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En appendice à ma thèse de second cycle, j’ai publié trois interviews avec Norberto Bobbio, Alessandro Galante Garrone et Franco Venturi. Ces trois rencontres ont eu lieu entre l’automne 1993 et l’hiver 1994. C’était la période à laquelle la crise du système politique italien, qui durait depuis 1992, semblait trouver une solution inattendue. En effet, les entretiens avec Galante Garrone et Bobbio ne pouvaient en aucun cas se limiter aux sujets de ma recherche : les deux hommes se référaient inévitablement au présent.

Galante Garrone, que j’ai rencontré en décembre 1993, se trouvait engagé dans une polémique avec Gianfranco Fini au sujet de la transformation du MSI en Alleanza Nazionale. Bobbio – que j’ai vu quelques semaines après l’annonce de l’entrée en scène de Silvio Berlusconi – était également engagé dans une polémique, celle avec la droite italienne, au sujet de ses propos négatifs concernant Forza Italia. Cependant, ils m’ont prodigué, l’un comme l’autre, de précieux conseils. Avec Galante Garrone est née une relation de confiance et de proximité qui a duré jusqu’à son décès, et qui reste pour moi l’une des expériences humaines et intellectuelles les plus riches de ma vie.

Avec Venturi, à l’époque déjà très malade, le dialogue est resté centré sur les thèmes historiographiques. Lorsque je lui ai fait part de mon intention d’intituler mon mémoire « La tradition gobettienne », il a réagi vivement et m’a expliqué

que le travail d’un historien ne devait pas se fonder sur des traditions (« Le tradizioni sono quelle cose per cui anche Mussolini poteva dire che sarebbe stato sufficiente mettere due piemontesi alla testa dello Stato e tutto avrebbe funzionato »), mais qu’il convenait de construire son raisonnement en partant de « problèmes ».

Franco Venturi est décédé peu de temps après. Je me souviens très bien du groupe de personnes qui s’étaient réunies chez lui en décembre 1994. C’était une cérémonie simple, laïque, dans la rue, sans microphones. En premier est arrivé Nuto Revelli, chef militaire des groupes de résistants du Partito d’Azione dans le Piémont. Il est resté immobile devant le portail, comme pour le monter la garde Il a fait une brève déclaration au le journal télévisé local : « Franco était un grand intellectuel, l’un des plus grands historiens italiens et européens. Il ne me revient pas d’évaluer cette partie de son activité, je n’en ai pas les compétences. Je suis là pour saluer un grand résistant, un homme qui s’est battu courageusement pour la liberté, en tête de file, et qui a accompli de nombreuses actions très risquées avec son épouse Gigliola. On l’appelait ˝l’homme aux yeux de panthère˝, il portait le surnom de Nada, il dirigeait notre presse clandestine, il travaillait à Turin aux côtés de Giorgio Agosti, mais lorsque le moral des résistants était au plus bas, je le priais de nous rejoindre là-haut, dans la montagne, et avec ses récits, sa capacité de faire comprendre aux jeunes le sens profond de ce qu’ils accomplissaient, il avait le pouvoir de communiquer la confiance et l’enthousiasme. »

Le discours funèbre a été prononcé par Vittorio Foa. Les biographies de Foa et de Venturi divergent beaucoup après 1945. Mais leurs liens d’amitié et de valeurs ne se sont jamais rompus. Quelques jours après l’enterrement, Giuseppe Ricuperati m’a appelé pour m’informer du projet d’un colloque international consacré à Venturi, prévu pour 1996. La maison d’édition Einaudi – au sein de laquelle Venturi avait été un auteur et un conseiller de premier plan – avait décidé de publier un volume réunissant ses « Écrits politiques », à partir des années de militantisme antifasciste jusqu’à celles plus récentes.

Ricuperati m’a demandé de prendre en charge la préparation de cet ouvrage, sous la direction de Nicola Tranfaglia.

