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Chapitre 1: Revue bibliographique : néré et produits de transformation de ses graines - mecanismes du decorticage

1.1. Généralités sur le néré

1.1.1. Caractéristiques de l’arbre de néré

Le néré (Parkia biglobosa) est un arbre sahélien que l‟on retrouve sur les continents africain, asiatique et sud-américain (Guttierez et al., 2000). Sa zone géographique est comprise entre les vingtièmes parallèles nord et sud de part et d‟autre de l‟équateur. Il s‟adapte aux zones caractérisées par une faible pluviométrie ainsi qu‟aux sols pauvres (croûtes ferrugineuses) que l‟on rencontre en Afrique de l‟Ouest. On le retrouve en Afrique, principalement dans les zones climatiques de type soudanien.

Au Bénin, l‟arbre est plus répandu dans les départements du Zou, Collines, Borgou, Alibori, Donga et Atacora. On le retrouve, de manière clairsemée, dans les champs et terrains en jachère souvent associée au karité. Cet arbre, de la famille des légumineuses, entre en production alors qu‟il n‟est qu‟un arbuste à l‟âge de 8 à 10 ans. Il n‟atteint sa taille définitive de 10 à 20 m qu‟entre 30 et 50 ans (Guttierez et al., 2000 ; Abgahoungba et Depommier,1989).

L‟arbre de néré possède de nombreuses vertus reconnues. On emploie les écorces et les racines, associées à d‟autres végétaux, pour guérir la stérilité, les bronchites, les tranchets, les pneumonies, la lèpre, les maladies vénériennes (Guttierez et al., 2000). Les écorces sont utilisées pour guérir les ostéopathies, les oreillons. Une thèse en pharmacologie réalisée en Côte d‟Ivoire a prouvé l‟existence d‟un champignon vivant en symbiose sur le tronc du néré dont les vertus sont anti-hémorroïdaires. Depuis quelques années, on assiste au vieillissement des nérés au Sénégal, Burkina Faso, Bénin, Côte d‟Ivoire. Ceci a pour conséquence la chute des quantités de graines disponibles sur le marché béninois et l‟augmentation des prix. Cette situation a amené les autorités béninoises à inscrire cet arbre sur la liste des espèces à protéger. Tout abattage sans l‟autorisation des services compétents est interdit. Toute comme cela se fait à Djougou pour le karité, des actions de création de vergers de néré doivent être entreprises afin d‟assurer un renouvèlement du parc à néré à moyen et long terme.

1.1.2. Caractéristiques de la gousse de néré

La graine du néré est obtenue à partir des gousses agencées par grappes qui pendent à l‟extrémité d‟un long pédoncule. Les gousses ont une longueur comprise entre 12 et 30 cm (Odunfa, 1985). Chaque gousse peut contenir jusqu'à 23 graines (Hokpins, 1983). A l‟intérieur de chaque gousse, sont logées des graines marron claire, entourées d‟une pulpe jaune. Ces graines parviennent à maturité au mois d‟Avril ou Mai, selon les latitudes (Guttierez et al., 2000).

Photo 1-2 : Grappe de gousses fruits de néré

La composition de la gousse est représentée de la façon suivantev (Rateau, 1995 ; Rateau, 1993). - la cosse représente 43 % de la masse du fruit ;

- la pulpe représente 39 % de la masse du fruit ; elle est consommable ;

- les graines représentent 18 % du fruit ; la partie comestible des graines se situe à l‟intérieur d‟une enveloppe bien plus épaisse et plus dure que celles rencontrées d‟ordinaire chez les légumineuses.

Un arbre produit en moyenne entre 25 à 100 kg de gousses par an. Ce rendement est variable d‟un arbre à l‟autre et d‟une année à l‟autre. La pulpe de la gousse a des propriétés laxatives. Elle est souvent consommée dans les mois qui suivent la récolte. Très riche en saccharose, elle constitue un excellent aliment énergétique. Elle se consomme à même la gousse ou bien délayée dans de l‟eau. Le plus souvent, la pulpe est consommée par les propriétaires de néré et son commerce est bien plus localisé que celui des graines. Cette pulpe est exportée vers le Niger où elle est utilisée pour faire une sorte bouillie consommable.

1.1.3. Caractéristiques de la graine de néré 1.1.3.1. Utilité de la graine de néré

La graine de néré est composée de coque et de cotylédons. Elle agit comme un régulateur de tension (Guttierez et al., 2000). C‟est cette réputation qui induit en partie une hausse de la consommation du „‟afitin‟‟, un produit fermenté à base des graines, au cours de ces 10 dernières années (Guttierez et al., 2000). La graine est la principale ressource tirée du néré. Son aire de consommation dépasse largement les régions productrices et son usage alimentaire concerne aussi bien les populations rurales qu‟urbaines.

Tableau 1-1 : Composition chimique de la graine (Odunfa, 1985) Grammes pour 100 grammes de graines

Crue Fermenté Eau 7,33 14,8 Protides 34,6 35 Lipides 21 29 Glucides totaux 32 16,4 Matière minérale 4,3 4,8

La graine est riche en protéines et en lipides. Le produit fini, le plus répandu, est le condiment obtenu par fermentation de la graine et destiné pour assaisonner les sauces. Il est appelé afitin, iru ou sonru au Bénin. Elle a non seulement de fortes vertus organoleptiques, mais aussi nutritives. Dans certaines régions, et pendant les périodes de soudure, ce condiment remplace la viande ou le poisson, du fait de sa teneur en protéines. Amère et tonique, la graine est aussi utilisée à la place du café. On extrait de la graine une huile jaunâtre.

1.1.3.1. Critères de choix de la graine de néré

Les graines les plus appréciées au Bénin pour la fabrication de l‟afitin sont celles en provenance de Djougou et Parakou. Elles sont relativement faciles à décortiquer et ne posent pas de problème de nettoyage préalable à la première cuisson. Les critères de choix des graines par les transformatrices au marché sont (Guttierez et al., 2000) :

 la teneur en eau : (les transformatrices préférent l‟ancienne graine, bien sèche, à la nouvelle

qui est pleine d‟eau) ;

 la densité de la graine: « Si la graine n‟est pas de bonne qualité, il y a du vide dans la graine et,

au lieu de prendre de volume à la cuisson, elle en perd; c‟est que la graine n‟est pas bien mûre » ;

 la dureté de la graine : c‟est un autre critère pour connaître son état de déshydratation. Les

transformatrices cassent la graine entre les dents pour reconnaître si elle est mûre et bien séchée. Si la graine fait mal aux dents, alors elle est bonne.

 les restes de pulpe jaune autour des graines : ils constituent aussi un critère important « les

graines qui forment des amas ne sont pas des graines de qualité. Si la gousse est mal dépulpée, elle moisit. Ceci est source de diverses contaminations ».

1.1.4. Diversité génétique de la graine de néré

L‟étude de la diversité génétique du Parkia biglobosa (Jacq.) Benth au Burkina Faso a révélé une certaine richesse allélique (nombre moyen d‟allèle par locus = 5) (Sibidou et al., 2004), un polymorphisme important (entre 62 et 100 %) et une forte diversité génétique (H=0,34) comparable à celle de Faidherbia albida. L‟étude a par ailleurs, mis en évidence une différenciation entre les populations et suggérant ainsi un échantillonnage d‟un grand nombre de populations réparties sur

l‟aire de distribution, dans le cadre de l‟élaboration d‟une stratégie de conservation des ressources génétiques de Parkia biglobosa.

1.2. Technologies de transformation de la graine de néré