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Les regards croisés que les cultures portent les unes sur les autres ont une histoire. Cette histoire, c’est en quelque sorte l’Europe, espace d’histoire et de culture où l’inter-réaction des uns aux autres n’a ja-mais cessé. L’Europe est en somme un continent-dialogue, ou encore un “continent dialogué”, où toujours s’élabore une ininterrompue dialectique entre l’unité qu’implique ce dialogue, et qui comporte un désir profond de s’unir à l’autre, voire d’unir l’autre à soi, appelons cela un désir d’Europe, et par ailleurs des antagonismes en tous sens, avec des alliances temporaires qui durent le temps que se forme une prédominance trop marquée, en somme une sorte d’équilibre politi-que et culturel, religieux même, qui, par essence, est instable (Jean Baechler a très bien décrit cette sorte de jeu de boules sur le billard européen des “grandes puissances”).

Ainsi avons-nous le désir d’une Europe chrétienne, dont Hölderlin fut le chantre le plus mystique, le désir d’une Europe de la raison, ou des Lumières, désir qui engendra l’Europe des révolutions du XIXe siècle. Ou encore le désir d’une Europe du voisin, durant ce que l’on peut appeler des crises d’altruisme, l’anglophilie française du XVIIIe siècle, la polonophilie du XIXe siècle, la russophilie habillée plus tard en soviétophilie, sans parler, si l’on remonte plus avant, de l’italo-manie. L’Europe aime à se chercher des racines communes, à prati-quer des paramnèses, des quêtes du déjà vécu, et la Renaissance fut une de ces paramnèses. Toutefois la connaissance complète de l’Eu-rope est chose presque impossible. On ne peut que faire une addition de nations, et tenter ensuite une synthèse, mais cette synthèse dépend dès le principe de la définition même que l’on donne de l’Europe.

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Ainsi Keyserling, dans son Analyse spectrale de l’Europe parle du paideuma, de “l’âme de culture” ou “atmosphère psychique” qui fait ce qu’il appelle “le style” de chaque peuple européen. L’Europe se-lon lui n’existera que comme unité de style, mais pas de culture, en-core moins de race. L’européanisme n’existe que comme fécondation mutuelle, à l’intérieur d’un système de tensions soumises au principe de solidarité. Et l’européanisme n’aura de sens que si chaque nation européenne est animée par le désir et la volonté de passer d’un stade inférieur à un stade supérieur de développement spirituel et national.

Autrement l’européanisme est lié à un désir de perfectionnement des nations, mais ne peut se développer qu’à condition que ce qu’il ap-pelle l’œcuménisme international, c’est-à-dire le mondialisme, ne se développe pas (“L’idée internationale ne doit donc pas triompher”).

Dans une autre étude j’ai parlé de l’arboretum européen, ce jardin botanique complexe où toutes les espèces doivent être cultivées, et où l’unification ne saurait se faire par l’hybridation simplificatrice. Cha-que espèce doit y avoir son espace, faute de quoi elle disparaîtra, et avec elle l’idée d’Europe, c’est-à-dire l’enrichissement et la différen-ciation nationale dont est tissée l’Europe. Il est beaucoup plus facile de faire une plantation uniforme de pins qu’un arboretum. Le jardin européen ne peut pas relever de l’agriculture extensive, l’Europe ne peut pas être un Middle West.

Dans cet arboretum, dans ce système de tensions entre des styles nationaux qui doivent coexister sans s’écraser l’un l’autre, il restera quelle place pour ce que l’on appelle l’idée nationale, ou le mythe national. Reprenant en quelque sorte l’idée de Dostoevski, abon-damment développée dans plusieurs articles de son Journal d’un écrivain, Keyserling soutient qu’un pays doit être porteur d’une grande idée, mais il ajoute que cette idée peut et doit passer à un stade toujours supérieur. Là est évidemment une difficulté, qui doit nous retenir avant d’analyser le mythe national d’un pays européen particulier. Si les idées ou les mythes nationaux conservent un ca-ractère exclusif l’un de l’autre, ils ne peuvent que freiner, voire blo-quer complètement le sentiment d’appartenance à l’Europe, au style européen. Une autre difficulté est que les nations européennes, sur-tout depuis la fin du communisme et de ce dernier grand empire que fut l’empire soviético-russe, ne vivent pas du tout à la même heure de leur histoire nationale. Les vieilles nations d’Occident ont déjà eu un