J’ai bien sûr accepté avec enthousiasme, et grâce à une bourse d’études de l’Accademia dei Lincei et de la Fondazione Luigi Einaudi, j’ai débuté la recherche et la sélection des textes pour l’édition d’Einaudi17. Malheureusement, au bout de quelques semaines, Nicola Tranfaglia a décidé d’abandonner le projet, en raison d’incompréhensions avec les héritiers de Venturi. C’est ainsi que je me suis retrouvé le seul responsable de l’édition du volume.

Cette nouvelle situation m’effrayait sensiblement. En effet, il s’agissait de ma première responsabilité éditoriale, et l’aide d’une personne plus expérimentée que moi m’aurait été précieuse. La maison d’édition a demandé à Vittorio Foa et à Alessandro Galante Garrone de rédiger les deux introductions aux « Écrits ».

Mais j’aurais dû avoir la lucidité et la force de demander à être aidé dans la préparation des textes.

Par ailleurs, la maison Einaudi ne m’a pas vraiment apporté de soutien, car elle se concentrait essentiellement sur l’édition de De senectute18 de Bobbio, publié au même moment que le volume de Venturi. Si je n’avais pas été seul, certaines erreurs et imprécisions auraient pu être évitées. De plus, j’aurais pu exiger de la part de la maison Einaudi plus de notices et un index des noms en annexe, qui ont été refusés. Mais la période d’un an et demi de travail qui a mené à l’édition de La lotta per la libertà. Scritti politici m’a beaucoup appris, et m’a permis de commencer à étudier avec davantage de précision les cultures politiques, non seulement de Giustizia e Libertà et du Partito d’Azione, mais aussi d’autres groupes antifascistes.

Le recueil des « Écrits politiques » de Venturi est né de la conviction que son expérience de spécialiste ne pouvait être expliquée sans la prise en compte de son engagement politique. Né en 1914, Venturi émigre en France avec sa famille en 1932, et adhère immédiatement à G.L. En 1940, fuyant la France sous

l’occupation nazie, il est arrêté à la frontière et mis en détention dans les prisons franquistes, de 1940 à 1941. Remis aux autorités fascistes, il est emprisonné en Italie. Il participe ensuite à la guerre de libération et dirige la presse clandestine du Pd’A. Dans l’après-guerre, il est à la tête du quotidien turinois « GL ». Après

la dissolution du Pd’A, il part pour Moscou en qualité d’attaché culturel de l’Ambassade d’Italie.

Pour l’édition d’Einaudi, mon choix s’est porté avant tout sur les textes politiques de la période allant de 1933 à 1946, avec un appendice bref mais important regroupant des écrits des années successives. Les thèmes qui émergent de ces textes sont décisifs pour la compréhension de l’histoire du

XXe siècle : le fascisme et l’antifascisme, le socialisme et la démocratie, le bolchévisme et les totalitarismes.

Le fascisme, en particulier, est pour Venturi – comme on peut lelire dans son essai La crisi italiana (1943)19 – un compromis entre les forces fascistes du chaos, nées de l’échec de la révolution libérale et démocratique, et la classe dirigeante du vieil État. C’est donc un « nazisme manqué » qui, à la recherche de son identité, s’allie de manière désastreuse, et sans en être réellement conscient, avec le nazisme. La défaite militaire, l’improvisation politique, la peur du cours des événements, font fuir l’ancienne classe dirigeante et entraînent l’effondrement du régime. Le 8 septembre signe la fin de l’« Ancien Régime » de l’État italien, qui doit trouver une suite dans le combat contre les Allemands afin de permettre une renaissance du pays.

Les écrits de Venturi permettent en définitive l’étude de deux questions qui n’ont cessé d’alimenter le débat historiographique autour de l’« azionismo » : la

dimension théorique qui a marqué les parcours d’adhésion au Pd’A des jeunes adultes après l’arrivée au pouvoir du fascisme, et la conception de la politique qui, à l’époque, inspire des choix individuels et des comportements collectifs.

