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Gradation des différents processus symboliques chez Lawrence Kubie (1970)

Chapitre III Ŕ Deuxième volet théorique : les spécificités artistiques du processus créatif

2. Gradation des différents processus symboliques chez Lawrence Kubie (1970)

Sur lřaxe des y, le chevauchement indique que ces data se confondent dans leurs couches de signification et désignent ainsi les états les plus « immatures » ou condensés de ce processus, notamment ceux qui affichent, à la base des triangles, un « conceptual and symbolic overlap ». Ces états, proches du délire et de lřhallucination, offrent un degré très élevé de ce quřEhrenzweig appellerait le « scanning inconscient », mais manquent cette capacité de structure et de conscience que requiert la créativité artistique. Celle-ci se situe, dans le tableau précédent, entre les processus oniriques (associés au rêve) et analogiques (associés à la métaphore et à lřallégorie).

La phase dřincubation interviendrait au sein du processus de créativité précisément de cette façon dont procède le préconscient lors de tels états hypnagogiques. Ces états sont tous dits « hypnagogiques » puisquřà leur manière ils tirent profit des fonctions symboliques de lřesprit qui sont plus efficaces à lřentrée et à la sortie du sommeil. Cela a dřailleurs fait dire à certains psychanalystes comme Ehrenzweig que « lřart est un rêve, rêvé par lřartiste, que nous, spectateurs bien éveillés, ne pouvons jamais voir dans sa

véritable structure »124. Cela ne va pas sans rappeler Dilthey qui a porté dans sa théorie

une grande attention au « rêve, ce poète caché en nous »125.

Les fonctions préconscientes de lřincubation, tel que le fait remarquer Lawrence Kubie, rendent conjointement possible, comme le dirait Adorno126, le « miracle de lřart », cřest-à-dire la cristallisation de toute la complexité subjective en une forme objective singulière :

In the adult who is not hamstrung by conscious or unconscious fear and guilt, preconscious processes make free use of analogy and allegory, superimposing dissimilar ingredients into new perceptual and conceptual patterns, thus reshuffling experience to achieve that fantastic degree of condensation without which creativity in any field of activity would be impossible. In the preconscious use of imagery and allegory many experiences are condensed into a single hieroglyph, which expresses in one symbol far more than one can say slowly and precisely, word by word, on the fully conscious level. This is why preconscious mentation is the Seven- league Boot of intuitive creative function. This is how and why preconscious condensation are used in poetry, humor, the dream, and the symptom127.

Même dans le cas de la science, la résolution du problème dépend beaucoup plus des capacités syncrétiques de lřesprit que de toute autre disposition analytique ou même de la chance : « [What] appears to be chance is in fact an observation impregnated with previous preconscious experiences. The making of the observation is in itself a part of the preconscious process »128.

Dans tous les cas, le préconscient joue pour la phase dřincubation un rôle magistral : dřune part, il pourvoit à la production dřun flux inexorable de nouvelles associations

124 Ehrenzweig, L'ordre caché de l'art, p.116. Il sřagit dřune pensée que partageait également Schleiermacher dans sa philosophie de lřesprit.

125 Confirmations apportées par les témoignages des poètes sur eux-mêmes dans Dilthey, Oeuvres 7, écrits

esthétiques, p.108.

126 Chez Adorno toutefois, la subjectivité nřest pas celle de lřindividu et de son préconscient, mais bien une subjectivité sociale. Adorno connaissait les théories freudiennes et critiquait, dans la lignée de Croce, ce quřil appelait les positions esthétiques de la psychanalyse qui limitait la production dřart au « travail du rêve ». cf. Theodor Adorno, Théorie esthétique (1970), Paris, Klincksieck, 1995, p.24-25.

