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La gestion des risques projet : coûts, délais, performances techniques

MODELISATION THEORIQUE ET EXPERIMENTALE DU PROCESSUS

10. SYNERGIE ENTRE QUALITE ET GESTION DE PROJET : VALIDATION EXPERIMENTALE

10.2. Le projet NMA

10.2.3. La gestion des risques projet : coûts, délais, performances techniques

Les coûts

Deux aspects de la gestion des coûts ont été envisagés dans le projet :

• les coûts relatifs à l’engagement de ressources humaines et matérielles pour réaliser l’étude du produit.

La relation contractuelle avec notre donneur d'ordre était uniquement du domaine des activités d'études. Les coûts que nous avions à gérer étaient donc étroitement liés aux délais des tâches de conception. Ils ont été gérés informatiquement en corrélation avec le planning PERT. Les coûts impliquant des réalisations autres, en particulier de sous traitance, étaient financés selon d'autres modalités ( avenants ou financement direct des sous-traitants par le CEB). Les risques de dérives des coûts étaient donc essentiellement gérés par le CEB. Cet aspect particulier du projet est donc peu représentatif de la gestion des risques financiers dans un projet.

• Les coûts relatifs à la fabrication du produit, étroitement liés : ¤ aux critères de valeur du produit et à sa conception, ¤ Aux moyens de fabrication.

Les techniques de l’Analyse de la Valeur ont été développées pour déterminer, de manière prévisionnelle, ces coûts, et aider à la prise de décision dans le choix des solutions

alternatives.

L'objectif de l'étude était de se donner des éléments de comparaison entre plusieurs solutions alternatives les plus objectifs possibles. Il importait alors d'utiliser une méthode d'évaluation qui rende compte, à la fois, des équivalences de fonctionnalités et des différences e solutions : nous avons donc utilisé l'analyse de la valeur dont c'est le concept de base

d'assurer cette dichotomie entre fonctions et solutions. Nous avons appliqué la méthode tant au niveau de la conception des deux produits que de leur fabrication (Analyse fonctionnelle de processus). Les coûts de fabrication des différentes solutions ont été estimés avec des experts. Ils ont tenu compte des conditions d'environnement telles qu'elles seraient raisonnablement envisageables s'il fallait fabriquer ce produit avec ces solutions. L'analyse fonctionnelle a permis de définir une trame de comparaison entre les diverses possibilités de produits qui a mis en évidence les avantages et déficiences de chacune des solutions. Ces paramètres ont pu faire alors l'objet de notations et d'un classement suivant une pondération des critères de valeur associés aux fonctionnalités des produits. De plus, l'étude d'une fabrication en "Assurance Qualité" de ces solutions a établi les contraintes et limites nécessaires et

admissibles de mise en oeuvre industrielle. Par cette étude, il a été mis en évidence les avantages concurrentiels de la solution retenue, mais aussi ses faiblesses, auxquelles il a pu être en partie remédié.

Les délais,

Le développement de ce projet devait se faire dans un intervalle de temps donné. Ceci a nécessité de planifier les tâches à réaliser, c’est à dire :

• identifier les tâches « classiques » de conception du produit mais aussi celles liées :

∗ aux actions qualité,

∗ à des actions de mise au point de solutions à risques,

∗ à des scénarios de réorientation du projet en cas d’aléas.

• Estimer leur durée,

• Définir une logique d’enchaînement des tâches en identifiant pour chacune d’elles les différents prédécesseurs,

• Déterminer les dates, les délais, et tâches critiques (par diagramme PERT)

• Déterminer les jalons qui ont permis de procéder régulièrement à des revues d’avancement du projet.

Les performances techniques

Dans le cas du masque de protection, plusieurs innovations ont été mises en oeuvre :

• au niveau des concepts fonctionnels : le principe d’une visière souple, panoramique,

• Au niveau technologique : le surmoulage de la visière et la technologie d’injection thermoplastique bimatière du corps et du bourrelet.

• Au niveau des moyens d’études : l’utilisation continue de la CFAO pour concevoir le masque, simuler les fonctions, usiner des maquettes puis réaliser les moules.

L'association de ces éléments innovants a été ressentie, dès le départ du projet, comme un facteur de risque. Bien que non formalisée, la perception de ces risques a convaincu les partenaires du projet de la nécessité de l'adoption d'une démarche d'assurance qualité.

La construction de la qualité du produit s'est faite en utilisant les techniques de l'ergonomie, du design, de l'architecture produit, de l'analyse fonctionnelle.

