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Nous l’avons vu, l’espace oasien peut se plier à des emboîtements et imbrications d’espaces-temps, d’échelles allant du large au restreint. Ce n’est pas uniquement une conception d’esprit de ces dimensions par l’anthropologue puisque le vocabulaire local signifie lui aussi ces organisations. Nous avons vu comme est riche la lexicographie concernant en particulier les planches de culture. Nul doute cependant que le plaisir géométrique ne préside pas uniquement au tafsîl. Les planches de cultures sont desti- nées, cela est sans doute une évidence, à accueillir les cultures. Reste à savoir quel in- ventaire peut-on faire de ces plantes, comment le jardinier s’en sert-il, quelle importance leur accorde-t-il ? Une palmeraie d’oasis est un espace d’agriculture irri- guée et intensive en polyculture. Cette agriculture est la conjonction d’une société oa- sienne à sa nature oasienne — je suis tenté de parler de conjonction de coordination, emprunté à la grammaire et désignant ce mot invariable qui sert à joindre entre eux deux mots ou deux propositions de même nature. Ces végétaux mis en œuvre à travers l’agriculture locale sont autant d’outils d’une socialisation directe du milieu, un outil-

lage vivant. En tout début d’ouvrage, HAUDRICOURT et HEDIN1 insistent déjà sur ce que

« la plante utile, comme l’animal domestique, n’est pas entre les mains de l’Homme un outil rigide dont il peut se servir à sa guise ». L’outillage vivant se pense, se dit, se conçoit, mais je pose aussi qu’il a une réalité physique, biologique.

Les plantes des jardins

L’essence cultivée prédominante est le très emblématique palmier dattier (Phœnix

dactylifera, L.). Dans cette région, il n’existe pas d’oasis sans palmier (celles-ci sont

très minoritaires au Sahara2), il n’est que des palmeraies. Une littérature abondante

montre combien les oasiens ont su trouver à cette plante des débouchés utiles, la plaçant au centre de l’univers végétal. Ainsi, la superficie d’un jardin importe peu directement, le critère qui sert à fixer la valeur d’une parcelle est le nombre de palmiers, ou plus pré-

1 p. 21 in HAUDRICOURT A.-G. & HEDIN L. - L’Homme et les plantes cultivées, Paris, Éd. A.-M. Métailié, 1987. 2 Des exemples d’oasis sans palmier se trouvent dans la région du Ahaggar (Hoggar), zone targui du sud de

l’Algérie. Ici, ce n’est ni une explication socio-historique (les touareg Kel Ajjer du proche Tassili n’Ajjer cultivent le palmier dattier) ni technique qui explique leur absence mais très vraisemblablement les conditions climatiques de cette région au relief élevé.

cisément, le prix est un multiple — dix, quinze ou vingt — de la valeur de la production de dattes de la parcelle.

Les entraves à l’agriculture que la nature de l’environnement désertique impose aux oasiens ne sont pas minces. « Les difficultés énormes que le Sahara dresse contre la volonté humaine sont doubles : les conditions atmosphériques et hydrologiques. La plus grande partie des végétaux qui pourrait être cultivée sur la surface désertique ne sera jamais en état de résister à sa sécheresse si élevée, aux vents brûlants qui déplacent des montagnes de sable à des vitesses quelquefois bien supérieures à 100 km/h, aux rayons foudroyants du soleil et aux froids nocturnes qui provoquent un brusque décalage de

température atteignant 30 degrés […] »1 L’homme doit affronter cet environnement

hostile et récalcitrant, l’homme est maître de la Création et de ce fait doit jouer avec elle pour la dominer : c’est ce qu’il ressort de cet extrait classique qui oublie, hasard, de dresser les avantages tout aussi indéniables des régions sahariennes tels qu’une chaleur propice à de nombreuses cultures (et même de primeurs), un climat permettant de me- ner à leur terme quasiment toutes les cultures méditerranéennes. Paradoxalement, au regard de cette vision apocalyptique, la liste des plantes inventoriées dans les oasis de Jérid (novembre 1994 à mai 1996) ou dans la région de Djanet, au Tassili n’Ajjer (avril 1993) est longue bien qu’elle n’inclut que celles d’intérêt ethnobotanique et qu’elle ne se prétend point exhaustive.

