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Funestes effets de l'aleoolisme

Dans le document SUCCURSALE DE FRIBOURG (Page 113-117)

Nous avons à signaler une cause puissante de morta-lité prématurée, cause qui agit sur les jeunes gens et les adultes d'une manière vraiment effrayante et de plus en plus générale: Valcoolisme, c'est-à-dire le triste et hideux cortège des affections nombreuses et terribles et le plus souvent mortelles qui sont le résultat de l'abus dés boissons alcooliques, tels que les troubles et les dégénérescences plus ou moins rapides, mais toujours certains, des centres nerveux, du système digestif (esto-mac, foie, rate, intestins, pancréas), des reins, de la vessie, du cœur, des poumons et les altérations du sang.

Il fait, à lui seul, plus de victimes que les épidémies.

Il est plus meurtrier que le choléra et la peste. L'alcoo-lisme, comme d'autres intoxications, suit une évolution progressive pendant laquelle se déroule une série de phénomènes très différents par leur nature et par leurs localisations, comme aussi par la gravité qui s'y rattache.

L'alcool, en effet, agit sur l'organisme à la façon des poisons, des virus, qui imprègnent toute l'économie et créent un état morbide de toute la substance. Frappant parfois tel ou tel système isolément, d'autres fois il étend le cercle de son influence à plusieurs fonctions.

Déterminant ici des troubles temporaires, on le voit ailleurs engendrer des désordres persistants et abréger considérablement la vie. — S'il contribue pour une large part à remplir les cimetières bien avant la limite nor-male de la vie qu'auraient pu atteindre ses si nombreuses victimes, il contribue aussi pour une large part à peu-pler les maisons d'aliénés. En somme, sur 100 cas d'alié-nation, 18 environ relèvent de l'influence alcoolique;

chose plus triste encore, les statistiques officielles tra-duisent d'une manière péremptoire la marche toujours envahissante du fléau.

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L'ivrognesie, on l'a dit sans exagération, est une cala-mité sociale, un des fléaux des sociétés modernes. On ne saurait croire ce qu'elle coûte à l'humanité de force, d'intelligence et de sève. Au point de vue moral, elle déprave, elle dégrade, elle abrutit ; au point de vue so-cial, elle amène la ruine et la désolation dans les familles ; au point de vue physique, elle frappe l'organisme dans ses organes principaux et ses fonctions radicales; au point de vue de l'espèce, elle abâtardit, elle stérilise.

Est-il besoin de faire ici une description des tristes et écœurants symptômes que présente un homme en état d'ivresse? Tableau superflu ! car chacun a pu s'en rendre compte de visu, les exemples n'étant malheureusement que trop communs. Le spectacle de l'ivresse ne suflit-il pas pour convaincre l'homme le moins intelligent de la gravité des désordres que doivent inévitablement pro-duire dans tout l'organisme d'aussi violentes perturba-tions de toutes les foncperturba-tions. Un seul excès peut tuer sur le coup. Répétés plus ou moins souvent, s'ils ne donnent pas immédiatement la mort, ils ne tardent pas à détruire toutes les forces, toute la résistance vitale, tout l'équilibre de l'économie.

L'abus des alcooliques, si répandu de nos jours, a des origines diverses. Chez les uns, c'est un goût, une appé-tence particulière pour ce genre de boissons qui invite et entraîne à des excès quotidiens; chez d'autres, c'est l'oisiveté, le désœuvrement, la fréquentation de buveurs, l'habitude du cabaret ; chez d'autres encore, ce sont les nécessités d'un commerce oii les affaires se traitent d'habitude le verre en main, ou bien le besoin d'amor-cer une clientèle, en prêchant d'exemple. En d'amor-certains cas, plus rares, l'alcool est un consolateur qui fait oublier, qaxnoie le chagrin et dissipe les soucis. Puis l'habitude une fois prise devient un besoin impérieux, une passion irrésistible, contre laquelle viennent échouer tous lès conseils, toutes les considérations, toutes les résolutions les plus solennelles et les mieux arrêtées.

