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Le groupe à risque, l’événement et le fichier biographique

Chapitre 3 : La naissance du premier enfant chez les immigrantes de première génération au

3.1. Objectifs et hypothèses

3.2.2. Le groupe à risque, l’événement et le fichier biographique

Nous étudions la naissance du premier enfant chez les immigrantes qui n’avaient pas d’enfant. Ceci mène à étudier le segment de la biographie de la femme qui se déroule au Québec, c’est- à-dire après l’arrivée. D’après Bocquier (1996, 99-100) l’immigré n’est soumis au risque de connaître l'événement qu’à partir du moment de son immigration dans la population étudiée, alors qu’il était soumis au risque dans une autre population (non étudiée) avant son immigration. On ne peut mesurer le risque de connaître un événement qu’à partir du moment où l’individu entre dans la population à risque. Les femmes commencent donc à être observées à l’âge qu’elles avaient au moment de s’établir au Québec et elles n’intègrent le groupe à risque que lorsqu’elles n’ont pas eu d’enfants avant l’admission. Étant donné que l’âge à l’admission peut varier d’une femme à l’autre, on applique ici la logique des entrées échelonnées.

Un autre aspect à déterminer est la durée de l’observation. Dans les enquêtes rétrospectives, les femmes sont observées jusqu’au moment où elles ne sont plus soumises au risque de donner naissance à un enfant (50 ans) ou jusqu’à la date de l’enquête pour celles qui n’ont pas encore atteint cet âge. Dans notre cas, nous nous confrontons à un problème de nature semblable à celui des enquêtes à passages répétés qui suivent les trajectoires des individus pendant un certain nombre d’années. Comme nous avons déjà mentionné, les données fournies par la RAMQ nous permettent d’identifier les accouchements pratiqués auprès des bénéficiaires pendant les années 1997 à 2006. Cela implique que l’observation s’étale sur une période allant d’un à dix ans, selon la date d’admission de la femme. Par exemple, celles qui ont été admises en 1997 sont observées jusqu’en 2006 (si elles sont toujours présentes au Québec), tandis que celles qui ont été admises en 2006 sont observées seulement pendant la première année au Québec. Cela ne représente pas un problème car les femmes contribuent au groupe à risque pendant qu’elles sont observées. Cependant, il faut noter que les estimations tiennent compte de l’expérience des plus anciennes cohortes d’admission lorsque la durée de séjour s’allonge,

tandis que pour les premières années de résidence on combine l’expérience de toutes les cohortes.

En récapitulant, l’événement à l’étude est la naissance du premier enfant. Les femmes entrent au groupe à risque au moment de leur admission au Québec. Celles qui ont eu un enfant pendant qu’elles étaient observées sortent du groupe à risque par changement d’état à la date de l’accouchement alors que celles qui n’ont pas eu d’enfant sortent du groupe à risque sans changement d’état à la fin de l’observation. Les femmes cessent d’être observées lorsqu’elles sont considérées inadmissibles au régime d’assurance maladie.

Le fichier d’analyse contient 31 443 femmes qui étaient à risque de donner naissance au premier enfant alors qu’elles avaient entre 18 à 37 ans et étaient en union au moment de l’admission33.

Parmi celles-ci, 14 450 ont donné naissance à leur premier enfant durant la période d’observation.

Le fichier de recherche a été organisé en fichier biographique. Une biographie est formée de la suite des états occupés par la personne. Nous avons alors découpé la biographie de la femme en une série de lignes ordonnées dont chacune correspond au séjour dans un état de la variable dépendante ― ne pas avoir d’enfant et en avoir un ― et de la variable qui indique la présence de la femme au Québec durant la période en observation ― admissible au régime d’assurance ou inadmissible. En ce qui concerne le traitement des variables indépendantes, certaines états de la biographie de la femme ne changent pas au fil du temps, par exemple, l’âge au moment de l’admission, le pays où elle résidait avant de migrer au Québec ou la catégorie d’immigration. Ces informations sont donc considérées comme des variables fixes. D’autres états peuvent varier pendant que les femmes sont observées, par exemple, la situation conjugale, le niveau de scolarité, la connaissance du français ou de l’anglais. Les données disponibles dans la banque des admissions permanentes du MICC ne nous permettent pas de déterminer le séjour dans chacun des états de ces variables. L’information disponible indique la situation au moment

33 La cohorte à l’étude comprend 88 797 femmes âgées de 15 à 40 ans quelle que soit leur situation familiale au

moment de l’admission. Pour déterminer le groupe à risque d’avoir le premier enfant, il a fallu exclure : a) 11 307 femmes qui étaient âgées de moins de 18 ans ou de plus de 37 ans au moment de l’admission car elles sont moins susceptibles d’avoir un enfant après l’admission; b) 17 860 femmes qui avaient au moins un enfant au moment de l’admission; c) 24 131 femmes considérées « hors union »33 au moment de l’admission, car le rythme de la première

naissance est associé à celui d’entrée en union que nous ne connaissons pas; d) 853 femmes en provenance des États-Unis ou d’Océanie à cause de leur faible nombre; e) 1 233 femmes dont la sous-catégorie d’immigration est « parents aidés », « enfants », « adoption internationale », « parents ou grands-parents », « autres parents », « membres de la famille d’un réfugié », « autres réfugiés sans précision » ou « autres immigrants »; f) 1 970 femmes toujours inadmissibles au régime d’assurance durant la période d’observation.

de l’admission et nous traitons ces caractéristiques comme des variables fixes qui conservent des traces de leur situation au moment de l’admission.