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Il s’agissait de déterminer quels pouvaient être les freins identifiés par les médecins concernant la diffusion du DIU chez la nullipare.

La quasi-majorité des médecins interviewés était favorable à l’utilisation du DIU chez la nullipare. Un médecin se positionnait contre.

1 - Freins liés aux professionnels de santé

Les gynécologues et les médecins généralistes étaient les principaux acteurs dans la contraception par DIU. Ces deux spécialités pouvaient être source de frein.

Les spécialistes en gynécologie :

Il existait une rareté de la profession de gynécologue amenant à des délais de consultation longs, ainsi qu’un discours discordant par rapport aux médecins généralistes.

En effet certains médecins interrogés se heurtaient à un refus de leurs correspondants gynécologues concernant l'indication et la pose du DIU chez la nullipare : « il y a des patientes à qui je pose un

stérilet parce que leur gynécologue a refusé de leur poser ». Les médecins généralistes :

Ils pouvaient freiner la diffusion du DIU par leur manque de connaissance sur le sujet.

Certains rapportaient que « la formation initiale va pas dans ce sens », ou que leur pratique n'avait pas été mise à jour, c’est ainsi que « beaucoup de médecins en sont restés là et surtout les mentalités

persistent ».

Ils freinaient la diffusion du DIU par leur manque de compétence technique.

Cela tenait à une formation initiale incomplète et à une pratique peu fréquente du geste, diminuant la performance de la technique.

« Formation des médecins, moi j'ai fait le DU, mais sinon... Sinon on est pas formé du tout ». « Je ne le fais plus, car je ne suis pas assez performant ».

Par ailleurs, une fois sortis du cursus universitaire, les médecins relataient qu’il était « difficile de

trouver des gynécos qui acceptent de nous former ».

Il pouvait y avoir des médecins généralistes ne sachant pas poser un DIU, mais aussi des médecins qui avaient acquis la compétence technique, mais qui ne pratiquaient plus : « on est pas nombreux à

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Cela aboutissait à moins proposer aux patientes ce mode de contraception, et à ajouter une difficulté quand la consultation débouchait sur une contraception par DIU, car il fallait trouver un opérateur pour la pose.

« Pour moi le fait que je les pose pas, forcément j’en parle moins. C’est pas quelque chose que je maîtrise donc je le propose moins ».

« C’est bien, mais je trouverai pas beaucoup de monde pour lui mettre par contre ».

Certains médecins rapportaient une difficulté à intégrer l'acte technique à leur pratique courante, « il

faut un minimum d’organisation », « c’est une question de temps », et « c’est pas rentable financièrement ». D’autres avançaient la nécessité d'un matériel et d'une assurance professionnelle

spécifiques.

La peur des complications s’avérait aussi être un frein d’après les médecins interrogés.

Il s'agissait de craintes de complications immédiates, à la pose : peur de l'échec, de la douleur, « de la

perforation » ou « des malaises vagaux ».

Ils rapportaient aussi des craintes de complication à moyen ou long terme comme la « peur de

problèmes infectieux », l’« angoisse de la stérilité » ou d'échec de la méthode par expulsion ou avec

des GIU ou GEU.

Ils craignaient la mauvaise tolérance à distance de cette méthode chez la nullipare, notamment par le risque de « dysménorrhées » ou encore d’expulsion.

Les entretiens ont permis aux médecins interrogés d'exprimer différents sentiments ou vécus en rapport avec cette méthode contraceptive. Cette dimension psychologique était exprimée de manière personnelle par chaque médecin pour expliquer leurs difficultés à diffuser le DIU comme méthode contraceptive chez la nullipare.

Il ressortait un manque de confiance en soi, un manque d'aisance, une sensation « de courir un

espèce de risque » ou de stress lié au geste technique.

« J’ai pas la main, j’ai des hésitations, je me sens pas sûr ».

Il pouvait exister un sentiment de solitude pour les médecins posant des DIU régulièrement, par rapport à leurs confrères.

« Quand je vois des patientes qui arrivent, avec tel médecin, tel gynéco qui leur a dit ʺnon hors de questionʺ, du coup je me sens un peu toute seule ».

