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Bibliographie commentée :

VII- Etudes sur les textes du corpus :

Bisclavret et Mélion :

Gros, Gérard, « Où l’on devient bisclavret. Etude sur le site de la métamorphose (Marie de France, Bisclavret, vers 89-96) », in Miscellanea Maediaevalia, Mélanges offerts à Philippe Ménard, Paris : Champion, 1998.

Le lieu du garouage dans Bisclavret est significatif. Une forêt près d’un chemin symbolise la frontière entre l’homme et l’animal. La chapelle désaffectée où le héros range sa despuille montre une mort apparente de l’humanité ; la présence de Dieu n’a pas été maintenue par son entretien.

397 Due au péché originel.

398

Yonec :

Delcourt, Denyse, « Oiseaux, ombre, désir : Ecrire dans les Lais de Marie de France », M.L.N. French issue, volume 120, n°4, Washington : Johns Hopkins University Press, 2005.

Cet article s’attache au rapport de la dame au phantasme de l’amant. Dans Yonec, un écart existe entre l’amant anthropomorphe que la mal-mariée appelle de ses vœux et l’oiseau qui fait irruption. C’est que le phantasme, comme la création littéraire échappe parfois à celui qui en est l’instigateur.

Jaufré :

Baumgartner, Emmanuèle, « Le défi du chevalier rouge dans Perceval et dans Jaufré », in Polyphonie du Graal, Textes Réunis par Denis Hüe, Orléans : Paradigme, (médiévalia n°26), 1998.

Emmanuelle Baumgartner souligne dans Jaufré l’inefficacité sur le plan diégètique des passages où l’enchanteur se métamorphose. Pour elle, la raison de cette inefficacité est due au fait que l’épreuve concerne ici non pas un chevalier mais le roi, c'est-à-dire le seul personnage de la cour qui n’a ni à se situer, ni à faire ses preuves dans un univers dont il est le centre.

Baumgartner, Emmanuèle, « Le roman aux XIIe et XIIIe siècles dans la littérature occitane », Grundriss der romanischen Literaturen des Mittelalters, direction Frappier, Jean, Grimm, Reinhold R., Heidelberg : Carl Winter Universitätsverlag, 1984.

Contrairement à la poésie lyrique, la littérature romanesque en langue d’oc des XIIe et XIIIe siècle n’est plus représentée que par quelques œuvres. Il s’agit de quelques brefs récits de caractères romanesques, des

novas, de Jaufré et de Flamenca.

Jaufré est le récit de transformation d’un jeune homme doué de solides qualités physiques et morales en

un parfait chevalier et en un parfait amant.

Les mérites de Jaufré ne tiennent ni à l’originalité du sujet, ni à celle des diverses péripéties de l’intrigue, qui présentent peu de liens entre elles. Ils tiennent à la résonance que l’auteur a donnée à des matériaux connus.

L’auteur (le fait est rare au Moyen Âge) porte une vive attention au monde extérieur399. La description du décor, des personnages, rend plus saisissante l’irruption du fantastique. De même, la cour d’Arthur, pourtant régie par des coutumes immuables, est par deux fois le théâtre de mystérieuses et effrayantes aventures. Chaque chose, chaque être peut se muer en son double inquiétant. Ces aventures déroutantes reçoivent cependant une explication à chaque fois. Ainsi, l’enchanteur qui s’est par deux fois métamorphosé en un animal fabuleux n’a agi que pour susciter l’aventure qu’attendaient en vain Arthur et ses chevaliers.

L’auteur a visiblement cherché à garder une certaine distance vis-à-vis des personnages, des thèmes et des situations inhérents au genre qu’il avait choisi. Cela se traduit au niveau de la rhétorique grâce à laquelle il se plaît à briser le rythme du récit et de l’illusion romanesque : apostrophes à un public non attentif, double éloge de son protecteur, considérations d’ordre moral, situations poussées à leur paroxysme, planhs ampoulés à l’annonce de la fausse mort de Jaufré etc. Tous ces élément cherchent à mettre en garde un lecteur trop naïf. Jaufré de même apparaît comme une figure stéréotypée, sans faille mais aussi sans épaisseur, il vient à bout de ses aventures comme un automate à la mécanique bien réglée. L’auteur a voulu pousser jusqu’à la caricature le portrait du chevalier modèle. Il se livre également à une remise en question des principes même de l’idéologie courtoise. Lorsque Brunissen se déclare prête à devenir l’amie de Jaufré, elle n’a le désir que de devenir l’épouse légitime de celui-ci. Loin donc de voir dans l’adultère une condition indispensable à la fin’amor, l’auteur se pose ainsi en fervent défenseur du mariage d’amour.

