3.2 Résultats obtenus
3.2.1 Génération et détection par effet non linéaire dans ZnTe
3.2.1.1 Disposition expérimentale et résultats
Nous avons ici assuré la génération par un cristal de ZnTe coupe (110) (1 mm et
200 µm d’épaisseur) et la détection par un cristal de ZnTe coupe (111) (pour 1 mm et
200 µm d’épaisseur). L’expérience est en configuration "non-colinéaire", c’est à dire que
faisceau sonde et onde THz ne possède pas le même axe de propagation dans le cristal. La
figure 3.4 représente les signaux temporels ainsi que leurs composantes spectrales. Cette
configuration présente de nombreux avantages par rapport au cas colinéaire notamment
en nous épargnant l’utilisation de la lame assurant la superposition THz - optique. Ainsi
cette configuration présente une dynamique supérieure (pas de perte de signal THz par
réflexion sur la lame) et elle n’a que peu d’influence sur le spectre observé. La légère perte
d’interaction du fait de la non-colinéarité des faisceaux (environ 15° entre les faisceaux) est
en effet négligeable ; d’une part car le cristal est fin, d’autre part car on améliore l’accord
de phase dans le cristal (l’indice de réfraction dans le domaine optique est plus faible que
dans le domaine THz, mais le faisceau optique parcours une distance plus grande).
On constate sur les signaux temporels (normalisés) que l’impulsion THz est d’autant plus
courte que les cristaux mis en œuvre (en émission et / ou détection) sont fins. Toutefois
concernant les composantes fréquentielles, nous n’observons pas d’amélioration notable
de la bande passante. Nous observons bien une amélioration de la dynamique pour les
fréquences comprises entre 1 et 2-3 THz pour le couple de cristaux fin (200 µm-200 µm)
mais aussi une coupure plus raide conduisant à un spectre de largeur similaire. Nous
rendons compte de ce comportement à l’aide de la partie théorique (voir figure 3.14 dans
le paragraphe 3.2.4).
3.2.1.2 Contrôle de la polarisation et optimisation de l’expérience
Ici nous présentons la procédure d’optimisation des angles (de la polarisation optique
de pompe et de l’angle de rotation du cristal d’émission. Nous rappelons qu’en détection
l’utilisation de cristaux ZnTe (111) sondés par un faisceau optique de polarisation
circu-laire, conduit à une excentricité de la polarisation. Cette excentricité est constante quel
que soit l’angle de la polarisation THz, ainsi une simple rotation du cristal de détection
Figure 3.4:
Signal temporel et amplitude du spectre, dans le cas d’une génération (E) et détection (D) pour différente épaisseur du cristal de ZnTe.permet d’optimiser la détection sur le maximum global.
L’utilisation de cristaux (110) en émission excité par une onde de polarisation linéaire
nécessite plus de précaution pour obtenir un signal optimisé. Nous avons mesuré en
fonc-tion de l’angle de la polarisafonc-tion de la pompe optique θ et de l’angle α de rotation du
cristal d’émission coupe (110) (voir figure 2.1) l’amplitude du champ sous la polarisation
"s" en plaçant un polariseur à grille (grille en position horizontale) sur le parcours THz.
