’activité de type non aérobique sur le sentiment d'auto-efficacité et ceci davantage au niveau spécifique que pour l'auto- efficacité générale. Aussi se pourrait-il que le sentiment d'auto-efficacité soit plus en lien avec des activités reflétant un challenge qu'avec des activités représentant des demandes habituelles. Concernant le contexte, il se peut par exemple que la pratique en groupe, avec un support social, ait un impact différent sur le développement du sentiment d’efficacité personnel, que la pratique solitaire (McAuley & Blissmer, 2000).

Nous retenons que l'auto-efficacité constitue une variable importante associée au bien-être psychique et en particulier avec l'affectivité positive. De manière intéressante dans une perspective interventionnelle, il semble que le sentiment d'auto-efficacité générale puisse s'améliorer par le biais de l'augmentation du sentiment d'auto-efficacité spécifique à l'activité physique en lien avec des expériences positives. Par ailleurs, le sentiment d'auto-efficacité durant l'activité physique est positivement associé à un vécu affectif plus positif après l'exercice. Notons encore que l'âge, le genre, le type d'activité et le contexte de la pratique sont susceptibles d'influencer la relation entre l'activité physique et le sentiment d'auto- efficacité.

1.3.2.2. Le rôle de l'activité physique sur l'estime de soi

L'estime de soi est considérée comme une composante importante du bien-être psychologique et l'activité physique est souvent entrevue comme un moyen d'améliorer le bien-être par son intermédiaire (Biddle & Mutrie, 2008).

Dans le domaine de l'activité physique, il est postulé que l'estime de soi globale peut être développée par l'intermédiaire de l'estime de soi physique qui s'élabore à partir de la perception de ses habiletés sportives, de sa force, de sa condition physique et de son apparence physique, comme le propose Fox (1997) dans son modèle hiérarchique de la perception du soi physique présenté plus haut (cf. figure 1.7 au chapitre 1.2.2.3).

En effet, selon les hypothèses proposées par Sonstroem (1997a, 1997b), l'estime de soi peut, d'une part, être entrevue sur le plan des facteurs influençant potentiellement le comportement d'activité physique. D'autre part, elle peut également être considérée au niveau des conséquences du comportement, comme une variable susceptible d'être influencée par la pratique de l'activité physique (cf. figure 1.8) (Biddle & Mutrie, 2008). Ainsi, selon l'hypothèse du « développement des compétences », l'estime de soi peut être modifiée par les expériences positives et négatives, vécues au niveau du développement des compétences, des expériences de maîtrise, des succès. Par conséquent, l'augmentation de l'estime de soi par

l'activité physique pourrait participer aux explications de l’amélioration de l'anxiété et de la dépression en lien avec l'activité physique (Biddle & Mutrie, 2008).

Concernant l'évaluation de l'estime de soi dans le domaine physique, nous nous intéressons particulièrement au modèle hiérarchique de la perception de l’estime de soi physique proposé par Fox (Fox, 1997 ; Fox & Corbin, 1989) (cf. figure 1.7). Ce modèle se base sur la proposition de Shavelson, Hubner et Standton (1976) selon laquelle notre estime de soi globale est composée par notre vision de nous-même dans différents domaines spécifiques et notamment dans le domaine physique (Biddle & Mutrie, 2008).

Selon la conception de Fox, à un niveau général, l’estime de soi physique peut motiver le comportement et est plus ou moins généralisable à différentes situations spécifiques dans le domaine physique (Biddle & Mutrie, 2008). De plus, l’amélioration de l’estime de soi physique générale - qui n’est pas considérée totalement comme un trait stable de la personnalité - pourrait passer par l’amélioration de la perception de ses compétences dans des domaines plus spécifiques (ex. : condition physique), influencée par des expériences quotidiennes (ex : arriver à courir 5 km). Notons que c’est au niveau plus spécifique que s’inscrit la

Théorie de l’auto-efficacité de Bandura qui joue un rôle important dans la

construction de l'estime de soi (Biddle & Mutrie, 2008).

Dans la même optique que Bandura, Sonstroem et Morgan (1989) proposent de considérer, à un premier niveau spécifique, le sentiment d'auto-efficacité physique en interaction avec les comportements et ses conséquences, susceptibles d'influencer le sentiment de compétences physiques, et à un niveau plus général, l'estime de soi (cf. figure 1.15).

Figure 1.15. Modèle de l’exercice et de l’estime de soi de Sonstroem et Morgan (1989 ; tiré

et traduit de Biddle et Mutrie , 2008, p. 106)

1.3.2.2.1.État des recherches sur l'effet de l'activité physique sur l'estime de soi

D'après Biddle et Mutrie (2008) par rapport aux revues de littérature (Doan & Scherman, 1987; K.R. Fox, 2000), il apparaît que l'exercice ait un effet positif sur l'estime de soi ou la perception du soi physique, bien que les mécanismes sous- jacents ne soient pas clairs. Concernant les méta-analyses (McDonald & Hodgdon, 1991; Spence, McGannon, & Poon, 2005: 113 études), les résultats montrent des effets faibles à modérés, avec des changements plus importants pour les personnes qui perçoivent des améliorations de leur condition physique, selon l'étude de Spence et collaborateurs (2005).