399

Huchet, Jean-Charles, Le roman occitan médiéval, Paris : P.U.F., 1991.

Un chapitre est consacré ici aux deux romans arthuriens occitans que sont Jaufré et Blandin de

Cornouaille400. Ils seraient le résultat d’une évolution mettant à mal le roman arthurien « classique ». Jaufré, met à mal le personnage focal qu’est le roi Arthur. L’auteur s’en prendrait moins à un personnage qu’à une textualité. Le fait que les chevaliers se déshabillent et lacèrent leurs vêtements en serait la métaphore401 ; le texte dénude ses modèles, les mélangent avant de revêtir autrement la fiction. Il se réclamerait ainsi d’un renouveau définissant la manière occitane.

Si ce chapitre n’évoque pas les bêtes qui enlèvent Arthur, il ouvre une piste quant à l’interprétation de leur aspect composite. Ne serait-ce pas celui du texte ?

Première continuation de Perceval :

Payen, Jean Charles, « Les romans en vers du Graal : les Continuations de Perceval. », Grundriss der romanischen Literaturen des Mittelalters, direction Frappier, Jean, Grimm, Reinhold R., Heidelberg : Carl Winter Universitätsverlag, 1984.

Jean Charles Payen observe que la résolution des aventures du Conte du Graal ne constitue pas le premier souci de ses continuateurs. Ainsi, La Première Continuation ne prolonge pas le roman de Chrétien : elle est une somme d’histoire indépendantes et le parallèle Perceval/Gauvain tourne court. Gauvain est plus grave et moins flatté que le chevalier mondain du Conte du Graal. Le contenu idéologique de la Continuation-Gauvain est également différent du modèle puisqu’il s’appauvrit, le but étant avant tout selon Jean Charles Payen de distraire. La Seconde Continuation est beaucoup plus ambitieuse sans être pour autant une œuvre édifiante.

Ces romans en vers prennent aux romans en prose des thèmes et des techniques tels que l’entrelacement esquissé chez Chrétien de Troyes, le foisonnement des aventures et le goût du merveilleux. L’enchantement n’y est pas toujours une merveille et l’enchanteur est voué au mal, comme dans l’épisode de Caradoc.

La Queste del Saint Graal :

Frappier, Jean, « Le cycle de la Vulgate » partie sur la Queste del Saint Graal, p. 554-565, Grundriss der romanischen Literaturen des mittelalters, direction Frappier, Jean, Grimm, Reinhold R., Heidelberg : Carl Winter Universitätsverlag, 1984.

Dès le début de la Queste del Saint Graal un religieux exhorte les chevaliers à se purifier car la Quête n’est pas de terriennes choses. Dès le second jour les quêtes sont individuelles, selon la tradition du roman arthurien mais également selon le caractère spirituel de l’entreprise. Chacun des quêteurs rencontrera un succès proportionné à ses mérites personnels et aux grâces reçues : des réprouvés aux élus en passant par Lancelot qui suit une voie moyenne. Le tout s’organise selon une ordonnance. J. Frappier cite A. Pauphilet qui y voit trois étapes : le Départ, les Epreuves, et les Récompenses. Les vertus y sont exaltées selon une hiérarchie : la

virginité, l’humilité, la soffrance (la patience), et au bas de l’échelle, la charité, inspirée par l’amour de Dieu,

mais définie principalement comme l’amour du prochain. L’importance de la doctrine explique que l’auteur ait dominé ses emprunts bibliques, romanesques ou légendaires. Il a uni élan intérieur et doctrine de clerc en interprétant clairement le sens allégorique des aventures et le jeu des symboles (A. Pauphilet voit dans ce roman « une forêt d’allégories »).

Les senefiances étaient à l’époque où fut composée la Queste un code à peu près fixe fondé sur l’Ecriture et ses copieux commentaires exposant le chiffre de la symbolique des nombres, des couleurs, des bestiaires.

400

Blandin de Cornouaille n’est pas chez la plupart des critiques considéré comme un roman arthurien. Pour Jean-Charles Huchet, ce roman multiplie trop les motifs habituels du roman arthurien pour ne pas en être un. Le fait que le roi Arthur ne soit pas cité participerait d’une mise à mal du modèle. Il voit dans ce roman une « matière arthurienne exténuée ».