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demi-siècle et plus pour adapter leur idée nationale à ce style europ-éen que toutes recherchent plus ou moins. Les nouvelles nations is-sues du démembrement soviétique n’ont pas encore eu ce temps dis-ponible et bienfaisant; la tentation nationaliste de renfermement sur soi est assez naturelle. Dans la chronologie culturelle et politique les nations d’Europe ne vivent pas à la même heure de leur histoire. Le désir d’Europe y est plus ou moins fort, plus ou moins récent, plus ou moins artificiel, ou limité à certaines couches de la société. Les na-tions de l’Est vivent encore à l’heure d’un désir de nation.

Le style de chaque nation ne se transmet pas avec le gène, mais avec le milieu familial et social, et c’est à l’école primaire avant tout que se transmet le mythe national, ou le mythe européen, ou le mythe international de demain. Tous, nous avons reçu de l’école primaire un mythe national. Il peut épouser les dimensions d’une nation, ou d’un canton comme en Suisse, ou d’un empire, comme naguère en Russie, mais sans lui, l’accès à l’espace politique imaginaire serait sans doute impossible. Par exemple, le mythe national que j’ai moi-même reçu était celui prodigué par l’école de la Troisième Républi-que française, avec la Révolution de 89 comme date de naissance de la civilisation, Danton comme héros principal et Robespierre comme héros secondaire, avec la monarchie rassembleuse des terres françai-ses comme préhistoire.

Mais j’étais à l’école primaire pendant l’occupation allemande de la France et en particulier de mon Auvergne natale. L’insigne de l’État français du maréchal Pétain était la francisque de Clovis: on en construisit une de trois mètres dans le village où je passais une grande partie de l’année, et où j’allais à l’école. Les maîtres nous parlaient de Vercingétorix dont la statue équestre sculptée par Bar-tholdi orne toujours le centre de la Place de Jaude, la place de Cler-mont-Ferrand (ce qui confirmait, et illustrait à mes yeux d’enfant, le mythe gaulois fabriqué sous la Troisième République et poursuivi pendant la période de l’État vichyssois). On célébrait la résistance aux Romains et de beaux rassemblements de jeunesse avaient lieu sur le plateau de Gergovie, au dessus de Clermont, où l’on a retrouvé les traces du campement militaire de Vercingétorix.

Mais comme mes parents écoutaient la radio gaulliste de Londres, les fameux trois coups des émissions de Maurice Schumann, et que je voyais les arrestations par la Gestapo dans les rues de ma ville (ma

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mère me dit une fois: “Regarde cela et ne l’oublie jamais!”), comme mon père, limogé par le régime de Vichy, attendait une arrestation qui ne vint pas, le mythe historique scolaire entrait en collision avec un mythe vivant de la résistance clandestine. Sitôt la Libération ve-nue, la glorification de la Résistance fut assimilée à la poursuite de l’œuvre de Sadi Carnot, à Valmy, et à Verdun (mais le héros de Ver-dun n’était plus mentionnable), c’est-à-dire que le mythe révolution-naire s’assimila un chapitre de plus, et, pour la joie des cœurs, des films bien intentionnés en tous points vinrent l’illustrer et, par exem-ple, La grande vadrouille de Gérard Oury en est le meilleur exemple.

