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LA GESTION DE LA RENTE MINIERE : RISQUE OU OPPORTUNITE POUR UN

PARTIE I : LES COURS DES MATIERES PREMIERES : EVOLUTIONS RECENTES ET

PARTIE 3 LA GESTION DE LA RENTE MINIERE : RISQUE OU OPPORTUNITE POUR UN

DEVELOPPEMENT SOUTENABLE ?

Introduction

Chapitre 1 : Gestion de la rente minière : approche en termes d’épargne véritable

1. Introduction

2. Les fondements théoriques de l’épargne véritable et la règle de Hartwick (1977)

3. L’épargne véritable : bon indicateur pour la soutenabilité de trajectoire de l’économie d’un

pays

4. L’importance de l’épargne véritable et ses implications dans la performance économique

d’un pays

5. Conclusion

Chapitre 2 : Epargne véritable : changement de trajectoire de développement soutenable en Afrique de l’ouest

1. Introduction

2. L’indicateur de l’épargne véritable en Afrique de l’Ouest

3. Performance individuelle des pays de l’Afrique de l’Ouest considérés : analyse de leur

épargne véritable

4. Conclusion

Chapitre 3 : La soutenabilité en Afrique de l’Ouest : rôle des institutions dans la gestion de la rente minière

1. Introduction

2. La gouvernance en termes de qualité institutionnelle et évolution de l’épargne véritable :

quelle relation ?

3. Approche économétrique

4. Résultats et interprétations

5. Conclusion

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INTRODUCTION DE LA PARTIE III

A partir des années 2000, il est constaté une amélioration de la rente minière des pays exportateurs de matières premières en particulier ceux de l’Afrique de l’Ouest. Cette hausse de la rente minière tient à l’envolée des termes de l’échange des matières premières à partir de 2006 vers des niveaux élevés (figure 14). Ce qui avait conduit à une succession de booms caractérisée par une instabilité et une incertitude élevées (tableaux 25 et 26). Aussi, les booms (de la rente minière) s’expliquent en partie par l’amélioration des politiques économiques (Geiregat et Yang, 2013). Face à ces booms qui sont au final temporaires, du fait de la baisse tendancielle des cours des matières premières depuis 2012, même si leur niveau reste tout de même élevé (figure 14), les pays ouest africains sont confrontés au défi de concilier l’exploitation de leurs ressources (épuisables) sans mettre en péril leur capacité à se développer dans le futur.

Ainsi, la question la plus importante aujourd’hui pour les pays ouest africains, reste la prise de décision par rapport à la part de la rente minière qui sera consommée et celle qui sera épargnée ? Et comment ? A cet effet, la politique optimale serait la stérilisation de la totalité du revenu issu de l’exploitation des matières premières lors d’un boom temporaire (Bevan, Collier et Gunning, 1987), ce qui permettra d’éviter le phénomène de syndrome hollandais (SH). Toutefois, étant donné que les pays en développement (Afrique de l’Ouest) font face à l’urgence de développement et n’ont que peu accès aux marchés financiers internationaux, il leur faut trouver un moyen de financement. Ces financements proviennent le plus souvent des aides publiques, qui sont généralement insuffisantes. Par conséquent, la politique de stérilisation de la rente minière n’est pas ou est moins adoptée pour les pays en développement, spécialisés dans l’exportation des ressources naturelles.

Une possibilité alternative dont disposent ces pays pour se financer, est l’utilisation des fonds issus de l’exploitation des ressources naturelles. Cette approche d’utilisation de la rente consiste à diffuser une part de la rente dans l’économie (les dépenses courantes) afin de parer aux besoins pressants et d’atténuer la pauvreté (Collier et al, 2010 ; Van der Ploeg et Venables, 2011). En diffusant une part de la rente dans l’économie, la conséquence serait l’apparition du SH. Dans le but de contrecarrer le phénomène de SH, on peut par exemple procéder à une dévaluation de la monnaie nationale. Ce qui aura pour conséquence, la baisse du pouvoir d’achat. Il est donc question de savoir à quelles conditions la diffusion d’une partie de la rente minière issue de l’exploitation de la ressource minière pourrait permettre aux pays d’être soutenables ?

Dans son rapport « Notre avenir à tous » connu sous le nom de « Rapport Brundtland » (1987), la Commission Mondiale sur l’environnement et le Développement (CMED) à travers sa conception

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du développement durable31, a énuméré un certain nombre de principes directeurs en faveur du

développement durable ainsi que la nécessité d’élaborer des indicateurs pouvant permettre de suivre dans le temps les progrès accomplis vis-à-vis de la satisfaction des besoins des générations présentes, sans compromettre la capacité des générations futures à satisfaire les leurs. A cet effet, un indicateur de soutenabilité faible a été construit par la Banque mondiale à partir du concept « d’épargne véritable » (Solow, 1993). Cet indicateur est présenté comme étant un bon critère de développement soutenable et un outil adapté pour apprécier la soutenabilité de la croissance des économies à spécialisation primaire. La particularité de cet indicateur, est qu’en plus des dimensions économique et sociale, il permet de prendre en compte la dimension environnementale, variable importante à la fois pour l’économie, le social et le développement.

