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FLUX D' AIDE A L' AFRIQUE : PERSPECTIVES, PROBLEMES ET REALITES

84. Dans une certaine mesure Ie debar actuel sur I'aide amene a penser qu'il a ete reconnu que Ie niveau, la composition et les mecanismes de I'aide continuent de poser des problemes, Ainsi par exemple, la nature de I'aide et les mecanismes de sa fourniture font dependre les operations administratives et politiques locales de partenaires exterieurs, et en plus, ils sont inefficaces et non coordonnes, Toutefois, en depit cette inefficacite, une disparition soudaine de l'aide, en totalite ou de facon partielle, provoquerait de serieux bouleversements economiques et sociaux dans de

nombreux pays.

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Elements d'un systeme d'aide ideal

85. Dans la perspectived'une reduction de I'aide, un pays peut poursuivre un certain nombre d'options et les incidences d'une reduction de l'aide tout comme les eventuels moyens d'action .dependront

du

role des secteurs commerciaux et non commerciaux de I'econornie. En cas de reduction .de I'aide, on pourrait bien avoirun argument en faveur de politiques cibleespour aider les secteurs et .groupes subissant Ie contrecoup des effets de ruissellement relatifs des prix. En outre, confronte a une

reduction del'aide, Ie gouvemement peut prendre un certain nombre de mesures :

• II peut, soit reduire les depenses, soit accroitre les recettes afin de financer un volume donne de depenses. Le dosage retenu determinera les consequences que la reduction de l' aide aura sur .les secteurs. Le bon dosage depend de fa situation du pays;

• Un element cle d'une strategie de reduction de la dependance vis-a-vis de l'aide consisterait, pour les creanciers publics, a consentir un allegement substantiel de la dette et a reduire les apports bruts afin de maintenir les flux nets constants. Cela peut, par fa suite, constituer la base permettant au pays lui-meme de mettre au point un plan de reduction des flux nets;

• Le renoncement progressif a la dependance vis-a-vis de I'aide transformerait les flux d'aide en source distincte ou en menace pour l'econornie. Les flux d'aide pourraient etre forternent.reduits: plus Ie niveau actuel est eleve, plus grandes seront la probabilite etl'importancedela reduction;

• La reponse a l'instabilite generale des ressources publiques consiste a constituer des fonds de reservesalimentes en periode faste et depenses dans les periodes de penurie.

Une gestion budgetaire plus prudente est necessaire pendant les periodes fastes et la volonte pclitiqueest requise pour reduire la dependance vis-a-vis de !'aide.

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86. Compte tenu.de ces considerations strategiques, une proposition pour un systeme ideal en matiere d'aide commence par la reconnaissance que Ie systeme actuel est une spirale nee d'une faible capacite de reception (pour Ie suivi et l' evaluation) et conduisant les bailleurs de fonds a intervenir de plus en plus dans les decisions relatives aux depenses publiques, ce qui affaiblit davantage la capacite de reception. Pour briser cette spirale, il faut absolument «.rendre au pays concerne Ie pouvoir en matiere de depense, de ccntrole et d'obligation de rendre compte» Les elements du systeme ideal, qui pourraientproduire les resultats souhaites, seraient les suivants :

• Unestrategie de developpernent globale dans Ie cadre de laquelle le gouvemement presersera ses plans glissants de depenses et de recettes ;

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• Un mecanisme permettant d'examiner ces plans avec les partenaires locaux et les bailleurs de fonds;

• Un accord entre les partenaires de developpement selon lequel les plans seraient etudies minutieusement pour assurer une coherence et une faisabiiite plus grandes, et non pour les details des projets incorpores ;

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• Une fais les plans adoptes, les donateurs verseraient des contributions

a

un fonds daide qui, en plus des propres ressourcesde I'Etat, financerait I' ensemble des depenses.

Suggestions pratiques pourunetransition dusystemed'aide actueJ~ unsystemeideal

87. On trouvera ci-apres des propositions pratiques pour passer du systeme d'aide en vigueur a un systeme d' aide ideal:

• InstitutionnaJisation d'une conference nationale. sur la strategic de developpement

a

laquelle participeraient tous les partenaires locaux et devant laquelle les plans seraient presentes ;

• Elaboration de documents sur les depenses publiques etd'autres documents consacres aux programmes de reforrne economique et sociale des gouvernements et non des bailleurs de fonds;

• Coordination entre donateurs visant

a

centraliser l'aide au niveau sectoriel ;

• Investissement accru dans les capacites des pays beneficiaires pour la comptabilite et l'audit des depenses publiques ;

• Reforme des reunions actuelles de consultation avec les donateurs (groupes consultatifs et tables rondes) en les deplacant dans les pays qui en assureraient la co-presidence, en leur soumettant les seuls documents des Etats et en en elargissant la participation;

•.. EtabJissement d'accords forrnels entre deux ou plusieurs institutions donatrices sur la division du travail dans un pays donne,

88 . Certaines de ces propositions pratiques peuvent etre immediatement mises en oeuvre par.

les gouvernements ; et certains gouvernements I'ont deja fait. D'autres propositions ne dependent toutefois pas de la volonte des gouvernements africains et leur mise en oeuvre requiert un accord entre les donateurs eux-rnemes ainsi qu'un accord avec les gouvernements beneficiaires. La mise en oeuvre partielle ne fera jamais naitre Ie systeme ideal propose.