Certains ressentaient un inconfort lié au caractère intime de l'examen gynécologique de la jeune femme.

« Je serai bien emmerdé parce que je me vois pas poser un stérilet moi, mec, malgré ma blouse à une gamine de 14 ans ».

D'autres, comme le médecin de l'entretien numéro 13, se défendaient d'avoir leurs propres convictions sur le sujet.

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« Mais moi, personnellement, il y a aussi mes convictions, vous voyez ? ».

« Enfin moi, je suis encore dans l'optique qu'un stérilet chez une femme jeune, ça me gêne quelque part [...] c’est vrai que je pense que j'ai un a priori sur le stérilet ».

D'autres rapportaient un manque de motivation pour ce sujet, par manque d’intérêt global pour la gynécologie.

« Je pourrais dire je fais une formation […], mais je suis pas motivée ».

« La gynéco c'est pas trop mon truc, donc je cherche pas à avoir une population très importante ».

Ils étaient nombreux à expliquer qu'il y avait aussi une question d'« habitude », qui régissait leur prise en charge.

2 - Freins liés aux patientes nullipares

Certains freins étaient dépendants des patientes : «en face, il y a aussi un obstacle mental de se dire, on peut poser des stérilets ».

Les jeunes nullipares n’étaient « pas très demandeuses » de contraception par DIU en opposition à une demande précise de pilule et non de méthode contraceptive.

« Je viens pour la pilule docteur ».

Cette difficulté était le plus souvent liée à un manque d'information des jeunes filles et à des réticences en rapport avec la pose ou le risque d'effets indésirables.

En effet, il persistait l'idée que cette méthode « c’est pas pour elles », qu'elle n’est « pas assez

efficace » et qu’elle est « trop à risque infectieux et de stérilité ».

La peur du corps étranger était quasi omniprésente dans les entretiens : « on me met quelque chose

dans mon corps ».

La peur de sentir les fils, ou de perdre le dispositif était aussi évoquée.

La pose générait aussi des réticences en rapport avec l'aspect intime du geste, le sentiment d'un acte agressif et douloureux.

Le dispositif était vecteur de fausses idées : « elles s’imaginent que c’est super grand ».

Ces réticences étaient en lien avec leur éducation familiale, ou avec leur croyance religieuse : « le fait

qu’il y ait ovulation et fécondation et un défaut de nidation ça peut choquer ».

« Le vécu de l'entourage » était aussi très présent pour ces jeunes filles : « moi, ma mère est tombée enceinte sous stérilet », « après ma cousine elle a pas eu d’enfant ».

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L'éducation sexuelle en milieu scolaire paraissait maigre et était aussi en cause selon quelques médecins : « l’éducation sexuelle, pour moi en pratique c'est pas fait », « c'est pas dans tous les lycées, c'est pas toujours bien fait et c'est pas la priorité, du tout, le stérilet ».

Un médecin rapportait aussi que ses « propres réticences » pouvaient générer un manque d'informations des jeunes femmes : « le message doit pas très bien passer pour avoir un DIU ».

3 - Freins liés à la société

La société française ralentissait la promotion du DIU chez les nullipares. Les médecins mettaient en cause « cette espèce de perception française » de la contraception : l'existence du modèle « tout-pilule » et l'interdiction du DIU.

Il en découlait une mauvaise réputation qui perdurait. La presse, et notamment « les revues

féminines ont un rôle important » dans cette vision.

Un médecin évoquait la difficulté de la société actuelle à se remettre en question.

« On est en retard, comme on croit toujours tout savoir nous, les Français, on a toujours l’impression que c’est nous qui faisons le mieux ».

Le médecin de l'entretien numéro 17 relatait également que « les jeunes hommes » avaient également leur part de responsabilité dans la difficulté de diffusion du DIU chez la jeune femme : « un

rapport sexuel c'est à deux ».

4 - Freins liés aux laboratoires pharmaceutiques

Les points importants évoqués par les médecins interrogés étaient une absence de « campagnes ciblées » pour le DIU en opposition à la « pression des laboratoires sur les prescriptions

de pilule », ainsi qu'un manque d'avancement technique pour proposer des produits destinés à la

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