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Les formes urbaines font plus que témoigner du passé des villes, elles entretiennent des liens complexes avec ce que peut être une identité urbaine.47

Cette notion est construite sur l‟idée que la ville n‟est pas une juxtaposition d‟objets sans lien les uns avec les autres. Des logiques, des entités cohérentes existent à plusieurs niveaux : de l‟immeuble à la ville entière, toutes les échelles sont possibles (le quartier, la rue, l‟îlot, le centre historique, les banlieues résidentielles...).

Les territoires sont de plus en plus urbains dans leur fonctionnement... mais de moins en moins par leurs formes. La ville n‟est plus une unité territoriale indiscutée, et les phénomènes de rurbanisation en sont une manifestation. Un fonctionnement urbain

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JOCELYN, 1997

47 COUDROY Laurent. « Histoire des formes urbaines ou formes d‟une histoire urbaine ? » dans De la

ville à la mégapole : essor ou déclin des villes au XXI siècle. « Techniques, Territoires et Sociétés »1996/97.n°35.

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s‟introduit dans les paysages demeurés ruraux, paysages dont la ruralité même tend à devenir une des composantes de l‟urbain.

Les formes entrent en dialectique avec tous les autres aspects de l‟espace urbain, notamment les disparités sociales ou fonctionnelles. Le paysage urbain, le marché immobilier ou les circulations sont bien évidemment liés aux dispositifs formels. Ceux- ci conditionnent les usages et le vécu de l‟espace urbain.

3.1 La notion de Métropolisation et la place du Transport dans son

développement :

La notion de métropole, dans son usage actuel, renvoie à deux transformations majeures de nos espaces urbains :

-l‟étalement qui entraîne des portions de territoire d‟une ampleur inédite dans la dynamique urbaine, dans sa version contemporaine.

– la globalisation qui semble balayer les situations, hiérarchies urbaines locales, nationales...

Délimiter une agglomération métropolitaine est un exercice aussi complexe que controversé. Car, par définition, cette aire n‟étant pas celle d‟un territoire purement administratif et borné, est une entité aux limites mouvantes et floues, et par cela purement analytiques, dépendantes des pratiques en cours des habitants telles que l‟on décide de les observer.

La notion de métropolisation a été d‟abord appliquée à des agglomérations importantes puis, à des agglomérations de taille moyenne et d‟influence purement régionale ; ce n‟est plus un concept analytique mais plutôt un concept opératoire (arriver à la métropolisation) applicable quasiment partout. 48

La constitution des aires métropolitaines est la conséquence de la mobilité quotidienne. Les mobilités démocratisées étant à l‟origine du décalage entre la réalité économique (dont les pratiques de production et de consommation) de tous les acteurs (les entreprises, les habitants), et les limites administratives, elles imposent la formulation d‟un nouveau cadre de réflexion spatiale. Pour cela, la cartographie d‟aire métropolitaine s‟appuie sur celle du fonctionnement quotidien des habitants, leurs activités et leurs mobilités.

La métropolisation peut être considérée à l‟heure actuelle comme la forme contemporaine du processus d‟urbanisation qui se poursuit en Europe depuis des

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Rachid Sidi Boumedine, Echec des instruments ou instrument de l’Echec ?, Ed. Alternatives Urbaines, Alger 2013.

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siècles. Elle est, comme le dit Jean Ollivro « fille et mère des vitesses mécaniques. […] Elle cristallise les notions d‟urgence en étant le lieu des mobilités cumulées »49

. Pour certains auteurs, l‟urbanisation qui détermine un nouveau rapport à l‟espace, est un processus « où la mobilité spatiale organise la vie quotidienne, ce qui suppose la possibilité et la capacité d‟être mobile ainsi qu‟une valorisation de la mobilité »50

. Et ce processus « affecte aussi bien la ville que la campagne, même s‟il touche l‟une et l‟autre avec des décalages chronologiques et des intensités variables ».

Le terme d‟agglomération apparaît alors que l‟espace et les modes de vie urbains évoluent au cours du XXème siècle.

La fin du siècle dernier marque néanmoins un relatif ralentissement de la croissance des grandes agglomérations dans les pays développés, doublé de leur desserrement : Les densités centrales tendent à diminuer notablement, au profit des périphéries (villes secondaires, villages) en cours de densification rapide. Ce processus de

métropolisation a créé ce que l‟on appelle les « aires métropolisées », les « aires métropolitaines » ou la « métapole »51 (concept de François Ascher 1995). Ainsi, la mobilité qui est au cœur de l‟urbanisation est un principe de la métropolisation et non une de ses conséquences.

La métropolisation n‟est pas un simple phénomène de croissance des grandes agglomérations. C‟est un processus qui fait entrer dans l‟aire de fonctionnement quotidien de ces grandes agglomérations, des villes et des villages de plus en plus éloignés et qui engendre ainsi des morphologies urbaines mais aussi « rurales » de type nouveau.

La métropolisation est une nouvelle forme d‟urbanisation intensive et extensive à la fois, liée à la mondialisation. Si la diversification des activités est l‟une des marques de la métropolisation, leur mise en réseau (et notamment un réseau mondial) en est une autre qui joue d‟ailleurs un rôle de plus en plus important.52

La métropolisation s‟appuie sur le développement des moyens de transport et de télécommunication pour former des ensembles territoriaux plus vastes et plus peuplés, au sein desquels les densités sont redistribuées.

49 TABAKA Kamila. Vers une nouvelle socio-géographie de la mobilité quotidienne, étude des

mobilités quotidiennes des habitants de la région urbaine de Grenoble, Thèse de doctorat Géographie

sous la direction de Martin Vanier et Sonia Chardonnel, Université Joseph Fourier Grenoble I. 2009.

50 TABAKA, 2009

51 ASCHER François, Les nouveaux principes de l’urbanisme. Ed. L‟aube poche, Paris, 2010 52 TABAKA Kamila. Vers une nouvelle socio-géographie de la mobilité quotidienne, étude des

mobilités quotidiennes des habitants de la région urbaine de Grenoble, Thèse de doctorat Géographie

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Le développement des technologies de l‟information et de la communication, loin de mettre fin au processus de concentration métropolitaine, y contribue activement et participe à une recomposition de la mobilité et de la localisation des biens, des informations et des personnes.

Cependant, on note que partout dans le monde (ville développé et/ou en voie de développement), la mégapolisation semble favoriser un processus de fragmentation de l‟espace.

Cette fragmentation peut être connotée positivement, c‟est le cas chez les auteurs de “La ville Émergente” pour qui la “ville archipel” est un facteur de choix et de liberté, ou négativement : monotonie des trajets qui relient les étroites bulles “domicile-travail- loisir”, esclavage automobile...

4- La notion spatio-temporelle dans l’interaction des villes et des