sympathie sur le congénère, a fait presque complètement
abandonner ces sortes d'opérations. Ajoutons de plus que
l'opération de Critchett, crée près de la nouvelle pupille une cicatrice avec synéchie antérieure, en d'autres termes un faible leucome adhérent, et que les continuels tiraillements
que la contraction de la pupille exerce sur la cicatrice, font
que celle-ci n'acquiert pas une solidité analogue à celles des parties voisines : d'où il résulte une inégalité de niveau qui
se manifeste surtout par les symptômes d'un astigmatisme irrégulier, réduisant sensiblement le chiffre de l'acuité
visuelle.
L'iritomie se montre donc préférable à l'iridésis et à l'iri-dectomie, parce que dans ce cas, la pupille artificielle n'in¬
téresse pas le prochain voisinage de la cornée qui doit servir
à la vision et n'exerce aucune influence par le retrait ou la
distension ultérieure d'une cicatrice, surla courbure de cette
partie de la cornée.
« Nous pouvons donc résumer, dit De Wecker, en disant qu'abstraction faite d'une contractilité moins parfaite de la pupille, la simple incision de l'iris présente, pour les per¬
sonnes atteintes de cataractes stratifiées, tous les avantages
que l'iridésis asur l'iridectomie et cela sans offrir les dan¬
gers des procédés d'enclavement. Au point de vue de l'acuité visuelle, des recherches comparatives démontreront que l'iridotomie est préférableauxprocédés d'iridésis et
d'iridec-tomie. Il ne nous paraît donc pas douteux, si tout d'abord il
a été jugé que chez un enfant atteint de cataracte zonulaire
la pupille artificielle, eu égard au peu d'étendue de lacouche
opaque, doit être préférée à une discision ou à une extrac¬
tion périphérique, que le seul choix à faire parmi les procé¬
dés opératoires estl'iridotomie. »
Dor 5
2° TAIES DE LA CORNEE. LEUCOMES ADHERENTS
a) Taies delà cornée. —Les avantages de cette opération
sur l'iridésis et l'iridectomie sont ici les mômes que dans le
cas précédent. Ils sont de deux ordres :
1° Au point devueoptique, l'iritomie donne une pupille dont
Informe est une véritable fentesténopéique, et qui lutte aussi
contre la diffusion des rayons lumineux passant à travers l'opalescence qui entoure toujoursle leucomecentral. Il n'est
pas discutable qu'il sera plus facile d'obtenir cette
pupille
étroite par simple incision que par excision.
2° En'ce qui concerne l'acuité visuelle, elle sera encore augmentée par le fait qu'une pupille, par simple incision,
expose bien moins aux modifications de courbure dans la portion de la cornée qui se trouve placée au-devant de la
nouvelle pupille et par conséquent à l'astigmatisme.
D'ailleurs, voici ce que dit De Wecker : ce Veut-on, suivant
les règles ordinaires, créer une pupille optique? On doit la
faire à la fois aussi étroite et aussi centrale que possible.
Pour atteindre ce double but, on place la section à l'endroit
même de la cornée qui doit se trouver en rapport avec la pupille artificielle, et l'on fait une ouverture très étroite,
conditions très propices à l'établissement d'un enclavement
du tissu iridien, ou du moins d'une synéchie antérieure. Mais
môme en l'absence de toute irrégularité dans l'opération de
l'iridectomie optique, la cicatrice trop voisine de la nouvelle pupille est une circonstance fâcheuse engendrant une d
mi-nution de l'acuité visuelle, d'une part en portant atteinte à la parfaite transparence du tissu cornéen, d'autre part en
modi-fiant la régularité de la courbure des parties voisines de la
cicatrice (astigmatisme irrégulier). L'iridotomie ne nécessi¬
tant pas l'incision de l'irisjusqu'à sa périphérie, permet de placer la fente pupillaire le plus près possible du centre et de
laissertout àfait intacte et transparentela partie de la cornée
en rapport avec cette fente. Si, en pareil cas, on diminue
(comme on peut aussi le faire avantageusement pour les
cataractesstratifiées) les diffusions de la lumière par le ta¬
touage rie la cornée, on obtient une acuité visuelle que l'on
demanderait en vain aux procédés usuels de l'iridectomie. » Ces paroles font assez ressortir l'avantage d'une bonne
iritomie, etsontparfaitement mises àl'appui pardeux obser¬
vations publiées en 1873 par le docteur Callioum, et dans lesquelles, sur deux malades, atteints d'une opacité
située
directementau-devant de la pupille et s'opposant matérielle¬
ment à une bonne perception lumineuse, l'opération prati¬
quée parla méthode de De Wecker amena une
vision
netteet distincte.