127 Kubie, Neurotic distortion of the creative process, p.34-35.

128 Kris, Psychoanalytic explorations in art, p.296. Il sřagit dřune pensée qui se trouve également chez Hadamart. cf. Hadamard, The mathematician's mind, p.19.

dřidées fondées sur la recombinaison dřanciennes données et dřautre part, il assure cette influence sélective dans lřensemble du processus créatif qui peut se constater autant dans les produits des arts que des sciences. Toutefois, cette double tâche ne peut sřeffectuer quřà la condition que lřesprit se soit préalablement libéré des refoulements de toute sorte qui constituent lřinconscient :

However they arise, preconscious processes can have the highest degree of freedom in allegory and in figurative imagination which is attainable by any psychological process. The contribution of preconscious processes to creativity depends upon their freedom in gathering, assembling, comparing, and reshuffling of ideas. Indeed the special creative virtue of this continuous play of preconscious processes, lies in the fact that it is the preconscious type of symbolic function which frees our psychic apparatus (and more specifically our symbolic processes) from rigidity129.

Cřest pourquoi sont souvent rappelés, par exemple chez Ehrenzweig, Anzieu, Maslow et Rogers130, les dangers dřangoisses aiguës et de culpabilités qui accompagnent ce moment crucial de la maturation intérieure des associations symboliques. Cřest un des stades, avec la concrétisation, où lřagent créatif doit développer des aptitudes de persévérance et de patience. Il doit affronter avec courage les vicissitudes de la créativité solitaire de même que ces (parfois longues) périodes de gestation intérieure que nous avons cru utile de résumer sous le terme dř« incubation ». Dans tous les cas, et même ceux plus ludiques de lřenfant ou du simple amateur, il est depuis longtemps reconnu que le repos de lřesprit est une vertu, voire une condition, pour la créativité :

Les grandes performances du génie, aussi bien que la maîtrise dřelle-même dřune âme forte, ont ici leur fondement; justement, quand, après une excitation longue et profonde de tout cet ensemble au cours dřun travail acharné, le cerveau a pris du repos, des combinaisons créatrices jaillissent soudain des profondeurs de cet ensemble acquis131.

129 Kubie, Neurotic distortion of the creative process, p.37-38.

130 Son concept dřŖextensionalityŗ désigne lřabsence de rigidité à la fois conceptuelle et psychologique (mécanismes de défense). cf. C. R. Rogers, ŖToward a theory of creativityŗ, ETC. A review of General

Semantics, 11, (1954).

131 Essai d’une explication psychologique de la création poétique dans Dilthey, Oeuvres 7, écrits esthétiques, p.97. Cette connaissance peut en retour également profiter à la créativité, comme le témoignait déja Leonardo de Vinci : « I myself have proved it to be of no small use, when in bed in the dark, to recall in fancy the

Graham Wallas était lui-même fort bien au courant que la créativité dépendait dřun état plus stable des fonctions cérébrales et quřelle était impossible dans un contexte de stress, de peur ou de préoccupation intenses:

Voluntary abstention from conscious thought on any particular problem may, itself, take two forms: the period of abstention may be spent either in conscious mental work on other problems, or in a relaxation from all conscious mental work132.

À cette étape, lřagent créateur doit donc forcément être prêt à abandonner ses attentes et ses prévisions, telles quřelles apparaissent dans lřétape de préhension, afin de laisser place aux associations libres de lřesprit. Sřil vit cette phase jusquřau bout, il deviendra, comme dans le mot de Rank, un « Erzeuger »133 au sens dřun « engendreur » qui aura su profiter de cette « incubation » pour laisser éclore et exprimer une parcelle cristallisée de sa propre expérience.

