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Gaétan répare sa bévue

Dans le document Les jeux d'Hubert, Denis Rouleau, ofs (Page 103-109)

Gaétan se disait qu’il lui fallait faire face à ses responsabilités en rencontrant ses parents dans son état détrempé ; cependant, ses vêtements avaient séché au grand air et il ne paraissait presque plus qu’ils avaient été tout mouillés, imbibés d’eau. Alors Gaétan décida de jouer serrer. Il ne parla pas de sa journée pour ne pas être tenté de dire des mensonges. Il vanta plutôt son bicycle qu’il aimait beaucoup. Et il remerciait encore son père et sa mère de lui avoir fait un si beau cadeau.

Comme ses parents l’avaient vu au grand jour, il se sentit sorti de l’impasse de leur avouer sa mésaventure avec le bicycle et la plonge dans l’immense Lac aux Gre-nouilles.

Comme ils soupèrent assez tôt, car le père de Gaétan avait rendez-vous avec des Chevaliers de Colomb, Gaétan, son père étant déjà parti, demanda à sa mère :

– Maman, est-ce que je peux aller jouer chez Hubert ?

– Ils n’ont peut-être pas fini de souper, attends un peu et tu pourras y aller.

– En attendant, je vais aller jouer avec mon vélo. Vers quelle heure pourrais-je aller chez Hubert sans les déranger ?

– Vers 6 heures.

Gaétan traduisit l’heure en 18 h. Il regarda sa montre numérique et il lui restait 20 minutes à attendre avant de rejoindre Hubert. Il décida de regarder comment son bicycle était fabriqué. Il était alors 5 h 40 ou 17 h 40 ou encore cinq heures moins vingt.

Il étudia le dérailleur, à savoir : comment fonctionnait le changement de vitesse ? Il s’aperçut que la commande de changement de vitesse était liée au dérailleur. Le dé-railleur s’occupait des engrenages de la cassette. La cassette étant cette série d’engrenages allant du plus petit au plus grand et située sur le moyeu de la roue arrière.

Six heures sonnèrent sur l’horloge grand-père de la maison ; Gaétan l’entendit et partit immédiatement chez Hubert.

– Bonsoir, Hubert ! Tu sais je n’ai pas eu besoin de mentir, car mes parents ne m’ont pas posé de questions sur mes vêtements ni sur l’après-midi passé en ta compagnie. S’il m’avait questionné, je leur aurais dit la vérité et rien d’autre, j’étais prêt !

Gaétan était tellement content de ne pas avoir eu à raconter son après-midi qu’il défila tout d’un coup ce qu’il avait sur le cœur. Il était sérieux à propos de la vérité à dire.

– Bonsoir, Gaétan ! Tu as bien soupé ? Moi, j’ai mangé du poisson, du goberge à saveur de crabe, dit Hubert.

– Si l’on allait réparer les bris dans le Lac que j’ai pu faire en y tombant, suggéra Gaé-tan.

– Que veux-tu dire par les bris que tu as faits ? demanda Hubert.

– Bien ! La plage, par exemple, tu as vu qu’avant ma plonge elle était très lisse et unie, alors que maintenant, il y a des traces de pneus, de roues, des traces de pas et des trous qui n’ont pas à faire là ! répondit Gaétan.

– Ah ! C’est ce que tu veux dire par les bris que tu as faits, reprit Hubert. – C’est ce que je veux dire ! Rien de plus rien de moins, confirma Gaétan. – Comment penses-tu réparer ça ? demanda Hubert.

– En remettant la plage comme elle était avant ma plonge. Faire disparaître les traces de pneus, de roues, les traces de pas et les trous qui sont maintenant remplis d’eau. En utili-sant un râteau, on peut y arriver ; veux-tu m’aider ? demanda Gaétan.

– Oui, je vais t’aider à remettre le tout en place. Viens, chez nous, on a un râteau ; on va l’emprunter, suggéra Hubert.

Ils allèrent chercher le râteau et l’amenèrent au Lac. Ils ratissèrent la plage en-dommagée et réparèrent toutes ses cicatrices afin de les remettre lisses comme elles étaient avant la plonge de Gaétan. Ils réussirent leur ouvrage de restauration. Ils terminè-rent leur travail juste avant la nuit tombante. À partir de cette heure, ils s’en retournèterminè-rent chacun chez soi.

