modele des quarks naf
1.14 Groupe des rotations
1.14.1 Introduction
P
our l’essentiel, le contenu de ce chapitre a d´ej`a ´et´e vu dans le cours de M´ecanique Quantique. En r´evisant les notions essentielles, nous insiterons sur quelques d´etails comme la diff´erence entre SU(2) et O(3).1.14.2 Ecriture generale d'une rotation
Partons d’une rotation d’axeOz. Le d´ebat est ´eternel, entre le point de vue ¡¡ passif ¿¿, o`u l’on tourne les axes en laissant l’objet immobile, et le point de vue dit ¡¡ actif ¿¿, o`u l’objet tourne dans des axes fixes.
Acceptons donc qu’une rotation d’axe Oz et d’angle ϑ corresponde `a R=
cosϑ sinϑ 0
−sinϑ cosϑ 0
0 0 1
. On peut la lire comme
R= cosϑ1+ (1−cosϑ)
0 0 0 0 0 0 0 0 1
+ sinϑ
0 1 0
−1 0 0
0 0 0
,
impliquant successivement l’identit´e, le projecteur sur ˆz et le produit vectoriel par ˆz.
C’est ce qui permet d’´ecrire une rotation d’angle ϑ autour du vecteur unitaire n, de
Pourϑ→0, on tend vers l’unit´e, et la d´eriv´ee enϑ= 0 est proportionnelle aux composantes ni, soit On rappelle les lois de commutation
[ai, aj] =−ijkak, ou encore, si on pose ak=iAk,
[Ak, Al] =iklmAm.
(En M´ecanique Quantique, on pose ak = iJk/~, si bien qu’un facteur ~ apparaˆıt dans les lois de commutation.
1.14.3 Groupe SU(2) et generateurs
A chaque matrice` R[n, ϑ] de SO(3), on peut faire correspondre une matrice 2×2 unitaire de d´eterminant 1, soit
u[n, ϑ] = cos(ϑ/2)1+i(n1σ1 +n2σ2+n3σ3) sin(ϑ/2),
on trouve Ak =σk/2 et les mˆemes relations de commutation que ci-dessus.
Il faut remarquer que la translation d’argument ϑ→ ϑ+ 2π redonne la mˆeme matrice de SO(3) R[n, ϑ], tandis que la matrice de SU(2)u[n, ϑ] change de signe.
1.14.4 Representations irreductibles de l'algebre de Lie de SU(2) et SO(3) Les g´en´erateursai sont les matrices antisymm´etriques 3×3 pourSO(3), les matrices 2×2 antihermitiennes pour SU(2).
On part des Ak=ak/i et d´efinit les combinaisons dites parfois ¡¡ normales ¿¿
A+ =A1+iA2, A−=A1−iA2, A3,
les deux premiers op´erateurs ´etatn qualifi´es d’¡¡ escalier ¿¿. On pose de plus A2 =A21+A22+A23.
Les relations suivantes sont facilement v´erifi´ees :
[A3, A+] =A+, [A2, Ai] = [A2, A±] = 0, [A3, A−] =−A−, A−A+ =A2−A23−A3, [A+, A−] = 2A3, A+A− =A2−A23+A3.
Soit X un ´etat propre de A2 avec valeur propre µ2 ≥ 0 (on supposeµ≥0) et de A3 avec la valeur propre λ. Les relations ci-dessus donnent
A2A±X =µ2A±X, A3A±X = (λ±1)X,
impliquant que A±X est ou bien nul, ou bien ´etat propre de A2 avec valeur propre µ2 et deA3 avecλ±1.
Si, dans le sous-espace propre de A2,λ0 est la valeur propre maximale deA3 etλ00 =λ−n (nentier) la minimale, les ´etats correspondants doivent annulerA+ etA−, respectivement, ce qui donne
λ0 = n
2, µ2 =λ0(λ0+ 1).
On retrouve la r`egle famili`ere que A2 =j(j+ 1), o`u j est entier ou demi-entier positif ou nul, et que dans chaque espace propre deA2, les valeurs propres de A3 varient de −j `a +j par sauts entiers, ce qui fait 2j+ 1 valeurs possibles.
La phase relative des ´etats est d´efinie de fa¸con que les op´erateurs A± aient des ´el´ements de matrice r´eels positifs ou nuls. En pratique, les seuls non nuls sont
A±Ψmj =p
(j∓m)(j±m+ 1)Ψm±1j =p
(j(j+ 1)−m(m±1)Ψm±1j . 1.14.5 Reduction d'un produit de representations
La m´ethode ´el´ementaire est bas´ee sur le diagramme (m1, m2) de la figure 1.5. Sij=j1+j2, alors les valeurs propres dejz sontm1+m2, qu’on lit sur les droites parall`eles `a la deuxi`eme bissectrice.