Dans notre modélisation, nous avons positionné lřétape dřincubation en deuxième place, c'est-à-dire dans la partie du haut, puisquřelle suit la préhension, mais précède, et conditionne, la phase dřillumination qui la suit. Nous désignons par le terme dř« idéation » le mouvement allant de lřincubation à lřillumination. Il sřagit dřune traduction assez fidèle du terme « mentation » suggéré par Kris et Kubie et visant globalement la recherche et lřobtention de lřidée adéquate. Idéation désigne donc un mouvement proprement « imaginatif » qui accompagne la progression entre lřincubation, la résurgence et lřintimation qui doit suivre. Il est généralement assez difficile de le retracer dans le cours du processus créatif puisquřil peut survenir à tout moment « extra-créatif » (c'est-à-dire en dehors des moments de création), voire même durant la nuit.

external details of forms previously studied, or other noteworthy things conceived by subtle speculation; and this is certainly an admirable exercise, and useful for impressing things on the memory », in Da Vinci, The

notebooks of leonardo da vinci, p.249.

132 Wallas, The art of thought, p.86. cf. également la rest-hypothesis et la forgetting-hypothesis chez Hadamard, The mathematician's mind, p.33-38. Les articles de Singer (2009), Koonios (2008) ainsi que Smallwood & Schooler (2006) en psychologie contemporaine sont également à consulter.

133 ŖBegetterŗ dans la traduction anglaise. Cf. Rank, Art and artist : Creative urge and personality

d) Illumination

Alors que lřincubation fait intervenir un travail des fonctions préconscientes qui peut sembler passif, lřillumination, à lřinverse, apparaît à lřagent créatif comme un évènement fulgurant arborant la guise dřune révélation subite qui survient comme « de lřextérieur ». Cette phase, probablement la plus reconnue de toutes, provient du fameux état dř« inspiration » décrit dans les traités antiques sur la musique et la poésie (notamment ceux de tradition pythagoricienne) et propagé à lřépoque néo-classique et romantique sous lřénigmatique figure du génie. Cette réputation, pour être désormais bien ancrée dans les mœurs de notre époque, nřen est pas moins tendancieuse et se fonde à même une mécompréhension des forces psychiques de lřindividu et de son processus créatif. Effectivement, ce serait une erreur que de considérer cette phase dřillumination autrement que comme le résultat, ou du moins la conséquence, des phases antérieures de préparation et, surtout, dřincubation, tel que le suggère également Catharine Patrick :

The stage of illumination […] would be the period at which the general shapes of the objects were first sketched. For both groups we find that the general shapes of three-fourths of the objects were first sketched in the second and third quarters, with more in the second. This bears out the statement that illumination or formulation of thought follows preparation and incubation134.

Lřinterprétation mystique de la « révélation » des muses a laissé dans lřimaginaire collectif lřidée que lřinspiration est, comme son nom lřindique, une force issue du dehors que lřinspiré nřaurait quřà saisir au vol. Les études contemporaines, bien quřelles conservent encore à juste titre dans leur représentation ce caractère dřun carpe diem, ont toutefois progressivement délaissé ce mythe pour une compréhension plus réaliste de lřinspiration comme dřun phénomène « intérieur », cřest-à-dire intrinsèque à lřesprit. Comme lřévoque Graham Wallas, qui fut un des premiers à suggérer le terme

dřillumination, cet instant de la découverte de lřidée dépend des succès et des insuccès de lřincubation :

If we so define the Illumination stage as to restrict it to this instantaneous Ŗflash,ŗ it is obvious that we cannot influence it by a direct effort of will; because we can only bring our will to bear upon psychological events which last for an appreciable time. On the other hand, the final Ŗflash,ŗ or Ŗclickŗ […]is the culmination of a successful train of association, which may have lasted for an appreciable time, and which has probably been preceded by a series of tentative and unsuccessful trains. The series of unsuccessful trains of association may last for periods varying from a few seconds to several hours135.

Cela dit, il demeure que ce que nous appelons illumination est une phase cruciale pour le processus créatif global puisquřelle consiste précisément en lřapparition de lřassociation dřidées qui entre en adéquation avec les attentes et les expériences de lřartiste. Il sera explicité au troisième chapitre la manière dont cette association se révèle être profitable et « adéquate » pour lui. Nous pouvons tout de même à ce stade-ci de la recherche expliciter comment surgit cette nouvelle association de même que ses manifestations psycho-phénoménologiques les plus communément observables.

