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I. LES FRÈRES MUSULMANS, AUX ORIGINES DE L’ISLAM POLITIQUE

On aurait tort de croire que l’islam est la seule source idéologique des Frères musulmans. Née en Égypte à la fin des années vingt, la Confrérie est avant tout le produit de son époque. Et, en premier lieu, du contexte historique qui la voit naître.

Conséquence de la défaite d’une Turquie alliée à l’Allemagne pen-dant la Première Guerre mondiale, les accords Sykes-Picot, signés à Londres le 16 mai 1916, ont permis aux empires français et britan-nique de mettre la main sur les restes de l’Empire ottoman – le der-nier Califat islamique. Des pays émergent du désert dans la péninsule Arabique, des États-nations pourvus de frontières nouvelles voient partout le jour sur l’ancien territoire du Califat. En Turquie, Mustafa Kemal engage son pays dans une révolution institutionnelle et poli-tique en décrétant la République laïque. Le port du voile islamique est interdit à l’université et dans les administrations, la religion bannie de la sphère publique.

L’Égypte n’est pas épargnée par cette lame de fond. Même si le pays accède à l’indépendance en 1922, la Grande-Bretagne, après un siècle d’occupation coloniale, maintient son contrôle sur l’armée, le canal de Suez et le pouvoir politique. La charia, la loi islamique qui rendait le droit jusqu’en 1924, est abolie. Les oulémas, les docteurs de la loi coranique, se voient retirer le monopole de l’éducation, du droit et de la justice. La « dimitude », qui faisait des minorités non musulmanes des sujets de second rang, est abrogée. Les sujets de l’ancien calife deviennent des « citoyens », et l’égalité est

imposée entre eux. Partout des systèmes administratifs d’inspiration occidentale remplacent les institutions islamiques qui prévalaient dans l’organisation de la société.

Les idées nouvelles, venues de l’autre rive de la Méditerranée – le nationalisme, la laïcité, la démocratie, les droits de l’homme, le com-munisme –, se diffusent dans les classes les plus élevées, tandis que des missionnaires tentent d’évangéliser les populations les plus misérables.

Une césure jamais perçue auparavant s’opère entre riches et pauvres, entre les classes populaires et les élites. Les femmes se dévoilent et s’émancipent progressivement du pouvoir que les hommes (pères, frères, époux) exerçaient sur elles. Encouragée par l’Occident, l’éman-cipation des femmes achève d’ébranler les mentalités.

Même si le Califat a varié au cours des siècles, c’est tout un monde – sa géographie, son système politique, administratif, religieux, sa morale, sa culture et ses lois – qui disparaît brutalement.

Pour Hassan Al-Banna, le fondateur de la Confrérie des Frères musul-mans, comme pour une fraction importante des populations arabes et musulmanes, cet effondrement est ressenti comme un cataclysme : la dissolution d’une identité multiséculaire dans la modernité occidentale.

Le fondateur

Hassan Al-Banna est né en 1906 dans une famille de la petite bourgeoisie provinciale du Delta. Son père, un horloger, était membre d’une confrérie soufie – la branche mystique, quiétiste, de l’islam – et un commentateur d’inspiration salafiste des hadiths, qui rassemblent l’ensemble des actes et des paroles du prophète. Hassan Al-Banna

Michaël Prazan est écrivain et réalisateur. Il est notamment l’auteur de Frères musulmans : enquête sur la dernière idéologie totalitaire (Grasset, 2014).

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reçoit une éducation religieuse très stricte. Dès l’adolescence, il est attiré par le salafisme, cette école de pensée qui, en plus d’une lec-ture fondamentaliste du Coran, préconise un retour à l’intégrité et au mode de vie des salafs, les premiers musulmans, contemporains du prophète Mohammed. Sa radicalité précoce le pousse à considé-rer le whahhabisme, la version saoudienne du salafisme, né dans la péninsule arabique au XVIIIe siècle, comme une réponse politique et religieuse aux maux de la société égyptienne et du monde musulman.