On définit classiquement l’oasis en trois strates : la première, dominante, est celle des palmiers dattiers ombrageant une seconde strate arborée, les fruitiers ; au sol, les cultures maraîchères et fourragères constituent la troisième et dernière strate. Cette dis- tribution est reprise ici pour l’inventaire.

Le palmier dominant

Nota : un arbre au sens botanique possède des tissus secondaires issus de méristèmes se- condaires ; le plus visible de ces tissus secondaires est la matière ligneuse (ou bois). Le palmier dattier (Phœnix dactylifera L.), et plus généralement les palmiers, ces princes du monde végé- tal2 pour LINNÉ, ne développent pas ces tissus malgré leur port arborescent3. Les palmiers

(comme les bananiers) ne sont donc pas des arbres selon le système classificatoire en usage chez les scientifiques, pas plus que ces plantes ne possèdent de tronc, appelé alors stipe (ou pseudo-tronc) par les botanistes. Toutefois, dans la langue courante des francophones, cette distinction n’est pas faite et nous userons de cet abus de langage pour simplifier.

Le palmier dattier, avec les autres espèces de palmiers (cocotier, palmier à huile,

rônier, etc.), est classé par Francis HALLE dans le modèle d’architecture végétal

« Tomlinson », car développant des rejets (voire des gourmands) dits « réitérations ». Les palmiers sont à floraison axillaire et un seul bourgeon (bourgeon terminal) assure l’essentiel de la croissance, les ramifications sont inexistantes. Parmi les grandes plan- tes des oasis, on isole très clairement le palmier dattier. Il possède son propre statut, emblématique de l’oasis. L’origine géographique de ce palmier demeure encore sujette

1 p. 127 in GAUDIO A., 1960, op. cit.

2 Et en langue arabe, en particulier au Jérid, le palmier se dit naghla [nakhla], c’est-à-dire un terme à rapprocher,

selon NACIB (p. 406), de nakhil, chef, et nakhala, trier, choisir (et de là, l’élu). NACIB Y. - Cultures oasiennes, Essai

d’histoire sociale de l’oasis de Bou-Saâda, Paris, éd. Publisud, 1986.

3 Leur port dressé et rigide est assuré par des tissus fibreux.

à caution. Il semblerait que le lieu de sa domestication fut le golfe Persique. Le dattier n’est pas connu à l’état spontané (sauvage). Le genre Phœnix représente douze espèces répandues à l’état spontané en Afrique subtropicale et tropicale à l’Est jusqu’à l’Indus. L’espèce sauvage la plus proche du dattier est Phœnix sylvestris (Roxb.), spontané en Afrique du Nord et aux Indes ; le faux-palmier Ph. reclinata (Jacq.) en est assez proche

également1. Ce dernier parent sauvage du dattier de la zone sub-saharienne laisse penser

à certains auteurs que le palmier aurait pu aussi être domestiqué au Sahara2.

C’est un arbre à très forte symbolique, et d’une grande ancienneté en Asie et

Afrique comme peut en témoigner l’incroyable multiplicité des noms qu’il porte3 ; son

aire géographique fut très tôt et encore à l’heure actuelle étendue à toute la zone déser-

tique du sud du bassin méditerranéen jusqu’au bassin de l’Indus et selon Paul OZENDA4,

cet arbre constitue la principale espèce cultivée au Sahara, ce qui bouscule un peu l’entendement lorsque l’on sait ses impératifs écologiques. En effet, de tous les arbres fruitiers, le dattier est le plus exigeant sous le rapport du climat. Il réclame deux condi- tions qui se trouvent rarement réunies sans la contribution de l’homme : « La tête dans