Ce mythe scolaire historique était particulièrement ambigu: les Philo-sophes, Valmy, le Code Napoléon semblaient en continuité, et si l’on y ajoutait la lecture de Stendhal, le tableau était conforté par la magie du Rouge et le Noir. Les manuels que j’eus au lycée étaient ceux de Mathiez, le chantre de la Révolution et du robespierrisme et du saint-justisme, mais les massacres de Septembre, les noyades de Carrier à Nantes et à Lyon, ou encore la résistance de la Vendée étaient peu compréhensibles dans ce contexte. Certes Victor Hugo, beaucoup lu encore à mes années d’études, alors qu’aujourd’hui un écolier fran-çais ignore tout de lui, conférait son souffle épique à la magie de Quatre-Vingt-Treize. Plus tard je lus Michelet, son Histoire de la Révolution, et je vis que même cet historien au souffle épique lui aus-si présentait une histoire de la Révolution plus nuancée que Mathiez, et que son portrait de la Gironde était beaucoup plus subtil, que Danton était son héros, et pas Robespierre. D’ailleurs ce point de vue triomphait dans la toponymique française car, vous pouvez le vérifier dans toutes les villes de France, sauf peut-être à Arras, je ne sais, el-les ont toutes des rues ou des places Danton, mais des rues ou des places Robespierre, point! Quant à Napoléon, c’était un peu la fin de son culte. Je lus encore les ouvrages sur l’empereur de Madelin, au-jourd’hui plus un écolier ne les lit. Nul ne pose mieux que Michelet la définition de la nation nouvelle, née du mythe de la Révolution.

Ecoutons-le:

La France, sortie de l’âge barbare, ne pouvait plus se contenter de la fausse unité royale, qui, si longtemps, avait couvert une désunion réelle.

Elle ne pouvait pas davantage accepter la faible unité fédérative des États-Unis ou de la Suisse, qui n’est rien autre chose qu’une discorde

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consentie. Revenir à l’une ou l’autre de ces formes imparfaites, c’était ou périr, ou descendre, baisser dans l’échelle des êtres, tomber au niveau des créatures inférieures qui n’ont pas besoin d’unité. Du premier jour où la France entrevit l’idée sublime de l’Unité véritable (ce but lointain du genre humain), elle fut ravie en esprit, saisie au cœur de le religion.

Ici nous trouvons le mysticisme de la Révolution, de l’Unité, et la mystique nouvelle de la nation citoyenne reliée au mythe naissant de l’Unité du genre humain tout entier.

Récemment nous avons eu en France une bruyante polémique sur le baptême de Clovis, et la signification de ce roi dont tous les ma-nuels anciens disaient qu’il avait baptisé la France, et fait son unité.

L’idée même de célébrer le mille cinq centième anniversaire de son baptême par saint Rémy fut attaquée comme grotesque et dange-reuse. Des livres, des émissions de télé alimentèrent sans fin la polé-mique. Bien sûr le royaume franc de Clovis n’avait pas encore du tout le contour de la France, ni territorialement, ni culturellement.

Mais peu importe, Clovis faisait partie de notre mythe national, au-tant que Vercingétorix avec sa statue par Bartholdi. Soit dit en pas-sant, cette statuaire française de la Troisième République a beaucoup fait pour mettre le mythe en bronze, puisque il est également l’auteur du fameux Lion de Belfort sur une des grandes places de Paris, ce lion puissant et déterminé qui transforma la défaite devant la Prusse en 1870 en une victoire morale (la division territoriale française est également encore marquée par le “Lion”, puisque le Territoire de Belfort, tellement plus petit que la moyenne des départements fran-çais a subsisté et subsiste aujourd’hui). Quant au mythe de Vercin-gétorix, il a été réemployé d’abord et avant tout par Goscinny et Uderzo dans les albums de bandes dessinées d’Astérix mais aussi par le président Mitterrand qui avait pensé un moment se faire enterrer à Alésia, sur l’oppidum où Vercingétorix fut battu par les Romains. Le pape Jean-Paul II dut tenir compte de la polémique autour de Clovis (et autour du rôle de l’Église dans la formation de la France). On sait qu’en 1981, lors d’un premier voyage en France, il s’adressa à ce pays en l’apostrophant ainsi: “France, qu’as-tu fait de ton baptême?”.

