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Historique de l’alcool

Dans le document Consommation d’alcool des jeunes au cycle (Page 46-49)

2. CADRE THÉORIQUE

2.3. LE CONTEXTE SOCIO-CULTUREL VALAISAN

2.3.1. Historique de l’alcool

La prise de risque est faite en fonction de ce qui est le plus important pour la personne. Pour les garçons c’est bien souvent d’être perçu comme « le meilleur », tandis que chez les filles, le désir est de paraître « unique ». Le sexe masculin aura donc tendance à provoquer plus de problèmes pour les instances sociales que le sexe féminin. Toutefois, on peut observer que de plus en plus de filles ont tendance à adopter des comportements plutôt typés comme masculins dans leur façon de boire et leur manière d’agir. Cette récente masculinisation entraîne l’apparition d’actes de violence de la part des filles. Il n’est plus rare de voir des bagarres entre filles ou des formations de bandes pouvant s’approcher de celle des gangs.

2.3. LE CONTEXTE SOCIO-CULTUREL VALAISAN

Mon sujet traitant de la consommation d’alcool des élèves du cycle d’orientation de Martigny, situé dans le canton du valais, il me paraissait intéressant de décrire quelque peu le contexte socio-culturel de celui-ci. L’influence du cadre joue un rôle important également, comme dit plus haut, dans la future consommation du jeune.

2.3.1. Historique de l’alcool

L’alcool existe depuis la nuit des temps, sa consommation et sa place dans la société ont évolué et se sont modifiées au cours des siècles. Autrefois on a pu considérer l’alcool comme un aliment, un remède, un fortifiant ou encore comme

d’animation, Prévention Aide Recherche, [document PDF] Récupéré du site : http://www.addictionsuisse.ch/DocUpload/alcool_motifs.pdf, consulté le 20.11.2014

47 un poison. On ne sait pas vraiment avec précision à quand remonte sa découverte par l’homme. On suppose que son apparition est due au hasard, du fait d’aliments qui auraient fermenté naturellement après avoir été oubliés. Toutefois, des archéologues ont pu démontrer que la fabrication de l’alcool était déjà pratiquée il y a des milliers d’années. Son apparition semble se confondre à peu près avec l’apparition de l’agriculture : « En Chine, il semblerait que l’on ait commencé, au

Mésolithique déjà (milieu de l’Âge de la pierre – entre 10’000 et 5’000 avant J.-C.), à fabriquer une sorte de bière à partir de riz, de miel et de fruits. Des indices archéologiques semblables ont été trouvés dans le monde entier »83.

En Égypte et dans l’antiquité, la production, la commercialisation et la consommation d’alcool étaient monnaie courante. Les diverses étapes de fabrication ont été décrites sur des papyrus, et, à Pompéi par exemple, on a dénombré pas moins de deux cents tavernes. Pourtant à cette période déjà, on en craignait les méfaits. Une sorte de prévention était mise en place, interdisant aux femmes, aux adolescents et aux jeunes adultes de boire de l’alcool, ou en tout cas les incitant à consommer de manière modérée. On alertait la population contre l’ivresse et les conséquences d’une consommation excessive.

Il n’y a rien d’étonnant à ce que, dans l’antiquité, la consommation d’alcool se soit teintée de mysticisme. La méconnaissance du produit et de l’origine de l’effet de l’ivresse, ainsi que les transformations psychiques qui en découlent ont conduit à son utilisation lors des séances religieuses et de cérémonies rituelles. Les Grecs et les Romains croyaient effectivement que l’absorption d’alcool leur permettait d’élargir leur conscience et d’établir un lien avec le monde des dieux. Certaines fêtes étaient alors propices à la consommation d’alcool, telles que les « symposiums », banquet à conversation philosophique, les fêtes dionysiaques, dédiées à Dionysos dieu du vin et de la transe en Grèce, ou, leur équivalent romain, les bacchanales. Le contrôle social s’exerçait toutefois, en édictant des règles strictes qui portaient aussi bien sur la quantité consommée que sur le rythme de la consommation. Malgré cela, le Sénat romain s’est vu obligé d’interdire ces fêtes qui dégénéraient inexorablement en orgie avec leur cohorte de troubles et de violence.

