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3.1 La forme cultivée

Depuis les années 1970, le Bassin d’Arcachon fait partie des plus grands centres naisseurs de l’huître creuse en France. Les conditions climatiques clémentes de la région ont fait de cet écosystème un centre spécialisé dans le captage naturel (rétention sur collecteur) de larves d’huître. Le Bassin d’Arcachon fournit 60 à 70% des 4 milliards et demi de juvéniles d’huître nécessaires à l’ensemble de la production annuelle française (Comité Régional Conchyliculture Arcachon Aquitaine). De plus, le bassin assure un approvisionnent international, en alimentant en naissains plusieurs bassins ostréicoles européens.

Cette activité fortement dépendante de la qualité de l’environnement a connu toutefois des périodes de crises entravant la capacité de production du bassin d’Arcachon. La crise la plus marquée dans l’histoire de la production Arcachonnaise a été la succession d’années sans captages, de 1977 à 1981. Les recherches effectuées pour comprendre ce phénomène à cette époque avaient mis en évidence le rôle du TBT (Tributyl Etain, composant des peintures

antisalissure) dans la perturbation du potentiel trophique du bassin, affectant potentiellement la nutrition et la croissance larvaire (His et al. 1984 ; His & Robert 1983). Mais plus récemment, depuis 1998, de fortes fluctuations du captage sont aussi observées. Des années à très faible captage (i.e. 2009, 2010, 2011) alternent avec des années à captage exceptionnel (i.e. 2003, 2006, 2008, 2014, 2015 ; Figure 6).

Ces fluctuations du captage ont fait l’objet d’une première étude intégrée de l’état reproductif de l’huître creuse dans le bassin d’Arcachon, cette dernière a permis d’identifier les facteurs déterminant du succès du captage. Deux phases clés et très sensibles aux conditions environnementales sont soulignées : 1- la survie larvaire, mise en relation avec la température de l’eau au moment du développement des larves, 2- la quantité initiale de larves émises par les géniteurs adultes, mise en relation avec la biomasse phytoplanctonique entre la fin de la période hivernale et printanière (Auby & Maurer 2004). Le captage a été ensuite suivi chaque année dans le bassin d’Arcachon, jusqu’à la mise en place en 2008 du réseau Velyger de l’Ifremer pour « Observer, Analyser, et Gérer la variabilité de la reproduction et du recrutement de l’huître creuse en France». Dans cinq bassins ostréicoles français, Velyger assure un suivi de trois descripteurs de la reproduction de C. gigas : (1) suivi annuel de la croissance et de la maturation d’un lot d’huîtres sentinelles, (2) suivi estival de l’abondance et du développement larvaire, (3) estimation automnale du captage sur collecteur professionnel. En parallèle de ces descripteurs de l’état de condition de C. gigas, il assure un suivi annuel de la température, du phytoplancton et de la salinité (Pouvreau et al. 2016). Le réseau Velyger a permis de rendre compte de l’émergence plus marquée des phénomènes de fluctuations du captage dans le Bassin d’Arcachon par rapport aux autres systèmes ostréicoles français pour la période récente.

Figure 6 : Série temporelle de l'évolution du recrutement larvaire pour l'activité ostréicole dans le bassin d'Arcachon, tiré de (Pouvreau et al. 2016).

Ces phénomènes y existent mais s’avèrent être beaucoup moins marqués (i.e. Pertuis Charentais ; Pouvreau et al. 2016).

En comparaison avec d’autres écosystèmes français, l’effort de reproduction et la maturation de C. gigas sont décrites comme faibles dans le bassin d’Arcachon (Bernard et al. 2014). Ceci est attribuable à la capacité trophique du milieu, naturellement plus faible que dans les autres systèmes (i.e. système mésotrophe à faible production primaire, Glé et al. 2008). Toutefois, ces deux processus subissent aussi localement des changements considérables depuis quelques années, faisant émerger un nouveau schéma reproductif au sein du bassin. Ces changements sont reflétés par un faible investissement dans la formation des gamètes, associé à un recul de la date de ponte (Auby et al. 2012 ; Bernard et al. 2014). Depuis 1995, mis à part quelques années exceptionnelles (i.e. 1994, 2003, 2006), une tendance à la baisse du nombre moyen de larves au stade «Petites», et donc l’intensité des pontes principales et secondaires, est révélée dans le bassin d’Arcachon (Figure 7 ; Maurer et al. 2016). Un constat qui s’associe au mauvais captage des années 2009 à 2011 (Maurer et al. 2011), et qui se poursuit en 2012, 2014 et 2015 (Maurer et al. 2016). Dans le même temps, un recul de la date d’émission des gamètes dans le milieu est constaté entre 1987 (début juillet) et 2015 (fin juillet) ; (Figure 8 ; Maurer et al. 2016). Ces retards sont associés dans les zones les plus internes du bassin d’Arcachon à des pontes partielles, les huîtres n’émettant pas la totalité des gamètes produites (Bernard et al. 2014).

Figure 7 : Evolution des abondances maximales de larves «Petites» en période ponte principale «juillet-aout» de 1982 à 2015 dans le secteur «est» du Bassin d’Arcachon, tiré de Maurer et al. (2016).

Nom bre de la rv es pe ti te s/ 1 .5 m 3

3.2 La forme sauvage

Les huîtres creuses sauvages ont été très peu étudiées dans le bassin d’Arcachon. Toutefois, la diminution des parcs à huîtres cultivées depuis les années 70s et leur déplacement vers les zones externes du bassin (Maurer. D, com. pers), a redéfinie l’importance de ces gisements naturels. De plus, représentant 79% de la biomasse (sauvage : 65 000 tonnes, cultivée : 16 600 tonnes ; Scourzic et al. 2012), ils occupent un emplacement écologique important et constituent la première source productrice de larves du Bassin d’Arcachon. Cette importance a été soulignée dans le cadre du projet FéLiBA, et elle provient de leur localisation dans les zones internes du bassin, propices à la rétention des larves. Les huîtres sauvages semblent contribuer majoritairement au captage puisque la zone interne contribue à 46% des larves qui restent dans le bassin, alors que les larves produites sur les zones externes se dispersent vers l’extérieur sous l’effet de l’hydrodynamisme (Figure 9 ; Bernard et al. 2014).

Figure 8 : Évolution de date la ponte principale des huîtres localisées dans la zone est du Bassin d'Arcachon entre 1987 et 2015, tiré de Maurer et al. (2016).

Dat e d e p onte pr incipa le

Figure 9 : Pourcentage de rétention moyen des larves dans le bassin d'Arcachon d'après un modèle hydrodynamique selon la répartition de 35 gisements naturels d’huîtres creuses. Extraite de (Bernard et al. 2014).

Partie III

Approches méthodologiques

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