En 1996, instruit par les polémiques, à Reims, sur les lieux dudit baptême, il battit en retraite, et ne parla plus du baptême du roi franc que comme d’un baptême individuel (ce qui n’empêcha pas les

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francs-maçons de se réunir à Valmy, sur le champ de bataille pour protester contre cette nouvelle venue du pape en France et son ing-érence dans nos mythes nationaux). Cette histoire est instructive si on la compare à la célébration en Russie gorbatchevienne du millénaire du Baptême de la Russie. Baptême forcé dans le Dniepr, baptême très politique, qui fut célébré comme la naissance d’une nation chré-tienne: le patriarche Alexis n’avait pas à tenir compte des mêmes résistances que Jean-Paul II, car le mythe national russe étant en-tièrement à reconstruire. De plus l’orthodoxie a conservé aujour-d’hui, ou plutôt a recouvré un rôle d’identificateur, ou de marqueur national auquel les églises chrétiennes, même la catholique, ont re-noncé en Occident, et en tout cas ne peuvent plus prétendre.

Même dans l’histoire littéraire il y avait un puissant mythe à l’œuvre, et en particulier le laïcisme actif, militant de la Troisième République interdisait que l’on étudiât la France catholique, je con-naissais donc Montaigne et Rabelais (expurgé, bien entendu), mais nullement Agrippa d’Aubigné, Calvin ou Théodore de Bèze, non plus que saint François de Sales. Or comment comprendre la France de la Renaissance et de la Réformation sans ces puissants poètes et écri-vains? Plus récemment les écrivains français collaborationnistes, comme Rebattet, Céline, Châteaubriant, et bien d’autres posent des problème de type mythique. Céline est entré dans le Panthéon de la Pléiade, mais il est sauvé par le style, qui efface le péché idéologique, pourtant si patent chez lui. Les autres, au contraire, sont voués aux gémonies. Vichy est une page de notre histoire qui empoisonne rétrospectivement et lentement notre vie nationale, à retardement, de façon insidieuse (en s’éloignant dans le temps, les acteurs de la polémique ne sont plus ceux qui ont vécu les événements, de même que le jury d’assises qui jugera l’ancien secrétaire général de la préfecture de la Gironde, M. Papon, sera un jury d’hommes jeunes qui n’auront pas du tout connu l’Occupation et les déportations). Le problème de la responsabilité de la nation française dans les méfaits du régime de Vichy pose en effet le problème du choix des conti-nuités. Ma génération a vécu dans le mythe sans doute simplificateur de la continuité jacobine et morale: de Gaulle l’incarnait, même s’il n’était suivi que par une poignée d’hommes au début, même s’il avait dû fuir à Londres alors que la majorité de la France était pétainiste.

L’autres continuité est celle de l’État, un État organique qui

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s’appuyait sur tous les mythes de la continuation depuis Vercingéto-rix, en passant par Jeanne d’Arc, et jusqu’à l’Ossuaire de Douau-mont. Les actes de repentance qui émanent aujourd’hui de l’Église de France et même de l’État français, puisque le président Chirac, au contraire du général de Gaulle, a reconnu la continuité et donc la res-ponsabilité de notre État dans les crimes de Vichy, ont réintroduit l’idée d’une continuité organique de la nation, contre la thèse volon-tariste et gaullienne d’une continuité idéale, rêvée, comme celle dont parle Michelet: “L’Unité, ce rêve éternel de l’Humanité! Le jour où l’on crut la tenir, où l’on crut la réaliser dans la grande société qui, depuis 89 menait les destinées humaines, un vertige fanatique tourna les esprits!”.

Le président Mitterrand faisait déposer chaque année une gerbe de fleurs sur la tombe du maréchal Pétain à l’île d’Yeu, pour célébrer le vainqueur de Verdun. Le vainqueur de Verdun avait pourtant été l’auteur des lois scélérates antijuives de 1940-41 (anti-étrangers aus-si), il avait été condamné à mort à la Libération, peine commuée en détention à vie. Il y avait donc deux logiques mythiques qui s’affron-taient pacifiquement: celle du héros républicain de Verdun, celle du traître de Vichy. Le dépôt discret de fleurs était un compromis entre les deux mythes nationaux qui partagent encore la France. Au-jourd’hui il y a à la fois affaiblissement du mythe de la Résistance, reconnaissance de la continuité étatique, et crise d’autorepentance.

