• Aucun résultat trouvé

6. Normalisation – contrôle qualité des matériaux routiers

6.2. Contrôle qualité

6.2.3. Gestion de la qualité à l’intérieur d’une plateforme de

Les matériaux recyclés trouvant leur origine dans des ouvrages faits de la main de l’homme, on peut postuler qu’ils ont eu, à un moment donné de leur vie, une qualité suffisante pour assurer un certain niveau de service, puisqu’ils ont été choisis et, à priori, contrôlés par des constructeurs.

Les usages routiers étant considérés comme peu exigeants par rapport aux usages du bâtiment et des ouvrages d’art, on peut également postuler que des matériaux provenant soit d’ouvrages routiers, soit d’ouvrages en béton sont aptes à un usage en viabilité. On peut même ajouter que la raréfaction récente des matériaux de carrière dits « nobles » a pour réciproque que les ouvrages anciens, qui sont à la source des matériaux de

53/121

recyclage, sont très potentiellement faits de ces matériaux plus qualitatifs que ceux employés couramment aujourd’hui. On trouve par exemple la trace de voiries réalisées en grave alluvionnaire, matériau aujourd’hui employé exclusivement pour la production de béton hydraulique (A2C Matériaux, 2007)7.

En d’autres termes, il y a lieu de penser que les matériaux anciens constituent un gisement de matériaux dotés de caractéristiques pertinentes pour les usages considérés dans le cadre de ce mémoire.

Néanmoins, l’expérience montre que ces matériaux aux bonnes qualités intrinsèques sont mélangés, lors des opérations de construction et durant la vie des ouvrages, à d’autres produits dont l’influence est néfaste à la bonne qualité d’un potentiel matériau recyclé : plâtre, plastiques, argiles, bois…

L’enjeu est donc de faire en sorte de séparer le granulat des substances indésirables, qui pourront éventuellement être recyclées par ailleurs. Deux moyens, complémentaires, permettent d’y parvenir.

Le premier, de la responsabilité du recycleur, consiste à sortir les indésirables du matériau reçu : les industriels du secteur se sont dotés de procédures et d’outils pour y parvenir : inspection des chargements entrant, tri manuel, déferrisation… Lorsque ce dispositif fonctionne, le matériau en sortie de chaine de traitement peut être qualifié d’exempt de pollution. Cette affirmation peut être vérifiée grâce, par exemple, au test de caractérisation des matériaux recyclés, défini par la norme EN 933-11 créée pour en quantifier la pollution.

A ce stade, et sous réserve des essais de caractérisation communs aux granulats naturels et recyclés, il est possible pour le producteur de s’engager sur un certain niveau de qualité de production, sanctionné par le marquage CE. Néanmoins, ces procédés de dépollution sont relativement

7 Cette perte de qualité intrinsèque récente est fréquemment compensée par une mise en œuvre plus technique telle que l’usage de liants routiers spécialisés, d’ateliers de malaxage et de compactage plus performants, de correction granulaire.

54/121

laborieux et coûteux, et le nombre d’étapes est déterminé par le nombre de polluants différents plus que par leur proportion.

Le second moyen, une bonne maîtrise des matériaux entrant, par un meilleur tri sur le chantier, sera donc une manière pour le producteur de réduire ses coûts de production (moins d’étapes de tri) et d’améliorer la qualité de celle-ci. Cette optimisation permet de réduire également le coût d’élimination des refus de tri de la plateforme.

6.2.4. Gestion de la qualité des déconstructions – traçabilité

En préambule, on remarque que les apporteurs de déchets dans les plateformes industrielles de recyclage sont assez souvent les clients des matériaux produits par lesdites plateformes. Ce constat est encore plus vrai dans le cadre de valorisation de matériaux directement sur le chantier. L’intérêt de celui qui apporte des matériaux à une plateforme de recyclage est donc de fournir une base de travail de qualité.

Comme vu ci-dessus, le tri sur plateforme de recyclage, et donc le produit de celle-ci, est d’autant moins coûteux que le matériau entrant est propre. C’est pourquoi il est communément admis que le coût de réception des matériaux entrants soit ajusté en fonction de leur qualité, et justifie que les gestionnaires de plateforme de recyclage se donnent toute latitude pour accepter ou non un chargement.

Aussi, il importe pour l’apporteur de déchet de mettre en place une procédure permettant de garantir, aux yeux de celui qui les reçoit, la conformité des chargements qu’il lui envoie, afin de fluidifier sa chaine logistique. En effet, un renvoi de chargement se traduit par le divertissement d’un camion des rotations du chantier, voire le refus préventif des camions suivants. En dehors du surcoût d’élimination des déchets, la productivité du chantier risque de s’en trouver amoindrie. Si l’entreprise fait le choix de ne pas prêter attention à la qualité des chargements qu’elle expédie, elle devra donc assumer des coûts de prise en charge de ses déchets plus importants, et prendre le risque de se passer des services de plateformes de recyclage à proximité au profit d’installations moins strictes mais plus lointaines.

55/121

Dans le cadre de travaux de construction, si l’entreprise de travaux est l’apporteur de déchet, le producteur est toujours le maître d’ouvrage, et celui-ci, au travers de son contrat de travaux, supporte le coût de valorisation ou d’élimination des déchets produits par son chantier. Le rôle du maître d’œuvre vis-à-vis du maître d’ouvrage est donc de bâtir un marché garantissant la gestion la plus optimisée des déchets produits par le chantier, et de faire exécuter celui-ci dans de bonnes conditions.

A ce titre, il convient de noter qu’un tri sur chantier exige de la place : bennes séparées, stock tampon, atelier de tri, etc. L’organisation du chantier doit donc prendre en compte très en amont ces problématiques si le maître d’ouvrage veut se donner les moyens de grandes ambitions à ce sujet : convention de mise à disposition de parcelles voisines, ordonnancement et calendrier du chantier permettant le bon déroulement des opérations de démolition… La configuration des ouvrages construits dans le terrain peut également être impactée par les problématiques de recyclage : l’accessibilité des zones de stockage depuis la voie publique sera-t-elle assurée ?

La conséquence de cette affirmation est que la politique de gestion des déchets d’un chantier repose pour une grande part dans les mains du maître d’ouvrage, et qu’il est du rôle du maitre d’œuvre d’aborder ces éléments suffisamment tôt dans la vie du projet de construction.

Documents relatifs