Lřillumination se divise, dans notre compréhension du processus créatif générique, en deux sous-étapes dont la limite chronologique et phénoménologique est poreuse et ne se laisse pas facilement identifier. La première de ces étapes est celle que nous appelons « résurgence » et se présente en aboutissement de lřincubation. Il sřagit de lřétape où le noyau associationnel adéquat se dégage peu à peu des idées superflues et gagne en clarté et en concision. La deuxième étape, désignée par le terme « révélation»136, est celle plus

135 Wallas, The art of thought, p.93-94. Encore une fois nous nous accordons avec Wallas pour le nom de cette phase qui semble tout à fait reproduire cet « éclair » de génie, ce « jaillissement » imprévu de lřidée pourtant recherchée.

136 Nous accordons à ce terme la signification que lui confère Friedrich Nietzsche dans Ecce Homo, se référant aux origines de la rédaction de Also Sprach Zarathustra : « Something profoundly convulsive and disturbing suddenly becomes visible and audible with indescribable definiteness and exactness. One hears Ŕ one does not seek; one takes Ŕ one does not ask who gives; a thought flashes out like lightning, inevitably without hesitation […] » cité dans Ghiselin ed., The creative process, p.209. Nous ne voyons par ailleurs aucun inconvénient à ce que cette définition sřapplique, entre autres, au contexte religieux et mythologique (quřil charge déjà, sur le plan historique, dřune lourde signification). La révélation est un équivalent du terme

connue de lř« eureka », du déclic ou encore de lřéclair de génie. Il sřagit du moment fatidique où lřagent reconnaît que cette idée est celle quřil cherchait, celle dont il avait besoin.

d.1) Résurgence

Ce que nous appelons résurgence est une phase subsidiaire de lřillumination qui clôt la phase dřincubation réussie et amorce celle de la révélation. Cette phase subsidiaire ne possède pas vraiment de nom dans la littérature scientifique, mais remonte dans ses premières manifestations à William James et sa description dřun « trou de conscience » qui présente un fort sentiment de « proximité » :

The state of our consciousness is peculiar. There is a gap therein; but no mere gap. It is a gap that is intensely active. A sort of wraith of the name is in it, beckoning us in a given direction, making us at moments tingle with the sense of our closeness and then letting us sink back without the longed- for term. If wrong names are proposed to us, this singularly definite gap acts immediately so as to negate them. They do not fit the mould. And the gap of one word does not feel like the gap of another, all empty of content as both might seem necessarily to be when described as gaps137.

Les travaux de James en ce domaine ont été fortement relancés par Graham Wallas qui annonce, dans son Art of Thought, le phénomène de « dépersonnalisation », décrit comme étant le sentiment prononcé et soudain de se constater parler ou penser138. Cette expérience singulière a été fortement étudiée par la psychanalyse, mais plus spécifiquement à partir dřErnst Kris qui en a fait un trait caractéristique des « idéations » créatives :

One type is characterized by the feeling of being driven, the experience of rapture, and the conviction that an outside agent acts through the creator […].The first has many features in common with regressive processes: Impulses and drives, otherwise hidden, emerge. The subjective experience is that of a flow of thought and images driving toward expression.139

anglais intimation suggéré initialement par Graham Wallas dans son The Art of Thought (désignant également chez lui une phase subsidiaire).

137 William James, The principles of psychology, New York, Holt, 1890, p.251. 138 cf. Wallas, The art of thought, p.97-107.