Il voit alors en Abdelaziz Al-Saoud, le roi saoudien, l’étoffe du pro-chain calife, le futur guide du Califat reconstitué. Au lycée, Hassan Al-Banna fait preuve d’un zèle militant hors du commun. Il fonde des organisations de surveillance de la vertu et des bonnes mœurs, crée des associations religieuses, avant de partir au Caire intégrer un institut de formation des enseignants.

Son premier contact avec la capitale est un choc de civilisation.

Partout il constate la présence coloniale, un cosmopolitisme honni, les mœurs « corrompues » des Cairotes. Il voit les Européens habiter de coquettes villas, les tommies s’enivrer bruyamment dans les bars, pendant que le gros de la population s’agglutine dans des taudis et des baraquements de fortune, évitant de circuler dans les quartiers européens, quand ils ne sont pas obligés de s’y rendre pour y effectuer des emplois mal payés. Il découvre des femmes vêtues de jupes courtes et chaussées de talons hauts, allant tête nue sans hommes pour les accompagner ni les surveiller. Tout cela heurte profondément le jeune provincial pudibond et rigoriste. Son sentiment d’étrangeté dans une ville qui s’est occidentalisée sous l’effet du colonisateur britannique le pousse à vouloir s’engager plus avant. Il consulte les oulémas Muham-mad Al-Khudr Hussein, Rachid Rida, Mustapha Sabri, ainsi que d’autres cheikhs de renom issus du courant salafiste, tout aussi mécon-tents que lui des évolutions de la société. Hassan Al-Banna se convainc que, pour restaurer la charia, il faut réformer l’individu en lui incul-quant les valeurs de l’islam, c’est-à-dire en lui apprenant, moralement, mais aussi physiquement, militairement, à se battre pour ses valeurs centrales. Après avoir réislamisé l’individu, il s’agira de réformer la famille, la société, puis l’État. L’humanité étant une et indivisible, l’aboutissement ultime de ces réformes successives sera la conquête du

monde. « Nous croyons que notre message est universel, intégral […].

C’est ce qui a incité les pieux ancêtres aux saintes conquêtes qui ont surpris le monde entier. Des conquêtes d’une rapidité, d’une justice, d’une noblesse et d’une vertu sans précédent dans l’histoire. (1) » Il est dans la nature de l’islam de dominer, pas d’être dominé, d’imposer sa loi sur toutes les nations, et d’étendre son pouvoir à la planète entière.

L’ambition est là, dès le début.

L’influence nazie

Créée en 1928, la Confrérie ne distingue pas l’influence qu’elle devra exercer sur les masses de la nécessaire prise du pouvoir politique.

L’organisation est conçue comme un parti politique auquel chaque membre reversera une partie substantielle de son salaire. Sa structure pyramidale est calquée sur les ligues fascistes de l’entre-deux-guerres, et plus particulièrement sur le parti national-socialiste allemand.

À cause du rejet des colonisateurs français et britannique, certains pays arabes ont été plus réceptifs que d’autres à la propagande nazie, diffusée par les écoles techniques et les radios allemandes, notamment implantées en Iran et en Égypte. Comme le note l’historienne d’ori-gine iranienne Ladan Boroumand :

« Il est intéressant de constater que l’antisémitisme des mouvements islamistes a toujours une racine allemande.

Jusqu’alors, les juifs étaient une minorité religieuse qui, à l’instar des Arméniens, des chrétiens, ou des zoroas-triens, avait toujours été un peu méprisée. Pour autant, ils n’étaient pas perçus comme des gens puissants, sournois et comploteurs. Dans les clichés de l’époque, le juif peut être un usurier, un peureux, mais les notions de com-plot, d’une puissance occulte qui recherche le contrôle du monde, étaient étrangères aux musulmans. Or, dans les pays où l’hégémonie britannique était la plus pesante, comme en Iran et en Égypte, avec les tensions des années trente, puis pendant la guerre, il y a eu un mouvement de sympathie pour les Allemands. De son côté, l’Alle-magne nazie en a profité pour créer des passerelles avec

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le monde arabe, y installant une présence technologique et scientifique lui permettant de diffuser sa propagande.