401

Dans cette œuvre, des différences se font sentir par rapport au Lancelot propre. L’entrelacement perd de sa complication et n’intervient que pour amplifier la perspective morale de quêtes particulières. La chronologie quant à elle n’est plus qu’une apparence trompeuse.

Poirion, Daniel, « Semblance du Graal dans la Queste », Mélanges offerts à J.R. Smeets, Leyden, 1982, p. 227-241, repris dans Les chemins de la Queste, Orléans : Paradigme, collection Medievalia (n° 52), 2004.

Daniel Poirion voit dans le Lancelot-Graal une évolution vers la mise en question de la chevalerie arthurienne qui aboutit à La Mort le Roi Artu, dans l’hypothèse d’un « Architecte » commun. Il note cependant que la Queste contraste par son écriture avec les autres textes du cycle. Le peu d’intérêt de l’auteur pour les aventures est, entre autres, le signe du glissement de la narration et de l’épique vers le style allégorique. Cet article permet de comprendre l’originalité du style de la Queste et le fonctionnement de l’allégorie dans cette oeuvre.

Robert de Boron : Merlin :

Boutet, Dominique, « De la cité terrestre à la cité de Dieu Merlin et les limites de l’histoire humaine. », dans Entre l’ange et la bête, l’homme et ses limites au Moyen Âge, études réunies par M.-E. Bely, J.-R. Valette et J.-C. Vallecalle, Lyon : Presses Universitaires de Lyon, 2003.

Chez Robert de Boron, Merlin acquiert une nouvelle dimension. La liberté de l’homme paraît être réduite à rien. Le don de connaître l’avenir présuppose qu’il est déjà écrit. Merlin, s’il a ce don, peut tout de même faire le mauvais choix. Il incarne donc le libre arbitre. Ce qui n’était qu’une chronique historique chez Wace devient une leçon de philosophie politique selon une perspective augustinienne, de la « cité terrestre » de Vertigier à la cité plus « céleste » qu’est celle d’Arthur. Le prophète est celui qui permet à la transcendance d’irriguer la société des hommes.

Micha, Alexandre, « L’Estoire de Merlin », partie sur le Merlin en prose p. 590-592, Grundriss der romanischen Literaturen des Mittelalters, direction Frappier, Jean, Grimm, Reinhold R., Heidelberg : Carl Winter Universitätsverlag, 1984.

Le poème initial de Merlin a été translaté en prose sans que nous sachions si c’est bien par Robert de Boron. Toujours est-il que cette œuvre poursuit l’histoire du Graal à l’époque pré arthurienne, après le récit de ses origines dans le Joseph402.

Robert de Boron a modifié ses sources pour mettre le prophète au centre du livre403 et les enfances de Merlin sont probablement de l’invention de l’auteur. La mission de ce personnage est de préparer la grandeur d’Arthur comme en témoigne les homélies placées dans sa bouche : loyauté envers Dieu, devoir de défendre le royaume, héritage de droit humain et de droit divin, défense de l’église, renoncement aux biens de ce monde. Il est également enchanteur, un mystificateur qui fait rire et inquiète par ses métamorphoses.

Devinailles, fabliau, chronique, roman d’amour, morceaux édifiants, cette œuvre est d’aspects très variés.

402 La scène du conseil des démons fait écho aux premiers vers de Joseph.

403 Pandragon meurt à la bataille de Salesbières et non empoisonné par Eopa, Uter meurt de sa belle mort et non

Micha, Alexandre, Etude sur le « Merlin » de Robert de Boron, Genève : Droz, 1980.

Cette monographie consacrée au Merlin de Robert de Boron propose de nombreux éclaircissements sur cette œuvre. L’ouvrage d’Alexandre Micha propose en particulier un chapitre sur « le contenu spirituel et moral » de Merlin. Il aborde la naissance problématique d’Arthur et son enlèvement clandestin par Merlin pour régler sa naissance mi-clandestine. Enfant adultérin, Arthur n’aurait pu voir sa naissance légitimée sans l’intervention du conseillé des rois.

Walter, Philippe, Merlin ou le savoir du monde, Paris : Imago, 2000.

Cet ouvrage s’attache au personnage de Merlin dans un corpus étendu. Il aborde la littérature celtique et ses rapports avec le Merlin présent dans les textes français du Moyen Âge.