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Nous avons besoin d’outils théoriques pour chercher, et plus spécifiquement selon notre orientation épistémologique, chercher à comprendre. Un des concepts phares qui se dégage de nos interrogations est celui de l’identité. Plusieurs disciplines se sont occupées de l’identité.

Nous chercherons à mettre en lumière la place de l’identité professionnelle dans la construction sociale d’un métier de l’humain.

Nous commencerons par ce qui nous semble être le début, c'est-à-dire la construction de l’identité pour soi-même, suivie de celle de l’identité pour autrui (et par autrui). Cette première pierre posée, nous nommerons quelques éléments de l’identité sociale décrits isolément pour la clarté de la compréhension et évoquerons quelques éléments sociaux de l’identité, à savoir la socialisation, la place de l’agent et de l’acteur, l’identité au travail ou identité professionnelle, pour arriver à une nouvelle perspective : la transaction sociale.

L’identité

«Bientôt ce qui est imprévu sera là et ce que nous attendions s’enfuira.

Nous serons atteints par surprise sans avoir compris sans savoir lire les figures de nos propres rêves pourtant inscrites en lettres géantes sur la face changeante des nuage»

Les caractères illisibles - Jean Tardieu

L’identité concerne l’individu, le groupe, la société. Le petit d’homme naît et commence sa route identitaire avec un nom, une appartenance à un sexe, un genre, une nation, un pays, une famille, une ethnie, un héritage culturel, des bagages génétiques... On le déclare à l’institution compétente où il faut le déclarer dans son pays, on lui donne des papiers d’identité. En France, par exemple, Kaufmann (2004) écrit « La carte d’identité est plus proche de la personne, lui collant à la peau. Elle est son double. Du point de vue de l’administration, elle devient même l’original, dont la personne en chair et en os n’est qu’un double » (p. 20).

Selon ce point de vue, l’on peut penser que toute la réalité d’une personne pourrait désormais se concentrer en un seul papier.

L’identité apparaît ainsi comme une donnée simple et contrôlable, alors qu’elle est, écrit encore Kaufmann, « extraordinairement complexe, mouvante, insaisissable » (p. 22).

Plusieurs auteurs mettent en garde leurs lecteurs, le concept d’identité serait «... fatigué, usé... » (Kaufmann, 2004, p.48). Les éditions Sciences Humaines, publient en 2004 un ouvrage sur l’identité. Son titre : « Identité(s) ». Une quarantaine d’auteurs ont construit cet ouvrage et la plupart des interventions portent un titre en point d’interrogation. L’un d’eux s’intitule même : « Faut-il en finir avec l’identité ? » (Collectif identités, 2004, p.11).

Catherine Halpern se demande pourquoi parler tant d’identité aujourd’hui, « à tel point qu’on juge parfois la notion galvaudée »? Cet auteur constate qu’en quelques décennies, l’identité est devenue un concept majeur des sciences humaines. Sa proposition pour élucider cette notion est d’en brosser «… à grands traits au moins » l’histoire sémantique. Claude Lévi-Strauss, organisateur d’un séminaire sur l’identité en 1975, écrivait déjà : «…le thème de l’identité se situe non pas seulement à un carrefour mais à plusieurs. Il intéresse pratiquement toutes les disciplines et il intéresse aussi toutes les sociétés qu’étudient les ethnologues… » (Lévi-Strauss, 1977, p. 9). Ce séminaire obtient la participation de onze auteurs, ethnologues pour la plupart, dont chacun justifie très finement sa posture par rapport au concept de l’identité avant de développer ses propos. L’un des auteurs, organisateur du séminaire, Jean-Marie Benoît, précise dans son intervention que « la notion d’identité qui s’est proposée à titre de sujet de ce séminaire interdisciplinaire fait appel à trop de déterminations pour que l’on ambitionne dans les limites de cet exposé de les aborder toutes » (Benoît, 1977, p. 13). Ces précautions oratoires démontrent combien le thème de l’identité incite à la prudence. Claude Dubar lui aussi, dans l’introduction de son ouvrage La crise des identités (2003) exprime son hésitation à utiliser le terme « identité » pour le titre de son livre. N’est-il pas le type même de "mot valise" sur lequel chacun projette ses croyances, ses humeurs et ses positons ? Dubar reviendra longuement sur la notion de « l’identité polymorphe et boulimique qui se rapporte à des objets et des domaines différents dans ses acceptions diverses... » (Dubar, 2003, p. 1).