La génération de nos parents, ceux qui étaient lycéens dans les années 1939-1945, y a été fortement exposée.

C’est une génération qui, même de manière incons-ciente, a été abreuvée par l’antisémitisme nazi. Les liens noués entre le grand mufti de Jérusalem, la plus haute autorité religieuse de Palestine, et Hitler montrent bien qu’il y avait des relations effectives et idéologiques entre les nazis et les Arabes. L’antisémitisme moyen-oriental actuel en est une conséquence, sans même que les gens sachent vraiment d’où il provient. (2) »

Mohammed (Hadj) Amin Al-Husseini, le grand mufti de Jérusa-lem, l’instigateur de la grande révolte arabe qui conteste le pouvoir britannique sur la Palestine mandataire entre 1936 et 1939, incarne à merveille la séduction qu’ont pu exercer le nazisme et l’antisémi-tisme le plus radical sur l’islamisme des années trente. Quand il rejoint Hitler à Berlin en novembre 1941, Mohammed Amin Al-Husseini prend en charge la formation idéologique des kommandos musulmans de la SS – principalement la 13e division de la Waffen-SS Handschar, composée de musulmans bosniaques. Depuis Berlin, l’inventeur du nationalisme palestinien fera plusieurs allocutions radiophoniques pour affirmer que l’islam et l’Allemagne ont un ennemi commun : le juif. Dans ses Mémoires (3), Husseini rapporte un entretien qu’il eut avec Hitler au cours des premiers mois de l’opération Barbarossa :

« La condition fondamentale que nous avons posée aux Allemands pour notre coopération était d’avoir les mains libres dans l’éradication de tous les juifs, jusqu’au der-nier, en Palestine et dans le monde arabe. J’ai demandé à Hitler qu’il me donne son engagement explicite pour nous permettre de résoudre le problème juif d’une façon conforme aux méthodes scientifiques inventées par l’Allemagne pour son traitement des juifs. J’obtins la réponse suivante : “Les juifs sont à vous.” »

Plus tard, alors que la défaite allemande ne fait plus guère de doute, Amin Al-Husseini, dans un discours diffusé par Radio Berlin le 1er mars 1944, exhortera le peuple allemand à poursuivre coûte que coûte l’extermination des juifs :

« Tuez les juifs partout où vous les trouverez. Cela plaît à Dieu, à l’histoire et à la religion. Cela sauve votre hon-neur. […] [L]es Allemands n’ont jamais causé de tort à aucun musulman, et ils combattent à nouveau contre notre ennemi commun […]. Mais surtout, ils ont défi-nitivement résolu le problème juif. »

Amin Al-Husseini était un compagnon de route des Frères musul-mans. Sa formation religieuse et idéologique fut semblable à celle de Hassan Al-Banna, dont il fut l’ami personnel (4). Au point que, en 1945, quand le grand mufti de Jérusalem est en résidence surveil-lée à Paris dans l’attente de son jugement, Hassan Al-Banna inter-cède auprès du gouvernement provisoire pour qu’il soit exfiltré vers l’Égypte, et qu’il échappe ainsi à un procès.

Un projet totalitaire

Dans un tel contexte, il n’est pas si étonnant que l’organisation des Frères musulmans ait été calquée sur celle des ligues et des partis fascistes européens, contemporains de sa création. Les rituels du serment de fidélité, et bien d’autres aspects encore, tels que l’obéissance aveugle au chef, sont directement influencés par le fascisme. « Action, obéissance et silence », l’une des devises des Frères musulmans, fait écho au « Croire, obéir, combattre » des fascistes italiens. L’« appareil secret », la milice clandestine et paramilitaire de la Confrérie, sera en partie financé depuis l’Allemagne par le parti nazi. Composée de 1 000 à 2 000 personnes ini-tiées aux techniques de combat et aux explosifs, elle pratiquera, à partir de 1945, l’assassinat de dirigeants politiques, des attentats à la bombe, et des pogroms dans les quartiers juifs du Caire.

