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Fragments de citoyenneté dans l'ordinaire du groupe local

Introduction du chapitre 3

Pour qui se lance dans une ethnographie des paroles ou des pratiques de citoyenneté ordinaire, le silence initial du groupe éclé est assourdissant ! En naviguant à vue dans le groupe, ni côte ni récif à cartographier au titre de la citoyenneté-aux-éclés - ou citoyenneté vernaculaire - ne se présente sous forme d'évidence, durant les premiers mois de l'enquête, au point que j'ai pu envisager d'abandonner la notion de citoyenneté pour poursuivre la recherche (cf. conclusion du chapitre 2). Les routines du groupe sont organisées autour de la vie communautaire et de l’événement principal qui rythme l'existence de cette société de jeunes : le camp d'été (cf. chapitre 1). Finalement, un îlot de citoyenneté vernaculaire est apparu à travers un point précis des pratiques pédagogiques des camps d'été, les rituels d'engagement sur la règle d'or (3.1). Un des piliers de cette règle d'or est l'écocitoyenneté. Mobiliser cette notion chez les EEDF, ce n'est pas tant proposer un contenu pratique au rapport à l'environnement qu'évoquer une relation imprécise qui suppose l'engagement individuel dans le rapport à la nature. Cela renvoie davantage à une prescription de conformité envers un idéal éducatif originel et à une responsabilité envers le collectif d'appartenance (3.2). Outre ces moments rituels, des usages différenciés de la citoyenneté-aux-éclés apparaissent selon le degré de formation des militants au sein du mouvement. Des cadres adultes poursuivant leur engagement aux EEDF par la formation au delà du premier degré développent à la fois une parole officielle sur l'éducation à la citoyenneté et un regard critique de pédagogue sur cette ambition (3.3). Quant aux usages écrits d'une citoyenneté vernaculaire, ils sont plus prolifiques que leurs formes orales. Ces usages convergent vers l'hypothèse d'une citoyenneté-aux-éclés qui serait une parole adulte sur une société de jeunes. La mobilisation de la citoyenneté comme idiome servirait l'affirmation, avec autorité, d'une essence éducative des EEDF qui engage tout le mouvement (3.4). Des opportunités de saisir des pratiques éclées ordinaires au delà du groupe local confirment alors que le discours sur la citoyenneté-aux-éclés est véhiculé par le mouvement dans le cadre de la formation militante de ses cadres adultes, et les fragments d'une citoyenneté indigène observés empiriquement renvoient à ce processus d'unification d'un discours collectif (3.5). L'enquête monographique au cœur d'un groupe local du mouvement EEDF conduit donc à une modification du dispositif d'enquête: pour saisir la citoyenneté du point de vue indigène le regard ethnographique doit dépasser le groupe d'interconnaissance et investir les lieux où ce discours d'une citoyenneté vernaculaire est produit (chapitre 4).

3.1 - Écocitoyenneté et engagement

C'est en référence au camp que les mobilisations idiomatiques les plus évidentes de la citoyenneté apparaissent en premier lieu, sous la forme particulière de l'écocitoyenneté. L'écocitoyenneté est une notion récente chez les éclés. Elle est un des cinq piliers de la règle d'or, le texte d'engagement qui reprend les principes éducatifs contenus dans l'article 1er des statuts de l'association61. Cette règle d'or est présentée comme un outil pédagogique permettant à la branche

éclée (11-15 ans) de s'approprier les valeurs du mouvement EEDF. Ce discours sur les valeurs éclées est omniprésent, tant dans les récits qui accompagnent les pratiques du groupe local que dans les arènes nationales du mouvement. Un ancien président des EEDF précisait en réunion que la règle d'or, « c'est notre constitution, c'est au dessus des lois62 ! ». Il entend ici par « lois » les règles

de vie que les enfants choisissent, accompagnés de leurs respons, comme règlement intérieur organisant la vie du camp ou de la branche durant l'année. Dans un extrait d'entretien proposé dans le chapitre 1 (cf. chapitre 1.5), lorsque Suzon raconte sa mauvaise expérience de camp, elle reproche à la jeune fille qui a été parachutée dans leur équipage de n'avoir « aucune valeur éclée», de n'être pas des leurs. Dans ce même entretien collectif, son grand frère, jeune respons, propose aux participants à la discussion (tous engagés dans le groupe), de nous réciter le discours qu'il dit avoir rodé pour présenter les éclés en dehors du mouvement, notamment pour y convier des enfants en convaincant leurs parents.

