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Biological Conservation

C HAPITRE 3 – S YNTHESE : E VALUER LES INTERACTIONS AVEC LA PECHE

La pêche est reconnue pour avoir un impact important sur la mégafaune marine (Lewison et al., 2014) et tout particulièrement sur les tortues marines dans tous les océans (Wallace et al., 2010b). Les travaux de Bourjea et al. (2008; 2014; Chapitre 3, section 1,2), associés à ceux de Petersen et al. (2009) et Humber et al. (2011 so t des f e es l s aujou d hui pou a oi u e o e isio des i eau d i te a tio s s op a t e t e la p he, u elle soit industrielle ou a tisa ale, et les to tues a i es da s l o a I die o ide tal. Ces t a au o t o t i u à fournir une évaluation, quantitative ou qualitative, de ces interactions en fonction de zones g og aphi ues d fi ies. Ils o t pe is d ide tifie d u e pa t les p i ipales e a es ui p se t su es esp es, et d aut e pa t de le e le voile su le i eau d i te a tio s réel de certaines a ti it s ue l o soupço ait de fo te e t les i pa te Bou jea et al., .

D u ôt , il a la p he ie industrielle et semi-i dust ielle, o pos e da s l o a I die d u it s do t la taille a ie e g al e t e et t es, e ploita t u e gi de p he défini et ayant une capacité très importante à prospecter des zones géographiques éloignées de leur base. Dans le sud-ouest de l o a I die , o et ou e g a des p he ies, la p he au chalut ciblant les crevettes, la pêche à la palangre dérivante horizontale ciblant les thons t opi au ou l espado (Xiphias gladius), et la pêche thonière océanique à la senne tournante ciblant les thons tropicaux.

La pêche au chalut à crevettes, réputée pour interagir très fortement avec les tortues marines qui peuvent partager les mêmes habitats côtiers ue les e ettes, est u e a ti it da s l o a Indien occidental (1) en perte de vitesse, essentiellement à cause de contraintes économiques et de disponibilités de la ressource, (2) très fortement règlementée et (3) associée à des mesures d att uatio o ligatoi e de l i pa t de ette a ti it su les to tues a ines (voir pour plus de détails Fennessy, 2012). Les outils mis en place pour atténuer ces captures accidentelles sont aujou d hui te h i ue e t aît is s et o t d o t leu effet t s positifs les Tu tle E ludi g Device – TED ou plus généralement les By-catch Excluding Devices – BED). Il faut noter

epe da t ue, e si la p he au halut de fo d est aujou d hui eau oup oi s a ti e ue

pa le pass su les ôtes d Af i ue de l Est et Malga he, t s peu de statisti ues de p he fia les sont disponibles, ou pou le oi s a essi les, et u e tai flou pe siste su l i pa t el de cette activité sur les ressources non ciblées. Par mesure de précaution, il semble donc prioritaire à l a e i d a oi u e eilleu e isio de ette a ti it à Madagascar et e Af i ue de l Est afin

de ieu e alue l i pa t su la gafau e a i e. La ise e pla e e te de la

Commission des Pêches du Sud-Ouest de l O a I die SWIOF-C), un organe consultatif de gestion régionale des pêches ayant pour objectif général la p o otio de l e ploitatio du a le des essou es a i es de ette gio , pou ait à l a e i joue u ôle p i o dial de sui i de cette activité.

Les activités de pêche à la palangre dérivante et à la senne océanique sont actuellement bien mieux connues. Bourjea et al. (2014) ont mis en évidence que la pêche à la senne océanique a un impact direct extrêmement faible sur les tortues marines, et de manière générale sur la mégafaune. Ces auteurs ont conclu ue l i pa t de ette a ti it su les esp es menacées était

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négligeable par rapport aux autres activités de pêche présentes dans la région (voir ci-dessous), du moins concernant les captures, autour des DCP en particulier.