Par exemple, (McAuley, Mihalko, & Bane, 1997) trouvent une amélioration à l’échelle d’estime de soi globale de Rosenberg (1965) et pour l’estime de soi physique au niveau de la perception de sa valeur physique, de sa condition physique et de son apparence physique (Inventaire du soi physique de Fox et Corbin, 1989) suite à un programme d’exercice de type aérobique léger sur 20 semaines chez des adultes de 45 à 65 ans. Leurs résultats montrent des effets plus importants au niveau de la perception de sa condition physique et de sa valeur physique qu'au niveau de l'estime de soi globale, ce qui confirme l’importance d’utiliser des mesures plus spécifiques et relativise l’impact de l’activité physique sur l’estime de soi globale. Par

ailleurs, il apparaît que la valeur physique perçue médiatise effectivement le lien entre l’estime de soi globale et les sous-domaines du soi physique. Les résultats montrent également que l’amélioration du sentiment d’auto-efficacité a un impact modeste mais significatif sur l’estime de soi physique.

1.3.2.2.2.Variables individuelles et estime de soi

Il semble que la littérature mentionne peu de différences entre les genres concernant l'estime de soi (Kling, Hyde, Showers, & Buswell, 1999; Vallieres & Vallerand, 1990) . Plusieurs études concernant les effets de l'activité physique sur l'estime de soi ne trouvent pas d'effet significatif du sexe (Frost & McKelvie, 2004; McAuley et al., 1997). Mais d'après une étude de Tiggemann et Williamson (2000), les femmes ont des scores d'estime de soi globale et de satisfaction de l'image du corps significativement plus bas que les hommes, et surtout en ce qui concerne les plus jeunes femmes. Aussi, leurs résultats indiquent étonnamment que plus les femmes de 16 à 21 ans font de l'activité physique, plus leur estime de soi et leur satisfaction corporelle sont basses. Selon les auteurs, en référence à McDonald et Thompson (1992), ces résultats pourraient s'expliquer par le fait que pratiquer une activité physique afin de perdre du poids ou d'améliorer son apparence est une raison davantage évoquée par les femmes et davantage associée à une moins bonne estime corporelle. Au contraire, pratiquer une activité physique afin d'améliorer sa santé serait associé avec une meilleure estime de soi. Il semble également que les personnes plus jeunes ont des scores d'estime de soi globale plus bas que les personnes plus âgées (Tiggemann & Williamson, 2000).

L'étude de Sonstroem et al. (1992) qui utilise l'inventaire du soi physique (Fox, 1997 ; Fox & Corbin, 1989) chez des adultes d'âge moyen et plus âgés, met en évidence une estime de soi globale positivement en lien avec la condition et l'apparence physiques perçues chez les femmes, et avec la perception de leurs compétences sportives et de leur apparence physique chez les hommes, lorsque la valeur physique perçue est contrôlée.

Pour résumer, il est postulé que la relation entre l'activité physique et le bien-être psychique passe en partie par l'intermédiaire de l'amélioration de l'estime de soi.

Dans une perspective bidirectionnelle, il se peut que l’estime de soi physique motive le comportement d'activité physique qui à son tour améliore l’estime de soi. Mais il semble que l’activité physique améliore l’estime de soi générale dans une certaine mesure, cette amélioration se passant plutôt au niveau de l’estime de soi physique composée par la perception de ses compétences sportives, de sa force, de sa condition et de son apparence physiques. Il est également suggéré que l'augmentation du sentiment de compétence physique amenée par le sentiment d'auto-efficacité physique en interaction avec l'activité physique joue un rôle. Aussi, quelques études suggèrent que le genre et l'âge puissent avoir des effets différents sur ces relations.

1.3.2.3. Autres hypothèses psychologiques

1.3.2.3.1.L'activité physique comme stratégie de gestion des émotions

L'activité physique apparaît également comme un moyen de gérer les émotions et le stress, de se distraire des préoccupations, des pensées anxieuses et dépressives (Craft, 2005; Craft & Perna, 2004; Reicherts, 1999).

En effet, comme le présente Reicherts (1999) à propos du stress, l'activité corporelle implique différentes ressources élémentaires susceptibles de participer aux mécanismes de gestion, non seulement au niveau moteur (locomotion, changement de position, posture et activités motrices globales), mais également au niveau mental, comme l'engagement de l'attention ou des fonctions de contrôle et de guidage.

D'une part, comme nous l'avons vu au chapitre concernant les mécanismes physiologiques et biologiques (cf. chapitre 1.3.1), sur le plan de la détente physique, le recours à une activité corporelle (contraction musculaire, mouvement ou effort physique) peut constituer une stratégie de gestion de type « palliation » recommandée lors d'une situation vécue avec une valence négative, dans le but d'apaiser son ressenti affectif négatif et son excitation interne (Reicherts, 1999). Lorsque la valence négative de la situation est élevée, il est d'ailleurs indiqué, selon

les règles de gestion décrites par Reicherts (p.107), de « réaliser le comportement avec une "intensité plus élevée", soit pour une "plus longue durée" et/ou avec une "plus grande persistance" ».

