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Les Formes cliniques :

Matériels et Méthodes

IV. Grossesse au cours de la maladie lupique :

6. Les Formes cliniques :

6.1 - Lupus érythémateux et syndrome des anticorps antiphospholipides :

Le syndrome des antiphospholipides (SAPL) est une affection auto-immune caractérisée sur le plan clinique par des événements thrombotiques (artériel, veineux ou microvasculaire) et obstétricaux (avortement, mort fœtale in utero, préeclampsie, éclampsie), et sur le plan immunologique par la présence d’auto-anticorps favorisant la thrombose. [86, 87, 88]

La fréquence des anticorps anti-phospholipides au cours du LES varie selon les séries de 17 à 87%. Ils compliquent la maladie en ajoutant une composante vaso-occlusive à la composante inflammatoire aggravant ainsi le pronostic des patients porteurs d’un lupus avec APL. [89]

Les critères de classification du SAPL établis en 2005 lors de la conférence de consensus de Sydney [87] (Annexe VI), mettant à jour ceux de Sapporo (1999) (Annexe VII), indiquent la nécessité d’objectiver la présence d’au moins un des auto-anticorps parmi les suivants : anticoagulants circulants lupiques ou lupus anticoagulants (LA), anticorps anticardiolipine (aCL), anticorps anti-β2-glycoproté ine I (β2GPI), ou une fausse sérologie syphilitique , chez un malade donné présentant des manifestations cliniques thrombotiques ou obstétricales pour définir un

SAPL. La présence d’un de ces auto -anticorps doit ê tre confirmée après un intervalle d ’au moins 12 semaines. Cela est justifié par la possibilité pour un malade donné de développer des

anticorps antiphospholipides de faç on transitoire dans d’autres circonstances cliniques , notamment lors d’infections (maladie de Lyme, fièvre Q, syphilis, infection à VIH, etc.). [86]

Plusieurs études ont mis en évidence des différences entre le SAPL secondaire au lupus et le SAPL primaire. Ainsi, le livedo et les valvulopathies sont plus fréquentes au cours du SAPL secondaire au LES qu’au cours du SAPL primaire. Biologiquement, la thrombopénie et l'anémie hémolytique auto-immune avec test de Coombs positif sont plus fréquentes au cours du SAPL secondaire qu’au cours du SAPL primaire. [90]

Le spectre d’atteinte rénale au cours du SAPL secondaire au lupus est large avec la survenue de sténose des artères ré nales , infarctus rénaux , thrombose des veines ré nales et microangiopathie thrombotique aiguë ou chronique.

Tsuruta et al, ont rapporté dans leur étude portant sur des patients avec une néphropathie lupique que la positivité des aPL représentait un facteur de risque de survenue d’événements thrombotiques ainsi qu’une association statistiquement significative entre la présence des aPL et l’évolution à long terme vers l’insuffisance rénale chronique. [91]

Il faut noter que le SAPL peut ê tre inaugural en absence d 'autres critères cliniques ou immunologiques de lupus. Le suivi longitudinal à long terme de ces malades a montré que moins de 3% d'entre eux évoluaient vers un LES classique après plusieurs années. [92]

6.2 - Le lupus à début pédiatrique :

Le LES débute à l’â ge pédiatrique dans environ 20 % des cas . Ce lupus juvénile est une pathologie rare , mê me s’il est considéré parmi les connectivites fréquentes de l’enfant .Son diagnostic est porté avant l’â ge de 16 ans dans 20% des cas et peut également toucher le jeune enfant chez qui un contexte familial peut ê tre associé . Le sex -ratio fille /garç on semble moins élevé que chez l’adulte. La fréquence de la maladie varie également selon les ethnies et la géographie.

Sur le plan clinique , la forme systémique est la forme de révélation habituelle . Les signes cutanéo-muqueux peuvent ê tre spécifiques ou non . Les lé sions bulleuses , le lupus discoïde ,

l’alopécie et le phénomène de Raynaud sont rares [28]. Dans la littérature , l’atteinte des autres organes au cours du LES juvénile est dominée par l’atteinte rénale (30 à 80%) qui peut ê tre sévère d’emblée. les autres atteintes rapportées dans les études après l’atteinte rénale sont : l’atteinte articulaire dans 80%, l’atteinte neuropsychiatrique (20 - 95 %) et l’atteinte cardio-pulmonaire (5- 30 %). [93]

Les taux de survie du lupus pédiatrique sont voisins de ceux décrits chez l’adulte dont l’état est de gravité égale. Un début dans le jeune â ge doit faire rechercher un déficit en C2 ou en C4, plus rarement en C1q.

Figure 52. Rash malaire au cours d’un lupus à début pédiatrique chez un patient du service de pédiatrie au CHU Mohammed VI

6.3 - Le lupus chez le sujet de plus de 50 ans :

Il représente environ 10% des cas . La prédominance féminine est moins importante que chez l’adulte jeune . Les manifestations générales et la polyarthrite dominent l’expression clinique, avec moins de manifestations cutanées et ré nales que chez l’adulte je une, du moins au début. Les pleuro -péricardites et l’atteinte parenchymateuse pulmonaire sont en revanche plus fréquentes chez le sujet â gé. Les difficultés diagnostiques et thérapeutiques principales viennent de l’association à d’autres comorbidités, à des complications iatrogènes et aux modifications de système immunitaire propres au vieillissement . Il est connu par ê tre moins sévère avec moins d’atteintes viscérales et moins d’activité. [94, 95, 96, 97, 98]

6.4 – Lupus induit :

II s'agit habituellement de lupus iatrogène, lié à une prise médicamenteuse prolongée. Dans les grandes séries de la littérature, il représente environ 10% des malades lupiques [1]. Deux critères sont nécessaires pour admettre le diagnostic de lupus induit :

Les signes cliniques et biologiques doivent ê tre absents avant l'administration du produit. Les signes doivent ê tre réversibles à l'arrêt du traitement.

Les produits les plus fréquemment responsables de lupus induit sont : la minocycline , I'acébutolol, les dé rivés quinidiques, la D-pénicillamine, la sulfasalazine et moins fréquemment l'isoniazide. Les autres molécules sont déjà citées dans la figure 29.

Les lupus induits médicamenteux sont caractérisés par un début souvent tardif dans la sixième décennie (sauf dans les formes induites par les anticonvulsivants) et par un sex-ratio de 1. D'autres produits peuvent également induire une symptomatologie clinique de lupus : les injections de silicone ou l'exposition à la silice, les injections de collagène bovin dans un but esthétique et les produits aromatiques à base d'hydrazine, les graines de luzerne ou alpha-alpha contenant de la L-canavanine. [99]

6.5 - Formes intriquées ou associées :

La coexistence d’un LES et d’un SGS est fréquente. L’association simultanée ou successive d’un LES et d’une autre connectivite soulève parfois des problèmes nosologiques. Ainsi, le syndrome de Sharp, ou connectivite mixte, associe : un syndrome de Raynaud, des doigts boudinés, une polyarthrite non destructrice, des myalgies et un titre élevé d’AAN (fluorescence de type moucheté, dirigé contre l’U1 RNP).

Avec le temps, cette symptomatologie reste inchangée chez certains patients, alors que chez d’autres des manifestations spécifiques d’une connectivite définie apparaissent (lupus, sclérodermie, PR, dermatomyosite).