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Conclusion générale :

1- Le héros est

la plupart du temps l’enfant de parents éminents ou puissants.

La mère de Yonec « De halte gent fu [...], / Sage, curteise e forment bele » (vers 21-22). Muldumarec quant à lui « iert le mieldre chevaliers/E le plus forz e le plus fier, /Le plus beals e li plus amez/Ki ja mes seit el secle nez. /De ceste tere ot esté reis ; » (vers 519-523).

Arthur est le fils adultérin d’Egerne, femme du « dus de Tintaguel » (p. 199) et

d’Uterpandragon, roi

d’« Engleterre ».

Il est le fils putatif du roi Caradué de Vannes et le fils biologique du chevalier Eliavrés et de la nièce du roi Arthur, Ysaive de Carahés.

2- Sa naissance est précédée de difficultés .

La mère de Yonec est séquestrée par son vieil époux : « Dedenz sa tur l’a enserree/En une grant chambre pavee » (vers 31-32)

Ygerne est fidèle à son époux : « li rois la resgardoit molt volentiers. Et com ele se fu aperceue, si eschiva et fuï a venir devant le roi, qu’ele estoit molt prode femme et molt bele et molt leial vers son seignor ». Elle avoue à son mari les intentions du roi, le duc la met à l’abri. « Longuement sist li rois a ce chastel, onques prendre nou pot et molt i fu anoisseus et destroiz de l’amor d’Egerne. » (p. 216).

« Li rois [...] / D’une niece qu’il ot molt sage ; / Ysaive ot non de Carahés, / Plus gente n’ot tresc’a Rahés. / Au roi Caradoé la douna / De venes, qui grant joie en a, / Si l’esposa sans atargier. / En la cort ot un cevalier / Qui ot a non Elïavrés ; / Tes encanteres n’iert jamès, / Parens le senescal estoit. / La bele Ys|a]ive tant amoit / Come nus puet plus fame amer. » (vers 2047-2061). 3- La métamor phose écarte les obstacles. Le chevalier Faé « En la chambre volant entra ; /Giez ot es piez, ostur sembla, /De cinc mues fu u de sis. / Il s’est devant la dame asis. /Quant il i ot un poi esté/E ele l’ot bien esguardé, / Chevaliers bel e genz devint. » (vers 113-119).

« Quant Caradus se dut coucier / Icele nuit avec s’amie, / Cil qui l’ainme ne dormi mie, / Car d’une levriere qu’il prist / Une autel damoise[le] fist, / Si la couca avec le roi. / Et il retint s’amie o soi, / Si jut a li tote la nuit / A grant joie et a grant deduit.

383Merlin présente par sa naissance des similitudes avec Yonec, Arthur et Caradué. Il est le fils du « deable », sa

naissance est retardée par les conseils de Blaise (p. 33) à sa mère : « Einsi fu cele damoisele un grant tens, .II. anz ou plus, c’onques deables engigner ne la pot, ne ne sot nule mauvaise ovre qu’ele feist. Si l’en pesa molt et sot bien qu’il ne la porroit engingnier, car ne voit comment il se poïst mestre en nule de ses ovres, tant que il se porpensa qu’il ne la porroit engingnier ne fait oublier ce que li prodom li a apris, se il ne la corroçoit : car ele n’avoit cure des ovres fere qui li abelissoient. » (p. 36). Son père doit « prendre semlence d’ome » pour « habiter a femme » (p. 22). Et Blaise qui a été présent avant sa naissance reste au côté de Merlin, qui ne rencontre jamais son père biologique.

Blaise ferait cependant difficilement figure de père puisque c’est Merlin qui fait autorité : « Et Blaises respont : « Or me diras donc ce que tu vourras, car je ferai des or ce que tu comenderas de bien. » (p. 73). De plus, son rang n’est pas exceptionnel : sa mère est fille d’un « riches hom » (p. 23), « prodome » (p. 24) sans que sa richesse soit exceptionnelle. Enfin, C’est ici la colère de la mère de Merlin qui permet au diable de l’atteindre et non la métamorphose de l’Ennemi en elle-même ; sa mère l’élève et Merlin, sait la manière dont il a été conçu sans que l’on lui dise puisqu’il «sot cist les choses faites, dites et alees, car il les a et tient de l’enemi » (p. 50).

384 Si la structure globale de la naissance reste la même chez Caradoc que chez les autres héros regroupés dans ce

[...] Avec s’amie qu’il conut. / D’un fil remest la nuit ençainte ; » (vers 2064-2072 ; 2084-2085). 4- L’enfant n’est pas élevé par ses deux vrais parents.

L’homme qui a élevé Yonec est son « parastre » (vers 548). Yonec est « nurriz » (vers 463) par lui, au sens d’ « élever un enfant qui n’est pas à soi ».

Uter a accepté un don contraignant à Merlin (p. 224). Celui-ci prend l’enfant à sa naissance et le confie au

prodom Antor (p. 249-251).

Son père putatif l’élève dans l’ignorance de sa véritable parenté. 5- Devenu grand il retrouve sa famille ou prend connaissa nce de l’identité de ses vrais parents.

« « Beals fiz, » fet ele, « avez oi /Cum Deus nus a amenez ci !/C’est vostre pere ki ci gist, /Que cist villarz a tort ocist. » (vers 533-536).

Alors que Dieu a élu Arthur, Antor révèle à celui qu’il a élevé qu’il n’est pas son père biologique : « « Sire, vostre pere sui je de norreture, mais certes je ne sai qui vos engendra. » (p. 277), s’il ne sait pas qu’il est le fils d’Uterpendragon, Dieu l’a élu comme son successeur. Dans une des fins possibles du

Merlin (Manuscrit DIDOT),

Merlin explique les origines d’Arthur aux barons en sa présence : « "Seygnors, il est bien droiz que vos faz sages qui est cil qui vos avez fait rois par l’esleccion de Nostre Seygnor. Sachiez que il fu fiz au roi Uterpendragon, et enz en la nuit que il fust neez le me fist il baillier. Et je l’enchargié a norrir a Antor, por ce que je le savoie prodome et loial."» (p. 298). C’est également le cas dans la Suite-Huth.

Eliavrés révèle à Caradué qu’il est son vrai père : « « Tu iés mes fius, se Dex me gart / Caradué, por voir te le di. » » (vers 2444-2445). 7- Il arrive que l’enfant se venge de la figure du père.

« Sun parastre a le chief tolu. /De l’espee ki fu sun pere /A dunc vengié lui e sa mere. » (vers 548-550).

« Tot mot a mot li a conté, / Ensi com cil l’avoit bailli / E con sa mere l’ot honi. » (vers 2506-2508) 6- Il est reconnu ou parvient à la gloire.

« E par la cité fu seü,/[...] lur seignur firent d’Yonec » (vers 552 et 557)

« Einsi fu Artus esliz et fait roi dou roiaume de Logres et tint la terre et le roiaume en pais. » (p. 290).

« En tant avint a aventure / Que li rois Caradués morut. / Li roialmes, si com il dut, / A Caradué son fils revint ; » (vers 2860-2863)