4.4 Production d’un gaz quasi-2D
4.4.1 Gaz quasi-2D dans le pi`ege habill´e
Dans notre exp´erience, nous tirons parti de l’anisotropie naturelle du pi`ege
quadru-polaire habill´e et de sa souplesse pour produire des nuages fortement confin´es dans la
direction z. Comme nous l’avons discut´e au §4.2.3, une mani`ere efficace d’accentuer
l’anisotropie du pi`ege est d’augmenter simultan´ement le gradient magn´etique et la
fr´e-quence rf. Si le changement est proportionnel pour les deux quantit´es et est r´ealis´e `a
couplage constant
5, le rayon du pi`ege reste constant. Cela r´esulte en une augmentation
de la fr´equence verticale sans changer les fr´equences horizontales, le rapport des
fr´e-quences variant comme 1/b
′. Le nuage est alors simplement comprim´e dans la direction
verticale, et pour cette raison nous appelons cette proc´edure la «compression».
La proc´edure de compression est appliqu´ee une fois les atomes transf´er´es dans le
pi`ege habill´e de d´epart `aω
rf= 2π×1,2 MHz etb
′= 55,4 G·cm
−1, comme cela est d´ecrit
dans la partie §4.3.1. En pratique, le rayon du pi`ege n’est pas toujours gard´e constant
pendant la compression, et cela pour deux raisons. La premi`ere est la possibilit´e
d’ex-ploiter une vari´et´e de pi`eges `a gradient magn´etique maximal b
′= 216 G·cm
−1sans
nous limiter `a ω
rf= 2π×4,7 MHz. La deuxi`eme raison est technique : pour assurer le
suivi du spin atomique lors d’une rampe discr`ete sur ω
rf, le saut de fr´equence ne doit
pas exc´eder 400 Hz. Or le nombre de points de m´emoire produits par le synth´etiseur
responsable de la rampe d’habillage (chargement et compression) est fix´e `a 2×10
4, et
cela nous am`ene `a limiter la dur´ee de la rampe de compression
6`a 100 ms. Cependant,
nous avons constat´e exp´erimentalement que le nuage atomique est moins excit´e apr`es
la compression si la rampe sur le gradient magn´etique dure au moins 300 ms. C’est
pourquoi la rampe sur la fr´equence rf est plus courte et se termine avant celle sur le
gradient magn´etique.
On peut atteindre des fr´equences d’oscillation tr`es grandes dans le pi`ege habill´e
comprim´e `a gradient maximal. Pour une fr´equence rf de 2,336 MHz, on obtient ν
z=
1,93±0,01 kHz — mesur´ee par excitation dipolaire comme d´ecrit au§4.3.2.2et corrig´ee
de l’amplitude d’oscillation — voir figure 4.8(a). Une spectroscopie du pi`ege donne
Ω0 = 27,7±0,1 kHz, figure 4.8(b). En utilisant la formule (4.11c) avec cette valeur de
fr´equence de Rabi, on obtient ν
z= 1,950±0,004 kHz qui est en bon accord avec la
mesure exp´erimentale directe. Comme la mesure de la fr´equence verticale peut d´ependre
de l’amplitude d’oscillation (effets d’anharmonicit´e), nous faisons confiance plutˆot `a la
d´etermination de la fr´equence de Rabi par spectroscopie suivie du calcul de ν
zpar
l’´equation (4.11c). La fr´equence radiale pour ce pi`ege calcul´ee `a partir de l’´equation
(4.16a) est ν
r= 27 Hz.
Une compression adiabatique du nuage est accompagn´ee d’une augmentation de
temp´erature. Pour la limiter, on applique un couteau d’´evaporation 64 kHz au-dessus
de la fr´equence d’habillage pendant l’´etape de compression. Cela conduit `a un
refroi-dissement par ´evaporation et nous permet de pr´eparer de nuages d´eg´en´er´es quasi-purs
contenant typiquement 2 ×10
4atomes, voir la figure 4.9. La valeur du couteau
d´e-5. En pratique, une l´eg`ere diminution du couplage accompagne l’augmentation de la fr´equence rf,
ce qui va dans le sens de rendre encore plus anisotrope le pi`ege.
