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fracture, il est tout de même préférable que l'oedème et les

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-épanchementssoient résorbés. L'appareil en effet qui s'appli¬

querait exactement sur lemembre dèsle début ne pourrait le

suivre dans son retrait et il serait nécessaire d'en construire

un second. On attendra donc environ huit à dixjours; on se

contentera, au début, d'un appareil de Scultet, d'une gout¬

tière de Bonnet ou d'une simple gouttière en fil de fer suffi¬

samment garnie d'ouate.

Letemps qu'on doit laisser l'appareil en place varie de trente-cinqà quarantejours; cela dépend de la gravité de la fracture et de l'âge du malade.

CHAPITRE

IY

OBSERVATIONS

Observation I (personnelle)

(Recueillie à la Maison protestante de Bordeaux, grâce à l'obligeance

de M. le ProfesseurDémons.)

Ch. T...,22ans cocher. Entreà laMaison protestante deBordeaux

le 22janvier1892. Le malade a fait unechute du haut du siège de sa

voiture. Après examen onporte le diagnostic de fracture du corps du

fémurdroit autiers moyen : déplacementangulaire des fragments en

dehors avec gonflement des parties molles. L'appareil du professeur

Démons estappliqué le lendemainmême de l'accidentavec anesthésie

préalableau chloroforme.

Huit jours après le membre estdégonflé: l'appareil est

insuffisant

pour maintenir laréduction; on le remplace par un autre

semblable.

Le second appareil est enlevéle20mars.Laconsolidation est parfaite;

onne remarque absolument aucune saillie. Le raccourcissement du

M. 5

membre fracturéest très faible : à peine un demi-centimètre.Enfin au

bout de quelquessemaines le malade absolument guéri, marche sans difficulté aucune, ni claudication.

Observation II(personnelle)

(Recueillie dans le service de M. le ProfesseurDémons.)

L. J..., âgé de20 ans ouvrier aux chantiersdelà Gironde, travaillait à la construction du bateau Je Ghanzy^tombe le 6 avril 1893 d'un

écliaffaudagesitué à8 mètresdu sol. On le transporte immédiatement à l'hôpital Saint-André. L'interne de garde en présence du gonfle¬

ment considérable de la cuisse gauche, se contente dela faire placer

dans une gouttière en fil de fer garnied'ouate.

Quelquesjours après, le gonflement ayant quelque peu diminué on

diagnostique unefracture du fémur gauche au tiers moyen. On appli¬

que unappareil àextension continue, composé de bandelettes de

dia-chylon formant étrier autour de la plante du pied et d'une attellé externe remontant au dessus de la hanche.

Cet appareil est insuffisant à maintenir la réduction et à corriger la rotation en dehors. Le 12 avril on le remplace par celui duprofesseur Démons. Ace moment le raccourcissement constaté est de cinq centi-mêtres.

Le malade conserve son appareil pendant quarante jours sans

éprouver aucunesouffrance, Lorsqu'on remet sacuisse en liberté, on constate qu'elle est dans la rectitude, que le cal est un peuvolumineux mais ne fait pasde saillie marquée. Le raccourcissement n'est plus

que d'uncentimètre.

Cet homme marche en s'aident d'une canne pendant quelques semaines. Lorsque nous le renvoyons, trois mois après sachute, il a

repris son travail auxchantiers de la Girondeet marche avec la même

aisancequ'auparavant.

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Observation III

(Due à l'obligeancede M. leProfesseurDémons).

« Il y a sept ou huit ans M. .T. de P..., jeune homme de

dix-sept

ans, fit unechute decheval sur la route d'Arcachon àla Teste, Il ne

put se relever. Plusieurs médecins d'Arcachonfurent

appelés à l'exa¬

miner quelquesheuresplus tard ; ilsconstatèrent tous les

symptô¬

mes d'une fracture de la diaphyse du fémur droit et appliquèrent

en m'attendantun appareil provisoire. Le lendemain je remplaçais

cet appareil par un Scultet.Huit jours après, quand le

gonflement eut

djsparu, je me disposaisàposerl'appareilplâtré. Le

raccourcissement

était environ decinq centimètres, lemembre était dans la rotation en

dehors, à lapartiemoyenne de la cuisseon trouvait une

déformation

angulaire, Malgrétous les soins apportés à la

réduction de la fracture

etàl'application dedeux appareils successifs, le

résultat obtenu était

tortmédiocre. Au moyen du chloroforme, l'anesthésie et la résolution

musculaire complètes étantobtenues,je fisfaire,pardeux

aides vigou¬

reux, uneextention et unecontre-extension très énergique,

dont je

ne

fus satisfaitque lorsque par lamensurationj'obtins la

conviction

que

lesdeux membres inférieurs avaient la même longueur.

Jedonnaiau membrefracturé une direction convenable. Puis avec

l'aidedemon excellentinterne et ami, M. Pierre Sébileau, actuelle¬

ment agrégé à la Faculté demédecine de Paris,

j'appliquai

un appa¬

reilplâtré, constitué par une grande attelle externe,

allant d

u

bord

externe du pipd jusqu'au voisinage de l'aisselle, et

d'une attelle

interne allant du bord interne du pied jusquau voisinage du

pli

ingtiino-crural. Ces deuxattelles recouvertes

de taffetas plâtré, furent

maintenues en place :

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-1° Par un large bandage de corps composé de plusieurs doubles detaffetas, et recouvert cle plâtre en avant et sur les côtés;

2° Par des circulaires detaffetas larges comme la main et contour¬

nantla cuisseau niveau de lafracture, au-dessus et au-dessous;

3° Par d'autrescirculaires semblables contournant les deuxjambes

àsa partie supérieure et à sa partie inférieure.

