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Le hasard de I'histoire a voulu que les Etats-Unis et I'Europe occidentale traversent une phase de compression budgetaire au meme moment: Les Etats-Unis, parce que Ie deficit

budgetaire est devenu un sujet politique d'une importance capitale et, l'Europe, en raison de la

necessite de satisfaire les "criteres de convergence" de l'union monetaire, Comme

il

fallait s'y

attendre, pendant cette periode, les budgets d'aide ont ete revus a la baisse parce que les

beneficiaires de ladite aide, bien qu'ils soient pauvres, n'ont pas voix au chapitre. Cela etant, Ie

budget amencain est aujourd'hui equilibre et les Etats europeens ont presque tous rempli les

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criteres de convergence. Un autre facteur non negligeable ayant entraine la reduction des budgets d'aide a ere la fm de la guerre froide. Pendant la guerre froide, une bonne partie de I'aide servait Ii obtenir I'allegeance politique. Avec la fin de la guerre, l'allegeance politique, n'a plus beaucoup d'importance et les raisons qui poussaient Ii octroyer l'aide ont egalement diminue, Ce phenomene pourrait parfaitement expliquer pourquei:l'aide bilaterale etait si peu liee Ii I'environnement politique par Ie passe: les effets de I'aide sur le developpernent etaient des considerations de second ordre par rapportIiI'alignement politi que.

La compression budgetaire et la fin de la guerre froide sont des effets inattendus qui entrainent par voie de consequence la chute de I'aide . L'economie mondiale enregistre une croissance rapide, compensant qualitativement ces effets, et les perspectives d'une croissance durable ont rarementete aussi bonnes. Lacroissance mondiale peut contribuerIil'accroissement du volume de l'aide de trois manieres. Premierernent, Ie groupe actuel de bailleurs de fonds devient plus riche, ce qui entrainerait I'accroissement de toutes les depenses, Deuxiemement, Ii inesure que les pays Iirevenu intermediaire rattrappent les pays developpes, on pourrait s'attendre Iice que ces demiers lancent des programmes d'aide pour marquer leur p~sage dans la categorie des pays developpes et, de ce fait, obtenir leur adhesion aux institutions des bailleurs de fonds.

Troisiemement, Iimesure que les pays Iifaible revenu sortent de la pauvrete, un certain volume des financements des bailleurs de fonds pourrait etre concentre sur un groupe restreint de pays.

Le principal obstacle

a

ce processus d'accroissement des flux d'aide n'est pas l'incidence indirecte que nous avont evoquee plus haut, mais l'idee que l'aide a ere inefficace.

Paradoxalement, cette opinion est devenue dominante juste au moment ou les recherches ont perrnis d'etablir non seulement que I'aide a ete en moyenne inefficace, mais aussi d'identifier les circonstances

dans

lesquelles celle-ci est clairement efficace,

a

savoir, un environnement caracterise par une politique .macro-economique rationnelle. Par le passe, comme l'aide etait octroyee conformement Ii un programme politique, elle n'a pas pu refleter cet environnement politique. Si les bailleurs de fonds persistent

dans

la meme voie, l'accumulation progressive des faits attestant de I'inefficacite de I'aide va continuer de saper les bases sur lesquelles reposent les budgets d'aide: I'aide va chuter pour la simple raison qu'elle aura ere, Iil'evidence, un gaspillage d'argent. Cependant, si l'aide est de plus en plus orientee vers des environnements caraeterises par des politiques satisfaisantes, alors, l'efficacite de I'aide va visiblement s'accroitre en rneme temps que la concentration de l'aide perrnettra une augmentation des flux d'aide vers les pays qui auront atteint la stabilisation.

Ainsi, si on canalise l'aide vers des environnements politiques prealablement satisfaisants au lieu d'essayer d'induire des reformes au moyen de l'aide

dans

des environnements caracterises par de mauvaises politiques, on aurait de fortes chances de voir les flux d'aide s'accroitre de maniere raisonnable

dans

des environnements satisfaisants du point de vue de leurs politiques.