Pour participer à la construction sociale d’un être humain, les principes, les règles, les éléments qui constituent l’entité « identité » répondent à deux contraintes : la construction individuelle de la personne et sa construction sociale. Les deux aspects sont plus ou moins

développés par rapport aux disciplines qui ont traité le concept. La complexité de la nature de l’être humain mobilise donc l’intérêt de plusieurs sciences de l’humain. Chacune apportera sa pierre à l’édifice identitaire. Les points de vue proviendront de disciplines aussi diverses que la médecine, la biomédecine, la génétique, l’ethnologie, la sociologie, la psychologie, la psychanalyse, la philosophie.

Affectivité et cognition

«…il me faut donc, trop vite chercher, imaginer, trouver, l’épaisseur de ce temps, sa matière malléable. Quelque chose qui glisse, s’échappe et qu’on retrouve, rassemble, étale. Sur lequel dessiner du bout d’un doigt. Quelque chose qui fait moins mal que l’absence ou la fuite. »

La Marelle - M.N. Schurmans

La psychologie enseignée en Europe, dans les écoles des métiers de l’humain, s’appuie sur les travaux de la psychologie contemporaine et se sépare en deux volets : la psychologie cognitive et la psychologie affective. Les deux grandes figures de cette psychologie contemporaine sont Jean Piaget pour le versant cognitif et Sigmund Freud pour le versant affectif (Rivier, 1977, p. 6). Les notions de cognition et d’affectivité s’inscrivent dans les champs de la psychologie et de la psychanalyse. Les registres de la psychologie (qu’elle soit sociale, clinique, analytique, cognitive ou affective) et de la psychanalyse méritent d’être brièvement définis car une confusion s’installe à leur endroit et que toutes deux se préoccupent largement du concept de l’identité. Ces deux disciplines sont confirmées, même si la communauté scientifique ne s’accorde pas sur le caractère scientifique de la psychanalyse. Celle-ci a néanmoins cent ans et la plupart de ses concepts sont utilisés en psychiatrie. Beaucoup de psychologues expérimentent la psychanalyse, deviennent psychanalystes ou non. Un nombre important de médecins psychiatres est également psychanalyste.

La psychanalyse a son histoire et ses définitions, sa terminologie et ses dictionnaires dont un d’importance : Le Vocabulaire de la psychanalyse de Laplanche et Pontalis (1967). Elle se définit ainsi : «Discipline fondée par Freud et dans laquelle, avec lui, on peut distinguer trois niveaux :

A. Une méthode d’investigation consistant essentiellement dans la mise en évidence de la signification inconsciente des paroles, des actions, des productions imaginaires (rêves, fantasmes, délires) d’un sujet. Cette méthode se fonde principalement sur les libres associations du sujet qui sont le garant de la validité de l’interprétation.

L’interprétation psychanalytique peut s’étendre à des productions humaines pour lesquelles on ne dispose pas de libres associations. Elle peut-être contrôlée ou sauvage.

B. Une méthode psychothérapeutique fondée sur cette investigation et spécifiée par l’interprétation contrôlée de la résistance, du transfert et du désir. A ce sens se rattache l’emploi de psychanalyse comme synonyme de cure psychanalytique ; exemple : entreprendre une psychanalyse (ou : une analyse).

C. Un ensemble de théories psychologiques et psychopathologiques où sont systématisées les données apportées par la méthode psychanalytique d’investigation et de traitement.

Le dictionnaire de la psychiatrie et de la psychopathologie clinique de Jacques Poitel (Larousse 1938) définit la psychanalyse comme « une méthode de psychothérapie inventée par Freud vers 1895, un ensemble de théories et de pratiques se réclamant de cette méthode et centrés sur la découverte de l’inconscient » (p. 362). Une psychothérapie se révèle être :

« toute utilisation de moyens psychologiques pour traiter une maladie mentale, une inadaptation ou un trouble psychosomatique » Guattari précise que : « Toutes les formes de psychothérapie peuvent être ramenées à une gestion savante et si possible améliorée de la relation interhumaine » (p. 385).