La palangre dérivante est une activité de pêche connue dans tous les océans pour interagir fortement avec ces espèces, avec par exemple un nombre estimé de 200 000 tortues caouannes capturées accidentellement par cette pêcherie dans le monde en 2000 (Lewison et al., 2004). La gestion de ces interactions est malheureusement très diffi ile a le i eau d i te a tio a e les tortues marines est très fortement dépendant de la stratégie de pêche (espèce cible, a a t isti ues de l e gi , t pe d appât, saiso , zo e ui est diff e te e fo tio de la flottille de chaque pays, mais aussi variable au sein de chaque flottille et de chaque navire en fo tio de la p iode de l a e. La ise e pla e de esu es d att uatio o ligatoi es et

généralisées o e pa e e ple l utilisatio d ha eço i ulai e ‘ead, semble donc

difficile pou l i sta t et pou ait a oi au u i pa t su les populatio s de to tues a i es tout en contraignant et pénalisant inutilement certaines flottilles. Une gestion au cas par cas, essentiellement basée sur une approche spatio-temporelle semblerait être la solution plus efficace pour optimiser le ratio « efficacité de la mesure / contraintes économiques de mise en place ».

Dans tous les cas de figure, la pêche à la senne et la pêche à la palangre dérivante sont actuellement très bien suivies et gérées pa la Co issio des Tho s de l O a I die CTOI , un organisme régional de gestion des pêches. Un groupe de travail dédié aux captures accidentelles (Groupe de Travail sur les captures accidentelles et les Ecosystèmes) a été mis en place depuis 2005. L u e des p i ipales o lusio s de e g oupe pou la gafau e a i e est le a ue de do es dispo i les pou l la o atio d aluatio s fia les de l i pa t des pêcheries sous gestion CTOI (IOTC-WPEB09, 2013). Ces réflexions ont cependant permis d laborer un certain nombre de résolutions et de recommandations permettant de mieux alue les i eau d i te a tio s et de les li ite . L u e des e o a datio s pou hi a hise les menaces qui pèsent sur des espèces capturées accidentellement a été la mise en place d app o hes de type Evaluation des Risques Ecologiques (Ecological Risk Assessment – ERA). Cependant, du fait de la pauvreté en données disponibles par engin, des faibles niveaux de captures accidentelles recensés et des traits de vie complexes des tortues marines, la mise en pla e d E‘A ua titatif este t s diffi ile. L optio hoisie pa la CTOI a t de la e u E‘A semi-quantitatif sur les interactions tortues marines / pêcheries sous gestion de la CTOI associé à une approche de productivité - sensibilité (productivity – susceptibility Analysis – PSA; Nel et al., 2013). Les conclusions ont cependant mis en évidence ce qui était déjà connu, à savoir des i eau d i te a tio d oissa ts e fo tio du t pe de p he ie alla t de la p he au filet industriel (engin non utilisé dans le sud-ouest de l o a I die à la p he à la se e, e passa t par la palangre dérivante. Mais les auteurs ont souligné que les résultats de cette approche restent très incertains. Ils ont clairement démontré la essit d a u i des do es quantitatives sur ces interactions pour les fiabiliser et pouvoir fournir aux gestionnaires des propositions concrètes de gestion de ces ressources fragiles.

D u aut e ôt , o et ou e da s l o a I die o ide tal une pêcherie artisanale côtière, largement dominante comme dans le reste du monde (>95%; Pauly, 2006) et qui est très

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souvent vivrière et opportuniste, la majeure partie des captures étant consommée. Cette pêcherie est o pos e d u e g a de a i t d e gi s, do t l effo t est diffi ile e t esti a le et pour laquelle les statistiques de pêche restent le plus souvent insuffisamment fiables, incomplètes voire inexistantes pour certains pays. Or, il est maintenant reconnu que la pêcherie artisanale est très probablement celle qui impacte, directement ou indirectement, le plus la mégafaune marine dans cette région du monde et notamment les tortues marines (voir synthèse dans Bourjea et al., 2008). Par exemple à Madagascar, il a été estimé que par le passé, entre 11 000 et 15 000 tortues marines étaient capturées par la pêche et lors de la ponte (Rakotonirina et Cooke, 1994). Une étude plus récente a mis en évidence que dans la province de Tuléar uniquement (sud-ouest de Madagascar), les captures de tortues marines taie t de l o d e de 000 à 16 000 individus par an, dont 93% de tortues vertes (Humber et al., 2011), probablement l esp e la plus i pa t e pa les o u aut s lo ales de la gio .