le feu et les pieds dans l’eau. »5 C’est une formule à relativiser, mais il s’agit bien de

l’arbre des zones torrides qui disposent de moyens d’irrigation. Il réclame un isotherme annuel d’au moins 18 ºc. Le dattier de cultivar « degla » ou « deglet nur », dont les dattes sont quasiment les seules disponibles sur le marché européen, a des exigences encore plus impérieuses. Il lui faut surtout un automne et un début d’hiver présentant une sécheresse rigoureuse afin de mener sa fructification conformément aux critères de commercialisation. En fait, cette variété n’est cultivée pour le commerce pour ainsi dire que dans le Sud-Est constantinois (Algérie) et en Tunisie au Jérid et Nefzaoua, donc presque totalement absent de la région du Tassili n’Ajjer, du Ahaggar (Hoggar) ou des oasis marocaines. Dans tout le Sahara Central, où se situe Djanet, la production de dat- tes est à peine suffisante pour la consommation locale. Il n’est donc pas de cultures de dattes destinées à l’exportation, même nationale.

À son avantage tout de même, le dattier se contente de sols médiocres, pourvu qu’ils soient perméables, mais il a besoin de disposer de quantités d’eau très importan- tes, non pas tant pour l’arbre lui-même, que pour empêcher les sels nocifs (chlorures de sodium) d’atteindre une trop grande concentration dans le sol. L’irrigation se trans- forme en lessivage. C’est ce qui explique sa précarité de survie dans les oasis où la ponction d’eau dans les nappes souterraines a été telle qu’elle a trop fortement diminué le niveau hydrostatique.

1 p. 328 in EVREINOFF V.A. - Contribution à l’étude du dattier, Paris, JATBA, 1986, pp. 328-333. 2 BOUNAGA N. et BRAC de la PERRIERE R.A,1988, op. cit.

3 Sur ces deux thèmes, se reporter à BOIS D. - Les plantes alimentaires chez tous les peuples et à travers les âges,

Vol. II, Phanérogames fruitières, Paris, Éd. Paul Lechevalier, 1928.

4 p. 92 in OZENDA P. - Flore du Sahara, Paris, Éd. CNRS, 1985.

5 REBOUR H. - Fruits méditerranéens autres que les agrumes, Paris, Lib. agricole, horticole, forestière et ménagère,

1968.

Si l’on ignore avec exactitude d’où provient le Phœnix dactylifera, ce qui ne fait pas de doute est qu’il ait voyagé de palmeraie en palmeraie. On retrouve dans différen- tes oasis les mêmes cultivars qui ont dû faire partie des échanges. Le palmier dattier possède une riche variété génétique. On distingue les palmiers selon des critères mor- phologiques (l’aspect), physiologiques (ses critères de sols, d’humidité…), et pomolo- giques (qualité de ses fruits). Les jardiniers nomment des populations génétiques de palmiers clones dont les caractères les ont intéressés et maintiennent ces caractères par une reproduction asexuée (végétative, par rejets). Ils reconnaissent avec aisance beau- coup de cultivars à partir de l’aspect du palmier (son port), l’aspect des palmes, des épines, du régime, (jaune : degla, rougeâtre : allig, épillet court : bisr halu). Certains agriculteurs affirment même pouvoir de nuit les identifier au seul toucher. De très nom- breux cultivars sélectionnés par les agriculteurs jéridi (plusieurs centaines) ont été re-

censés1. Parmi les plus communs, on peut noter, outre la deglet nour, les cultivars allig,

khwat allig, kentishi, bisr allu, etc. La deglet nour est le cultivar de très loin le plus ex-

porté, et donc le plus intéressant pour son prix de vente (environ 1,200 DT/kg contre

environ 0,400 ou 0,600 DT/kg pour les autres cultivars). Toutefois, de façon quasi in-

formelle et discrètement, la menaker par exemple, cultivar rare, détrône le cultivar roi (une centaine de pieds, surtout à Degache et un faible nombre de rejets produits) : son

prix peut côtoyer les 3,000 DT/kg.