En ce qui concerne le premier point, l’ouvrage permet de lier directement à

Franco Venturi les traits d’une élaboration achevée du

« socialisme antitotalitaire » qui inspire le projet de « révolution démocratique » poursuivi par le Pd’A, surtout dans le nord de l’Italie et dans sa composante turinoise. C’est une position marquée par la jonction avec le socialisme libéral de Rosselli et la pensée de Piero Gobetti. Leur empreinte dans le vif des luttes de la Résistance revêt cependant une force particulière, qui donne à la réflexion de Venturi une grande originalité. Toute la difficulté consistait à concilier justice et liberté, donc à identifier un parcours à travers lequel le socialisme serait définitivement vacciné contre toute tendance totalitaire. Un « socialisme antitotalitaire », impensable en dehors de la conjoncture historique exceptionnelle qui s’ouvrait avec la Résistance. Venturi ne débattait pas avec les classiques de la pensée politique ; ses références immédiates étaient le CLN, les groupes de résistants, les formes d’autogouvernement qui provenaient

directement de la lutte armée. Il partageait avec ses camarades le sentiment de vivre une « occasion historique » qui ne se représenterait pas, comme si la guerre avait amorcé un processus inexorable de rupture avec tous les éléments erronés et

injustes qui s’étaient développés dans le processus de construction de l’État unitaire et de l’identité italienne.

Il en dérivait une conception de la politique fondée sur l’intransigeance, sur un surplus de tension idéale, ressource qui servait de référence dans les moments difficiles de l’histoire. Faire naître la démocratie dans un pays qui s’était largement reconnu dans le fascisme, était l’une de ces tâches difficiles qui nécessitaient d’« avoir le diable au corps »20, écrit Venturi en citant Bakounine. Dans les Écrits politiques émerge un autre sujet central pour Venturi : l’intérêt pour l’URSS et l’histoire russe en général. Après un voyage effectué à la fin de l’année 1936, sur les traces anciennes de Diderot, et sur celles, récentes, du bolchévisme, la passion pour l’histoire et la culture russes ne le quittera plus. Venturi a toujours fait preuve d’un intérêt particulier pour la vie traditionnelle authentique du peuple russe, capable de s’émanciper et de se défendre contre le totalitarisme. Pourtant, malheureusement, rien n’avait suffi : diffusion culturelle, industrialisation, participation décisive à la guerre antifasciste, n’avaient pas évité le drame de la dégénérescence stalinienne. Et le XXe Congrès du PCUS n’y changera rien. Pour Venturi, l’ultime espoir, vain, était dans la révolution hongroise de 1956, qu’il décrit comme « l’aboutissement libéral des révolutions socialistes des cinquante dernières années ». Sans liberté, en effet, Venturi en était convaincu, le destin du socialisme était scellé.

L’édition de La lotta per la libertà a été pour moi également l’occasion de commencer à collaborer avec Giovanni De Luna. Il a été le premier historien à consacrer une monographie à l’histoire du Partito d’Azione21, au début des années 1980. Pour De Luna, l’étude de l’« azionismo» a été un moyen de réagir

– sous la direction de Guido Quazza – à la fin de l’engagement politique. Protagoniste du mouvement étudiant turinois de 1968, De Luna a été l’un des chefs de file de Lotta Continua. Après la dissolution de l’organisation en 1976, il avait continué à s’occuper de la publication du quotidien du mouvement. Mais progressivement, il s’était éloigné de la politique pour se consacrer à une longue recherche d’archives afin de préparer la rédaction de l’histoire du Partito

d’Azione. Ses camarades de lutte étaient, pour la majeure partie, des fils de

protagonistes de cette expérience : Luigi Bobbio, Marco

Revelli,

Andrea Casalegno, pour n’en citer que quelques-uns. Au début de notre collaboration, De Luna préparait la nouvelle édition de son livre sur le

Partito D’Azione, publiée en 199725.