Quant au programme politique de Hassan Al-Banna, son « mani-feste en cinquante points », édité en 1936, il se présente d’emblée comme un nouveau totalitarisme. « Interdire », « surveiller »,

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« punir », en sont les maîtres mots. Il s’agira d’interdire « la prostitu-tion clandestine ou manifeste, un crime détestable qui mérite la flagel-lation », « interdire toutes les formes de jeu », « l’alcool et la drogue »,

« l’usure », « interdire la mixité entre les étudiants des deux sexes », interdire « la danse », « les histoires provocatrices, les livres qui pro-meuvent le scepticisme d’une manière insidieuse, les journaux qui encouragent l’immoralité et ceux qui profitent de manière indécente des plaisirs lascifs », interdire « les maisons aux influences étrangères qui affectent la langue parlée, les comportements, les façons de se vêtir, les gouvernantes », « surveiller la conduite des employés et mettre fin à la séparation entre la vie privée et la vie professionnelle », surveil-ler « les théâtres », « les cafés », « la presse » en général, etc. Et puis,

« punir ceux qui transgressent ou attaquent la doctrine islamique, tels ceux qui ne se conforment pas au jeûne du ramadan, ceux qui ne font pas leurs prières, ceux qui insultent la foi et ceux qui commettent d’autres méfaits similaires » (article 20), « inciter les gens à respecter la morale publique et adopter des lois prévoyant de lourdes peines en cas d’infraction », « traiter les fréquentations entre jeunes gens en âge de se marier comme un crime qui doit être puni », etc. De nombreux points se concentrent sur l’éducation et l’enseignement, réduits pour l’essentiel à l’apprentissage du Coran, « à la surveillance des enfants de façon à inciter les jeunes à la prière et les plus vieux à l’étude », à

« la mémorisation du Coran dans toutes les écoles élémentaires ». Un focus particulier est réservé à l’éducation de « la femme ». Ses mœurs, ses vêtements, son comportement social ou marital, sont passés au crible, soumis à un nombre impressionnant de restrictions, d’inter-dictions, de mesures d’encadrement et de surveillance. Car, déclare l’article 2, dans les « domaines social et éducatif », « la question de la femme » est « le dossier le plus important ».

Les réformes proposées par le manifeste en cinquante points des-sinent au plus près les contours d’une théocratie gouvernée par la loi islamique ; un régime autoritaire et répressif, qui exclut toute forme de mixité dans une société contrôlée par une « police des mœurs » ; une dictature dirigée par un parti unique – celui d’Al-Banna. C’est d’ail-leurs le sens de l’article premier qui déclare : « Mettre fin aux rivalités de partis et canaliser les forces politiques de la nation dans un front

uni et dans une seule phalange. » Le « rétablissement du Califat isla-mique » (article 4), qui constitue le but à atteindre, ne pourra se faire sans « insuffler aux jeunes l’esprit du djihad islamique » (article 3) ni

« répandre l’esprit islamique dans tous les ministères du gouvernement afin que les employés se sentent obligés d’adhérer aux enseignements de l’islam » (article 5).

Un essor fulgurant

Hassan Al-Banna voulait que son organisation fût un mouve-ment de masse, c’est pourquoi il accueille des musulmans de toutes tendances (des libéraux, des conservateurs, des révolutionnaires, des militants de droite comme de gauche), pourvu qu’ils se conforment dans leur vie professionnelle et dans leur vie privée aux règles de la morale islamique. Dès l’année 1928, des sections de la Confrérie sont créées dans plusieurs villes d’Égypte. On en compte quatre la pre-mière année, quinze en 1932, trois cents en 1938. L’organisation, qui ne pèse que 2 000 militants lors de son premier congrès en 1933, en compte 40 000 l’année suivante, soit vingt fois plus. Dix ans après sa création, la Confrérie pouvait capitaliser deux millions de membres.

