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Nous croyons que la fumée de cigarette contribue au développement de maladies parodontales en affectant la formation osseuse.

Nos hypothèses sont que la fumée de cigarette pourrait réduire l’adhésion et la prolifération des ostéoblastes. De ce fait, la formation de tissu osseux serait affectée et une diminution de la minéralisation pourrait être observée.

Les effets nocifs de la fumée de cigarette sur le tissu osseux pourraient être dépendant du temps d’exposition et de la concentration de la fumée de cigarette.

     

CHAPITRE 2

ARTICLE

 

 

 

«  Le  tabac  et  la  maladie  parodontale  :  Où  en  sommes-­‐nous  »  

 

(Ce  chapitre  fait  l’objet  d’un  article  accepté  pour  publication  dans  le  Journal  de  l’Ordre  des   dentistes  du  Québec)  

2.1 Résumé

Le tabagisme est un facteur de risque important dans le développement et la progression de la maladie parodontale. Les fumeurs sont 2.6 à 6 fois plus à risque de développer une parodontite que les non-fumeurs. Plusieurs études ont démontré les effets nocifs provoqués au niveau local et systémique. En plus d’une guérison retardée suite aux traitements parodontaux, le tabac a une influence sur la résistance de l’hôte, la réponse immunitaire et la flore bactérienne. Des études ont démontré des effets négatifs sur les taux de succès des thérapies parodontales non chirurgicales, chirurgicales ainsi qu’implantaires. Il est cependant possible de renverser le processus si des mesures d’arrêt sont entamées. Cette revue de littérature permettra au clinicien d’avoir un argumentaire à jour pour encourager les patients à cesser le tabagisme afin d’être moins à risque de développer une maladie parodontale et aussi d’avoir un meilleur pronostic de guérison lors d’un traitement parodontal.

Mots clés: Tabagisme, tabac, maladie parodontale, cessation tabagique

2.2 Introduction

La maladie parodontale chronique est fréquemment observée dans la population. Les patients conservent leurs dents plus longtemps et les dentistes, sont très informés et vigilants afin de détecter rapidement une condition parodontale anormale (1). Des tests simples, tel que le Periodontal Screening and Recording Index (PSR), permettent aux professionnels dentaires de faire le dépistage précoce des maladies parodontales, mais les outils s’avèrent parfois limités, après l’examen parodontal complet, pour établir un pronostic juste et suggérer le plan de traitement approprié (2). Il est donc important pour le praticien de comprendre les facteurs étiologiques de la maladie pour la contrôler adéquatement.

Une étude publiée par l’American Academy of Periodontology (AAP) a rapporté que près d’un Américain sur deux de plus de 30 ans et 70.1 % des patients de 65 ans et plus sont touchés par une maladie parodontale débutante, modérée ou sévère (1). Le National Health

   

l’état de santé et nutritionnel des enfants et adultes aux États-Unis, a inclus en 2009-2010 un examen parodontal complet dans leur protocole d’étude. Les résultats obtenus permettent de mieux connaître les caractéristiques des personnes touchées par la maladie. Ainsi, on a observé que la maladie parodontale touche majoritairement les hommes (56,4 %), les personnes vivant sous le seuil de la pauvreté (65,4 %), les patients moins éduqués (66.9 %) et les patients fumeurs (64,2 %) (4). Ces statistiques permettent de prendre conscience des patients plus à risque d’être atteints de la parodontite et ainsi diriger les efforts de sensibilisation davantage vers cette clientèle.

Les objectifs du présent article sont d’expliquer les principales raisons pour lesquelles le tabac est un facteur de risque dans le développement de la maladie parodontale, de décrire les impacts du tabagisme sur les principaux traitements parodontaux et exposer les bienfaits de l’arrêt du tabagisme.

2.3 Modèle étiologique

La maladie parodontale chronique est une condition complexe affectant les tissus de support de la dent. Lorsque l’infection atteint les tissus plus profonds, cela entraine la perte de l’attache conjonctive ainsi qu’une perte de l’os alvéolaire supportant la dent. Le non traitement peut mener à plusieurs conséquences dont la progression de la maladie, le développement d’abcès parodontaux, la mobilité dentaire et même la perte des dents. De plus, plusieurs études mettent en lumière des liens entre la maladie parodontale chronique et des maladies systémiques dont le diabète mellitus, les maladies cardiovasculaires et l’obésité (5–7).

Plusieurs modèles étiologiques ont été proposés dans la littérature pour démontrer l’origine multifactorielle de la maladie parodontale (8). Selon ces modèles, les bactéries sont l’agent essentiel au développement de la maladie parodontale. Celles-ci, appelées parodontopathogènes, se distinguent notamment par leur morphotype, leur coloration Gram et leur sensibilité à l’oxygène. Les parodontopathogènes sont généralement des bâtonnets mobiles, Gram négative et anaérobies.

Certains facteurs locaux (tableau 3), auxquels le dentiste doit porter attention, favorisent l’accumulation de la plaque dentaire, encourageant ainsi la prolifération des parodontopathogènes et la persistance de l’inflammation. À cela s’ajoute d’autres facteurs contribuant tels les facteurs environnementaux et les facteurs de risques personnels, qui, en altérant la résistance de l’hôte, peuvent prédisposer à la maladie parodontale. Le stress ainsi que plusieurs facteurs systémiques et psychosociaux sont impliqués dans le développement et la progression de la maladie. Il en est de même pour certains facteurs liés au style de vie ; les soins de santé, la diète alimentaire, l’alcoolisme et le tabagisme. Les effets néfastes de ce dernier sur le développement des maladies parodontales ont été clairement démontrés (9).

 

TABLEAU 3:FACTEURS LOCAUX FAVORISANT L’ACCUMULATION DE PLAQUE DENTAIRE

Hygiène buccale et maturation de la plaque Malposition dentaire

Anatomie dentaire Surface dentaire rugueuse

Traumatisme occlusal Proximité dentaire Restaurations défectueuses Profondeur de la poche parodontale

Tartre

Traitement orthodontique Extraction de dents incluses

2.4 Tabac

Selon le Centre International de Recherche sur le Cancer de l’Organisation mondiale de la Santé, plus de 4 000 substances chimiques sont inhalées lors de la consommation d’une cigarette. Parmi elles, on retrouve des substances psychodépendantes ainsi que des substances toxiques, dont plus de 70 sont classées cancérigènes (10). Quant à elle, la fumée secondaire contiendrait environ vingt fois plus de composés chimiques que la cigarette elle- même (11). On estime que 50 % des fumeurs réguliers vont mourir d’une condition

   

découlant du tabagisme. Annuellement, près de 21 % de tous les décès sont causés par le tabagisme ce qui constitue toujours la principale cause mondiale de décès évitable (13). Ainsi, le tabagisme tu près de 6 millions de fumeurs par année, en plus de provoquer la mort de plus de 600 000 non-fumeurs par la fumée secondaire. Cette tendance ne semble pas s’améliorer puisqu’on estime qu’en 2030, le tabac tuera annuellement plus de 8 millions de personnes dans le monde (14). Malgré toutes les campagnes de sensibilisation et les effets connus sur la santé, un Canadien sur cinq était toujours fumeur en 2011 (15). Comme il s’agit d’une condition fréquemment rencontrée par le dentiste, celui-ci doit être bien au fait de son impact sur la santé bucco-dentaire afin de pouvoir adéquatement en informer ses patients et les inciter à cesser le tabagisme.