La psychologie se définit quant à elle comme la science des faits psychiques. D’après le dictionnaire de la psychologie Larousse, la psychologie longtemps conçue comme la science de la vie mentale, de ses phénomènes et de ses conditions (James, 1890), se définit aujourd’hui d’un point de vue plus global comme la science de la « conduite ». La conduite désigne ici, en dehors du comportement objectivement observable, l’action sur l’entourage, l’interaction de l’organisme et de son milieu et action sur le corps propre (Sillamy, 1998, p.

210).

Il faut encore ajouter que la psychologie s’est affirmée en tant que science en se séparant, à la fin du XIX° siècle, de la philosophie. Initialement centrée sur l’homme normal, adulte et civilisé, elle a étendu ses investigations au malade, à l’enfant, aux groupes sociaux et même à l’animal. Elle rassemble donc aujourd’hui plusieurs orientations distinctes qui font l’objet de définitions séparées (ex : la psychologie clinique, différentielle, expérimentale, génétique, sociale …) (Sillamy, 1998, p. 210).

Il faudra encore prendre en compte qu’à l’intérieur même du champ disciplinaire de la psychologie plusieurs mouvements complexifient les classements et regards sur la problématique de la psychologie et de ses subdivisions. Les trente dernières années ont été marquées par une évolution de fond de la psychologie scientifique. Il s’ensuit une réunification conceptuelle de domaines disciplinaires jusque-là autonomes (psychologie générale, psychologie du développement, psychologie industrielle, psychologie clinique) qui acceptent désormais de parler un même langage (Ghiglione & Richard, 1998, pp. 7 - 22).

Freud, psychologue et psychanalyste juif autrichien, a mis en évidence l’importance primordiale des premiers rapports entre l’enfant et ses parents. Les rapports conscients et inconscients avec les parents et les images parentales qui sont les images intériorisées peu à peu par l’enfant.

Ces premières images intériorisées, ces premières relations donnent leur « tonalité émotionnelle » aux « attitudes sociales ultérieures ». Comme nous l’indique Rivier (1977), nous notons que ces premières relations vont modeler pour une bonne part les conduites de l’enfant, de l’adolescent et finalement de l’adulte à l’égard de son milieu et de la société (p. 6). Freud a élaboré plusieurs concepts qui permettent une compréhension du développement dit « affectif » de l’être humain. Ces concepts et principes décrivent le psychisme et l’appareil psychique (l’inconscient, le pré-conscient et le conscient), le fonctionnement de sa structuration psychique (le Ça, le Moi, le Surmoi avec les divers principes, de réalité, de plaisir, de constance, entre autres).

L’oeuvre de Freud est importante et ses premiers ouvrages datent de 1900. De nombreux auteurs s’en sont inspirés, sont devenus des disciples et s’inscrivent dans ce mouvement de psychologie et de psychanalyse.

Accompagnant le développement affectif, le développement cognitif décrit par Piaget montre les facteurs cognitifs qui s’inscrivent à chacun des stades d’évolution de l’intelligence de l’enfant.

A chaque nouveau palier atteint par l’intelligence, correspond également une nouvelle étape de socialisation « ... à chacun des stades du développement de l’enfant, les facteurs cognitifs impriment un type de structure déterminé à sa relation avec l’entourage » (Rivier, 1977, p. 7).

Pour Piaget, l’intelligence constitue « l’état d’équilibre vers lequel tendent toutes les adaptations successives d’ordre sensori-moteur et cognitif ainsi que tous les échanges[...]entre l’organisme et le milieu » (Droz & Rahmy, 1987, p. 10).

Piaget s’est intéressé au développement mental de l’enfant et à l’acquisition constante des éléments de connaissances provenant de l’univers où il se trouve au moment où il s’y trouve.

Ce développement est décrit en termes de construction, de stade en stade, sous-tendu par deux mouvements complémentaires : l’assimilation et l’accommodation.

Dans un premier temps, l’individu acquiert une connaissance pour son propre fonctionnement personnel, puis l’expérimente dans une « forme relationnelle par laquelle elle s’exprime à l’égard d’autrui» (Dubar, 2006, p. 21). Une partie de l’individuation, de la construction cognitive de l’être humain, de l’individu, consiste à intégrer petit à petit de nouveaux acquis et à les ordonner en un stade abouti avant de « passer à un autre stade ».