Hubert prit grand soin de rapporter le râteau là où il l’avait pris, c’est-à-dire dans la remise bâtie à cet effet. Ayant demandé les clefs pour l’ouvrir, il la referma avec la clef et alla porter la clef à sa mère à la maison.

La nuit était déjà tombée quand Hubert ouvrit la porte de la maison pour y entrer. Toute la famille, à l’exception de Laura qui était à Montréal, regardait la télévision, un film d’horreur dont la dernière des filles était particulièrement friande.

Comme il était fatigué, il monta se coucher dans sa chambre au 2e étage. Il s’endormit tout de suite. Durant la nuit, il rêva qu’un gros accident arriva dans le Lac aux Grenouilles dans lequel beaucoup de grenouilles moururent comme frappées par un projectile énorme. Ce mauvais rêve tourna au cauchemar quand il vit que les grenouilles arrivèrent dans la maison avec toutes sortes de pansements et que les grenouilles étaient toutes de la taille et de la grosseur d’une personne humaine. La maison était remplie de grenouilles qui commencèrent à se lamenter à sa mère et à son père du mauvais traite-ment qu’elles recevaient dans le Lac aux Grenouilles. Il se réveilla en sursaut quand une grenouille commença à le lécher de sa langue gluante. Il était tout en sueur.

Il mit un certain temps à comprendre que ce n’était qu’un cauchemar ; une fois compris, il se rendormit sans faire de cauchemar ni de mauvais rêve pendant le reste de la nuit.

Au matin, il se réveilla frais et dispos, ayant dormi ses 10 heures aisément comme il le faisait toutes les nuits d’ailleurs. Il s’habilla et fit sa toilette, en faisant plus de bruit avec l’eau qu’en se lavant, puis il déjeuna de pains grillés et de fromage. Il était prêt pour une journée de jeu avec ses amis Gaétan et Gontran. À quoi allaient-ils jouer ? Quels jeux inventeraient-ils ?

Il se rendit au Lac pour s’assurer que son cauchemar n’était qu’un cauchemar. De toute façon, ça me fera le plus grand bien de voir des grenouilles pétantes de santé comme moi. Ça me fera oublier les relents du cauchemar ; en effet, il reste toujours quelques effluves à un cauchemar dont il est difficile de se débarrasser. Ainsi, les gre-nouilles à taille humaine représentaient les gregre-nouilles qui étaient très aimées d’Hubert.

Ayant amené son bâton de pêche et quelques vers de terre, il décida de capturer quelques spécimens de grenouilles pour bien les voir dans ses mains, et une fois libérées des mains de son possesseur, les grenouilles jouissaient de la plus grande liberté que n’importe quel animal sur toute la terre.

Hubert taquina quelques grenouilles avec son ver attaché au bout d’une ficelle blanche qu’il balançait au-dessus des narines des grenouilles. Quand la grenouille

mor-dait, il levait le bâton et donnait un léger coup vers le haut pour qu’elle gobe bien le ver

de terre et se détache ainsi de la ficelle blanche et tombe dans l’eau avec un plouf caractéristique.

Tout à coup, il vit Gaétan qui arrivait par l’entrée de feuilles mortes. – Bonjour, Hubert ! Ça fait longtemps que tu es arrivé ?

– Bonjour, Gaétan ! Non. 10 minutes au plus. J’ai eu le temps de pêcher quelques gre-nouilles qui sont toutes tombées dans l’eau après qu’elles eurent mordu au ver de terre. – Je n’ai pas ma canne à pêche !

– Viens, nous irons la chercher dans la cave. Tu te rappelles où tu l’as rangée.

Ils partirent chercher la canne appartenant à Gaétan. Hubert qui avait aperçu une tortue aux abords du Lac, près de l’entrée tapissée de feuilles mortes et cachée par des arbustes de toutes sortes, ne cessait de regarder pour l’apercevoir encore une fois. S’il la voyait en compagnie de Gaétan, il la capturerait pour quelques jours et la nourrirait de vers de terre. Gaétan, il pourrait le convaincre de ne pas garder indéfiniment la tortue de peur de la faire mourir. Ils la relâcheraient au même endroit qu’ils l’auraient capturée en lui ajoutant de la nourriture pour quelques jours.

Cela faisait plusieurs fois qu’Hubert passait par ce chemin près de l’entrée des feuilles mortes, et regardait partout pour l’apercevoir afin de la capturer. Nenni, elle semblait invisible. Hubert cherchait aussi des traces que la tortue aurait pu laisser si elle avait été dans un environnement de sable fin, par exemple ; par conséquent, la tortue était incapable de reconnaître les traces qu’elle laissait derrière elle, après son passage. Aussi, ne regardait-il pas que la tortue elle-même, mais les traces qu’elle pouvait laisser derrière elle.

