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Histoire de l’art et archéologie : historiographie des techniques, de l’iconographie et des fouilles

4. Une thématique pluridisciplinaire : notions et historiographies des disciplines mobilisées

4.3. Histoire de l’art et archéologie : historiographie des techniques, de l’iconographie et des fouilles

Le sujet traité ici s’appuie sur de nombreuses sources archéologiques, qu’elles soient issues des objets du quotidien des civilisations antiques ou bien de l’architecture, c’est pourquoi il parait important de questionner l’historiographie concernant l’histoire de l’art, l’iconographie et l’archéologie des mondes mésopotamien et grec antiques.

C’est à la fin du XIXe siècle que les chantiers archéologiques sur le territoire de la Mésopotamie se multiplient ainsi que les publications scientifiques en rapport avec cet espace, notamment grâce à l’historiographie allemande qui, au travers de la collecte de faits et de documents, parvient à établir les bases des connaissances épigraphiques et archéologiques mésopotamiennes. De fait, plusieurs ouvrages généraux traitant de l’archéologie du Proche-Orient ancien sont disponibles, tels que celui proposé par André Parrot, archéologue français spécialiste de la Mésopotamie, intitulé Archéologie mésopotamienne : les étapes et publié en 1953128. Ce travail liste les différentes fouilles archéologiques menées sur ce territoire depuis le début du XIXe siècle, établit une description des techniques de fouilles employées et soulève les problèmes relevant de la chronologie. Une autre référence, issue d’une historiographie plus récente, qu’il peut être intéressant de consulter dans le cadre d’une étude de l’archéologie mésopotamienne est la thèse de Catherine Marie Lazzarini intitulée Les tombes royales et les tombes de prestige en Mésopotamie et en Syrie du Nord au Bronze Ancien, laquelle propose une approche méthodologique dans l’étude de telles sources129. Quant à l’iconographie mésopotamienne mobilisée au sein de cette étude, elle apparaît comme assez largement étudiée au travers d’articles et d’ouvrages précédemment cités, tels que les travaux de Virginie Danrey130 et de Christine Dumas-Reungoat131. Plusieurs travaux s’avèrent utiles dans le cadre de cette étude, comme l’illustrent les écrits d’André Parrot dans la collection intitulée L’Univers des Formes132 133. Dans cet ouvrage, il établit une chronologie des techniques artistiques employées sur le territoire mésopotamien avant de revenir plus en détails sur certaines thématiques privilégiées par les arts de cette époque. L’historiographie anglo-saxonne s’empare elle aussi de

127 FOREST Jean-Daniel, L’Epopée de Gilgamesh et sa postérité : introduction au langage symbolique, éd. Paris-Méditerranée, 2002, Paris, 682p.

128 PARROT André, Archéologie mésopotamienne, éd. Albin Michel, 1953, Paris, 470p.

129 LAZZARINI Catherine Marie, Les tombes royales et les tombes de prestige en Mésopotamie et en Syrie du Nord au Bronze ancien, éd. Ecole Doctorale des Sciences Sociales, 2011, 679p.

130 DANREY Virginie, « Le taureau ailé androcéphale dans la sculpture monumentale néo-assyrienne : inventaire et réflexions sur un thème iconographique », Studia Aegeo-Anatolica, Lyon, 2004, pp. 309 – 349

131 DUMAS-REUNGOAT Christine, « Créatures composites en Mésopotamie », Kantron revue pluridisciplinaire du monde antique, Presses Universitaires de Caen, 2003, pp. 91 – 113

132 PARROT André, L’univers des formes : Sumer, tome I, éd. Gallimard, 1960, Paris, 391p.

133 PARROT André, L’univers des formes : Assur, tome II, éd. Gallimard, 1969, Paris, 431p.

cette thématique, comme le soulignent les travaux de Henri Frankfort dans The Art and Architecture of the Ancient Orient134. Par ailleurs, des travaux synthétiques analysant l’iconographie mésopotamienne sont disponibles, tels que celui de Pierre Amiet, inspecteur des musées et historien de l’art français, intitulé L’art antique du Moyen-Orient135. En outre, l’ouvrage dirigé par Giovanni Curatola, L’art en Mésopotamie, est une référence qui réunit plusieurs analyses de l’iconographie proche-orientale religieuse, et évoque notamment plusieurs spécimens de monstres hybrides136. D’autre part, l’historiographie anglaise approfondit elle aussi l’analyse de l’archéologie mésopotamienne et des vestiges découverts alors, tel que le souligne la production de Roger Matthews, dans The archaeology of Mesopotamia : theories and approaches, datée de 2003137. Enfin, l’article intitulé « Gods and Monsters : image and cognition in Neolithic Societies », réalisé par David Wengrow, propose une approche liée à la psychologie cognitive afin de fournir des éléments de compréhension de la production iconographique néolithique138. Ce travail met d’ailleurs l’accent sur l’iconographie des êtres hybrides. Pour autant, la période étudiée dans cet article ne correspond pas à la période analysée au sein du sujet : David Wengrow apporte cependant une certaine méthodologie à suivre lors de l’étude de productions artistiques anciennes.

