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Avant l‟indépendance, Laumont, (1960) rapporte qu‟en Algérie, sous le nom de prairies naturelles par opposition aux prairies artificielles, il convient de désigner, deux catégories de prairies enherbées sans l‟intervention de l‟homme, de composition, d‟étendue et de valeur d‟exploitation et d‟utilisation différentes :

*Prairies naturelles temporaires

Suivant leur localisation géographique (tableau, selon Ducellier, (1933) les prairies naturelles permanentes peuvent être cataloguées en deux catégories :

-Prairies des plaines basses ou littorales, parfois encore marécageuses humides en hiver (souvent inondées) et plus ou assainies nous pouvons citer à ce titre : les plaines de Mitidja, Annaba et El -Taref

- Les vallées de Soummam, de l‟oued el kebir, du safsaf et de la seybouse : les zones marécageuses du tell où nous pouvons citer les hautes vallées des oueds de Tafna, chlef …ect

-Les zones de Constantine sont loin les plus prédisposées, particulièrement khroub, Sétif et Bordj Bou Arrerij (Tableau 10)

Tableau 10: Répartition régionale des prairies naturelles en Algérie (ha)

Source : Laumont (1960).

Ducellier (1933) soulignait que dès 1830, (période coloniale) et dès les premiers débuts de l‟implantation européennes la densité, la luxuriance des prairies et des pâturages des environs d‟Alger ont été remarquées et signalées, ainsi que le développement de la végétation des plaines, des vallées et même des coteaux des régions à hiver doux et humide avec une période productive.

Ducellier (1933) cité par Abdelgherfi et Hakimi (1990) indique que les herbagers propres à être fauchés occupaient près de 5% du Tell soit 1,8 millions à 2 millions d‟ha de prairies permanentes vers les années 1845. Laumont (1960) estimait qu‟en 1933 que plus des 9/10 des prairies naturelles avaient été défrichées et livrées à la culture suite de l‟utilisation plus complète des eaux des oueds, du sol et des sources par barrage, mais l‟étendue des prairies naturelles permanentes n‟a fait que régresser du fait de la baisse du plan d‟eau, certaines prairies ont été transformées en jardins, en vignobles ou autres cultures en lots à bâtir

régions 1939 1945 1958

Alger 9.079 9.486 7.970

Oran 11.921 12.245 660

Laumont (1960) signale que les superficies exploitées après une stabilisation aux environ de 35.000 à 37.000ha au cours de la période 1933-1939 (Figure 14) ont notablement augmenté pendant la période de guerre. Cet accroissement étant dû au retour à l‟enherbement naturel des terres humides non cultivés en raison de leur nature, faute de moyens.

Figure 14 : Evolution des superficies, des prairies naturelles de 1933 à 1964

(période avant l’indépendance)(Source : MADR, 2015)

Le même auteur précise qu‟après la deuxième guerre mondiale, on a noté comme avant-guerre, le recul de la prairie devant la charrue. On ne peut déplorer la destruction progressive d‟une richesse naturelle longue et difficile sous nos climats à reconstituer dont les raisons doivent être recherchées dans la protection financière à la céréaliculture et qui s‟est traduite surtout en altitudes et dans les grandes zones à céréales par la recherche des terrains les meilleurs conservant le plus possible leur fraicheur en fin printemps ou en été ou susceptibles d‟être arrosés par le captage des sources ou par la dérivation des eaux d‟oueds en vue d‟établir des emblavures de céréales de rendements assurés ou d‟autres cultures vivrières. Depuis 1968, l'industrialisation, privilégiée par rapport à I „agriculture, a entrainé une très nette régression des prairies et de leur production à cause des quantités d'eau qu'elle prélève et plus particulièrement de leur pollution (Abdelgherfi et Hakimi, 1990).

Après l‟indépendance, les superficies des prairies étaient de l‟ordre du million d‟hectares. Au début du 19éme siècle les prairies naturelles sont passées à une superficie de moins de 20.000 ha. L‟évolution des superficies sur une période de 50 ans (1965-2015), montre des variations interannuelles importantes (Figure 15).

Sur la période comprise entre 1965 et 1997, les superficies moyennes prairiales enregistrent des fluctuations assez importantes : elles passent de 34 450ha pour l‟année 1965 juste après l‟indépendance jusqu‟à une superficie très faible de l‟ordre de 14 670 ha pour l‟année 1979. Ensuite ces mêmes superficies marquent une augmentation très prononcée pour atteindre 40 860 ha à l‟année 1997. A partir de cette année la régression de ces espaces était rapide et continue, elle s‟est poursuivie jusqu‟ à nos jours, ce qui montre une menace sur l‟existence de ces prairies notamment dans les zones semi –arides qui se sont fortement dégradées (Tedjari, 2005)

Figure 15 : Evolution des superficies des prairies naturelles en Algérie (après l’indépendance) durant la période 1965-2015 (Source : MADR, 2015)

Delà nous pouvons déduire qu‟après l‟indépendance, les superficies des prairies ont connu une forte régression. Durant cette période elles n‟ont bénéficié d‟aucun intéressement technique particulier du fait de leur faible intégration dans les différents politiques agricoles. Les prairies permanentes ont cessé de bénéficier de mise en défens saisonnières, d‟amendements, de fertilisation et d‟irrigation. (Abdelgherfi, et Hakimi, 1990). Elles avaient une gestion de surexploitation (fauchage, surpâturage…) Les prairies naturelles sont devenues une charge par le seul fait que l‟organisme officiel de financement ne reconnait pas les dépenses allouées à l‟entretien des prairies naturelles. Elles sont devenues aussi une source

0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 S u p er ficie ( h a) Année Superficie…

de problèmes à cause du cheptel privé aux alentours (pâturage anarchique et piétinement des cultures avoisinantes. En effet, par la position géomorphologique les prairies sont l‟exutoire par excellence de toutes les eaux usées et ou polluées exemple les prairies de la région semi- aride de Sétif (prairie Ain Oulméne et Ras el oued), rare sont les villes qui ne possèdent pas des stations d‟épuration.

Sous l‟impact des problèmes financiers et d‟organisations des structures agraires, les réformes libérales qui ont eu lieu depuis n‟ont apporté des solutions viables dans ce domaine. Les conditions matériels et sociales se sont détériorés au sein des unités de productions, ce qui a provoqué une diversité de systèmes de production d‟où une diversité des systèmes fourragers entrainant le morcellement de prairies. La prairie obéit à une gestion multiple

Nous pouvons que déplorer cet état de fait, il est cependant indispensable, avec le déficit inquiétant en produits animaux (viandes, lait et dérivés) de replacer les prairies naturelles dans le système de production du pays. Outre leur rôle fourrager, elles contribuent à améliorer la fertilité de nos sols et les protéger contre l‟érosion (Abdelgherfi et Hakimi, 1990).