• Aucun résultat trouvé

Glaucome et syndrome d’apnées obstructives du sommeil : aspects

Dans le document en fr (Page 65-68)

1 Introduction

1.3 Glaucome primaire à angle ouvert

1.3.3 Glaucome et syndrome d’apnées obstructives du sommeil : aspects

Plusieurs hypothèses sont actuellement avancées pour étudier le rôle du SAOS dans l’apparition de la neuropathie glaucomateuse :

- atteintes vasculaires du nerf optique : comme développé dans le chapitre 1 ci-dessus, la relation entre SAOS et neuropathie optique/glaucome pourrait s’expliquer par une dysrégulation de la vascularisation du nerf optique (atteinte de l’autorégulation) secondaire { des apnées répétées (hypoxie prolongée et répétée), l’hypertension artérielle et l’artériosclérose induites par le SAOS, le deséquilibre entre stimuli vasodilatateurs (monoxyde d’azote) et vasoconstricteurs (endothéline-1), l’agrégation plaquettaire anormale et l’augmentation de la pression intracrânienne.

- rôle de la PIO: le SAOS ainsi que le traitement du SAOS par PPC semblent pouvoir modifier la PIO ainsi que les rythmes nycthéméraux de la PIO.

Un résumé des études évaluant l’effet potentiel du SAOS sur la PIO ou sur les rythmes nycthéméraux de la PIO est proposé dans le tableau 4 ci-dessous. Les résultats de l’évaluation de la PIO chez les patients apnéiques sont également contradictoires. Les trois études ayant exclus les patients avec une PIO > 21 mmHg ne sont pas en accord : deux études rapportent une augmentation significative de la PIO chez les patients apnéiques (Sergi et al. 2007 ; Huseyinoglu et al. 2014) alors que la dernière ne montre pas de différence de PIO entre les patients apnéiques et les témoins non apnéiques (Lin et al. 2011a). De plus seule l’étude de Sergi et al. montre une corrélation entre la sévérité du SAOS (IAH) et la PIO.

Parmi les études qui n’ont pas exclu les PIO > 21 mmHg et ont comparé la PIO entre les patients apnéiques et les cas témoins, deux études retrouvent une augmentation significative de la PIO chez les patients apnéiques (Moghimi et al. 2013 ; Lin et al. 2011b) alors que les deux autres études ne montrent pas de différence de PIO entre ces deux populations (Nowak et al. 2011 ; Karakucuk et al. 2008). Les corrélations entre l’IAH et la PIO sont également discutables.

Etude Nombre sujets de Mesure PIO Exclusion PIO>21 mmHg des PIO SAOS > PIO témoins Corrélation Mojon et al. 1999 69 SA0S Applanation Non NC + entre PIO et RDI Geyer et al. 2003 228 SA0S Applanation Non NC Pas de corrélation entre PIO et RDI Sergi et al. 2007 51 SAOS et 40 témoins Applanation (Goldmann) Oui Oui + entre PIO et IAH Karakucuk et al. 2008 31 SAOS et 25 témoins NC Non Non SAOS modéré >

SAOS sévère + entre PIO et IAH Bendel et al. 2008 100 SA0S NC Non NC Pas de corrélation entre PIO et IAH Nowak et al. 2011 34 SAOS et 19 témoins Applanation Non Non ND

Lin et al. 2011a 209 SAOS et 38 témoins Applanation (Perkins) Oui Non Pas de corrélation entre PIO et IAH Lin et al. 2011b 105 SAOS et 22 témoins Applanation (Perkins) Non Oui Pas de corrélation entre PIO et épaisseur

RNFL

Moghimi et al. 2013 51 SAOS Applanation (Goldmann) Non Oui + entre PIO et IAH Huseyinoglu et al.

2014 101 SAOS et 20 témoins Applanation (Goldmann) Oui Oui

Pas de corrélation entre PIO et IAH ou épaisseur RNFL Shiba et al. 2014 214 SAOS Applanation Non NC + entre PIO et épaisseur RNFL nasale Muniesa et al. 2014 127 SAOS et 25 témoins Applanation (Goldmann) Non NC Pas de corrélation entre PIO et IAH

Tableau 4 : Etude de la pression intraoculaire chez les patients apnéiques. Abréviations : SAOS, syndrome d’apnées obstructives du sommeil ; RDI, respiratory disturbance index ; IAH, index d’apnée-hypopnée ; PIO, pression intra oculaire ; NC, non connu ; RNFL, couche des fibres optiques rétiniennes.