Qu'est-ce que j'explique aux gens ? Alors c'est une association de scoutisme laïque et mixte, c'est ce qui différencie les Éclaireurs de France des autres associations de scoutisme, surtout la laïcité [ton didactique] c'est à dire qu'on accepte... on est pour toutes les religions et y a pas de temps spirituels comme dans les autres associations. Il existe les Scouts Musulmans, les Éclaireurs Unionistes, Israélites tout ça. Là les gens ils font « ah ouais, ouais, ouais » [mime une audience fascinée]. Et aux éclés qu'est-ce qu'on apprend ? On fait des activités qui sont adaptées à chaque tranche d'âge, en rapport avec les 5 valeurs défendues par le mouvement dans le projet éducatif, qui sont la solidarité, la démocratie, l'écocitoyenneté, la laïcité et... à chaque fois il m'en manque une... la co-éducation ! [on applaudit] Et donc explication plus ou moins de chaque valeur en donnant des exemples, en expliquant qu'il y a des branches, souvent en donnant des exemples qui viennent de mon parcours d'activités que j'ai faites du style, aux éclés ça peut être : donner un projet où on a des petites responsabilités du style, nous, on avait 61 Une partie des statuts est proposée en annexes

un projet vélo, tout simplement on est parti 3 jours, on est allé jusqu'à Gravelines, on a fait 100km, là il fallait appeler pour pouvoir dormir, il fallait préparer la liste de courses... il fallait vérifier que tout le monde savait faire du vélo donc on avait fait un truc avant. Ça c'est un exemple que je donne... Après on arrive aux aînés et là on essaye de donner plus de responsabilités parce qu'après tu vas devenir sûrement respons et puis même dans ta vie active après il va falloir te débrouiller en autonomie, te débrouiller en autonomie mais en même temps être dans un projet collectif et savoir vivre en groupe pour pouvoir monter des projets et donc, en exemple, souvent, un camp à l'étranger. Ouais, je l'ai fait courte, d'habitude il y a plus de trucs je crois. Alors aux lutins qu'est-ce qu'on fait ben c'est des activités forcément plus pour les petits mais ça peut être basé sur toujours les mêmes valeurs. Du style faire du papier mâché pour prouver que l'écocitoyenneté c'est bien et bien les gamins ils comprennent. Faire une fresque sur la solidarité c'est bidon mais déjà ça t'inculque des valeurs que tu vas garder après toute ta vie... Voilà, c'est à peu près ce que j'avais dit l'autre jour63.

Ces valeurs proposées aux enfants dans différents outils de progression sont également le socle sur lequel la pratique de ritualisation de l'engagement est envisagée dans le mouvement. La notion indigène d'engagement est l’appellation récente (dans les années 1990) de ce qui était anciennement nommé promesse ou encore « serment de l’Éclaireur » : des temps cérémoniels envisagés pour symboliser l'entrée des jeunes gens dans la société initiatique des éclés. A l'instar des pratiques de camp, la forme de l'engagement a profondément changé depuis les origines du mouvement. Son contenu textuel tout comme sa ritualisation font régulièrement l'objet d'âpres débats dans le mouvement (cf. chapitres 6 et 7). Le contenu de la Loi de l’Éclaireur, ou Loi Scoute, a évolué64 en

un siècle mais c'est un texte qui dans sa version actuelle conserve un statut d'autorité commun à l'ensemble des mouvements de l'OMMS. La déclinaison qui en est faite dans la règle d'or est en revanche spécifique aux EEDF. A ce stade de la description, il est utile de relever que la manifestation la plus évidente de citoyenneté-aux-éclés se fait jour dans le rite d'initiation fondamental du scoutisme des EEDF ; dans un espace où la parole et son contenu prennent une forte dimension symbolique. Ce caractère de rite initiatique de l'engagement ou de la promesse est conçu en tant que tel par les cadres du mouvement depuis ses origines. Dans ses travaux d'histoire culturelle sur la formation des cadres aux EEDF de 1911 à 1940, Nicolas Palluau insiste sur cette ingénierie symbolique présente dés l'origine du mouvement:

