- le Forum pour la stabilité financière (FSF, également Financial Stability Forum) créé
en 1999 ;
- le Groupe d'experts sur l'accès aux nouvelles technologies (GEANT, généralement ap
pelé Dot-Force pour Digital Opportunities Task Force), établi lors du Sommet d’Oki
nawa en 2000 ;
- le Groupe d’action du G8 sur les énergies renouvelables (G8 Renewable Energy Task
Force) établi lors du Sommet d’Okinawa en 2000 ;
- le Fonds mondial de lutte contre le SIDA, la tuberculose et le paludisme (Global
Health Found) établi en 2001 ;
- le Groupe de Rome (précédemment le Groupe d’action contre le terrorisme (GACT ou
Counter-Terrorism Action Group), impulsé en 2002 ;
- la Commission pour l’Afrique (2004), qui fait suite au Groupe d’experts sur l’aide à
l’Afrique sub-saharienne (Expert Group on Aid to Sub-Saharan Africa), fondée 1985.
Les travaux de ces groupes dans leurs domaines spécialisés font l’objet de suivis lors des
réunions au sommet et des rencontres ministérielles du G7/8 et parfois de recommandations
lors des communiqués de ces réunions (au sommet ou ministérielles). Les groupes d’experts
pallient l’absence de bureaucratie permanente du G7/8 en fournissant expertises, documenta
tions et recommandations sur des problèmes précis apparaissant à l’agenda des réunions au
22. Un aperçu plus large (bien que non exhaustif) peut être consulté via Internet : http://www.g7.utoronto.ca/meetings-official.html
sommet.
2.1.2.2 Un processus informel
Le système du G7/8, malgré son institutionnalisation, demeure dans une large mesure un pro
cessus informel. Selon Abbott, Keohane, Moravcsik, Slaughter et Snidal (2000), le G7 se ré
vèle être du plus faible degré de « légalisation internationale ». La légalisation désigne pour
ces auteurs un ensemble de caractéristiques que les institutions peuvent posséder (ou ne pas
posséder) selon trois dimensions :
- l’obligation : les Etats ou les autres acteurs internationaux sont contraints par une
règle, un engagement, ou un ensemble de règles ou engagements ;
- la précision : les règles définissent sans ambiguïté la conduite qu’elles requièrent, au
torisent ou proscrivent ;
- la délégation : des tierces parties ont reçu l’autorité de mettre en œuvre, d’interpréter
et d’appliquer les règles, de résoudre les conflits et, éventuellement, de produire de
nouvelles règles.
Dans ces trois dimensions, le système du G7 affiche, selon Abbott et alii, les plus faibles ni
veaux de légalisation, au même rang que des « institutions » aussi peu formalisées que les
« sphères d’influence » ou « l’équilibre des puissances »
23. En pratique, le caractère informel
du G7/8 se révèle d’abord par l’absence totale de structure bureaucratique ou d’intendance
(secrétariat, siège) permanentes, ensuite par l’aspect forum de discussion plutôt que de négo
ciation. L’informalité s’accompagne d’un mode de gouvernance à géométrie variable.
2.1.2.2.1 L’absence de bureaucratie
Le G7/8 est une institution sans bureaucratie permanente. Il n’existe ni secrétariat ni bureau
permanent. En dépit de la complexification du système, le G7/8 reste ainsi peu formalisé.
23. A l’opposé du spectre de la légalisation internationale, Abbott et alii (2000) donnent les exemples de la Com mission européenne, la Convention des Droits de l’Homme et la Cour pénale internationale.
Chaque État, à tour de rôle, prend en charge, tout au long de l’année l’organisation des ren
contres. Ceci confère au pays hôte, celui qui assure la « présidence » du G7/8, un poids im
portant dans la tenue de la rencontre au sommet : c’est la présidence qui assure un rôle central
dans la détermination de l’ordre du jour et dans la rédaction des conclusions.
Le G7/8 s’appuie sur les groupes d’expert mais aussi sur les bureaucraties des autres institu
tions internationales et sur les bureaucraties de chaque Etat national. L’absence d’une struc
ture institutionnelle rigide donne au système du G7/8 une grande capacité d’adaptation aux
évolutions de l’économie mondiale.
En l’absence de tout statut juridique et de toute charte constitutive, le G7/8 auto-définit ses
missions, son champ d’action, l’ordre du jour des rencontres, ses orientations. La multiplica
tion des rencontres au niveau ministériel donne au système une capacité de réaction relative
ment rapide. Par exemple, très peu après les attentats du 11 septembre 2001, le G7-Finance
lança un nouveau plan de lutte contre le financement du terrorisme, thème déjà ancien au sein
de l’institution (Bayne, 2001).
A lui seul, le G7/8 donne lieu à un grand nombre de réunions et de travaux préparatoires. Ces
derniers sont réalisés par les représentants personnels des chefs d’Etats et de gouvernement et
par des conseillers issus des ministères concernés.
En l’absence de bureaucratie, enfin, le mode d’action du G7/8 est en quelque sorte « externali
sé ». Le travail de réflexion, d’étude, d’élaboration de propositions se fait en collaboration
avec des institutions comme l’Organisation pour la coopération et le développement écono
mique (OCDE), le FMI, la BM, le GATT/OMC. Lorsqu’il n’existe pas d’institution spéciali
sée pour traiter d’un domaine particulier, le G7/8 en est même venu à en impulser la création.
C’est le cas par exemple du Groupe d'action financière sur le blanchiment des capitaux
(GAFI), institué en 1989 lors du Sommet de Paris, ou du Forum pour la Stabilité Financière et
du Groupe des Vingt (G20) impulsés par le G7 une dizaine d’années plus tard.
2.1.2.2.2 Une « table » pour discuter
Le G7 est bien davantage un forum pour discuter qu’une arène pour négocier. Les engage
ments réciproques contraignants sont rares. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a jamais de négo
ciation au sein du système du G7/8, mais que la logique du groupe vise pour l’essentiel à dis
cuter, échanger des points de vue, s’accorder sur de grandes lignes directrices. Ainsi, les enga
gements négociés, précis et chiffrés sont l’exception plutôt que la règle
24. Philippe Moreau
Defarges résume clairement ce point :
Le G7 est bien une « boutique pour parler » (« talking shop »). Ni les Etats-Unis, ni le Japon, ni l’Allemagne – les trois économies les plus importantes du G7 – ne se montrent à subordonner leur politique économique nationale à des injonctions internationales (Moreau Defarges, 2000, p. 78).
Le caractère informel du système du G7/8, qui correspond bien à ce rôle de « forum de dis
cussion », s’accompagne en outre, comme le souligne également Moreau Defarges (2000),
d’un système institutionnel à géométrie variable.
2.1.2.2.3 Une gouvernance à géométrie variable
L’évolution du système et la distinction qui existe aujourd’hui entre le G7 et le G8 marquent
Dans le document
L'hégémonie du G7 dans la gouvernance de l'économie mondiale
(Page 51-54)