La plaie de Valcoolisme mine sourdement notre patrie, et les médecins doivent être au premier rang, avec les

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gouvernants, les ecclésiastiques et les instituteurs pour combattre ce fléau, au triple point de vue de l'hygiène, de la morale et de la famille; mais c'est un combat éner-gique, à outrance, sans trêve ni merci, qu'il s'agit d'en-treprendre, car l'alcoolisme qui s'accroît chaque jour, fournit un contingent toujours plus grand de démorali-sation, de dépravation, de crimes, de suicides et de folie.

Oui, c'est bien là qu'est le péril pour l'avenir, c'est bien là qu'est notre caveant consules. Veillons, luttons sans relâche contre le fléau pour empêcher l'abrutissement de notre brave peuple suisse, l'amoindrissement du sens moral et l'aiïaissement des caractères. Aucune autre passion n'entraîne à sa suite de plus tristes, de plus navrants résultats.

Le meilleur remède à ces maux est sans doute Védu-cation que l'on ne fait pas assez marcher de front avec l'instruction ; éducation et instruction doivent être insé-parables, et si l'une doit malheureusement souiîrir ou subir quelque négligence, mieux vaut encore que ce soit l'instruction; mais ce qui vaut le mieux, c'est que l'une ne fasse pas tort à l'autre.

Ce qui ne serait pas à dédaigner, à mon avis, comme moyen préventif et peut-être curatif contre cette redou-table et dégoûtante passion de l'abus du vin et des bois-sons alcooliques, serait de faire assister les jeunes gens non encore adonnés à ce vice et ceux qui en sont déjà atteints, aux trop fréquentes autopsies que les médecins sont appelés à pratiquer sur des cadavres de personnes qui ont succombé aux inévitables et nombreuses mala-dies qu'engendre l'abus des boissons alcooliques. C'est là une proposition discutable sans doute, mai§ que je crois fort rationnelle et réalisable. — Qu'on essaie ! cela ne coûtera rien et ne pourra porter que de bons fruits.

L'on pourrait aussi faire pour les écoles supérieures l'achat de quelques planches coloriées représentant les altérations des organes provoquées par l'abus de ces boissons _et qu'on ferait passer sous les yeux des élèves avec des explications claires, nettes et éloquentes.

A part quelques exceptions, pour causes de maladies,

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il est certain que les baissons alcooliques ne conviennent guère avant l'âge mûr; la plupart des enfants et des jeunes gens jusqu'à l'âge de 20 à 25 ans se portent infi-niment mieux lorsqu'ils ne font pas usage de vins et liqueurs. Dans cette première période de la vie, ce sont surtout les aliments plastiques, capables de former du sang, de la chair et des os, qui doivent être recherchés.

Le vin et les liqueurs ne font point de sang par eux-mêmes, comme on le croit généralement. (Autre chose est la bière qui contient quelques matières nutritives.

Pour les personnes adultes et les vieillards, pour les infirmes, certains malades et les convalescents, par contre, le vin pris modérément peut rendre d'excellents services en excitant les forces et en ménageant les dé-perditions de la substance tnême du corps, — alors que l'assimilation des aliments plastiques se fait plus lente-ment et plus difficilelente-ment ou en quantité insuffisante.)

Qu'on se persuade bien que les excès alcooliques amènent non-seulement la décrépitude physique et intel-lectuelle de ceux qui s'y livrent, mais aussi celle de leurs descendants et de toute une génération. Les exemples pullulent, surtout dans certaiiis districts, à l'appui de cette assertion.

Somme toute, alcool, vin ou bière pris avec excès sont des poisons certains et violents ; — à dose modérée, par contre, ils peuvent être bienfaisants, ils peuvent être un puissant moyen hygiénique. La différence d'action dé-pend presque entièrement de la dose.

D"^ CASTELLA.

Procureur et médecin.

Un petit garçon venait d'avaler une pièce de monnaie. La mère poussait des cris de désespoir: Vite, vite, un médecin, exclamait-elle.

— Bah ! dit quelqu'un ; puisqu'il s'agit d'argent, faites plu-tôt venir un procureur, il l'aura plus vite tiré dehors.

Dans le document SUCCURSALE DE FRIBOURG (Page 113-117)