pierres dit « pont des Romains », construit au X
esiècle, s’était effondré lors de la
crue de 1363, si bien que la traversée de la Loire ne s’effectue plus, durant cinq
siècles, qu’à l’aide de bacs. En 1836, est mis en service le premier pont suspendu
à péage, en bois de chêne, soutenu par des piliers en pierre de taille (c’est le
deuxième de ce type en France, après celui de Tournon dans le Rhône construit en
103 Ibid.
104 Depuis 2000, Sully-sur-Loire est le point de départ du classement de la Loire, sur une longueur de 280 km, au Patrimoine mondial de L’Humanité.
105 Bernard Barbiche, Histoire de Sully-sur-Loire, le château, la ville, le terroir, Bernard Barbiche, Roanne, Éditions Horvath, 1986, 176 p., pp. 83-91.
1825. Ce pont est emporté vingt ans plus tard par la crue du 2 juin 1856, la plus
grande crue du siècle (auparavant une autre crue centennale eut lieu en 1846). Il
est reconstruit en 1859 et béni le 31 juillet 1859 par Monseigneur Dupanloup,
évêque d’Orléans. Il résiste cette fois-ci à la nouvelle crue de 1866. Mais, le 8
décembre 1870, il est volontairement incendié pour empêcher l’avancée des
armées prussiennes.
Il faut attendre 1872 pour que Sully bénéficie de l’arrivée du chemin de fer
grâce à la mise en service d’une liaison Orléans-Gien. La première gare est
installée aux Bordes, à quatre kilomètres de Sully, mais de l’autre côté de la Loire.
Enfin, en 1882, la construction d’un pont à l’architecture métallique permet à
Sully d’avoir sa propre gare.
En février 1848, à l’avènement de la II
eRépublique, Sully se rallie sans aucun
problème au nouveau régime. Le conseil municipal donne : « une adhésion
franche et entière à la forme de gouvernement courageux qui vient d’ouvrir une
ère de grandeur et de liberté à la France »
106. Il plante un arbre de la liberté, qui sera
détruit lors des très importants bombardements qui touchent la ville en juin 1940.
Il en est de même au lendemain du 2 décembre 1852, où le conseil municipal
manifeste « toutes ses sympathies pour le rétablissement de la dignité impériale ».
La proclamation de l’Empire n’entraîne ni rejet ni enthousiasme à Sully
107.
C’est donc dans cette petite ville du Val de Loire qu’Arthur Boucher va passer
les sept premières années de sa vie. Il la quittera en 1854, lorsqu’il rejoindra les
enfants de troupe à l’âge de sept ans. De ces quelques années, nous ne savons que
peu de chose, si ce n’est la naissance en 1850 d’un petite sœur Blanche, la
dernière de la fratrie, et le fait qu’il garde un souvenir de ses deux tantes
paternelles, Alexandrine et Nathalie, qui avaient pour lui des attentions
maternelles. Son père, admis à la retraite de gendarme en 1859, quitte Sully cette
même année avec sa famille pour s’installer à Neuville-aux-Bois, au nord du
Loiret, où il occupe le poste de commissaire impérial (commissaire de police).
Arthur Boucher quitte donc très tôt le Loiret, il ne conserve aucune attache à Sully
et ne revient qu’à de rares occasions voir son père à Neuville-aux-Bois. Par
contre, les attaches familiales de la famille Boucher se situent non loin de Sully, à
La Chapelle Saint-Mesmin, petit village attenant à la ville d’Orléans, en bord de
Loire.
106 Christian Cardoux, Sully-sur-Loire, de la Révolution française à la Révolution industrielle, 2003, Sully-sur-Loire, Éditions Cardoux, p. 55.
1.2.2 La Chapelle Saint-Mesmin
En effet, le père, le grand-père et l’arrière-grand-père d’Arthur Boucher sont
tous les trois nés à La Chapelle-Saint-Mesmin. Ils ont exercé tous les trois la
même profession : marchand-boulanger, tout en exploitant, en deuxième activité,
quelques vignes du Val de Loire. Nos recherches généalogiques nous ont permis
de remonter à son aïeul François Boucher né le 28 septembre 1719 à
Chassonville, toujours dans le département du Loiret, petit village en bordure de
la Loire à 25 km à l’ouest d’Orléans, à la frontière du département du
Loir-et-Cher. Il décède le 27 septembre 1786 à l’âge de soixante-neuf ans à Saint-Laurent
des Bois dans le département du Loir-et-Cher. Sur l’acte d’état-civil, est
mentionnée la profession de laboureur-fermier. Comme cette petite commune se
situe dans la Beauce, terre agricole riche, on peut aisément supposer une certaine
aisance financière, dont l’activité professionnelle et politique de son fils,
également prénommé François Boucher portent témoignage. Ce dernier naît le 26
novembre 1752 à Saint-Laurent des Bois et décède le 10 janvier 1817 à La
Chapelle-Saint-Mesmin, où il exerce son activité professionnelle. Sur l’état-civil
est mentionnée la profession de marchand-boulanger et vigneron, donc une
situation financière, semble-t-il, plutôt favorable. Mais le plus intéressant est son
activité politique. Ce François Boucher sera le premier président de l’assemblée
du canton durant la Révolution française. En 1796, il est nommé président de
l’administration municipale, puis en 1798, il est incorporé à l’armée, il a
quarante-cinq ans. De 1809 à 1813, il est adjoint au maire de La Chapelle-Saint-Mesmin.
François Boucher est donc un petit notable. Il a quatre enfants, tous nés à La
Chapelle-Saint-Mesmin : François (troisième à porter le nom de François
Boucher), né le 27 janvier 1777, décédé le 26 novembre 1858, à l’âge de
quatre-vingt-un an, et futur grand-père d’Arthur Boucher, Joseph (dont on ignore la date
de sa naissance), Pierre, né en 1791 et Geneviève, née en 1792. Ce dernier
François Boucher, dont Arthur sera le petit-fils, épouse le 2 septembre 1798 Anne
Adam-Couturier (1778-1839). Son témoin de mariage est son oncle maternel
Jacques Deparday, boulanger et vigneron. Sur son acte de décès, est mentionné :
boulanger vigneron. Il a en effet, avec son jeune frère Pierre, repris la suite de la
boulangerie de son père et de la petite exploitation viticole
108.
Cette courte généalogie de la famille d’Arthur Boucher permet de mettre en
relief l’ascension sociale progressive de cette famille. De paysan aisé sur une terre
riche (la Beauce) à commerçant-artisan boulanger et petit viticulteur, la
progression dans l’échelle sociale est nette, surtout si on l’associe aux fonctions
politiques du grand-père pendant la Révolution, qui révèlent sa notabilité.
108 Éléments généalogiques recueillis auprès du service d’état-civil de la commune de La Chapelle-Saint-Mesmin (Loiret).
Voici ce que rapporte Marguerite Boucher, la fille d’Arthur Boucher, au tout
Dans le document
Le général Arthur Boucher (1847-1933) : une carrière atypique, une œuvre érudite
(Page 43-46)