À Djanet, les cultivars les plus courants sont tanghiman (dattes grosses et brunes, peu sucrées), tetmelet (dattes petites et brunes, sucrées) et intakus (dattes grosses et blondes, très sucrées), mais aussi telghusa, enestanef, etc. À Zagora, les cultivars les plus représentatifs sont bu-sthammi (dattes rouges), très répandu aujourd’hui car le plus

résistant au bayoud2, saïr fagus, et saïr jihel (saïr désigne les dattes jaunes, de très

bonne qualité mais fragiles au bayoud).

Cette description du palmier dattier, comme Phœnix dactylifera L., est une pré- sentation telle que la ferait un botaniste ou un agronome. Il s’agit de l’exemple type de la purification du palmier en objet. Ce n’est même pas tout à fait une transformation de la plante en outil, car l’outil médiatise davantage une relation homme/objet. Cette puri- fication en objet (à produire des dattes) est tellement vraie qu’on a pu oublier que la plante en culture faisait partie d’un système agro-écologique. Sa « décontextualisation » en laboratoire, ou en station expérimentale, a fait perdre de vue justement sa vraie na- ture d’outil. Il en a résulté des définitions simplifiées du palmier : critères rationnels de sa culture (une plantation selon un maillage de dix mètres sur dix), quantité nécessaire d’eau d’irrigation, d’éléments nutritifs. Certes, avec des approches écologiques plus systémiques, les agronomes ont depuis replacé le palmier davantage dans l’oasis. Cette

1 Voir à ce titre : RHOUMA A. - Le palmier dattier en Tunisie, tome I. Le patrimoine génétique, Tunis, Arabesques

Éd. & Création, 1994.

RHOUMA A. - Le palmier dattier en Tunisie, tome II (à paraître).

2 Le « bayoud » est une maladie cryptogamique dont le vecteur est le champignon Fusarium oxysporum, affection à

terme mortelle pour le palmier. Se propageant d’ouest en est, atteignant les principales palmeraies du Maroc et au- jourd’hui une grande partie de celles d’Algérie (mais pour l’instant n’ayant pas franchit la frontière tunisienne), le bayoud a probablement son origine justement dans la vallée du Draa (celle de Zagora) où cette maladie est identifiée depuis 1870. On estime qu’en un siècle, cette maladie a détruit les deux tiers des pieds de dattiers marocains. Le CMV

de Zagora donne une progression annuelle des palmiers malades de 4 à 5 %. De nombreux programmes de recherche (notamment sous l’égide de la FAO) travaillent sur ce sujet, et à défaut d’avoir trouvé une solution curative, les voies de remplacement par cultivars résistants (et leur multiplication in vitro) sont explorées et recommandées. Voir par exemple : DJERBI M. - Diseases of the Date Palm, s.l., PNUD, FAO, s.d. [>1990].

description scientifique du palmier, nous verrons dans la prochaine partie qu’elle cor- respond plus largement à une vue « orientaliste » (cf. Chapitre 9 : Les acteurs du monde oasien, p. 153), qui élague sa dimension humaine. La conception touristique (« paternaliste ») admet que le palmier peut être autrement, et en quelque sorte pressent l’hybride d’humain et de naturel qui est caché.

Oui, mais quelle est alors la représentation qu’en a l’indigène ? Celui qui est auto- risé à nous en parler, leur représentant en Occident, est l’ethnologue. L’ethnologue voit dans les sociétés prémodernes ce qu’on leur accorde toujours : la confusion des genres entre choses et gens, entre nature et société. Peut-être que le caractère systématique de ce phénomène est un processus d’inversion, même un processus de projection d’une inversion où l’on met en avant les procès inverses dans la lecture de l’altérité. Par

exemple, un néanmoins très bon article de Sophie CARATINI1 réitère cela :

« L’agronome s’arrête devant un jardinet encombré de vieux palmiers agglutinés les uns contre les autres.