6. L’intervalle de temps entre deux points est constant, et la dur´ee de la rampe de chargement est
de 300 ms.
4.4 Production d’un gaz quasi-2D 97
Figure 4.8 – (a) Oscillation dipolaire selon z dans le pi`ege habill´e comprim´e,
mesur´e apr`es 25 ms de temps de vol. Chaque point est la moyenne de trois
mesures, et les barres d’erreur estiment l’incertitude statistique. Les donn´ees
exp´erimentales sont ajust´ees `a une courbe sinuso¨ıdale, ligne rouge, qui donne
1,88±0,01 kHz. Des donn´ees similaires ont ´et´e prises `a plusieurs amplitudes
d’oscillation, conduisant `aν
z= 1.93±0.01 kHz, valeur corrig´ee pour une
ampli-tude nulle. (b) Spectroscopie rf du pi`ege quadrupolaire habill´e dans les mˆemes
conditions. La ligne rouge est un ajustement lorentzien des donn´ees, dont on
d´eduit la fr´equence de Rabi Ω0 = 2π×27,7±0,1 kHz.
(a) : Dipolar oscillation alongz in the compressed trap, measured after a 25-ms
time-of-flight. Each point is the average of three measurements and the error bars estimate
the statistical uncertainty. The solid line is a sinusoidal fit to the experimental data
and gives 1.88±0.01 kHz. Similar data taken with different oscillation amplitudes
yield an oscillation frequency of ν
z= 1.93±0.01 kHz, corrected for the oscillation
amplitude. (b) rf spectroscopy in the dressed quadrupole trap in the same conditions.
The solid line is a Lorentzian fit to the data. From this measurement we deduce a
Rabi coupling of Ω
0= 2π×27.7±0.1 kHz.
termine la temp´erature du gaz et peut ´evidemment ˆetre ajust´ee. Avec les param`etres
mentionn´es et en utilisant la formule (1.16) pour calculer le potentiel chimique 3D, on
obtient µ
3D/(~ω
z) = 0,55. On rentre dans le r´egime quasi-2D. Le calcul du potentiel
chimique 2D par la formule (1.17) donne µ
2D/(~ω
z) = 0,37.
La figure4.9pr´esente l’image par absorption du gaz dans le pi`ege habill´e comprim´e
avec les param`etres donn´es plus haut. L’image est prise apr`es un temps de vol de 25 ms,
le faisceau d’imagerie est align´e avec la direction y. `A partir de cette image, nous
pouvons mesurer le nombre total d’atomes, la temp´erature et la fraction coh´erente.
Apr`es l’expansion, le nuage pr´esente une distribution bimodale. Le pic coh´erent est
tr`es anisotrope : le profil de densit´e exhibe une forme Thomas-Fermi dans le plan
horizontal et gaussien dans la direction verticale, `a cause du confinement du gaz dans
l’´etat fondamental transverse.
La temp´erature obtenue en ajustant le gaz thermique avec une gaussienne est de
112 nK, telle quek
BT /(~ω
z) = 1,2. Le gaz thermique n’est pas vraiment bidimensionnel
Figure 4.9 – (a) Image par absorption horizontale du gaz lib´er´e du pi`ege
quadrupolaire habill´e comprim´e apr`es 25 ms de temps de vol. Les fr´equences
du pi`ege sont ω
r= 2π ×27 Hz et ω
z= 2π× 1.93 kHz. Le profil de densit´e
est ajust´e par le produit d’une gaussienne et d’un profil Thomas-Fermi int´egr´e
selon y, l’orientation du nuage ´etant un param`etre libre de l’ajustement. Une
fraction thermique r´esiduelle est aussi prise en compte avec une autre
distri-bution gaussienne. (b), (c) : Profils de densit´e et ajustements int´egr´es selon x
et z, respectivement. Le profil horizontal de la fraction coh´erente est une
pa-rabole int´egr´ee, et vient du profil initial 2D Thomas-Fermi dans le pi`ege. Le
profil vertical est gaussien, les atomes ´etant initialement confin´es dans l’´etat
fondamental selon z.