Hubert se décida de parler à Gaétan de la tortue qu’il avait vue aux alentours de l’entrée de feuilles mortes. Gaétan lui répondit qu’il ferait attention pour la découvrir. Hubert lui expliqua aussi les traces qu’elle pouvait laisser derrière elle. Gaétan lui ré-pondit qu’il aurait l’œil ouvert.

ap-– Au revoir, Gaétan ! – Au revoir, Hubert !

Les yeux regardant par terre, Hubert cherchait toujours la tortue. Gaétan, un peu plus étourdi qu’Hubert ne regardait pas où il marchait quand son pied heurte soudain comme une pierre plate sous les feuilles mortes. Tout à coup, la pierre plate se met à bouger d’elle-même.

– La tortue, je l’ai trouvée, elle est là, elle est là ! dit Gaétan dans son excitation. – Où ça ?

– Là ! Là ! Près de la grosse roche ! dit Gaétan plus énervé que de coutume. – Je la vois ! Je la vois !

Et Hubert se pencha et attrapa la tortue que Gaétan avait débusquée ! La tortue ne marchait pas très vite, mais très lentement et sa démarche semblait hésiter. En fait, c’était une tortue d’eau douce, une tortue aquatique et sa démarche sur la terre ferme laissaient deviner un grand handicap dans ses pattes, ce qui n’était pas le cas lorsqu’elle se trouvait dans l’eau, car ses pattes avaient la forme de nageoire.

– C’est une tortue aquatique ! dit Hubert.

– Où as-tu appris cela ? Qu’est-ce qu’une tortue aquatique ?

– C’est en étudiant les grenouilles, j’ai bifurqué sur les tortues du Québec et j’ai trouvé des tortues aquatiques. Elles sont protégées par des lois. Nous ne sommes pas censés les capturer ni les élever, c’est interdit ! De plus, c’est très difficile à nourrir. Je crois que nous ferions mieux de la laisser à son habitat naturel !

– Si c’est si difficile que cela à nourrir, nous avons intérêt à la relâcher comme tu le dis si bien.

– On pourrait essayer de lui donner un ver de terre, si elle le mange on lui en donne un autre, sinon on lui enlève. Regarde dans le bocal à ver s’il reste un ver de terre.

– Donnons-lui le ver pour voir si elle le mangera. – Regarde, elle le mange. En as-tu un autre ver ? – Oui. Tiens je te le donne.

La tortue était affamée. Elle n’a pas laissé le moindre morceau, elle a tout mangé. Dommage que les tortues ne s’élèvent pas à venir chercher leur nourriture elle-même, on ne doit pas les approvisionner.

– On n’a qu’à regarder sur la Toile pour savoir comment prendre soin d’une tortue aqua-tique. Prenons des notes chacun de notre côté et on mettra nos notes en commun pour trouver les réponses à des questions qu’on ne manquera pas d’avoir.

Les deux amis se rendirent chez eux pour étudier sur la Toile le ou les meilleurs sites qui parlent de la nourriture des tortues aquatiques de chez nous. Puis une fois les sites trouvés, ils les mettront en commun pour en retirer le plus possible d’information. – En premier, on doit d’abord découvrir correctement le type de notre tortue afin que l’on évite des activités qui lui seraient étrangères.

Ils changèrent d’idée et se regroupèrent pour étudier la tortue qu’ils avaient sous les yeux. Ils identifièrent l’espèce de tortue : c’était la tortue des bois.

Puis ils la relâchèrent à la même place qu’ils l’avaient trouvée, respectant la loi émise sur cet animal. Mais comme ils l’avaient bien identifiée par une photographie, ils continuèrent de l’étudier sur la Toile, sans aucun spécimen. Ils naviguèrent sur la Toile et cherchèrent « tortue des bois ». Ils trouvèrent que c’était une tortue dont l’espèce était en voie d’extinction. C’est une espèce protégée par des lois provinciale et fédérale dont il est interdit d’élever, de capturer, de mettre en captivité.

« C'est ainsi que vous traitera aussi mon Père céleste, si chacun de vous ne pardonne pas à son frère du fond du cœur. » Mt 18, 35.

Dans le document Les jeux d'Hubert, Denis Rouleau, ofs (Page 103-109)