La consommation d’alcool ayant perdu son caractère mythique, elle continua toutefois d’exister, mais cette fois dans un autre but. C’est au Moyen Âge que le terme d’ « orgie sauvage » est apparu. L’excès d’alcool étant toujours mal vu et répréhensible, la population fut vivement encouragée par l’Église et la noblesse à abandonner toute forme de beuveries, ou, en tout cas, à consommer l’alcool avec modération. L’état d’ivresse fut considéré comme un vice païen, que l’Église condamnait parfois par de lourdes peines. Ces sanctions n’eurent cependant que peu d’effet sur le peuple et la consommation globale d’alcool. Paradoxalement, la production et l’exportation d’alcool devinrent une source d’enrichissement pour les pays occidentaux, les monastères eux-mêmes développant une importante

83 Addiction Suisse, L’alcool dans notre société – hier et aujourd’hui, Les jeunes et l’alcool, Cahier 1,

Un outil pédagogique destiné aux enseignent-e-s du degré secondaire avec suggestions d’animation, Prévention Aide Recherche, [document PDF] Récupéré du site : http://www.addictionsuisse.ch/fileadmin/user_upload/DocUpload/alcool_societe.pdf, consulté le 17.12.2014, page 3

48 activité viticole et brassicole. La mauvaise qualité de l’eau potable renforça également la consommation de boissons alcoolisées.

Les eaux-de-vie fabriquées en petite quantité par les moines et les médecins sont à cette époque considérées comme des médicaments vendus chez les apothicaires. Ce n’est seulement qu’à la fin du 15e siècle que l’alcool distillé cessa d’être considéré comme un remède précieux, que seuls les riches pouvaient se procurer. La Renaissance marque l’avènement du « vin-plaisir ». L’apparition des grands crus du Bordelais est un exemple de cette recherche de qualité qui représente aussi un important débouché commercial.

Au début de 18e siècle, les spiritueux commencent à poser un sérieux problème social. La révolution industrielle permet la production en masse de boissons alcoolisées, de moins en moins chères et, avec un degré d’alcool de plus en plus fort. « Dès le XVIIIe siècle, on rencontre toutefois des textes qui décrivent le

« boire » consolateur, la réponse au malheur social, ou encore au XIXe siècle, le « boire » source de trouble social. »84La consommation d’alcool devient pour les personnes en situation précaire un moyen d’échapper à leurs conditions de travail et de vie difficiles. Le docteur Magnus Huss, en 1849, introduit pour la première fois le terme d’« alcoolisme ». C’est à cette même période qu’apparaissent les premiers mouvements de tempérance et d’abstinence, comme par exemple la Croix Bleue, d’influence protestante qui naît en 1877 à Genève, et la Croix d’or d’influence catholique. On leur doit en partie la mise en place de la législation sur l’alcool.

Affiche de Frédéric Christol, de 1910

En 1935, grâce à une rencontre entre deux anciens buveurs devenus abstinents, l’association les Alcooliques Anonymes (AA), qui est toujours très connue

49 actuellement, voit le jour. Leur méthode d’intervention se base sur le partage et la mise en commun du vécu de chacun, ce sont des groupes d’entraide.

Les campagnes sanitaires ont évolué au fil des temps, elles se sont heurtées à une puissante image de l’alcool social, l’aspect médical se confrontant aussi à l’aspect économique. La consommation de vin était même encouragée, ainsi que le souligne Myriam Tsikounas, jusque dans les années 50 « le vin reste considéré

comme un médicament et un reconstituant. Des buvards publicitaires, distribués dans les écoles, indiquent toujours qu’un litre de vin à 12 degrés équivaut à 850 grammes de lait, 370 grammes de pain, 585 grammes de viande ou cinq œufs. »85

L’évolution des publicités en faveur de l’alcool démontre bien la place que ce dernier prend dans l’imaginaire collectif, par exemple ces publicités des années 30, dont l’une se trouve sur une carte routière.

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En France, jusqu’au début des années septante, comme le note Jean-Yves Salaün délégué général de la Prévention routière, « les conducteurs, qui passaient devant

le juge et qui avaient à justifier leur comportement, pouvaient mettre en avant le fait qu'ils avaient bu et que donc qu'ils n'étaient forcément en état d'avoir conscience de leur comportement, des risques qu'ils prenaient. Et les juges pouvaient considérer que l'alcool était dans ce cas une circonstance atténuante. »86

Dans le document Consommation d’alcool des jeunes au cycle (Page 46-49)