Concernant les rythmes nycthéméraux de la PIO chez les sujets avec SAOS, Pepin et Chiquet (Pépin et al. 2010) ont analysé la variation horaire de la PIO sur 24 heures chez 18 patients apnéiques (IAH ≥ 15/h). Seulement 28% des patients SAOS présentaient un rythme circadien normal de la PIO (acrophase nocturne), les autres patients présentant soit une absence de rythme circadien (50%), soit un rythme diurne (acrophase diurne, 22%). En ce qui concerne la PPO, un rythme nocturne normal était le plus souvent rencontré (78%), alors qu’une absence de rythme était retrouvée dans 22% des cas. Cette absence ou inversion de rythme circadien de la PIO pourrait s’expliquer par une réduction du sommeil paradoxal chez les patients apnéiques, sommeil qui a été associé chez les individus sains avec les plus haute valeur de PIO (Buguet et al. 1994 ; Noël et al. 2001). Des données très récentes de notre équipe sur l’évolution de PIO nocturne chez des individus sains, mesurée par lentille de contact capteur (Sensimed®) et donc sans

réveil des individus, ne sont pas en accord avec les résultats précédents. Pendant la période nocturne, la PIO est plus faible au cours de l'éveil que pendant la phase de

sommeil paradoxal et les phases 1, 2 et 3 du sommeil sans mouvements oculaires rapides. Au cours des différents stades du sommeil, la PIO est plus élevée pendant le

sommeil paradoxal et diminue progressivement avec la progression du sommeil lent (Aptel et al. 2015b).

D’autres mécanismes sont avancés pour expliquer ces observations. Notamment, la déshydratation associée { l’augmentation de la diurèse nocturne chez les patients apnéiques pourrait être lié { l’élévation du peptide natriurétique atrial sanguin. Ces paramètres sont connus pour diminuer la PIO chez l’homme sain (Kita et al. 1998). Lors d’apnées obstructives simulées chez 7 patients sains, la pression intrathoracique négative associée aux efforts inspiratoires a été reproduite par la manœuvre de Mueller (Lundmark et al. 2003). Cette étude a permis de mettre en évidence une diminution significative de la PIO durant les efforts respiratoires mimant l’apnée. La diminution de PIO était d’autant plus forte que la pression négative infligée, c’est { dire l’effort respiratoire, était importante. Les auteurs attribuent cette réponse à une augmentation du retour veineux vers le cœur (Magder et al. 1983). Cette augmentation du retour veineux entrainerait une réduction de la pression veineuse épisclérale, diminuant ainsi la résistance au flux sortant d’humeur aqueuse et menant { une baisse de PIO. Ainsi la diminution de PIO observée lors d’efforts inspiratoires simulés pourrait possiblement impliquée dans la disparition de l’acrophase nocturne de PIO observée chez les patients apnéiques Cette étude montre que les variations brusques de PIO de l’ordre de -4 à -33% existent lors de chaque apnée (apnée simulée avec une pression négative de -40 mmHg). Certaines études ont montré que ces fluctuations importantes de la PIO pouvaient être un facteur de risque d’aggravation d’un glaucome (Asrani et al. 2000 ; Bengtsson & Heijl 2005).

Des études se sont également intéressées { l’effet de la PPC sur la PIO ou sur les rythmes nycthéméraux de la PIO. A contrario, aucune étude longitudinale randomisée n’a évalué l’effet de la PPC sur l’évolution du glaucome chez les patients apnéiques. L’effet de la PPC sur les variations journalières de PIO a été rapporté chez 21 patients apnéiques (Kiekens et al. 2008), le traitement par PPC entrainant une augmentation globale de la PIO nocturne. Dans notre expérience (Pépin et al. 2010), la PPC entraine une

augmentation du pic nocturne de PIO (de 14,8 à 18,3 mmHg) et une normalisation du rythme circadien de PIO. Le rétablissement du rythme normal de la PIO après une seule nuit de PPC suggère l’effet direct des efforts inspiratoires nocturnes sur la diminution de PIO observées chez les patients apnéiques (Pépin et al. 2010) et chez les volontaires sains lors de la manœuvre de Mueller (Lundmark et al. 2003). A ce jour aucune étude longitudinale sur un grand nombre de sujets n’a évalué l’effet { long terme du traitement par PPC chez les patients apnéiques atteints de glaucome/GPAO. . Les descriptions de la littérature (case reports) (Sebastian et al. 2006 ; Kremmer et al. 2003) ne permettent pas d’évaluer l’effet de la PPC.

Dans le document en fr (Page 65-68)