Un autre moment critique de notre vie nationale mythique en France a été l’inauguration du monument à la Vendée par M. de Villiers en la présence de l’écrivain russe Alexandre Soljénitsyne le 25 septem-bre 1993. Seul l’écrivain russe vint légitimer ce retournement du mythe, et ses motivations à lui sont très évidentes, mises en relief d’ailleurs dans son discours: la Vendée est par lui assimilée aux soulèvements paysans contre la dictature communiste, en particulier aux soulèvement de Tambov en 1920-21 et de Sibérie occidentale en 1921. “Je ne souhaite à aucun pays de ‘Grande Révolution’. Celle du XVIIIe siècle n’a pas anéanti la France seulement parce qu’il y eut Thermidor”, déclara l’écrivain russe en Vendée, montrant bien ainsi qu’il était venu pour renverser un mythe historique fondateur. En France même le livre le plus destructeur du mythe fut celui de l’historien François Furet, lequel s’est d’ailleurs attaqué ensuite au mythe bolchevique du XXe siècle dans Le passé d’une illusion,

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vrage qui, après avoir reçu des éloges, commence a être insidieuse-ment attaqué de plusieurs côtés, car le mythe révolutionnaire, actuel-lement malmené de toutes parts, est loin d’être mort, et prend, pren-dra sa revanche inéluctablement.

Le mythe historique s’affaiblit en France, et par contrecoup le public n’a jamais sans doute été si friand d’ouvrages historiques. Certes il y eut l’École des Annales qui a engendré un autre type d’histoire, celle des mentalités, et celle de la longue durée, celle des comportements économiques et sociaux, voire même imaginaires, c’est-à-dire une histoire qui obéit à une tout autre chronologie que l’événementiel. Et pourtant voici revenu le temps des biographies, en particulier celle de personnages du Moyen Age. Il est frappant que ce soit avant tout le Moyen Age qui occupe aujourd’hui l’imaginaire historien du public, avec des livres comme le Saint Louis de Jacques Le Goff, les ouvra-ges de Régine Pernoud, ceux d’Emmanuel Leroy-Ladurie: nostalgie d’un retour aux sources prérévolutionnaires, à une période fondatrice mais en somme extérieure aux débats mythiques engendrés par la Révolution.

L’épisode le plus malsain de la concurrence des mythes histori-ques en France concerne sans conteste l’histoire de la persécution des juifs en notre siècle. Le “révisionnisme” date maintenant de plus d’une décennie. Il a eu ses “héros”, comme l’obscur professeur de li-ttérature anglaise de Lyon M. Faurisson, devenu célèbre par sa néga-tion de l’holocauste. Le faux historien fait semblant d’exiger pour mieux étudier la “solution finale” les mêmes sources et recoupements de témoignages que l’historien classique, il profite des premiers chif-fres gonflés pour les victimes d’Auschwitz. Les témoins ne sont plus là. Et les rares rescapés ont connu un puissant syndrome du camp,

L’épisode le plus malsain de la concurrence des mythes histori-ques en France concerne sans conteste l’histoire de la persécution des juifs en notre siècle. Le “révisionnisme” date maintenant de plus d’une décennie. Il a eu ses “héros”, comme l’obscur professeur de li-ttérature anglaise de Lyon M. Faurisson, devenu célèbre par sa néga-tion de l’holocauste. Le faux historien fait semblant d’exiger pour mieux étudier la “solution finale” les mêmes sources et recoupements de témoignages que l’historien classique, il profite des premiers chif-fres gonflés pour les victimes d’Auschwitz. Les témoins ne sont plus là. Et les rares rescapés ont connu un puissant syndrome du camp,