b) Leucomes adhérents. — L'iritomie est précisée dans les
cas seulement où une partie dubord pupillaire estlibre. Dans
ce cas elle présente surl'iridectomie deux avantages, d'abord
de créer une pupille plus étroite que dans le cas précédent,
par suite d'adhérences du reste
çlu sphincter irien
avecla
cornée qui empêchenttoute rétraction et par conséquent de
lutter beaucoup plus efficacement contre l'astigmatisme qui
estle privilège constant de pareils yeux.
De plus, cette partie libre qui était encore suscesptible
d'être tiraillée ne donnera plus prise, aprèssa section, à quelque traction que ce soit, on aura ainsi
fait servir l'irito¬
mie à combattre une cause manifeste d'inflammation''et d'irri¬
tation. L'opération aura eu ici un effet antiphlogistique.
Il n'en est pas de môme lorsqu'il y aura une augmentation
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de la courbure de la cornée, et que l'on craindra un
staphy-lome partiel ; dans ce cas, l'iridectomie reste l'opération de choix, àcause de son rôle modérateur de la tension oculaire.
3° KERATOCONES
C'est Abadie, le premier en France, qui ait usé de
l'irito-mie dans le but de traiterl'ectasie de la cornée. Abadie pro¬
fite de la large ouverture qui lui est offerte par la trépanation
pour introduire immédiatement dans la plaie les
pinces-ciseaux et faire uneiritomie. C'était ainsi sagement prévenir
les inconvénients de l'opacité centrale qui allait résulter de la trépanation et éviter les désavantages d'une iridectomie,
c'est-à-dire une pupille moins centrale et moins fusiforme,
et voici ce qu'on trouve dans la thèse du docteur Fontaine :
ce Lasection de l'iris est très difficile dans ce cas; il est, en
effet, projetéenavant parsuite de l'issue de l'humeur aqueuse et le passage n'est plus seulement difficile entre l'iris et le cristallin, comme dans lecas précédent, mais encore entre la
cornée et l'iris. »
Aussi, voici comment M. Abadie s'y prend dans le cas actuel:
Les ciseaux de M. de Wecker étant introduits fermésdans la chambre antérieure, il laisse bientôt entrouvrir les deux
branches et essaye de saisir le diaphragme irien. Lepassage d'une des fauches entre le cristallin et l'iris se fait assez
facilement, mais la difficulté se retrouve bien plus grande lorsqu'il s'agit de pénétrer avec l'autre faucheentre lacornée
et l'iris. Dans ce cas, M. Abadie appuie le plus possible son instrument sur la face postérieure de la cornée, en tachant
de contusionner le moins possible l'iris, qui selaisse refouler,
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et le sectionne alors clans toute sa largeur. Le résultat de
cette opération n'est manifeste que lorsque la chambre
antérieure est reformée, car, pendant que l'ouverture per¬
siste sur la cornée et que l'humeur aqueuse s'écoule au dehors, la contraction de l'iris reste permanente.
Mais cette opération est pleine de difficultés et
d'ailleurs-le traitement du kératocone, par la trépanation, est aban¬
donné parAbaclie lui-même.
INous croyons que dans le kératocone, où il importe aussi
de diminuer la tension oculaire, l'iridectomie doit-être pré¬
férée à l'iritomie, qui donnerait certainement un résultat optique meilleur, mais qui n'arrêterait pas aussi bien que la première opération la marche progressive de l'ectasie conique ?
Toutefois, et c'est l'avis de M. le professeur agrégé Lagrange, dans le kératocone au préalable traité par la
cautérisation du sommet cornéen, après l'opacification cen¬
traleet résistante, ainsi obtenue, l'iritomie reprend toute sa valeur sur l'iridectomie et doit lui être préférée.
Telles sont les principales circonstances où il est du devoir
de l'oculiste de fairel'iritomie, avec la présence ducristallin.
Dans le courant de cet exposé, nous avons également parlé
des cas où cette opération doit être rejetée, sous peine de