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1/ Le lien entre un enfant et ses parents Apport des théories psychodynamiques : angoisse et

1.2/ La place de la psychanalyse

1.2.1/ Freud et le complexe d’Œdipe

Même si la psychanalyse n’a plus la place qu’elle avait jusqu’à la fin du siècle dernier, de nombreuses notions issues de son corpus théorique demeurent présentes et actives, il en va ainsi de celle de complexe d’Œdipe.

Le complexe d’Œdipe, qui noue la relation de l’enfant à ses deux parents, à son père et à sa mère, est une notion centrale du corpus freudien, qui avec l’inconscient, le refoulement et le transfert fait toujours partie des bases conceptuelles de la psychanalyse.

Le mythe d’Œdipe est l’un des mythes les plus célèbres de l’Antiquité. Il a été repris de façon écrite par deux auteurs de la Grèce ancienne, Euripide et Sophocle. La légende d’Œdipe, que nous allons résumer ici, se réfère à l’histoire de la ville de Thèbes.

! ! #"!! Laïos et Jocaste, souverains de Thèbes sont prévenus, après avoir consulté la Pythie (l’oracle d’Apollon), que, s’ils avaient un fils, ce dernier tuerait son père et épouserait sa mère. De ce fait, Laïos ne veut plus avoir d’enfant. Mais sa femme, Jocaste, l’enivre, et un fils est conçu. A la naissance de ce fils redouté, Laïos charge un serviteur d’abandonner ce dernier sur le Mont Cithéron après lui avoir attaché les pieds. Un couple de bergers qui le trouve, prend soin de lui avant de le confier à un voyageur qui conduit l’enfant à la cour de Polybe, roi de Corinthe. Celui-ci s’attache à l’enfant et l’élève comme son propre fils, sans lui révéler le secret de ses origines. Il lui donne le nom d’Œdipe qui signifie en grec ancien : Oidipous, « pieds enflés ». Mais, la légende de sa malédiction lui est un jour révélée en consultant Apollon. Il fuit alors ses parents adoptifs, croyant ainsi échapper à son destin. Pourtant, il rencontre sur sa route un homme qui lui refuse le passage à un carrefour et roule sur ses pieds avec son char. Sans savoir qu’il s’agit de son père Laïos, Œdipe le tue. Poursuivant sa route, Œdipe arrive à Thèbes et se trouve confronté à la Sphinge qui assiège la ville. Comme à tous les voyageurs qui veulent entrer à Thèbes, elle lui pose une énigme : « Qu’est-ce qui marche à quatre pieds le matin, à deux pieds le midi, à trois pieds le soir ? » Œdipe, après avoir répondu « l’homme », tue la Sphinge et entre en héros dans son pays d’origine.

Les Thébains qui pleurent leur roi qui vient donc de mourir, choisissent leur libérateur de la Sphinge qui doit s’unir à son épouse et veuve, Jocaste, comme le veut la tradition. Il reste marié pendant quinze ans et a quatre enfants avec elle, deux fils et deux filles. Un jour, après une succession de catastrophes naturelles, une épidémie de peste survient. Le devin Tirésias affirme alors que l’épidémie ne cessera qu’avec l’élucidation du meurtre de Laïos, premier mari de Jocaste et roi de Thèbes. Œdipe lance alors une enquête au terme de laquelle il découvre la vérité dans toute sa cruauté. En apprenant qu’Œdipe est son fils, Jocaste se suicide par pendaison, tandis que ce dernier, de désespoir, se crève les yeux, afin de ne pas voir son propre malheur. Œdipe part avec sa fille, Antigone, il rejoint un lieu de culte non loin d’Athènes, Colone, où il mourra.

À la fin du XIXe siècle, le mythe d’Œdipe est revisité par Freud, qui en fait l’un des fondements de la théorie psychanalytique. Dans une lettre adressée à son ami Fliess le 15 octobre 1897, il fait une première référence à ce mythe : « j’ai trouvé en moi des désirs d’amour envers ma mère et de jalousie envers mon père, sentiments je pense, qui sont communs à tous les jeunes enfants (…) ».

! ! ##!! Freud a l’intuition que la problématique qu’il a repérée chez lui vis-à-vis de ses parents est un fait universel. Il ajoute : « S’il en est bien ainsi (…), alors on comprend l’effet saisissant d’Œdipe- roi malgré toutes les objections que la raison élève contre les présuppositions du destin » (20).

Selon lui, la légende grecque reflète une inclination que chacun reconnaît en soi. Toute personne a été au moins en fantasme un Œdipe, et a refoulé avec effroi l’idée de la réalisation concrète de ce rêve. Freud attribue d’abord à ce phénomène le terme de « complexe nucléaire ». Il lui donne finalement en 1910 le nom de complexe d’Œdipe, dans son écrit

Contribution à la psychologie de la vie amoureuse (21).

Au plan psychopathologique, le complexe d’Œdipe est constitué de l’ensemble des investissements amoureux et hostiles que l’enfant projette sur ses parents. Par l’intervention de l’instance interdictrice, portée par le père, qui barre l’accès à la satisfaction du désir incestueux, ce processus doit conduire à la disparition de ces investissements et à leur remplacement par d’autres figures. Le refoulement du complexe d’Œdipe amène la phase de latence, entre l’âge de cinq et douze ans. Cela permet l’inscription dans le psychisme du Surmoi (le refoulé) et de l’Idéal du Moi (le sublimé). L’enfant intériorise les interdits, en particulier les interdits de l’inceste.

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Pourtant, ce complexe familial a été très rapidement sujet à des questionnements et des remaniements, en particulier concernant les rôles respectifs de la mère et du père.