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CHAPITRE I : CADRE HISTORIQUE ET CULTUREL

1.4 P HENOMENE DU MUSEE EN INDE

Puisque nous ne trouvons pas la même ampleur des études historiques de la culture technique indienne, à travers la documentation à notre disponibilité sur ce sujet, nous tâchons à illustrer la côté scientifique de l’image spiritualiste et absolutiste de l’Inde.

50 Avec une histoire de qui remonte à plus de cinq mille années, l’Inde a réussi a créé une identité culturelle Comme toute civilisation ancienne, la philosophie indienne se base pour une grande partie sur la mythologie. Alors, il est difficile de différencier entre la mythologie et l’histoire. L’Inde possède une grande et riche variété de tradition et culture. Les textes anciens soulignent que la muséologie a été pratiquée bien avant la colonisation. Par exemple, les temples servaient pendant des siècles d’un lieu de collection des œuvres d’art : des peintures, des sculptures, des manuscrits anciens, etc. En effet, les pratiques religieuses décrites dans les textes et pratiquées par de grands temples de l’Inde du Sud tels que le Temple de Brihadeesvara à Thanjavur ou le Temple de Venkateswara à Tirupati contribuent largement à la préservation et conservation des objets sacrés. Pourtant les références littéraires que nous trouvons dans les textes religieux anciens n’ont jamais été étudiées.

Il est évident que les sculptures que nous trouvons dans les temples ont été construites comme outils de transmission des concepts religieux. Souvent, nous trouvons des peintures murales dans les temples qui expliquent les différentes rites et rituelles. Un très bon exemple est le Temple Meenakshi à Madurai, dans l’Inde du Sud où les peintures murales à l’intérieur du temple présentent les rites hindous. De même, les anciens manuscrits qui sont souvent en forme de feuilles de palmiers ou d’écorce ont été préservés et conservés par ces temples. Les hindous croient que le destin de toute personne a été écrit sur des feuilles de palmiers qui sont aujourd’hui conservées auprès des astrologues. Nous pouvons également constater que chaque communauté et tribu pratique sa propre manière de conservation des manuscrits anciens. Les

51 grottes d’Ajanta peuvent être considérées comme une vraie bibliothèque de l’art indien : nous y trouvons les sculptures, des peintures murales et de l’architecture. C’est dans ces grottes que nous trouvons les références iconographiques des textiles ikats. Si les grottes d’Ajanta nous racontent l’histoire quotidienne, les grottes d’Ellora sont destinées à nous transmettre les pratiques religieuses.

Bien que le terme institution culturelle ne soit pas connu auparavant, les établissements qui conservaient et préservaient l’art indien existaient depuis toujours. N.R.Banerjee cite un très bon exemple – le temple de Brihadeeswara à Thanjavur53. Le temple sert d’un centre de ressources sur la vie politique, sociale et culturelle de la dynastie Chola. L’architecture, les sculptures ainsi que les peintures murales montrent les compétences techniques de cette période. Les inscriptions sur les murs du temple indiquant la liste des sculptures en bronze, les bijoux et d’autres objets reçus comme dons par le temple nous permettent à suivre les différentes étapes de la construction du temple. De plus, les temples étaient également des salles de spectacles – les concerts de la musique et danse classique, les discours académiques et religieux y ont été souvent organisés.

Ces espaces ont été connus sous plusieurs noms, le chitrasala ou ‘la galerie d’art’ étant le plus commun. Le Naradasilpa, un texte qui explicitement décrit les

chitrasalas, est une grande référence littéraire pour les pratiques muséologiques de

53 Banerjee, N.R, Museum and Cultural Heritage of India, Agam Kala Prakashan, New Delhi, 1990

52 l’Inde ancienne. Pourtant, ce texte n’a jamais été considéré comme source pour l’anthropologie des musées indiens.