« - Il faudra tout arracher. Ça coûtera moins cher de refaire une « palmeraie que de rajeunir celle-là.

« - Je suis d’accord avec vous [répond le Chérif, notable local]. Mais « on dit ici que le palmier est notre tante paternelle, car Dieu l’a façonné « avec la terre qui lui restait après qu’il eut créé Adam, notre père à tous. »

Peut-être est-ce vraiment différent au Touat et au Jérid. Car je n’ai pas eu l’impression qu’au Jérid le palmier est avant tout intégré à la parenté humaine. Non, il s’agit d’un outil, un outil qui travaille, s’il faut les distinguer, dans le domaine naturel (pilier de l’agrosystème oasien) et le domaine humain (il entre dans les transactions — dot, vente, usages — et les représentations), mais un outil tout de même et non un ho- mologue de l’homme. La distinction est nette pour les oasiens jéridi comme pour ceux de Djanet ou de Zagora.

Description du palmier dattier

Les rapports agronomiques et botanistes se limitent à une description formelle de l’objet « palmier dattier ». Cette description n’a été qu’ébauchée ici, de nombreux ou- vrages font très bien cela et ce n’est guère le dessein de ce travail de s’y plonger plus avant. La figure qui suit est un classique : elle est reprise dans presque tous les travaux qui s’attachent à l’oasis et est tiré d’un ouvrage incontournable, Le palmier-dattier de P. MUNIER2 (voir Figure 10). Je transforme cette image en ce qu’elle pourrait être si un

jardinier du Jérid puis de Djanet jouait ce jeu.

1 p. 119 in CARATINI S. - Dialogues sahariens, in Le métis culturel, Internationale de l’imaginaire, nouvelle série, nº

1, 1994, Paris, Éd. Maison des cultures du monde, Éd. Babel, pp. 107-126. Voir « Le nouveau maître », p. 182.

2 MUNIER P. - Le palmier-dattier, Paris, Éd. G.P. Maisonneuve & Larose, 1973. C’est à cet ouvrage que nous ren-

voyons les personnes intéressées par la biologie de cette plante.

Les noms des parties de la plante sont donnés : - en caractères gras pour les mots français ;

- en caractères italiques pour les mots du Jérid (arabe local) ; - en caractères normaux pour les mots de Djanet (tamahâq local).

(d’après P. MUNIER, 1973, modifiée) Figure 10 : Description des parties du palmier dattier

Les autres étages

Remarque : pour les tableaux suivants, le nom français est suivi de son nom bota- nique (et entre parenthèses sa famille botanique), puis du nom vernaculaire utilisé au Jérid et celui enfin qui est utilisé à Djanet, Tassili n’Ajjer. Le signe (–) signifie que la plante n’y est pas cultivée même si cette plante possède localement un nom (donné entre parenthèse). Cependant, pour qu’une plante soit présente dans le tableau, il faut qu’elle soit cultivée dans l’une au moins des régions. Entre crochets [xxx] est donné le nom au pluriel si celui-ci diffère du singulier. Il est rappelé que ne sont présentés, en particulier pour le Jérid, que les noms vernaculaire locaux (et pas les noms arabes ou

autres en usage dans le reste du pays)1.

