Gestion pratique de la santé en élevage porcin et avicole : différentes échelles de temps

En écoutant les éleveurs, porcins comme avicoles, on s’aperçoit rapidement que la gestion de la santé n’a pas lieu qu’à un moment t précis. Plusieurs échelles temporelles existent au sein de la gestion de la santé.

2.1.3.1 A l’échelle ponctuelle (non prévu) : gestion d’un problème sanitaire individuel ou collectif

Figure 22 : Démarche de gestion d’un problème sanitaire (production personnelle)

Notons que l’ordre des actions présentées dans la figure 22 et pouvant être mises en place suite à l’observation plus approfondie de l’anomalie repérée peut varier entre les éleveurs. De plus, suite à une observation plus poussée, l’éleveur n’aura pas forcément de diagnostic ce qui le poussera à endiguer le problème (isolement, maîtrise du bien-être, …) et à continuer à chercher la solution autour de lui.

Il arrive que les éleveurs isolent leurs animaux affaiblis ou blessés des autres. En porcin seul P3 ne le fait pas et dans les autres élevages les animaux bénéficient soit de cases ou de salles d’infirmerie spécifiques soit sont placés dans le couloir de leur salle. En avicole A4, A5 et A7 ne le font pas car ils ne trouvent pas le résultat obtenu suffisant par rapport au travail que cela représente. A1, A8 et A9 le font mais pour des productions spécifiques, plus précieuses comme le chapon ou la dinde. Les animaux isolés peuvent alors être mis dans un enclos de fortune dans le bâtiment ou dans le parc de pesée. En porcin comme en avicole la raison évoquée pour justifier l’isolement d’un animal n’est pas vraiment pour éviter des propagations mais plutôt pour protéger l’animal de ses propres congénères et lui permettre de se rétablir au calme.

8 éleveurs sur 18 (P1, P5, A1, A2, A3, A5, A8, A9) ont parlé de leur utilisation de la phytothérapie en cas de problème. 6 autres éleveurs (P2, A1, A2, A3, A6, A9) mentionnent le traitement de l’eau comme action pour apaiser un problème sanitaire.

Par ailleurs en fonction des cahiers des charges, le regard des éleveurs sur les problèmes sanitaires n’est pas le même, comme le dit cet éleveur qui pratique le sans antibiotique à 42 j : « alors excusez-moi l'expression, mais c'était marche ou crève, donc ça veut dire que, autrement dit, ça veut tout simplement dire qu'on ne piquait pas de cochon en engraissement ni en PS, avant le PS si, en post sevrage, les 15 j après le sevrage on piquait et après c'était le dernier quoi » P4

Dans certains cas les éleveurs ont recours à l’euthanasie, technique à laquelle ils sont très peu formés. Anomalie repérée Observation plus approfondie Action - recours aux partenaires (conseil, passage, analyses) - adaptation de l'environnement

- isolement - traitement

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2.1.3.2 A l’échelle quotidienne : l’entretien et le suivi du lot

Au jour le jour, les éleveurs veillent sur leur lot. En général un passage minimum par jour dans chaque salle est réalisé et plus en fonction du stade du lot et de son état sanitaire. Certains éleveurs s’appuient sur leurs outils de pilotage pour réduire leur nombre de passage lorsqu’ils veulent quitter l’élevage pour la journée ou quelques jours. Lors de ces passages, les éleveurs observent leurs animaux. Cela peut avoir lieu à un moment précis de la journée comme pendant le repas des animaux. L’éleveur peut être statique pour observer le lot sans le perturber ou dynamique en faisant le tour des boxes ou en circulant dans le lot. Ils éliminent les cadavres le cas échéant, prennent des notes sur certains paramètres et vérifient le bon fonctionnement et le bon réglage des infrastructures.

Au quotidien les éleveurs prennent également soin de gérer les nuisibles en dératisant, chassant les oiseaux et en faisant en sorte que leur exploitation n’attire pas trop ces animaux (fauchage, nettoyage, stock clos…). Les chiens et/ou chats présents sur l’exploitation y participent aussi comme l’explique l’éleveur P7.

2.1.3.3 A l’échelle du lot/bande : réalisation d’étapes clés de l’élevage

A l’échelle d’un lot différentes étapes doivent être franchies comme le démarrage et le sevrage, diverses interventions dont les vaccinations, les traitements antiparasitaires, débecquage-dégriffage pour certaines productions avicoles, castration, caudectomie et meulage des dents chez certains éleveurs porcins. Différentes analyses sont également obligatoires à l’échelle du lot comme pour les salmonelles en volailles. A la fin du lot, une désinfection et un vide-sanitaire des locaux sont réalisés. Un bilan est en général dressé, selon des modalités qui varient (entre associés, avec le technicien…).

2.1.3.4 A plus grande échelle, régulière : aléas climatiques, prévention et évaluation de la gestion A plus grande échelle de temps on retrouve certaines variations climatiques saisonnières qui engendrent des modifications dans la manière dont l’éleveur suit ses animaux : lors de vagues de chaleur en été et de temps changeant (nuit fraiche, journée chaude) les éleveurs porcins sont sur le qui-vive et tentent de veiller au bien-être de leurs animaux. Côté avicole, les éleveurs parlaient plus des fortes chaleurs estivales très inconfortables pour les volailles et des pluies sur les parcours qui rendent les litières humides par le passage des animaux et les volailles malades par la consommation d’eau de pluie.

Il y a également les rappels de vaccination des truies, divers bilans annuels, différents rendez-vous et

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Conclusion sur la gestion de la santé

Ainsi on peut considérer que la gestion d’une problématique sanitaire ponctuelle et la construction du protocole de prévention d’une exploitation sont connectés par la prévention en réaction, le fait de mettre en place une pratique préventive en réaction à un problème vécu. On peut également intégrer à la gestion sanitaire la prévention par anticipation, qui consiste à se prémunir d’un problème sanitaire sans pour autant y avoir fait face par le passé (Fig. 23).

Figure 23 : Démarche de gestion de la santé (production personnelle)

Si tous les éleveurs agissent à chacune des échelles temporelles identifiées (ponctuelle imprévue, quotidienne, lot/bande, grande échelle planifiée), ce sont leurs pratiques et l’ordre dans lequel elles sont déroulées au sein d’une même échelle de temps qui varie d’un éleveur à l’autre.