Piaget décrit ainsi le processus cognitif : «...on a vu comment ces constructions successives ont sans cesse consisté à décentrer le point de vue immédiat et égocentrique de départ, pour le situer en une coordination toujours plus large de relations et de notions de telle sorte que chaque nouveau groupement terminal intègre davantage l’activité propre en l’adaptant à une réalité de plus en plus étendue » (Piaget, 1964, p. 86).

Piaget clôt ainsi l’un de ses chapitres sur le développement mental. Il prend la peine de situer la notion d’affectivité et de lui faire une place. Il ajoute «…or, parallèlement à cette élaboration intellectuelle, on a vu l’affectivité se dégager peu à peu du moi pour se soumettre, grâce à la réciprocité et à la coordination des valeurs, aux lois de la coopération. Bien entendu, c’est toujours l’affectivité qui constitue le ressort des actions dont résulte, à chaque nouveau palier, cette ascension progressive, puisque c’est l’affectivité qui assigne une valeur aux activités et en règle l’énergie. Mais l’affectivité n’est rien sans l’intelligence qui lui fournit ses moyens et éclaire ses buts » (Piaget, 1979, p. 86). L’intelligence est donc un composé affectivo-cognitif ou peut-être encore cognitivo-affectif. Les mouvements sont de toutes les façons doubles, en circularité constante, l’un se nourrissant des croissances de l’autre pour permettre à l’individualité de se construire, à l’identité d’un être de se façonner.

Le double mouvement des aspects cognitifs et affectifs est souvent traité de manière séparée par les divers théoriciens qui se sont occupés de psychologie des fonctions cognitives ou de psychanalyse. Pourtant, Piaget écrit lui-même : « ...je suis persuadé qu’il viendra un jour où

la psychologie des fonctions cognitives et la psychanalyse seront obligées de se fusionner en une théorie générale qui les améliorera toutes les deux en les corrigeant l’une et l’autre » (1972, p. 7).

Dans l’attente de ce jour, le chercheur en quête de notions sur l’identité opère les rapprochements nécessaires entre les diverses disciplines et écoles de pensées.

Pour ce qui concerne la notion d’identité, poser fondements freudiens et piagétiens permet un point de repère stable. En effet, une sorte de mouvement permanent anime le concept d’identité, sans doute lié à la notion de la construction jamais achevée de l’individu.

Construction psychique de l’individu

« La seule certitude sur laquelle nous pouvons nous appuyer, est celle de notre propre existence » (Descartes, cité par Lipiansky, 1992, p. 7).

En traversant divers articles de différents auteurs, il semble bien que la seule certitude qui existe dans la notion d’identité soit celle qu’affirme Descartes dans cette citation. Identité pour soi, identité pour et par l’autre… la notion d’identité est constamment duelle, oscillant entre deux descriptions, deux pôles, deux significations, deux explications, identité pour l’autre, identité pour soi, l’une rattrapant toujours l’autre, la complétant et parfois l’infirmant.

Lipiansky (1992) propose une séduisante explication à cet état de fait. Il indique que la notion d’identité au niveau même de sa définition se propose d’être à la fois (p. 7) « ce qui rend semblable et différent, unique et pareil aux autres... ». L’identité oscille donc de manière permanente entre l’altérité et la similarité. Le terme d’individu, lui aussi comporte cette sorte de paradoxe interne. Il veut en effet dire : « être homme considéré isolément et spécimen d’une espèce possédant des traits communs avec l’ensemble des membres de cette espèce » (D’après le Dictionnaire Petit Robert 1995).

Selon Lipiansky, le paradoxe du concept qui soutient l’identité de l’individu ne se résout que dans une oscillation et il importe que le paradoxe ne soit pas résolu « Sinon, c’est la chute

dans l’un des termes de la contradiction : l’unicité autistique ou l’indifférenciation uniformisante du fusionnel qui signent l’une et l’autre la perte de l’identité » (Lipiansky, 1992, p. 8).

Il nous faudra donc constamment balayer ce concept d’éclairages indirects, parfois tamisés, en les articulant les uns aux autres pour faire toute la lumière sur cette notion complexe.

La notion d’identité composée à la fois de sentiments, de perceptions, d’éléments sociaux, demande que l’on se souvienne constamment de la belle idée développée par Descartes :

« Nous sommes tous de lopins et d’une contexture uniformes et diverses que chaque pièce, chaque moment fait son jeu et se trouve autant de différence de nous à nous même, que de nous à autrui » (Descartes cité par Lipiansky, 1992, p. 9).