Plusieurs tribus dans le nord de l’Inde, comme les Warlis et les Gonds de Maharashtra ou les Rathvas de Gujarat, pratiquent différentes formes de peintures murales dans leurs domiciles. Certes, ces peintures sont une rituelle pour eux, mais elles sont aussi des représentations de leur mythologie, leurs habitudes, leur croyances religieuses, bref, une représentation de leur monde. Alors, ces espaces deviennent une sorte de musée qui aide dans la transmission de leurs connaissances et savoir-faire aux prochaines générations. Au même temps, cette forme de peinture étant une rituelle, ces espaces sont considérées comme des espaces « sacrées » et par conséquence, elles sont conservées avec beaucoup de soin. Nous constatons donc, une pratique de création et de conservation d’une espace culturelle. En Inde, tout comme dans d’autres pays coloniaux, le musée est un phénomène occidental. Pourtant cela ne signifie pas une absence de formes indigènes qui rivalisent certaines de ses applications culturelles et sociales.

As Indian art is symbolical in nature and has philosophical connotation, there is need to explain the avidha (indicated meaning), lakshana (denoted meaning) and vyanjana (suggested meaning) of the images; otherwise the viewers will not be able to relish the rasa (quintessence) that is the purport of all art forms in India except the objects made for utilitarian purpose54.

54 BURDHAN, Anand, Rediscovering Indian museology and conservation, New Delhi, Sundeep Prakashan, 2010.

Etant donné que l'art indien soit symbolique dans la nature avec une connotation philosophique, il est nécessaire d'expliquer le avidha (lasignification indiquée), le lakshana (le sens dénoté) et le vyanjana (le sens suggéré) des

53 La création de la Société asiatique de Bengale (ASB) en 1784 marque le début en Inde du mouvement muséal dans son sens occidental. Le tout premier musée indien, le Musée indien est établit par l’ASB en 1814 dans la ville de Kolkatta, alors Calcutta. Sir William Jones, un orientaliste et philologue, crée l’ASB, la première association en Inde consacrée à l'étude scientifique des civilisations et langues orientales, dans le but d’instituer un « centre pour le développement de l’art et culture relatif aux activités socio-culturelles, la diffusion de la connaissance ainsi que la sauvegarde du patrimoine culturel et naturel de l’humanité limitée à l’Asie »55. Toutefois, il est intéressant de noter que lors de la création de l’ASB, Sir William Jones ne fait référence d’un projet muséal en marge des activités du centre. Afin de conserver les différents objets d’art, d’archéologie et d’histoire naturelle recueillis dans le cadre des activités de recherches du centre, il a fallu un endroit et ainsi le Musée oriental est né. Les activités muséales ne s’arrêtent pas ici. Suite aux plusieurs propositions soumises par l’ASB au Gouvernement Indien pour l’établissement d’un musée national pour héberger et exposer la collection des objets d’intérêt historique, naturelle, géologique, physique, anthropologique et culturelle, un musée public a été enfin créé en 1862 à Calcutta56. Donc, le tout premier musée (dans son sens formel) établi au début comme le Musée de la société asiatique, est devenu ensuite le Musée

images; sans lequel les spectateurs ne seront pas en mesure de savourer le rasa (l’épitôme) qui est la portée de toutes les formes d'art en Inde, à l'exception des objets faits pour but utilitaire. Traduit par mes propres soins.

55 http://www.asiaticsocietycal.com/museum/history.htm, consulté le 20 octobre 2013.

56http://www.indianmuseumkolkata.org/history-more3.php, consulté le 30 septembre 2015.

54 impérial. Aujourd’hui, connu sous le nom de Musée indien, le musée est développé comme une des plus grandes institutions muséales du pays.

Depuis, plusieurs musées ont été créé dans de diverses parties du pays tels que le Musée national de New Delhi, le Musée Salarjung de Hyderabad, le Musée Chatrapathi Sivaji de Mumbai, le Musée et galerie d’art de Baroda, le Musée du gouvernement de Chennai, pour nommer quelques-uns. Malheureusement, nous constatons que ces institutions ne sont pas évoluées depuis leur création. Bien que la muséologie soit intégrée comme champ d’étude universitaire, il reste du travail à faire au niveau pratique des musées. Il est évident que dans le monde occidental, les musées sont devenus plus populaires parmi le public57. Le mot ‘muséologie’ se voit évolué. Ainsi vers la fin du XXe siècle, le terme la ‘nouvelle muséologie’ s’émerge.

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2 CHAPITRE II - DOMAINE DE L’HISTOIRE DES

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