La détection est aisément optimisée en trouvant l’angle idéal du cristal de détection (111)
permettant de mesurer la composante de polarisation "s", elle n’est plus touchée durant
toute la mesure. Nous obtenons le résultat de la figure 3.5. Ce dernier est en accord avec
le calcul effectué pour les cristaux de type 43m qui conduit à l’équation suivante (voir
annexe B pour le détail du calcul et la figure 3.6 pour la représentation graphique de
l’amplitude de la polarisation "s" en fonction des angles de polarisation optique et de
rotation de cristal.) :
E
s∝ −1
2sin (θ+α)(2 sin (α) cos (θ+α) + cos (α) sin (θ+α))
On peut remarquer que les lignes de crête de la courbe 3.6 ne sont pas de simples lignes
droites comme cela est le cas pour le module du champ total (voir figure 2.2). En effet,
Figure3.5:
Valeur crête à crête du signal THz de polarisation "s", en fonction des angles de la polarisation optiqueθet de rotationαdu cristal. La valeur des angles ne correspond pas aux valeurs absolues dans le repère du laboratoire (nous ne connaissons pas les axes des cristaux).Figure 3.6:
Amplitude (en valeur absolue) théorique du signal THz de polarisation "s", en fonction des angles de la polarisation optiqueθet de rotationαdu cristal. La valeur des angles correspond à celle décrite en figure 2.1. Le carré central repère l’un des lieux possible pour les anglesαet θde la courbe 3.5.sur la figure 3.6 les lignes de crête suivent une forme légèrement en "zigzag", s’écartant
ainsi de la tendance dominante en θ = 2α+c(voir figure 3.7).
Une stratégie efficace d’optimisation de la génération à une polarisation donnée, et
d’ef-fectuer (une fois un premier signal obtenu) de petites rotations (≈10°) de la polarisation
optique et du cristal telles que de ∆θ = 2∆α. Autrement dis la lame
λ2
doit être tournée
dans le même sens et d’une valeur égale à celle du cristal. On reste ainsi au voisinage de la
ligne de crête (la figure 3.7 réprésente les points de crête expérimentaux, les lignes
repré-sentent les tendances générales). De petites corrections de l’une des rotations permet de
se placer directement sur la crête, et ainsi de proche en proche, de trouver sans ambiguïté
le maximal global de génération à la polarisation de la détection. La figure 3.7 représente
dans la même configuration que pour la figure 3.5 un parcours de cette ligne de crête par
la méthode ici mentionnée. On retrouve bien l’allure en "zigzag" pour la ligne de crête
observée sur la figure 3.5 et 3.6. Ces mesures nous assurent le passage par le maximum
global de génération à la polarisation "s".
Figure3.7:
Couples de points expérimentaux (α,θ) permettant de suivre la ligne de crête passant par le maximum global.3.2.1.3 Remarque sur la détection Pockels
Du bruit et un offset au niveau du signal de sortie de la détection synchrone ont été
constatés, et cela dans toutes les expériences où l’effet Pockels était utilisé pour assurer la
détection. J’ai fait le constat que la détection est très sensible à tout rayonnement cohérent
avec le faisceau sonde, conduisant à la nécessité de filtrer le faisceau optique de pompe.
En effet, une partie non négligeable de la pompe optique parvient dans la détection,
rendant toute mesure impossible. Dans ce paragraphe, nous présentons des acquisitions
dans la configuration 200µm-200µm avec des filtres de nature différente (voir figure 3.8).
Le premier filtre est une lame de téflon de 5 mm d’épaisseur et le second une feuille de
papier blanc 80g (type papier d’imprimante). Le polyéthylène noir (type sac poubelle)
est un très bon candidat pour filtrer la pompe optique, cependant la puissance optique à
dissiper (de l’ordre de 200 mW/cm
2) est trop élevée pour ce matériaux thermoplastique,
et il se déforme rapidement.
Figure 3.8:
Signal temporel et amplitude du spectre, pour 3 types de filtres différents (téflon-papier-polariseur THz).La figure 3.8 nous montre une réponse spectrale et temporelle identique pour le filtre
papier et téflon. Ces 2 filtres (papier et téflon) étant de nature très différente, et les
signaux mesurés étant rigoureusement identiques, nous pouvons dire que la bande passante
présentée n’est en rien affectée par leur présence. Nous préférons toutefois l’utilisation de
la feuille de papier qui ne donne pas lieu à des rebonds sur la trace temporelle.
3.2.2 Génération par rectification dans ZnTe et détection
Dans le document
Application de la spectroscopie térahertz à la détection de substances sensibles
(Page 73-77)