63 Entretien collectif avec Suzon, Alban, François, Sarah, 2008 ; surligné par moi 64 Voir la seconde partie de la thèse

« La promesse du garçon l'installe symboliquement dans une société où la parole prétend jouer un rôle contraignant. Le culte de la parole donnée réactive sa valeur sacrée dans la société d'Ancien Régime» (Palluau, 2010 : 39).

Si l'on revient sur la règle d'or (« nous vivons l'écocitoyenneté »), il faut préciser les modalités par lesquelles les enfants ou les adultes s'y engagent. Bien que la règle d'or ait été prévue pour la branche éclée, l'enquête révèle que c'est le support d'engagement pour tout le groupe65. S'il n'y a

plus de pratique officiellement prescrite par le mouvement EEDF à destination des groupes locaux, depuis les années 1970, il est proposé aux enfants un temps ritualisé d'engagement lors de séquences organisées sur les camps. Pour le groupe de Villeneuve, en l’occurrence, ce temps s'intitule, ces dernières années « veillée engagement » ou « veillée les éclés pour moi c'est... ». Les 65 Les équipes pédagogiques EEDF poursuivent un travail de réflexion pour proposer un cadre commun d'engagement

adapté à chaque branche puisque, officiellement, seule la branche éclée en dispose avec la règle d'or. L'objectif de proposer des outils pédagogiques adaptés à chaque branche, et en particulier sur ce rituel d'engagement, prend un caractère crucial une fois replacé dans la logique de progression individuelle.

pratiques évoluent mais restent organisées autour d'une logique qui se retrouve majoritairement dans le mouvement66. Les jeunes filles et garçons, quelle que soit leur branche, choisissent, sur une

base volontaire, de participer à ce temps d'engagement qui alterne des séquences individualisées (réflexion et subjectivation de l'engagement) et des moments de publicité au sein du groupe. Alban revient sur le déroulement de cette séquence dans le groupe lors du camp de 2008 quand je lui demande, lors d'un entretien, où « ils [les respons du groupe] en sont avec l'engagement et le foulard ? »

Sur l'engagement, on en est beaucoup plus sur ce qu'on a fait cet été, plus du tout sur la promesse, ça vient aussi d'un vécu qu'on a eu avec Géronimo et tout ça qui nous a dit : « on arrête la promesse ». Du coup moi j'ai toujours eu du mal avec la promesse, c'est un peu ringard, j'ai pas envie de promettre... J'en ai encore beaucoup discuté avec les trois ou quatre éclés qui étaient en BAFA et qui venaient d’Hazebrouck ou Lille 3 et qui eux ont fait leur promesse... Et là cet été on a plus fait des engagements, donc à chacun de s'engager sur ce qu'il veut (...). Un qui s'est engagé sur l'écocitoyenneté, une qui s'est engagée sur protéger l'eau et tout ça. Et là cet été y avait un truc vachement bien, quand on parle de « clé en main » avec Ourika et tout ça. La journée « les éclés pour moi c'est » c'était toute une journée avec des temps d'atelier qui étaient vachement préparés avec Nadia et Sophie et Ourika... Le matin ateliers par tranche d'âge où chacun s’inscrivait où il voulait, jeu avec la mise en pratique. Ça ressemble à ce que tu fais en formation Bafa ou aux éclés, et l'après-midi pareil, y avait des trucs exprès pour les louveteaux, où c'était le jeu de s'attraper. Est-ce qu'on attrape celui qui est noir, celui qui est truc, tu vois ? Des trucs sur la démocratie, sur la citoyenneté, sur le rejet des autres, pleins de trucs comme ça et après on faisait un débriefing. Y avait un truc 15/20 ans où on n'était qu'entre aînés et respons, y en avait un pour les 6-8 ans où on avait mis deux respons en plus, c'était vachement bien. Et à partir de 16h (...) pendant le temps de douches, c'était le temps où, pour la veillée - ce qu'on a toujours fait un peu pour les « éclés pour moi c'est », chant, théâtre, fresque - chacun expliquait son truc et la veillée elle ressemblait assez aux autres veillées de d'habitude avec une petite trame bien trouvée, bien sympathique. Mais y avait vachement plus un temps engagement... un temps d'éveil à ce que c'est que l'engagement et les valeurs qu'on défend, qu'on a tous trouvé vachement bien67 ».