Sur le plan de la détente mentale, l'activité physique peut être entrevue comme une technique « cognitive » de régulation des émotions ou du stress, qui peut être utilisée afin de « diriger et modifier son attention » en orientant son attention vers autre chose ou en focalisant son attention sur l'expérience et la situation en cours (Reicherts, 1999 ; Reicherts, Pauls, Rossier & Haymoz, 2012). De plus, la distraction a été démontrée comme une stratégie de gestion importante dans la réduction des symptômes dépressifs, plutôt orientée vers l'engagement dans une activité, au contraire de la rumination qui est plutôt associée à la passivité et à la tendance à se focaliser sur ses affects négatifs (Craft, 2005; Nolen-hoeksema & Morrow, 1993; Susan Nolen-Hoeksema, Wisco, & Lyubomirsky, 2008). L'activité physique constitue en effet une activité particulièrement distrayante qui permettrait d'améliorer temporairement l'humeur, car elle implique l'individu, permet de se focaliser sur des objectifs, des changements au niveau somatique, et offrant des sources de renforcements positifs lorsqu'un objectif est atteint, ou lors d'encouragements ou de valorisation par des personnes significatives (Craft, 2005).

Bien que la recherche ne permette cependant pas pour l'instant de dire si l'exercice physique amène davantage de bénéfices en comparaison à d'autres types d'activités distractives, il semble que l'activité physique ait plus d'impact sur l'affectivité positive, ce qui fait de l'activité physique une piste importante dans la prise en charge de la dépression et - de manière plus générale - afin d'améliorer l'humeur (Craft, 2005). Notons que d'après les recherches citées par Craft (p. ex., Nolen-Hoeksema, Morrow & Fredrickson, 1993), les hommes auraient davantage tendance à utiliser la distraction comme style de réponse que les femmes. Par conséquent, nous pourrions formuler l'hypothèse que les hommes utilisent davantage l'activité physique comme stratégie de gestion.

Par ailleurs, des études ont montré que l’activité de loisir contribue à la santé psychique et au bien-être de l’individu, à la réduction du stress quotidien et peut être considérée comme une source de coping (cf. Coleman & Iso-Ahola, 1993 ; Shaw, Caldwell & Kleiber, 1996, cités par Paganon Barkhoff, Heiby & Schlicht, 2006). Selon

l’étude de Pagano et collègues (2006), le volume de pratique serait un facteur déterminant. Les auteurs trouvent effectivement une association entre les loisirs comprenant une activité physique d’une certaine intensité (p. ex., nager, marcher, faire de la randonnée) et le niveau d’affects positifs ou le stress perçu, ce qui n’est pas le cas pour les loisirs comprenant un niveau bas d’activité physique (regarder la télévision, lire, jeux vidéo, cuisiner, etc.). Cependant, Boudet et collègues (2005) trouvent un effet protecteur de l’activité physique sur le stress professionnel, similaire à celui apporté par la pratique régulière (1h par semaine) d’une activité de loisir. Et concernant la durée, il semble qu’une pratique supérieure à une heure par semaine n’apporte pas plus de bénéfices au niveau de la réduction du stress. Ceci pourrait d’ailleurs indiquer que des mécanismes psychologiques jouent effectivement un rôle au-delà des aspects purement physiologiques, selon les auteurs.

En conclusion, l’activité physique constitue un moyen très intéressant de se distraire des préoccupations, des pensées anxieuses et dépressives et d’améliorer temporairement l’humeur. Par ailleurs, l’activité physique semble avoir plus d’impact sur l’affectivité positive que d’autres types d’activité de loisir. Notons encore qu'il semble que les hommes utilisent davantage que les femmes l’activité physique comme stratégie de distraction.

1.3.2.3.2.Le rôle de l’interaction sociale

Les possibilités d'interaction sociale qu'offre la pratique de l'activité physique peuvent également participer aux explications de l'amélioration du bien-être (Biddle & Mutrie, 2008). En effet, le fait d'interagir avec d'autres personnes, de participer à une activité commune, de recevoir de l'attention et des feed-back positifs de la part d'un entraîneur constituent des renforcements positifs qui peuvent participer à l'amélioration du bien-être psychique. Aussi, dans la dépression, la pratique d'une activité en groupe a l'avantage de faire sortir la personne de chez elle et de diminuer potentiellement son sentiment d'isolement. Des études chez des personnes âgées d'environ 65 ans vont effectivement dans le sens de cette hypothèse. Dionigi (2007) trouve que l'interaction sociale apparaît comme un mécanisme important dans l'amélioration du bien-être psychologique en lien avec l'exercice de résistance. Aussi, les résultats de l’étude de McAuley, Blissmer et Marquez (2000) montrent que l'amélioration des relations sociales combinée à l'activité physique joue un rôle

significatif dans la perception du bien-être au niveau de la satisfaction de vie et du sentiment de solitude. Il semble également que l’interaction sociale participe à la réduction du stress, toutefois dans une moindre mesure que le jogging selon une