Tout aurait pu s’arrêter en 1949, quand Hassan Al-Banna est assassiné par la police secrète du roi Farouk et la Confrérie dissoute. C’est tout le contraire qui se produit. Forte du partenariat qu’elle a scellé avec les Officiers libres, la Confrérie, qui s’est donné un nouveau Guide suprême, Hassan Al-Hudaybi, croit son heure arrivée. Elle représente désormais en Égypte une puissance considérable, et mise tout sur l’un des siens : Gamal Abdel Nasser, l’éminence grise et l’homme fort du coup d’État de 1952 qui abat la monarchie pour s’emparer du pouvoir.

Nasser, allié et fossoyeur

Dans sa jeunesse, Nasser militait dans un groupe d’extrême droite.

À 18 ans, il assiste au congrès du parti nazi à Nuremberg en 1936, en tant que membre de la délégation égyptienne de son mouvement. Dix ans plus tard, en 1946, il prête serment sur le Coran et intègre l’appa-reil secret de la Confrérie. Il sera le numéro deux des Frères musul-mans infiltrés dans l’armée.

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« Nasser est un conservateur musulman très cultivé, révolté par la corruption qu’il rencontre partout autour de lui, commente l’historien franco-égyptien Tewfik Aclimandos. Mais, après avoir prêté serment et intégré l’appareil secret, on le sait très mal à l’aise avec le dis-cours et les pratiques de la Confrérie. La priorité de Nas-ser, c’est le colonialisme, pas la réforme ou la construc-tion du citoyen musulman. C’est la raison pour laquelle il quitte la Confrérie, au plus tard en septembre 1949.

Son départ décapite les cellules frères au sein de l’armée.

À ce moment-là, il y avait cent cinquante officiers frères infiltrés dans l’armée. Nasser prend la tête de plus de 80 % de cet effectif. Les officiers membres des Frères musulmans, qui étaient comme Nasser des nationalistes, le suivent. (5) »

Après avoir siphonné les cellules de la Confrérie (seuls 20 des 150 militaires infiltrés demeurent acquis à la cause des Frères musul-mans), Nasser exige de ses Officiers libres qu’ils rompent toute autre affiliation.

Quand Nasser s’empare du pouvoir, les Frères musulmans viennent lui réclamer des portefeuilles ministériels et l’instauration de la charia.

Malgré leur participation active au coup d’État, aucune de leurs exi-gences n’est prise en compte. Le malentendu est consommé, et le par-tenariat avec Nasser, définitivement brisé. Le bras de fer qui s’engage alors entre la Confrérie et le nouveau dirigeant égyptien a pour point d’orgue la tentative d’assassinat de Gamal Abdel Nasser, le 26 octobre 1954, place de la Manshia, à Alexandrie. L’attentat, perpétré par un forgeron membre de la Confrérie, est un échec ; aucune des huit balles tirées à bout portant sur Gamal Abdel Nasser n’atteint sa cible. Le retour de bâton ne se fait pas attendre : les Frères musulmans sont partout réprimés, embastillés, liquidés. Leur organisation, une nou-velle fois interdite. En attendant un retour en grâce – qui ne survient qu’après la mort de Nasser –, la Confrérie parviendra à maintenir sa présence en Égypte grâce à ses œuvres de charité. Parallèlement, elle développe son réseau étranger, encore circonscrit au territoire de

l’ancien Califat. Les branches syrienne et soudanaise, Millî Görüs en Turquie, Ennahdha en Égypte, le FIS algérien ou le Hamas palestinien constitueront autant de leviers d’influence que de bases arrière. Avant l’étape suivante : l’implantation de filiales fréristes en Occident.

II. LE DÉVELOPPEMENT DES FRÈRES MUSULMANS