66 On peut indiquer ici que certains groupes locaux, très minoritaires au sein du mouvement, continuent de proposer l'ancienne promesse, dans leurs pratiques de scoutisme.

67 Entretien de groupe avec Suzon (aînée), Alban (respons), Sarah et François (parents engagés dans le groupe), 2008, surligné par moi

Dans ce langage éclé circonstancié, la citoyenneté apparaît dans un rituel collectif qui mêle des prescriptions du mouvement envers ses membres (s'engager sur des termes sanctuarisés par le mouvement) et une démarche volontaire (choix de l'engagement ou non), réflexive et créatrice (questionner son rapport au groupe et l'exprimer en veillée). La notion de « citoyenneté » présente dans le terme d'écocitoyenneté est entendue dans son sens indigène comme « faire de son mieux et se sentir responsable » pour changer un état de chose collectif, en l’occurrence l'environnement à protéger dans l'écocitoyenneté. Ce n'est pas une citoyenneté universelle issue d'un statut juridique, ni une citoyenneté capacitaire. C'est un supplément d'âme qui projette le « je » dans la morale collective du « nous » éclés, le tout dans un cadre symbolique assez structuré.

3.2 - L'écocitoyenneté dans la règle d'or, un filon ?

Pour saisir la portée de l'écocitoyenneté comme forme principale d'une citoyenneté vernaculaire, les récits des pédagogues éclés qui sont à l'origine de la règle d'or sont précieux. L'écocitoyenneté n'apparaît dans le lexique indigène que très récemment, au début des années 2000. Ce n'est donc pas un idiome qui circule dans le mouvement depuis ses origines. Cela ne remet pas en question le postulat de départ qui voit dans les éclés un groupe faisant précisément usage du terme de citoyenneté pour qualifier ses pratiques. D'autres mobilisations indigènes du terme de citoyenneté dans l'histoire des EEDF confirment cette hypothèse de départ68. Le caractère récent de

l'écocitoyenneté indique en revanche que la citoyenneté est un idiome disponible pour qualifier des pratiques pédagogiques évolutives. Ces pratiques pédagogiques, dont l'engagement sur l'écocitoyenneté dans la règle d'or est un cas particulier, ont vocation à unifier le mouvement dans son ensemble, à faire communauté au niveau du mouvement EEDF, au delà des groupes locaux qui sont les lieux d'expérience quotidienne et sensible de l'engagement aux éclés. C'est dans ce processus d'unification par les pratiques pédagogiques et par un langage vernaculaire qu'apparaît l'écocitoyenneté.

La règle d'or est écrite dans la seconde moitié de la décennie 1980 par des permanents du siège national, tous issus du mouvement EEDF, alors que l'association se remet d'une crise profonde. La décennie 1970 a été le théâtre d'un conflit entre « réformistes » et « conservateurs » aux EEDF69. Ce

« mai 68 des EEDF », selon un ancien permanent, a culminé aux assises d'Avignon en 1974. S'en est suivie une période de quasi disparition de l'échelon national, avec un siège national n'ayant plus que deux permanents (contre une trentaine aujourd'hui). L'arbitrage entre les conceptions traditionnelles du scoutisme (port de l'uniforme, levé de drapeau, promesse) et des conceptions plus libertaires qui semblent majoritaires (remise en cause des ritualisations et de cadres de l'autorité) est alors laissé à la discrétion des groupes locaux. Il est décidé « de ne rien décider » mais le 68 cf. chapitre 6

69 Sur l'histoire du mouvement, écrite par ses militants, voir Bastide, Y., 100 ans de laïcité dans le scoutisme et

l'éducation populaire, 2011 ; et les sites de l'Association des Anciens Éclaireurs et Éclaireuses (AEEE) : http://aaee-

anciens.ecles.fr, et celui de l'Association Pour l'Histoire du Scoutisme Laïque (AHSL) : www.histoire-du-scoutisme- laique.fr.

mouvement national n'existe plus en tant que tel, il est réduit à des dimensions administratives. L'équipe nationale qui est remontée dans les années 1980, une fois les conflits apaisés, ambitionne de refonder une dynamique de mouvement.