Jene fis cesser ia chloroformisation et abandonner l'extension et la contre-ex.ensionque lorsquele plâtre fut tout à fait sec et résistant.

Enfin, au moyen de grandes bandelettes de sparadrap diacliylon appliquéessurlajambeet passantcommeunétrier au-dessous dupied, auxquelles étaient fixée une corde supportant un poids à son autre

extrémité, je fis faire une traction continue pendant trentejours.

Le blessé fut couché sur un lit dur dont les pieds étaient un peu élevés sur des supports : sa tête reposaitsur un oreiller peu épais et ferme.

Au bout d'une quinzaine dejours, M, de P. futapporté à Bordeaux.

Afin que cevoyage, justement redouté, put être fait dans debonnes

conditions,je plaçai le blessé muni de son appareil dans une grande gouttière de Bonnet, je le fis ainsitransporter surun brancard de son

domicile à la gare. Là, blessé, appareil, gouttière, purent être glissés

à travers laportière qui avaitjuste la largeur voulue, jusque sur le parquet d'un compartiment de wagon. Le voyage de la gare de Bor¬

deauxjusqu'aucours du Chapeau-Rouge où habitait la famille du

jeune homme, se lit sans encombre au moyen d'un brancard. J'avais

eu soin de choisir la nuit pour faire suivre cet itinéraire afin d'éviter lacuriosité des badauds.

Le résultat a été excellent. Pas le moindre raccourcissement du membre iuférieur fracturé n'a succédé à l'accident dont M. de P..., avait étévictime. Il n'ya pas la pluspetite claudication. »

Observation IV (personnelle)

(Recueillie dans le service de M. le Professeur Démons.)

S..., 80 ans, chaudronnier. Entre le 12 avril 1893, à l'hôpital

Saint-André salle 18, dans leservice deM.le professeurDémons. Le malade

est tombé d'unehauteur dequatremètres environsur un moellon. On

netrouve aucune solution decontinuité des tugémentsmaisen revan¬

che il existe un gonflement énorme : Le diagnostic de fracture sous-trochantérienne du fémur droit estportéetl'on applique aussitôt une gouttière garnie de ouate. Le 22 avril,la gouttière estenlevée et rem¬

placée parl'appareil plâtré du professeur Démonsqui resteà demeure

quarantejours. Le2 juin on retire l'appareil. Pendant huit jours le

maladene peut appuyer à terre lepied ducôté malade à cause d'une

plaielégèresituée au niveaude la malléole interne. Cette plaie a été

occasionnée par l'extrémité inférieure de l'attelle qui n'avait pas

suffisammentété garnie de ouate. Pendant un mois le malade doit

s'aider dedeuxbéquillespour marcher.

La consolidotion estparfaite mais le cal esttrès volumineux et très

saillant. Laclaudication est marquée et leraccourcissement du mem¬

bre inférieur droit atteinttrois centimètres.

Gi^iLicjvie des Observations.

Dans le paragraphe relatif aux avantages

de l'appareil,

nous avonsomis à dessein de parler du raccourcissement.

Avant d'aborder ce point si important, nous avons

voulu

mettre sous les yeux du lecteur les

observations

que nous

avons pu recueillir. Plusieurs ont échappé à nos investiga¬

tions; nous le regrettons infiniment, parce que la plupart

d'entre elles étaient en faveur cle notre sujet.

Celles que nous présentons sont suffisamment probantes

pour en tirer des conclusions.

Dans la première, l'appareil du professeur Démons reste

en place pendant quarante jours seulement. Résultat excel¬

lent, comme on peut s'en convaincre parles (fig. II et III) de

la planche insérée à la fin de l'ouvrage. Pas de

reccourcisse-ment visible, un demi centimètre seulement à la mensura¬

tion, pas de déformation; rien n'indique quel est le membre guéri. A remarquer qu'un premier appareil semblable au second avaitété appliqué le lendemain mêmedu traumatisme

sans détermineraucun gène.

La seconde observation est très concluante également :

fracture du fémur au tiers moyen après une chute d'une

hauteur de huit mètres. Après quarante jours de traitement,

le raccourcissement est de un centimètre, le cal est un peu volumineux.

Dans la troisième, le raccourcissement est inappréciable.

Il faut dire qu'ici l'extension continue a été associée à l'ap¬

pareil.

Cettepossibilité d'associerl'extension continue àl'appareil,

nous ne l'avions pas envisagée plus tôt parceque nous ne connaissions pas encore les détails de cette observation. Elle

ne peut avoir pour conséquence que les meilleurs résultats.

Notons en passant que le malade a été transporté

d'Arca-chon à Bordeaux sans que l'appareil ait bougé et que le

malade ait éprouvé de douleur.

Pourladernière, le raccourcissement est plus considérable,

il est de trois centimètres; la fracture siégeait au tiers supé¬

rieur du fémur.

CONCLUSIONS

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