Quant à l’espace grec antique, depuis longtemps connu, de nombreuses expéditions archéologiques ont permis la découverte d’une multitude de vestiges, c’est pourquoi une historiographie récente apparaît plus pertinente. De fait, quelques ouvrages généraux sont à mentionner dans le cadre de cette étude tels que celui de Ian Morris, intitulé Classical Greece : ancient histories and modern archaeologies139. Plus récemment, l’ouvrage Greek archaeology without frontiers, daté de 2002, permet d’établir la synthèse des connaissances archéologiques disponibles pour la Grèce antique et comprend les rapports issus des journées d’études menées par la National Hellenic Research Foundation140. Concernant l’iconographie grecque, l’historiographie se développe très largement au cours du XIXe siècle car les objets de céramique sont soumis à l’intérêt nouveau des historiens et des archéologues. Ainsi, les travaux de John Beazley, un archéologue britannique, au sujet de la céramique corinthienne peuvent s’avérer utiles pour le travail à mener141. D’autre part, l’ouvrage intitulé Aux origines de la peinture sur vase en Grèce de John Boardman s’avère intéressant afin de comprendre la composition, la

134 FRANKFORT Henri, The Art and Architecture of the Ancient Orient, éd. Penguin Books,Yale, 1970, 464p.

135 AMIET Pierre, L’art antique du Moyen-Orient, éd. Citadelles et Mazenod, 1977, Paris, 601p.

136 CURATOLA Giovannni, L’art en Mésopotamie, éd. Hazan, 2006, Paris, 279p.

137 MATTHEWS Roger, The archaeology of Mesopotamia : theories and approaches, éd. Routledge, 2003, 272p.

138 WENGROW David, « Gods and Monsters : image and cognition in Neolithic Societies », Paléorient, vol. 37, n°1, 2011, pp. 153 – 163

139 MORRIS Ian, Classical Greece : ancient histories and modern archaeologies, éd. Cambridge University Press, 1996, Cambridge, 244p.

140 TODD Jan, KOMINI-DIALETI Dora, HATZIVASSILOU Despina, Greek archaeology without frontiers, éd. National Hellenic Research Foundation, 2002, Athènes, 248p.

141 BEAZLEY John, Attic Red-Figure Vases Painters, éd. Clarendon Press, 1968, Oxford, 2092p.

réalisation et la signification des scènes mythologiques illustrées sur la céramique grecque142. De fait, les étude céramologiques et iconographiques sont plus largement traitées par des auteurs anglais ou allemands, bien que l’historiographie française propose tout de même quelques références. En effet, l’ouvrage intitulé Grèce archaïque (620 – 480 av. J.-C.), dirigé par Jean Charbonneaux, un archéologue français, est un bon exemple d’étude qui analyse à la fois les thématiques iconographiques représentées dans l’art grec ancien et le contexte de réalisation de ces vestiges143. Certains ouvrages plus généraux reprennent les connaissances à propos de cette iconographie antique, tel que l’illustrent les travaux de Bernard Holtzmann et d’Alain Pasquier dans Histoire de l’art antique : l’art grec, paru en 1998144. Par ailleurs, l’œuvre de Pierre Vidal-Naquet, Fragments sur l’art antique, fournit elle aussi une anthologie d’art grec intéressante pour le sujet étudié145. Enfin, quelques ouvrages plus spécifiques à l’étude de l’iconographie, sur vases notamment, abordent tout particulièrement la thématique mythologique, ce qui concerne directement l’analyse traitée ici, tels que le soulignent les travaux de Gudrun Ahlberg-Cornell dans Herakles and the sea-monster in Atttic black-figure vase-painting, de 1984146 ; ou encore ceux de Thomas Carpenter et Christian-Martin Diebold dans Les mythes dans l’art grec, paru en 1997147.

L’historiographie propose un large éventail d’informations nécessaires à la réalisation d’une étude sur les figures monstrueuses comme témoins de l’influence culturelle entre la Mésopotamie et la Grèce ancienne. Cependant, une étude des sources littéraires et archéologiques disponibles pour chacun des deux espaces analysés apparait comme primordiale afin de déterminer les supports de ces échanges culturels ainsi que d’établir la liste des similitudes et des différences entre les monstres issus du Proche-Orient antique et ceux du monde grec.

142 BOARDMAN John, Aux origines de la peinture sur vase en Grèce, éd. Thade & Hudson, 2003, Londres, 288p.

143 CHARBONNEAUX Jean, MARTIN Roland, VILLARD François, Grèce archaïque (620 – 480 av. J.-C.), éd. Gallimard, 2008, Paris, 415p.

144 HOLTZMANN Bernard, PASQUIER Alain, Histoire de l’art antique : l’art grec, éd. Ecole du Louvre, 1998, Paris, 365p.

145 VIDAL-NAQUET Pierre, Fragments sur l’art antique, éd. A. Viénot, 2002, Paris, 141p.

146 AHLBERG-CORNELL Gudrun, Herakles and the sea-monster in Attic black-figure vase-painting, éd. Svenska Institutet i Athen, 1984, Stockholm, 172p.

147 CARPENTER Thomas, DIEBOLD Christian-Martin, Les mythes dans l’art grec, éd. Thames & Hudson, 1997, Paris, 255p.