Un des membres de cette nouvelle équipe, arrivé au milieu des années 1980 décrit une « association qui panse ses plaies après Avignon ». Il faut « tout reprendre », « redéfinir la formation et la pédagogie, (…) réussir à faire bosser les gens ensemble et regagner de la légitimité en allant porter tout ça dans les régions » ; « toute la question c'est de refonder ce qu'on fait, dans la méthode, et de nettoyer pour enlever ce qui gène ». Tous les outils pédagogiques sont remis à plat et modifiés, il s'agit de « tout refonder par le jeu », le jeu comme élément de base de la méthode scoute et de l'éducation populaire. Dans la continuité du mouvement anti-autoritaire qui a gagné les EEDF comme l'ensemble des structures éducatives, ce qui symbolise l'ordre ancien, dépassé, est symboliquement transformé. Dans la branche éclée le « chef de patrouille » devient le « coordinateur d'équipage », il est élu et non plus nommé, la « meute » des louveteaux devient un « cercle ». Le cadre symbolique du Livre de la jungle de Kipling est abandonné au profit d'une nouvelle fiction inventée et diffusée par les pédagogues du mouvement, mettant en scène des aventuriers spatiaux œuvrant à « sauver la terre de l'oubli ». Le lancement (et l'apogée) de ce nouveau cadre symbolique chez les EEDF culmine avec l'organisation du rassemblement « Navigator » en 1989, à la Courneuve, réunissant 6000 éclés. Un foulard est créé pour l'occasion et une cérémonie le consacre à la fin du rassemblement. Cela fait dire à un des membres de l'équipe pilotant cette grand messe qu'une fois que les enfants s'étaient réappropriés ce nouveau foulard symbole de Navigator, « c'était gagné », et que le foulard ne serait plus le symbole de l'opposition entre modernistes et traditionalistes comme ce fut le cas lors des deux décennies précédentes. C'est dans ce même mouvement de refonte que les EEDF achètent en 1981 le hameau de Bécours, dans l'Aveyron, pour le reconstruire et y bâtir la cité idéale qui traverse l'imaginaire collectif des EEDF70.

Enfin, c'est aussi la période où sont entièrement revues les formations des éclés et des respons, avec la mise en place de temps et séjours de formation nationaux largement ouverts aux adhérents. Cette période de renouveau qui s'achève autour de 1995 voit cependant des tabous demeurer. Les pédagogues voulaient pousser la remise en question de l'ensemble des pratiques et cela incluait la totémisation, officiellement interdite mais largement pratiquée dans la confidentialité des groupes

locaux, et la question de la spiritualité dans le mouvement laïque. Cet ultime « chantier » restera fermé jusqu'à la création de l'observatoire de la laïcité en 2008.

En suivant les évolutions sémantiques qui précèdent la formalisation de l'écocitoyenneté, il apparaît que la qualification de « citoyenneté » vient proposer un mode d'individuation du rapport des éclés à l'environnement. En 1992, sous l'impulsion du siège national, les groupes locaux se lancent dans la rédaction du « Livre Vert », répertoire de projets autour de l'environnement réalisés dans les groupes en 1991/1992. En 1992, le carnet de camp mentionne « chaque éclé par ses actions et projets, dans la vie quotidienne, participe à la protection de l'environnement ». En 1994, la formulation de la règle d'or dans « mon carnet d'aventures » précise : « nous voulons prendre soin de la Terre et vivre en harmonie avec la nature ». En 1996, dans les « carnets d'aventures solidaires Mosaïque », un carnet s'intitule « Aime ta planète/Éducation à l'environnement » et détaille : « nous

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