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Chapitre 2 - BASES MÉTHODOLOGIQUES

1. Huîtres d’écloseries vs huîtres natives du Bassin d’Arcachon

La période de reproduction de Crassostrea gigas dans le Bassin d ‘Arcachon s’étendant de juin à septembre (His, 1976), des huîtres matures en provenance du milieu naturel ne peuvent être obtenues au mieux que pendant ces 4 mois de période estivale. Au cours des autres mois de l’année, les géniteurs utilisés pour l’obtention des gamètes proviennent d’écloserie (Guernesey), fournissant des huîtres prêtes à pondre dès leur arrivée au laboratoire.

1.1. Huîtres de l’écloserie de Guernesey

Les huîtres adultes mâtures, appelées géniteurs, sont transférées à l’intérieur de l’écloserie et élevées dans une eau chauffée (Figure 26, A). Elles sont également nourries à l’aide de culture de micro algues (Figure 26, B). Une seule huître peut produire 20 à 30 millions d'œufs, mais, comme cette progéniture finit par grandir, le nombre est considérablement réduit, par un fréquent screening, en ne sélectionnant seulement que les plus rapides et les plus robustes naissains. Les petites huîtres au stade larvaire commencent leur vie en étant soigneusement entretenues dans de l'eau de mer chauffée et nourries à l’aide d’algues spécialement cultivées (Figure 26, C et D). Une fois les petits naissains de 2mm obtenus, ces derniers sont transférés en extérieur jusqu’à devenir adulte (Figure 26, E et F).

L’écloserie de Guernesey est une entreprise familiale de production de semences d’huîtres et de palourdes. Située au niveau d’une carrière de granit de 2,5 hectares, l’eau de mer est échangée à l’aide d’une écluse au moment des marées de printemps (Figure 25). Cette écloserie est en mesure de produire jusqu'à 10 tonnes de naissains par an.

Figure 27 : Conditionnement des huîtres de Guernesey. Les individus sont maintenus fermés à l’aide d’un élastique en caoutchouc. Un pain de glace permet le maintien d’une température fraiche pendant le transport

par avion

Figure 26 : Différentes étapes d’obtention des naissains puis des huîtres adultes. A- Les huîtres adultes sont maintenues à maturation dans une eau chaude puis mise à frayer. L’émission des semences peut être observée. B- Culture des micro-algues servant à la nutrition. C, D- Début de la culture des miro algues en petit béchers puis en grande structure externalisée. E, F- Les naissains obtenus sont transférés en bassin extérieur (issu du site http://www.guernseyseafarms.com/Oyster_Seed/Hatcheryprocess.html)

Les huîtres déjà sexées sont réceptionnées dans un conditionnement bien particulier (Figure 27), chaque géniteur étant maintenu fermé à l’aide d’un élastique. Une bouteille d’eau réfrigérée permet de les maintenir à basse température, pour une conservation optimale et éviter les différences de température, qui pourraient entrainer des chocs thermiques, et par la suite le frai.

1.2. Huîtres natives du Bassin d’Arcachon

1.2.1. Populations sauvages vs huîtres cultivées

Les huîtres sauvages sont présentes dans leur milieu de génération en génération, s’accumulant sous forme de récifs et subissant les changements permanents du milieu dans lequel elles vivent. Les huîtres cultivées au contraire, sont entretenues dans des parcs, l’étape de pré-grossissement étant le plus souvent réalisée dans un autre environnement plus riche en nutriment avant d’être re-transférées dans leur milieu d’origine pour l’étape de grossissement. Au contraire des huîtres sauvages vivant à l’interface eau-sédiment, les huîtres cultivées sont pour leur part, surélevées sur des tables ostréicoles. Les objectifs de cette étude sont donc de déterminer la réponse des huîtres appartenant aux deux populations, naturelles ou cultivées, face aux variations des conditions de leur environnement. La réponse génétique des larves issues des deux populations sera également étudiée, afin de déterminer si des différences d’expression de gènes cibles existent.

1.2.2. Stratégie d’échantillonnage

Pour les deux campagnes menées en 2013 et en 2014, des huîtres de 18 mois ont été utilisées. Pour la première année d’étude, deux ostréiculteurs ont été contactés au cours de l’hiver 2012 afin d’engager un travail en collaboration. L’objectif était de pouvoir prélever sur leur site des huîtres cultivées ayant passé au moins une année complète dans les eaux du Bassin. Nous nous sommes assurés au préalable de trouver des sites d’huîtres cultivées proche de récifs d’huîtres sauvages, afin de conserver les mêmes caractéristiques de masses d’eau. Ainsi, deux sites contrastés du Bassin ont été sélectionnés pour l’année 1 (été 2013) : Le Tès et Grand Banc.

Le Tés se situe face au port d’Arcachon, ce site est sous l’influence des eaux néritiques moyennes et est drainé par le chenal du Teychan. Grand Banc est situé à proximité de l’ouverture du bassin sur l’océan et est donc sous influence océanique. Il est sous influence des eaux néritiques externes bien que drainé également par le chenal du Teychan. Ce site est caractérisé par la présence de très nombreux parcs à huîtres en lien avec un captage important (Figure 28).

Figure 28 : Carte du bassin d’Arcachon représentant les deux sites d’étude pour la période estivale 2013

Figure 29 : Cartographie du pourcentage d’huîtres sans gonade développée à la fin du mois de juin. La flèche noire indique un gradient significatif au seuil de 5 %

Les résultats acquis par Féliba (réseau ayant mené une étude de la fécondité de l’huître creuse dans le bassin d’Arcachon en 2013 en lien avec la qualité de l’eau) ont montré la présence d’huîtres avec des gonades peu développées à la fin du mois de juin dans le sud- est du Bassin, c'est-à-dire dans les zones situées en interne, notamment vers Comprian. Ces pourcentages ont pu atteindre les 60%. Au contraire, au Nord-ouest et au Sud-Ouest du Bassin, les pourcentages d’huîtres sans gonade développée sont faibles dans l’ensemble (Figure 29).

Nous avons donc décidé pour la deuxième campagne de prélèvement en 2014, d’axer nos recherches sur deux autres sites bien distincts : Comprian, situé dans les eaux néritiques internes et au niveau du

Grand Banc

Figure 30 : Carte du Bassin d’Arcachon représentant les deux sites d’études pour la période estivale 2014

chenal du Teychan, et Les Jacquets, situé au Nord-ouest, au niveau du chenal d’Arès (Figure 30). De plus, Comprian se situe plus en interne, se rapprochant ainsi des débouchés de la Leyre ; l’un des vecteurs majoritaires de pesticides. Ces deux sites ont donc été choisis pour leur différence de maturation des gonades, mais aussi par le fait qu’ils sont situés au niveau de deux chenaux différents. La surface qui alimente le Teychan est plus importante que celle alimentant le chenal d’Arès, les volumes y sont donc plus importants : à marée descendante, le Teychan draine 2/3 des volumes d’eau sortant contre 1/3 pour le chenal d’Arès.

Au vu des problèmes rencontrés au cours de la première année d’étude (huîtres triploïdes notamment), nous avons décidé pour la deuxième campagne, de nous fournir auprès d’un seul et même ostréiculteur et de placer nous-mêmes les huîtres sur chaque site d’étude au mois de février.

Les Jacquets