C’est bien ce que l’on obtient avec un moment angulaire total prenant les valeursj =j1+j2 (faisant apparaˆıtre une premi`ere fois toute valeur de m entre j1 +j2 et −j1 −j2, puis j =j1+j2−1 (faisant apparaˆıtre une deuxi`eme fois toute valeur dem entrej1+j2−1 et
−j1−j2 + 1, etc., jusqu’`aj =|j1 −j2|.
On peut retrouver ce r´esultat de mani`ere plus compliqu´ee en v´erifiant que la trace de toute matrice de rotation est bien la mˆeme d’une part dans la base adapt´ee aux moments cin´etiques individuels et d’autre part dans la base du moment cin´etique total.
Dans une base de type |j, mi d’´etats propres simultan´es de A2 et A3, le caract`ere d’une matrice de rotation d’angle ϑ est
χ[j] = Donc, pour un produit de repr´esentations
χ[j1⊗j2] = sin((j1+ 1/2)ϑ) sin((j2+ 1/2)ϑ)
sin2(ϑ/2) ·
Mais, en supposant j1 ≥j2, on a ce qui ´etablit le r´esultat souhait´e.
Une transformation unitaire relie les ´etats de moments angulaires individuels aux ´etats propres du moment angulaire total. On peut la rendre orthogonale par un choix appropri´e des phases. Une convention, attribu´ee `a Condon et Shortley, enl`eve les derni´eres ambigu¨ıt´es de signe, ce qui permet de d´efinir de fa¸con assez universellement accept´ee les coefficients de Clebsch-Gordan. Avec l’une des notations les plus courantes, on a
|(j1, j2)j, mi= X
L’addition des moments cin´etiques se fait un peu sans le savoir en g´eom´etrie ´el´ementaire, en ´electrostique, etc.
Consid´erons par exemple deux vecteursA et B. On peut former le produit scalaire, A.B, ce qui correspond au couplage (j = 1) + (j = 1) → J = 0. Le produit vectoriel A×B,
`
a (j = 1) + (j = 1) → J = 1. Le produit tensoriel sans trace, qu’on fait apparaˆıtre par exemple au-del`a du terme dipolaire pour exprimer le potentiel cr´e´e par une distribution,
(A,B)− 1 3A.B,
soit une matrice 3×3 d’´el´ement de matriceAiAj−(A.B)δij/3. Ces trois combinaisons des vecteurs A et B correspondent `a des comportements diff´erents par rotation et aussi par permutation : la seconde est antisym´etrique, les deux autres sont sym´etriques.
1.14.6 Representations de SU(2) et representations de SO(3)
Si on part d’une repr´esentationj = 0, ou 1/2, ou 1, . . .de su(2), l’alg`ebre de Lie de SU(2), on construit le groupe sp´ecial par exponentiation, soit
R[Oz, ϑ] = exp(iAzϑ),
pour une rotation d’axe Oz. En particulier, pour un ´etat propre de Jz maximal, R[Oz, ϑ]|j, ji= exp(ijϑ)|j, ji,
et donc
R[Oz,2π]|j, ji= (−1)2j|j, ji.
Pour toute valeur de j, on obtient une repr´esentation de SU(2), mais seulement j entier correspond `a SU(3).
Si G est groupe de Lie, d’autres groupes poss`edent la mˆeme alg`ebre de Lie. Mais les repr´esentations de l’alg`ebre ne sont pas forc´ement des repr´esentations de G. Le groupe qui accepte toutes les repr´esentations de l’alg`ebre est dit ¡¡ groupe de recouvrement universel
¿¿. C’est le rˆole jou´e par SU(2) vis-`a-vis de O(3).
1.14.7 Operateurs scalaires Soit S un op´erateur tel que
[Ji, S] = 0 ∀i, impliquant
[J2, S] = [J±, S] = 0.
On en d´eduit que [J2, S] = [J±, S] = 0, ce qui signifie que S ne peut changer aucun des nombres quantiques j et m, mˆeme s’il peut changer d’autres attributs (τ →τ0).
De plus, les ´el´ements de matrice au sein d’un mˆeme multiplet de rotation seront ´egaux. En effet, puisqueS commute avec J+,
hτ, j, m|S|τ0, j, mi= 1
pj(j+ 1)−m(m−1)hτ, j, m|SJ+|τ0, j, m−1i
= 1
pj(j+ 1)−m(m−1)hτ, j, m|J+S|τ0, j, m−1i
=hτ, j, m−1|S|τ0, j, m−1i, et ainsi de suite. En d´efinitive,
hτ, j, m|S|τ0, j0, m0i=δj,j0δm,m0Sτ τj 0,
faisant apparaˆıtre une ´el´ement de matrice r´eduit, d´ependant de j, mais ind´ependant dem.