Au milieu des années 1990, la crise des partis de la « Première République » avait déterminé un court-circuit entre « forme-parti » et recherche historique. La mémoire de l’expérience « azionista » avait elle aussi fait l’objet de multiples tentatives d’appropriation. La peur que l’« azionismo » pût assumer une fonction

21 Giovanni De Luna, Storia del Partito d’Azione, Milano, Feltrinelli, 1982. 25

de suppléance morale et culturelle pour les post-communistes et la gauche, semblait relancer la rancœur agressive de ses adversaires traditionnels.

Ceux qui théorisaient l’exigence de passer d’une « première » à une « deuxième » République, avaient besoin de délégitimer la culture « azionista » en sa qualité de composante fondamentale de l’expérience antifasciste. Les critiques furieuses qui s’abattaient sur un parti disparu depuis 45 ans ne se justifiaient que de cette manière. L’affrontement semblait axé sur le passé et l’histoire, alors qu’en réalité, il se référait à l’actualité.

Sur le plan historiographique, en effet, il n’y avait pas eu, entre les années 1970 et 1980, de contributions particulièrement innovantes, par comparaison au livre de De Luna. Gian Enrico Rusconi a été le seul à raviver la discussion au sein de la communauté scientifique, en se demandant si l’« azionismo » avait vraiment été un obstacle à l’affirmation, en Italie, d’une force politique pleinement libérale-démocrate. Les critiques de Rusconi portaient sur quatre points en particulier : l’incapacité de la Résistance, à travers la représentation d’une

« moralité armée » qu’en donnaient les « azionisti», de créer un « mythe civique » ; l’échec de leur tentative de faire de la « guerre civile » le paradigme dans lequel tous les partis se reconnaîtraient, à cause de leur choix de se déclarer vaincus et trahis. (« Seul le vainqueur », écrit Rusconi, « peut accepter l’honneur éthique de déclarer civile la guerre menée et gagnée, et en faire un mythe collectif ») ; la méfiance aristocratique pour la « zone grise » et par

conséquent l’incompréhension totale des raisons qui avaient conduit la DC à une victoire politique retentissante ; un mythe de l’intransigeance, qui devenait un alibi contre toute tentative d’expérimentation politique et intellectuelle, et finissait par un désengagement substantiel22.

Pour répondre à ces observations, De Luna cherchait à consacrer, dans la nouvelle édition de son livre, plus d’attention aux « azionisti » qu’il ne l’avait fait quinze ans auparavant. Et, dans ce sens, il m’a recommandé de continuer mon travail sur Venturi, et de présenter un projet pour une bourse de doctorat, axée sur la biographie politique du grand historien. L’historiographie de l’« azionismo » devait s’enrichir d’une série de « portraits », pour permettre d’approfondir des parcours subjectifs et des penchants personnels, en plaçant la « petite histoire » de chacun dans l’histoire du parti. Dans le cas de Venturi, il s’agissait d’étudier la continuité et les ruptures de son expérience : la formation parisienne, la centralité de la lutte dans la Résistance, mais aussi les raisons qui l’avaient poussé en 1956, encore jeune, à la décision d’abandonner toute forme

d’engagement politique et de se consacrer pleinement à la recherche historiographique et à l’enseignement.

Le choix d’écrire une biographie, limitée à la période de l’engagement politique de Venturi, est né de raisons historiographiques. À travers les histoires individuelles des « azionisti », il a été possible de comprendre la différence entre

l’histoire du Partito d’Azione et celle des autres partis de la gauche italienne. En effet, si on lit les biographies des dirigeants et des militants du Parti

Communiste, on s’aperçoit qu’elles décrivent un parcours politique linéaire, qui va de l’imperfection à la perfection, de l’ingénuité initiale de l’individu à la découverte de la vérité finale collective, grâce à la rencontre avec le Parti. Un passage de la « spontanéité » à l’ « organisation » (pour employer un slogan des années 1970) sans ruptures ou contradictions.