89. Dans Ie rapport sur la cooperation pour Ie developpement de J 996, on voit que la convergence des opinions au sein de la communaute internationale, a debouche sur un large consensus sur Ie fait qu"il faut appuyer un modele de cooperation sur le developpement mettantJ'accent sur les resultats et centre sur les populations. Les principaux elements sont22 :

• S'agissant de cooperation pour le developpernent, la responsabilite d'elaborer et

d' executer des strategies integrees de developpement nationales devrait we confiee au gouvernement, aux institutions et aux populations de chaque pays.

22 Organisation de cooperation et de developpement economiques (OCDE) : Development Co-operation: Efforts

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• Dans ce nouveau contexte (partenariat pour Ie developpement), les acteurs exterieurs responsables devraient avoir pour role de completer les ressources locales, d'encourager les initiatives locales, d' ameliorer les opportunites offertes par

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marches et systemes mondiaux et de promouvoir Ie renforcement des capacites locales pour la realisation de I'autosuffisance.

• En matiere de cooperation pour Ie developpement, on note une nouvelle orientation: on se soucie plus de promouvoir Ie commerce et I'investissement que Ie developpement en general, Auniveau international, Ie souci majeur est de renforcer les capacitesen vue de developper Ie commerce et l' investissement dans les pays tributaires de I'aide.

90. Les autres points importants de la Strategie d'aide au developpemenr" de ('OCDE sont les suivants:

• L' aide au developpement complete utilement les ressources que les pays en developpement eux-memes doivent degager et qui sont la source la plus importante . d' investissements pour leur progres economique et social;

• Les autres politiques des pays industrialises devraient we coherentes et ne pas cornprornettre les objectifs de developpement des pays endeveloppement ;

• Les flux d'aide devraient aller en priorite aux secteurs sociaux;

• S'agissant des relations en matiere d'aide fondees sur Ie partenariat, de nouvelles modalites devraient we definies, qui se fondent sur une vision commune.

91. Cette« vision commune» dans laquelle doivent s'inscrire les nouvelles relations en matiere d'aide, doit reconnaitre les responsabilites des pays beneficiaires et ceJles de la communaute des donateurs. En ce qui concerne le role des partenaires de developpement, il est necessaire que' ceux-ci definissent clairement les buts et presentent en matiere de cooperation pour hi developpement des arguments qui puissent etre acceptes par les partenaires exterieurs : il leur faut montrer comment la cooperation pour Ie developpement contribue aux progres sur le plan du developpementcommentces progres servent les interets des populations II la fois des pays industrialiseset des pays en developpement:

92. Cela etant, et en depit du fait qu'on peut justifier l'accroissement de I'aide publique au developpement par l'amelioration du cadre politique, l'augmentation des flux d' APD doit we envisagee d'un point de vue africain,et constitue une approche utopique de la realite: scepticisme de la part des partenaires en matiere d' aide quant

a

I'efficacite de l' aide; modifications en cours des prioritesbudgetaires dans les paysdonateurs pour des motifs de convergence et autres; et abandon de

considerations strategiques pour justifier l' aide. .

23 Organisationdecooperation et de developpement economiques (OCDE) : Development Co-operation :Efforts andPolicies of theMembers of the Development Assistance Committe. 1995 Report.

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93 Vu l'incertitude qui plane sur les tendances futures des flux d'aide, il est absolument necessaire que les pays africains evaluent les implications pour leurs economies des tendances ala baisse de l'aide publique au developpement. Si Jes resultats empiriques concernant I'efficacite de I'aide dans des cadres politiques adequats sont attendus pour promouvoir les futures politiques d'aide des donateurs, alors Ie mieux que les gouvernements africains peuvent faire pour attirer les flux d' APD est de s'attacher a arneliorer leurs politiques de facon durable.

Conference conjointe des ministres des finances et Des ministres du

developpement economique et de la planification

30 avril - 8 mai 1999 Addis-Abeba (Ethiopie)

Distr.: Limitee

ElECAlESPDlEXP7/2 Francais

Original: Anglais

AIDE, INVESTISSEMENT ET POLITIQUES EN AFRIQUE:

A LA RECHERCHE DE LA CLE DE LA CROISSANCE