Beaucoup d’auteurs, souvent psychanalystes, ont parlé de la construction de l’identité à travers le corps. Le corps de l’être humain, la chair vivante de l’individu. Un auteur, souvent cité par ses confrères pour sa contribution à la formation du sentiment d’identité, Spitz, nous parle même des facteurs congénitaux de l’identité. Dans son livre De la naissance à la parole (Spitz, 1979), il affirme que chacun de nous est un individu distinct, différent de tous les autres et ceci dès la naissance. Le nouveau-né porte en lui un outillage congénital qui le rend unique.

Cet outillage se compose de trois parties :

1. Les éléments héréditaires déterminés par les gènes, les chromosomes, (l’ADN, l’ARN, etc.).

2. Les influences intra utérines qui agissent durant la grossesse.

3. Les influences qui deviennent effectives au cours de l’accouchement (dommages physiques, anoxies cérébrales, médication de la mère entre autres) (Spitz, 1979, p. 9).

Ce potentiel de départ semble universel et résolument intouchable, immuable. Chacun est précieusement unique au départ, et continue son développement avec ses caractéristiques propres.

Le petit d’homme naît unique et séparé. Au début de sa vie, il se confond lui-même avec sa mère. Il va développer la perception de lui même à travers le corps à corps avec sa mère.

Marc (2004) évoque l’importance des premières interactions du petit d’homme. Celles-ci ont

lieu en général avec la mère. Il s’agit « ...d’une communication permanente faite de soins, de nourriture, de caresses, de babillages et de paroles, où le nourrisson développe la perception de son corps à la fois autonome et dépendant de celui de sa mère » (p. 33)

L’on s’aperçoit bien ici que le corps est le siège, le support du sentiment d’identité. Plusieurs auteurs ont parlé de cette formation de l’identité par le biais du corps. Freud, bien sûr, avec ses concepts du « moi » et du « ça » évoquant le processus de différenciation (la notion d’enveloppe corporelle séparant intérieur et extérieur et offrant une limite tangible à l’individuation -1970, p. 194). Et Schilder (1968), parle d’une image du corps qui constitue une source de représentation de soi.

Anzieu, cité par Lipiansky (1992, p. 25) évoque la peau qui délimite le corps propre. Le

« moi » utilise la barrière de la peau pour établir des mécanismes de défense psychique. Les barrières serviront également à filtrer les échanges avec le « ça », le « surmoi » et le monde extérieur. Une importante notion va découler de ces notions de limites et barrières :«Le moi peau assure une fonction d’individuation du soi qui apporte au sujet le sentiment d’être un être unique » (Anzieu, 1985, p. 102). Anzieu précise encore que pour constituer cette conscience de soi, il faut que le sujet se sente « séparé et protégé d’autrui » (p. 102).

La notion décrite par Anzieu (1985) met en évidence le mouvement, l’importance du mouvement permanent entre l’intérieur de l’être et l’extérieur (le monde). L’intérieur et ses instances psychiques et l’extérieur qui permet grâce aux interactions de constituer l’intérieur.

Comme l’a dit Wallon, cité ici par Marc, « La conscience de soi n’est pas essentielle et primitive... Elle est un produit déjà très différencié de l’activité psychique » (2004, p. 34).

L’enfant va donc tenter, au fil du temps, d’exprimer son individualité subjective, et ceci dans une forme évolutive qui durera jusqu’à l’adolescence et même au delà.

Ses efforts vont être soutenus par les acquisitions cognitives décrites par Piaget (espace, temps, objet, causalité) qui lui permettront entre autres d’acquérir la notion d’objet permanent (base de toute notion d’identité pour Lipiansky).

Dans ses mouvements de construction interne par les interactions externes, l’être élabore son identité psychique, physique, humaine.

Deux auteurs ont décrit l’importance de ces mouvements avec l’extérieur : Spitz et Winnicott.

Spitz (1979) a mis l’accent sur l’importance des interactions précoces dans la constitution du sentiment d’identité. Il parle de trois organisateurs fondamentaux. Le sourire, tout d’abord

Spitz (1979) a mis l’accent sur l’importance des interactions précoces dans la constitution du sentiment d’identité. Il parle de trois organisateurs fondamentaux. Le sourire, tout d’abord

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