Au printemps 1996, j’ai obtenu une bourse d’études pour un Doctorat de recherche de trois ans en Histoire contemporaine à l’Université de Turin. Le projet que j’avais présenté au concours oral était justement celui d’écrire une biographie politique de Franco Venturi entre 1931 (année de son arrivée à Paris avec sa famille, suite au refus du père, Lionello, de prêter serment au régime fasciste) et 1956 (année de l’insurrection hongroise et du détachement de Venturi de toute forme d’activité politique).

Une semaine avant l’épreuve orale, la coalition de l’Ulivo, fondée par Romano Prodi, avait gagné aux élections législatives. Entre 1994 et 1996, je me suis vu confier des tâches de direction de plus en plus importantes au sein du PDS turinois, et les pressions qui me poussaient à me consacrer à la vie politique à temps plein étaient fortes. En outre, depuis 1991, je présidais une association de lutte contre l’exploitation en Italie des femmes africaines, nigérianes en

J’aurais également pu faire de cette activité un travail à temps plein. En somme, il n’était pas simple d’être simultanément disponible pour les études, la politique et l’engagement civique. Sans vouloir renoncer à aucune de ces trois activités, j’éprouvais néanmoins le besoin de faire un choix afin d’établir des priorités. La précarité et l’absence de perspectives stables dans la carrière universitaire m’incitaient à envisager d’autres options, tout en sachant que les possibilités de succès étaient liées à la qualité scientifique finale de ma thèse, qualité qui nécessitait un temps et un travail considérables. De même, je ne voulais pas transformer l’activité politique en métier, sans disposer d’une alternative qui me permettrait de préserver mon autonomie, ainsi que ma liberté de jugement et éventuellement de dissension.

Ma première année de doctorat, de septembre 1996 à octobre 1997, s’est déroulée dans cette incertitude psychologique, due cependant à la richesse des possibilités. Comme il arrive souvent dans la vie, ce sont des événements extérieurs qui m’ont fait prendre une décision. L’année qui a suivi la victoire électorale de 1996 a été pour moi, sur le plan politique, extrêmement décevante.

De mon point de vue, la direction du PDS aurait dû, d’une part, soutenir le gouvernement Prodi sans incertitudes, et déployer simultanément une grande énergie pour renforcer le parti sur le terrain, former de nouveaux cadres, et rétablir un rapport entre politique et culture. Au contraire, au niveau national, s’est imposé le modèle d’un parti dirigé par un groupe restreint, à savoir la culture du « staff »

du Secrétaire national, tout comme la réduction des espaces et des occasions de débats, ainsi qu’une confiance aveugle dans les capacités du leader. Parallèlement, au niveau local, l’arrivée au pouvoir était vécue comme un « tournant » dans la vie du parti, c’est-à-dire l’apparition d’une conception de l’engagement comme carrière politique, dans le but de conquérir un mandat d’adjoint ou de maire. J’ai commencé à éprouver un sentiment d’amertume et de détachement, aggravé par l’impression d’avoir gâché une énergie que j’aurais pu consacrer à ma recherche sur Venturi. Après la lecture du premier rapport annuel sur la progression de ma thèse, mes professeurs référents – Giovanni De Luna,

Nicola Tranfaglia, la regrettée Adriana Lay et Aldo Agosti – m’ont invité, sur un ton amical mais décidé, à me concentrer sur mes études. Ou bien de renoncer à la bourse et de continuer ma thèse sur une plus longue période, comme activité secondaire à côté de la politique. Néanmoins, tous les quatre m’ont fait comprendre sans équivoque que cette deuxième hypothèse représenterait pour eux « mon échec et le leur ».

Ce qui m’a poussé à faire un choix radical, cependant, est une tragédie survenue en octobre 1997. Ma compagne nigériane, avec qui je partageais le travail, y compris le plus périlleux, au sein de l’association, a été assassinée à son retour du Nigéria, où elle s’était rendue pour une visite à sa famille. Des nouvelles confuses provenaient de Lagos, mais il était clair qu’il s’agissait d’une vengeance de la part de l’organisation qui exploitait les jeunes femmes en Italie. Les agents de police

avec lesquels nous coopérions m’ont fait comprendre que pour des raisons de

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