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VII. CONCLUSION: ENSEIGNEMENTS

A

TIRER DU POINT DE VUE DE L'ACTION

Dans la presente etude, j'ai remis en question nne opinion repandue selon laquelle l'aide devrait rapidement evoluer vers une mort sans gloire.J'ai qualifie cette opinion " de courant de pensee de la dependance

a

l'egard de I'aide". J'ai examine cinq dogmes connexes

a

ce "courant de pensee". Le premier part du principe que I'aide massive a ete la cause de la faible croissance en Afrique. J'ai resume des faits qui attestent que, sous reserve d'un environnement politique satisfaisant, I'aide ameliore la croissance et tant que des niveaux remarquablement eleves d'aide ne sont pas atteints, nne aide accrue ne peut qu'entrainer une croissance plus rapide. Le deuxieme dogme postule que I'aide a un effet de decouragement semblable

a

celui de la dependance a )'egard de l'assistance sociale. J'ai montre que tous les effets decourageants de l'aide qui sont de nature

a

decourager les efforts nationaux sont negligeables et qu'en fait, it pourrait y avoir des effets positifs d'incitation decoulant de la reduction des effets de distorsion du systeme fiscal. Selon le troisieme dogme qui est aussi Ie plus important, l'aide detourne de I'investissementprive, J'ai fait valoir que dans les economies dont les politiques ont ete recemment reformees, l'aide a un role vital

a

jouer,

a

la fois pour soutenir la croissance jusqu'a ce que I'investissement prive augmente, ct pour induire l'investissement prive. Le quatrieme dogrne part de l'idee que les flux d'aide sont si inconstants qu'il y a trop de risques ales considerer comme une composante essentielle du budget. J'ai montre qu'en realite, l'aide a jusque-la ete moins instable que les recettes publiques et que la covariance entre l'aide et le revenu a ete negative. Tout cela implique que pour un deficit global donne, plus la part de l'aide dans le budget est grande, plus la situation budgetaire est rassurante.Le cinquieme dogme part du principe que I'aide est condamnee 11 chuter en raison de la compression continue des budgets des bailleurs de fonds. J'ai fait valoir que cette opinion confond une etape d'un processus et une tendance: La fin de la guerre froide et les compressions budgetaires observees en Europe et aux Etats Unis etaient des evenements inattendus qui vont progressivement faire place 11 nne croissance rapide.

Lun

des faits nouveaux les plus encourageants en Afrique est que les reformes macro-economiques gagnent du terrain dans Ie continent. Au cours des toutes prochaines annees, bon nombre de pays vont atteindre Ie stade de l'apres-stabilisation, C'est precisement dans ces nouveaux environnements stabilises, presentant des risques eleves et ayant des faibles revenus que l'aide joue son role Ie plus capital. Ainsi, loin de sentir la necessite de sortir de la dependance

a

I'egard de l'aide, I'Afrique entre pluto! dans une phase OU "I'aide massive"

apportera sa contribution la plus vitale.Laprochaine decennie sera en Afrique une occasion pour I'aide de faire valoir son bon droit. II s'ensuit que dans ces environnements, l'aide devrait representer une composante essentielle du budge! principal pendant une longue periode et non pas etre simplement un poste budgetaire exceptionnel. Cet argument concerne aussi bien Ies dons que l'equivalent de I'aide en dons. Tant que cela ne sera pas fait, les economies nouvellement reformees vont afficher des deficits budgetaires enormes, Non seulement, cette situation va inutilement decourager I'investissement, mais en plus, elle va discrediter Ie processus de budgetisation puisqu'elle va laisser I'irnpression de signaler un probleme inexistant.

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REFERENCES

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Collier, P., A. Hoeffler and C. Pattillo (1998) 'Capital Flight as a Portfolio Choice', mimeo, World Bank.

Haque, N.V.,M. Nelson and D.T. Mathieson (1997) 'Creditworthiness Ratings: Their Political and Economic Content', mimeo, International Monetary Fund.

Japersen F.z., A.H. Aylward and A.D. Cox (1997) 'The Effects of Risk on Private Investment',