L'ergonomie a permis de définir les quatre tailles de masque, en fonction des contraintes de confort. Ces contraintes étant particulièrement sévères (du fait d'un port possible du masque pendant vingt-quatre heures), et les données associées à ces notions de confort et de douleur n'étant pas totalement maîtrisées, le risque de ne pas définir des tailles de masque

satisfaisantes a conditionné fortement le scénario du projet. Une étape très importante de maquettage d'une des solutions, sur une taille a été définie. Elle a permis d'acquérir des

informations importantes, bien qu'incomplètes, pour la définition des autres tailles, et la reproductibilité industrielle.

Nous avons également opté pour une étude de concepts, en sous-traitance, par un cabinet de Design. Ces travaux, non prévus initialement, ont fait l’objet de polémiques à leurs débuts car leur justification ne paraissait pas évidente. En effet, un masque de protection NBC pour les armées est perçu avant tout comme un produit technique, fonctionnel, au sens restreint, c’est à dire ne laissant aucune place à la créativité esthétique et d’usages autres que ceux directement formulés dans la fiche technique de besoin. Nous avons convaicu l’équipe projet de passer un contrat d’étude de Design avec un cabinet extérieur, en mettant en avant le principe qualité de remise en cause du besoin exprimé, de validation de ce besoin, et de recherche de satisfaction du besoin latent. De fait, l'étude de Design a ouvert des possibilités nouvelles de traitement de l'aspect formel du masque. Bien que très fortement contrainte par les aspects fonctionnels, la définition de l'esthétique du masque s'est inspirée des propositions des designers.

La définition de l'architecture du produit nous a amené à l'étudier au départ comme faisant partie d’un « système d’ordre supérieur » de protection globale du combattant. Le besoin auquel devait répondre ce système de protection étant ainsi défini et validé, les fonctions du masque ont pu être analysées par rapport à son environnement (cf.. Figure 55 : architecture produit : décomposition fonctionnelle, page 118).

système de protection NBC environnement NBC système masque combinaison bottes gants accessoires combatant Masque de protection

accessoires couvre faces sous-système

corps bourrelet visière composant cagoule agressions environnement couvre-face oeil air

Figure 55 : architecture produit : décomposition fonctionnelle

Le produit a pu être ainsi décomposé en sous-ensembles fonctionnels selon une

arborescence allant du produit global à ses constituants élémentaires. La définition de cette architecture produit a été à la base de l’établissement de l’organigramme des tâches, élément clé du « système de pilotage qualité » du projet.

Les fonctions du produit ont ensuite été définies par « l’analyse fonctionnelle » en termes de « services à rendre a l’utilisateur final » en faisant abstraction le plus possible de toute solution technologique. Plusieurs concepts de masque ont été définis. Les principes

technologiques alternatifs associés à ces concepts, ont été envisagés. Un choix a été fait parmi ces différents concepts et principe, en particulier en s’appuyant sur des études d’Analyse de la valeur ainsi que des analyses de modes de défaillances, effets et criticité (A.M.D.E.C.).

Des critères de valeurs ont été associés à ces fonctions ainsi que des niveaux de flexibilité permettant de donner une marge de manoeuvre au concepteur selon l’importance de la fonction. Ces données ont été rassemblées dans le Cahier des Charges Fonctionnel rédigé selon la norme française NF X50 151.

Puis des séances de créativité ont permis d’envisager plusieurs solutions pour répondre aux fonctions à remplir par le produit. Le choix entre ces solutions s’est fait en tenant compte des indicateurs qualités suivants :

• Performances de la solution/performance spécifiée.

• Coût de la solution/coût objectif.

• Délai de mise au point/délai planifié.

L'utilisation de ces techniques a permis d'élaborer un dossier de définition particulièrement détaillé, en particulier sous forme CAO. Le contrôle de la qualité de cette définition a été réalisé par l'utilisation d'un processus de qualification produit/process pour les fonctionnalités et la reproductibilité industrielle. Ce processus de qualification de la définition a consisté à réaliser, dans des conditions représentatives de la production série, une grande quantité de prototypes, dans les quatre tailles, et de les tester dans des conditions représentatives des conditions opérationnelles. Les résultats de ces tests ont permis de valider les définitions des masques sous réserves de modifications mineures de certains aspects, ne remettant pas en cause l'essentiel des définitions.

Figure 56 : image CAO du masque NMA

10.2.4. La gestion des risques dans le cadre d'un réseau client-fournisseur :