L’hypothèse que nous testons dans cette troisième partie est que le récent boom minier (quantité et volume) aurait enclenché un changement dans la trajectoire de soutenabilité des économies Ouest africaines. Il s’agit de tester la validité de la thèse de l’émergence et de l’existence d’un point de bifurcation des économies minières (Magrin, 2013), sous l’angle de la soutenabilité (faible) à travers l’indicateur de l’épargne véritable. L’épargne véritable demeure un indicateur de référence car il permet de disposer d’une évaluation des différents actifs dont dispose un pays afin de pouvoir jauger le niveau de sa soutenabilité. Elle fournit une définition plus étendue de l’investissement permettant de prendre en compte les gains et les bénéfices en capital résultant des différents actifs. Cependant, l’épargne véritable est objet de critique du fait que son cadre conceptuel permet une parfaite substituabilité entre les composantes de la richesse à transmettre aux générations comparée à la soutenabilité forte. En effet, la théorie de soutenabilité faible sous laquelle se base l’indicateur d’épargne véritable conduira forcément à : l’épuisement des ressources, la perte de la qualité de l’environnement, la désertification, … Ce qui donne plutôt raison à la théorie de la soutenabilité qui soutienne la non- substituabilité entre le capital naturel et le capital physique. Mais les pays de l’Afrique de l’Ouest sont des pays spécialisés dans l’exportation des ressources naturelles. Et donc, si la soutenabilité faible n’est pas assurée, la soutenabilité forte ne le sera pas non plus. La soutenabilité faible est donc une sorte de critère minimum. Nous nous contentons de ce fait de ce critère minimum car à l’heure actuelle, le critère mesuré de façon systématique pour les pays de l’Afrique de l’ouest est la soutenabilité faible à travers l’indicateur de l’épargne véritable.

Afin de pouvoir tester notre hypothèse de changement de trajectoire de soutenabilité dans les économies ouest africaines, nous structurons cette troisième partie de la thèse en trois chapitres. En dépit de nombreux critères de développement soutenable qui existe, dans le cadre de la gestion

31 Le développement durable est un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs (Brundtland, 1987).

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de la rente minière il existe deux approches qui s’opposent à savoir la soutenabilité forte et la soutenabilité faible.

Alors que la première suppose l’impossibilité de substitution parfaite entre les différents capitaux, la seconde approche sur laquelle nous nous basons envisage une possible substitution entre les différents capitaux. Ainsi, l’hypothèse qui sous-tend le premier chapitre tient à la règle (dite de Hartwick, 1977) selon laquelle une meilleure gestion des revenus issus de l’exploitation des ressources minérales ou l’investissement de ces revenus dans les capitaux productifs contribue effectivement et de manière soutenable au bien-être de la population d’un pays donné. Nous présenterons donc dans ce premier chapitre de cette troisième partie, l’indicateur de l’épargne véritable tout en précisant en quoi elle est plus important dans le cas des pays en développement dotés abondamment de ressources naturelles. Il s’agira de montrer l’importance de l’épargne véritable dans la mesure du revenu national d’une économie et ses implications dans les performances économiques.

L’une des limites de la théorie du SH est la non-prise en compte de la soutenabilité dans ses analyses. Et comme nous l’avons montré dans la deuxième partie (chapitre 2), suite aux booms des années 2000, la pertinence de l’enclave minière est toujours d’actualité dans les pays d’Afrique de l’Ouest. Ainsi, dans le chapitre deux de cette troisième partie, nous passerons à la mise en pratique du concept de l’indicateur d’épargne véritable, c’est-à-dire le calcul et l’analyse de l’indicateur de l’épargne véritable des pays ouest africains sur la période de boom. Ceci dans le but d’analyser leurs trajectoires de développement et surtout d’identifier l’existence ou non d’une bifurcation au niveau de ces trajectoires de développement.

Outre les instabilités macroéconomiques, le cadre juridique et réglementaire peu favorables au développement du secteur minier et aux autres secteurs de l’économie (malgré les évolutions au début des années 2000), il est constaté le rôle important des institutions pour un développement soutenable suite aux travaux de Sachs et Warner (1995). En effet, dans le cadre des pays à spécialisation primaire, la question de la qualité et/ou de l’efficacité institutionnelle en termes de gestion de la rente minière (bonne gouvernance minière) est supposée être l’un des mécanismes conduisant ou non à la malédiction des ressources naturelles (Atkinson et Hamilton, 2003 ; Sala-I-Martin et Subramanian, 2003 ; Gylfanson, 2001). De ce fait, le but dans le chapitre trois est d’analyser le rôle de la qualité des institutions pour un développement soutenable dans le cadre des pays de l’Afrique de l’Ouest.

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CHAPITRE 1 : GESTION DE LA RENTE MINIERE :

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