Ces « raptures » ou « extases »140, malgré la grande variabilité de leur manifestation, présentent tout de même un indice très fort de la créativité sur tous les plans. Lřagent a alors lřimpression de se dédoubler et dřêtre témoin de lřidée qui se forme en lui. Que ce soit dans le soliloque de ses propres pensées ou encore dans le cours dřune conversation avec autrui, il sera amené, à un certain point de son processus créatif, à reconnaître dřun œil « extérieur » lřidée féconde qui lui échappait jusquřalors. Il faut admettre que la résurgence ne semble pas se manifester pour les idées médiocres ou insatisfaisantes141, qui mènent alors à un cul-de-sac créatif, mais seulement pour celles qui sont adéquates. Le phénomène de dépersonnalisation se manifeste donc uniquement lorsque lřagent est sur le seuil de la révélation et lorsque lřincubation a réussi. Plusieurs psychanalystes ont dřailleurs rapproché, même jusquřà lřidentifier, la dépersonnalisation du phénomène de régression de lřégo, décrit en troisième section de ce chapitre. Lřun et lřautre possèdent effectivement de nombreuses affinités dignes de mention :

These highly complex processes may be described as phenomena of regression. In clinical cases this regression is likely to lead to a withdrawal of ego control from many of the higher mental activities. As an example we have mentioned that the coordination of motor activities is frequently affected. To add another most characteristic feature, in states of inspiration speech becomes automatic. It is not the subject who speaks but a voice from out of him. The pronouncements of this voice from him are unknown before the state of inspiration has arisen. It is the voice of his unconscious, he communicates it to others, and he himself becomes part of the public142.

Nous croyons toutefois que ce que nous appelons dépersonnalisation, à lřopposé de la régression, constitue un retour de lřinconscient vers la conscience. La résurgence opère

140 Non pas au sens sexuel, mystique ou religieux mais plutôt « existentiel ». Il y aurait peut-être plusieurs parallèles à faire avec la conception existentialiste de lřextase schellingienne comme être-posé-hors-de-soi.

Cf. Pascal David, Le vocabulaire de schelling, Paris, Ellipses, 2001.

141 Évidemment, une idée peut se révéler, en bout de piste, comme étant médiocre ou insatisfaisante, mais lřimportant est quřelle soit généralement reconnue comme adéquate au moment où le phénomène de dépersonnalisation se produit.

dřailleurs, comme son nom143 le suggère, un mouvement qui part des profondeurs de lřinconscient pour émerger dans la lumière de la réalité consciente. « Résurgence » renvoie métaphoriquement à lřiceberg qui est en voie de ressortir de lřeau, mais qui ne lřest pas complètement. Didier Anzieu, dans sa propre description du processus créatif, a noté, pour la première étape, que ce « dédoublement » est ce qui départage le sain dřesprit du malade mental :

La double capacité du Moi de tolérer lřangoisse face à un moment qui peut donc être de nature psychotique et de préserver, pendant et aussitôt après la dissociation-régression, un dédoublement vigilant et auto-observateur, spécifie le créateur, en le distinguant du malade mental, à qui fait défaut au moins la première capacité, et en le distinguant de lřhomme ordinaire, exposé comme tout le monde à des expériences momentanément dissociatives et régressives, mais qui, dépourvu de la seconde capacité, ne les exploite pas144.

Une autre interprétation fort intéressante de ce moment névralgique au sein du processus créatif a été suggérée de la psychologie cognitive sous lřappellation de « Tip-of- the-Tongue states »145. Il sřagit dřun phénomène bien connu en métacognition146, en heuristique,147 mais également dans le domaine des résolutions de problème148 et qui se présente souvent sous la forme dřune situation où celui qui tente de se souvenir dřun mot nřy réussit quřà moitié :

143 Nous croyons que ce terme exprime, mieux que tout autre, cet aspect de « remontée » de la conscience sur lřhorizon de lřincubation. Comme si, après avoir descendu dans les « profondeurs » du préconscient, lřesprit « remontait » dans le conscient avec un bagage dřidées nouvelles et riches.

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