On va g´en´eraliser cette structure.
1.14.8 Operateurs tensoriels irreductibles
Soit Rk la matrice de rotation dans une repr´esentation standard de dimension (2k + 1) avec les vecteurs de base |kqi, avec q =−k, . . . ,+k.
On notera, avec sommation implicite sur les indices r´ep´et´es, et la convention habituelle que les colonnes d´ecrivent les transform´es des vecteurs de base,
R|kqi=Rqk0q|kq0i.
On dira qu’un ensemble de (2k+ 1) op´erateurs Tqk sont les composantes standard d’un op´erateur tensoriel irr´eductible d’ordreksi leur transform´e par toute rotationR(repr´esent´ee par R) est
RTqkR−1 =Tqk0Rkq0q.
Pour cela, il faut et il suffit que ce soit vrai pour les rotations infinit´esimales et donc qu’on ait (ici ~= 1 pour simplifier)
[J±, Tqk] =p
k(k+ 1)−q(q±1)Tq±1k , [Jz, , Tqk] =qTqk,
Les cas les plus fr´equents sont les op´erateurs scalaires (k= 0) et vectoriels (k = 1).
Theoreme de Wigner-Eckart. Enon¸cons d’abord le r´´ esultat. L’´el´ement de matrice est ´ecrit entre ´etats de comportement par rotation bien identif´e par j et m. Les autres attributs (´energie, couleur, etc.) sont r´eunis dans la notation τ. Son expression est
hτ, j, m|Tqk|τ0, j0, m0i= 1
√2j+ 1hτ, j||Tk||τ0, j0i(j0, m0;k, q|j, m).
Le facteur (2j+ 1)−1/2 est introduit par commodit´e. Il fait jouer un rˆole plus symm´etrique
`
a j etj0.
L’´el´ement de matrice r´eduit donne l’essentiel de l’information sur la famille des op´erateurs Tqk. Il est ind´ependant de m oum0, mais d´epend de j etj0.
Les autres termes traduisent le comportement par rotation. En particulier l’´el´ement de matrice est soumis aux mˆemes contraintes que les coefficients de Clebsch-Gordan, en par-ticulier la r`egle triangulaire
|j−j0| ≤k ≤j+j0.
Il existe plusieurs d´emonstrations possibles du th´eor`eme. Nous donnons ci-dessous la d´emonstration
´
el´ementaire, telle qu’on la trouve par exemple dans le livre de Messiah. Les esprits curieux appr´ecieront d’autant mieux les d´emonstrations plus subtiles qu’ils pourront trouver en parcourant la litt´erature sur le sujet.
Soit
|σ, j00, m00i=X
m0,q
Tqk|τ0, j0, m0i(j0, m0;k, q|j00, m00).
Par orthogonalit´e des coefficients de Clebsch-Gordan, Tqk|τ0, j0, m0i= X
j00,m00
|σ, j00, m00i(j0, m0;k, q|j00, m00).
En faisant agir j+,
j+Tqk|τ0, j0, m0i= [j+, Tqk]|τ0, j0, m0i+Tqkj+|τ0, j0, m0i
=p
k(k+ 1)−q(q+ 1)Tq+1k |τ0, j0, m0i+p
j0(j0+ 1)−m0(m0 + 1)Tqk|τ0, j0, m0+ 1i.
Donc
j+|σ, j00, m00i=X
m0,q
Tqk|τ0, j0, m0inp
k(k+ 1)−q(q+ 1)(j0, m0;k, q−1|j00m00) +p
j0(j0 + 1)−m0(m0+ 1)(j0, m0;k, q|j00, m00) o
=X
m0,q
Tqk|τ0, j0, m0i(j0, m0;k, q|j00, m00+ 1)p
j00(j00+ 1)−m00(m00+ 1), o`u l’on a fait usage d’une relation de r´ecurrence des coefficients de Clebsch-Gordan.
En r´esum´e,
j+|σ, j00, m00i=p
j00(j00+ 1)−m00(m00+ 1)|σ, j00, m0+ 1i.
De mˆeme, on obtient
j−|σ, j00, m00i=p
j00(j00+ 1)−m00(m00−1)|σ, j00, m0−1i, jz|σ, j00, m00i=m00|σ, j00, m0+ 1i.
Autrement dit, ces vecteurs |σ, j00, m00iou bien sont tous nuls, ou bien ils correspondent `a la mˆeme valeur j00 du moment cin´etique.
D’apr`es ce qui a ´et´e dit pour les op´erateurs scalaires (ici l’identit´e est l’op´erateur scalaire), le produit scalaire
hτ, j, m|σ, j00, m00i est de la forme
δj,j00δm,m00F,
o`uF est ind´ependant dem. En posant F =h || || i, on d´emontre le th´eor`eme.