(a) Horizontal absorption imaging of the atomic cloud released from the strongly
confined dressed quadrupole trap, after a 25-ms time-of-flight. The trap frequencies
areω
r= 2π×27Hz andω
z= 2π×1.93 kHz. The density profile is fitted by the product
of a Gaussian with an integrated Thomas-Fermi profile, the cloud orientation being
a free fit parameter. A background thermal fraction is also taken into account with
another Gaussian distribution. (b), (c) : Integrated density profiles and integrated
two-dimensional fits along the x andz directions, respectively. The horizontal profile
of the coherent fraction is an integrate parabola, and originates from the initial
two-dimensional parabolic Thomas-Fermi profile in the trap. The corresponding integrated
z-profile is Gaussian, the atoms being initially confined to the vertical ground state
of the anisotropic trap.
4.4 Production d’un gaz quasi-2D 99
profondeur du pi`ege avec le couteau. Cela am`ene `a des nuages sans fraction thermique
d´etectable. Dans ce cas, la temp´erature peut ˆetre estim´ee en extrapolant des mesures
de la temp´erature en fonction de la profondeur du pi`ege, comme nous le ferons dans le
prochain chapitre.
Figure 4.10 – Taille rms verticale du gaz quasi-2D, lib´er´e d’un pi`ege tr`es
anisotrope, en fonction du temps de vol. Chaque point exp´erimental correspond
`a la moyenne de la taille rms sur trois mesures, avec les barres d’erreur indiquant
l’incertitude statistique. Les donn´ees sont compar´ees avec l’expansion de l’´etat
fondamental de l’oscillateur harmonique (courbe bleue en tirets), et avec le
mod`ele hybride de la r´ef´erence [81] (courbe rouge pleine).
Vertical rms size of the expanding quasi two-dimensional gas released from the
stron-gly anisotropic trap. Each experimental point (dots) gives the rms size averaged over
three shots, with the statistical uncertainty indicated by the error bars. The points are
compared with the expansion of the ground state of the harmonic oscillator (dashed
blue line) and with the scaling model of Ref. [81] (solid red line).
Dans le r´egime quasi-2D, l’expansion du gaz peut ˆetre d´ecrite analytiquement en
utilisant un ansatz hybride gaussien-parabolique [81]. `A tout instant, le profil du gaz
est restreint `a une forme parabolique dans le plan radial et `a une gaussienne selon la
direction tr`es confin´ee z. Nous avons analys´e le comportement de la taille rms verticale
apr`es temps de vol d’un gaz d´eg´en´er´e quasi-pur contenant 10
4atomes `a 126 nK, voir
la figure 4.10. La fr´equence verticale du pi`ege utilis´e a ´et´e augment´ee jusqu’`a 2,4 kHz
par diminution de la fr´equence de Rabi `a 18,3 kHz. La fr´equence d’habillage ´etait de
3 MHz, et la fr´equence d’oscillation radiale 24,6 Hz. Avec ces param`etres, on a k
BT ≃
~ω
zet µ
2D/(~ω
z) = 0,20. La taille rms selon z est compar´ee `a l’expansion d’un gaz
id´eal dans l’´etat fondamental de l’oscillateur harmonique vertical et `a la taille rms
donn´ee par l’expansion d’un ansatz gaussien. Nos donn´ees s’accordent bien avec le
seulement `a des petites valeurs de temps de vol, o`u la grande densit´e atomique sature
l’absorption au centre du nuage et conduit `a une surestimation syst´ematique de la taille
rms.
Dans le document
Condensat de Bose-Einstein dans un piège habillé: modes collectifs d'un superfluide en dimension deux
(Page 97-101)