Étage des arbres fruitiers :

— Jerid — — Tassili n’Ajjer —

abricotier Prunus armenica (Rosaceae) bargug ou meshmesh el-mishmesh

amandier Prunus amygdalus (Rosaceae) loza

bananier Musa x paradisiaca (Musa-

ceaea)

muza ou banan el-banan

bigaradier Citrus aurantium (Rutaceae) bigaradi ou rangi

cerisier Prunus avium (Rosaceae) habmeluk

citronnier Citrus limon (Rutaceae) shemem kars ou kars kars

figuier Ficus carica (Moraceae) karm(a) [kram] tazert

grenadier Punica granatum (Punicaceae) arommana aromman

jujubier Ziziphus jujuba (Rhamnaceae) nabga

jujubier épine du Christ

Ziziphus spina-christi (Rham- naceae)

korna

mandarinier Citrus reticula (Rutaceae) bortgen

mûrier blanc Morus alba (Moraceae) tut

néflier (du Japon) Eriobotrya japonica (Rosaceae) — azeghklo

olivier Olea europea (Oleaceae) zeytun tezitunt

oranger (doux) Citrus sinensis (Rutaceae) shemem ou bortgen tshina

pêcher Prunus persican (Rosaceae) ghugh el-khugh

poirier Pyrus communis (Rosaceae) enzas

pommier Malus domestica (Rosaceae) tufagh’ et-tufagh

prunier Prunus sp. (Rosaceae) awina

vigne Vitis vinifera (Ampulidaceae) ’ineb azebib

1 Il y a des risques, il est vrai, de confusions : par exemple le concombre est dit en arabe et dans le nord de la Tunisie

khia ; à Djanet (où il n’existe pas de nom spécifique en tamahâq à cette plante), c’est ce mot arabe qui a été adopté

sous la forme usuelle pour les mots arabes, c’est-à-dire accolé de l’article (el-khia), tandis qu’au Jérid un autre nom, qui est fagus, est utilisé localement.

Autres ligneux :

— Jerid — — Tassili n’Ajjer —

acacia nilotique Acacia scorpioïdes ssp. nilotica (Mimosaceae)

tadjaght

cotonnier Gossypium herbaceum (Malva-

ceae)

koton tabdughk

cyprès d’Italie Cupressus sempervirens (Cupressaceae)

? senubagh

éthel Tamarix aphylla (=T. articula-

ta) (Tamaricaceae)

tabarakat

eucalyptus Eucalyptus globulus (Myrta-

ceae)

kalatus safsaf

filao, casuarina Casuarina equisetifolia (Ca- suarinaceae)

safsaf

henné Lawsonia inermis (Lythraceae) henna anela

Il s’agit là encore que d’une première approche de la biodiversité culturale des oa- sis. Les jardiniers distinguent en fait souvent beaucoup de variétés. Par exemple, un agriculteur de Degache de l’olivier :

Olivier à huile : shemleli (variété locale), shemsheli (variété du Nord) Olivier de table : gafsi (de Gafsa), tunisi (de Tunis), et zarazi (surtout Dega-

che, et au Jérid uniquement).

Par exemple, un agriculteur d’El Hamma de l’abricotier greffé1 :

- Bargug ‘adi (commun)

- Bargug mlakun alla awina (porte-greffe prunier, les fruits sont plus gros et leur goût est entre celui de la prune et de l’abricot)

- Bargug mlakun alla lozi (porte-greffe amandier, on mange l’amande de l’abricot comme une vraie amande)

- Bargug mlakun alla ghugh (porte-greffe pêcher, la chaire du fruit a la cou- leur de celle de la pêche).

Étage des herbacées :

Herbacées maraîchères :

— Jérid — — Tassili n’Ajjer —

ail Allium sativum (Liliaceae) thûm teshkart

arachide Arachis hypogaea (Fabaceae) — (kowkow) el-kowkow

aubergine Solanum melongena (Solana-

ceae)

denjel

blette, bette, poi- Beta vulgaris (Chenopodia- sil(i)k

1 Bien que l’agronomie enseigne que le porte-greffe ne peut influencer les qualités organo-leptiques des fruits (au

contraire du greffon).

rée ceae)

— Jérid — — Tassili n’Ajjer —

carotte Daucus carota (Apiaceae) seneria (i)zrudi [t(u)zrudit]

céleri Apium graveolens var. dulce

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