Comment justifier ce constat? D u e pa t parce beaucoup de pays de cette région (e.g. Madagascar, Comores) mangent traditionnellement de la tortue marine (Lilette, 2007). D aut e part, pa e ue l esp e de to tue a i e do i a te da s le sud-ouest de l o a I die est la to tue e te e ploita t des ha itats d ali e tatio côtiers et peu profonds (Bjorndal, 1997).

E fi pa e u il a t d o t e e t ue o seule e t les to tues e tes e ploite t

esse tielle e t des ha itats d ali e tatio situ s le lo g des ôtes est af i ai es et alga hes, mais aussi que lors de leurs migrations post reproductives, elles migrent en grand nombre autant en milieu océanique que le long de ces côtes, optimisant les risques d i te a tio a e toute activité de pêche présente (Bourjea et al., 2013; Dalleau, 2013). Si les études de suivi par satellite e tes o t pe is d ide tifie des zo es p io itai es de gestio de es i te a tio s avec la pêche artisanale (e.g. le Nord du Mozambique, le nord-ouest Malga he , il e este pas oi s ue t s peu d i fo atio s so t dispo i les su les stratégies de pêche artisanale dans ces zones (quels engins, à quelles périodes, en quel nombre ?) et les niveau d i te a tio ui e découlent, limitant les propositions de solutions pour atténuer leurs impacts.

L une des solutions possibles pour alue es i eau d i te a tio à l helle des e gi s et pe etta t d a u i des do es fia les pou p io ise des a tio s de li itatio des i te a tio s a e es esp es, est la ise e pla e d u e app o he de t pe E aluatio ‘apide des Captures Accidentelles (Rapid Bycatch Assessment – RBA; Moore et al., 2010). Cette approche, basée sur des enquêtes structurées et ciblées auprès des pêcheurs artisanaux permet de mettre en évidence rapidement par une analyse PSA quels engins impactent quelles espèces et quand. Cette app o he a t te t e da s le ad e d u p ojet ‘ gio al SWIOFP – South West Indian Ocean Fishery Project) dans 4 pays de la région (Mozambique, Kenya, Tanzanie et Maurice). Cette étude, qui reste cependant une étude pilote non publiée, a o fi l i t t de l app o he et is e ide e pa e e ple ue la se e de plage t aditio elle est l e gi ui impacte le plus la tortue caouanne au Mozambique (Kiska, 2012).

La ise e pla e à g a de helle de l app o he ‘BA, asso i e au sultats présentés dans les chapitre 1, 2 et 3 de ce manuscrit et à la dynamique spatiale des tortues marines dans le sud- ouest de l o a Indien (Dalleau 2013, Bourjea et al., 2013) sont les éléments clés pour déterminer les zones et mesures prioritaires à cible à l helle lo ale pou li ite les p ises

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accidentelles. Profitant de la prise de conscience récente des communautés locales des pays du sud-ouest de l o a I die pou g e eu -mêmes leurs Aires Marines Protégées (Rocliffe et al., 2014), un travail d du atio et de se si ilisatio des p heu s su des sites st at gi ue e t ide tifi s de ha ue pa s de la gio pe ett ait de di i ue sig ifi ati e e t l i pa t de cette activité artisanale sur la mégafaune marine.

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CONCLUSION

Recherche et gestio

de la

gafau e da s l’oc a