traitement global que les groupes contrôles pour des stimuli composés de formes
hiérarchiques (Deruelle, Rondan, Gepner, & Fagot, 2006 ; Rondan & Deruelle,
2007). Lorsque les stimuli utilisés dans cette étude sont composés au niveau local
d’objets de la vie de tous les jours (e.g., des timbres) formant au niveau global une
forme géométrique (e.g., une croix), un moins grand nombre de choix global est
observé chez les enfants autistes avec un QI situé dans la moyenne basse
(QI = 70) (Gross, 2005).
Certains auteurs considèrent qu’une des explications à ces résultats
divergents pourrait être de nature attentionnelle. En effet, lorsque les
participants ne sont pas informés du niveau d’apparition de la cible (global ou
local) les enfants autistes ne présentent pas d’avantage du traitement global
(Plaisted, 1999, Expérience 2). Ainsi, il semblerait que le changement
attentionnel d’un niveau de traitement à un autre soit problématique pour ces
enfants. Cette difficulté de changement attentionnel a également été observée
(Rinehart, 2001) mais uniquement pour le passage du niveau local au niveau
global. Pourtant, les résultats d’une autre étude indiquent que les adultes
autistes ont un plus faible « coût attentionnel » que des adultes contrôles pour
réaliser une tâche en attention divisée (Rutherford, 2007). Il faut cependant noter
que cette tâche ne faisait pas intervenir les traitements global et local.
Comme mentionné précédemment, l’EPG est sensible à un grand nombre de
variations méthodologiques. Wang et al. (2007) ont mené plusieurs études sur le
traitement global et local et son éventuel effet d’interférence chez les personnes
autistes à travers diverses conditions méthodologiques en manipulant le type de
réponse (choix forcé, choix libre), le temps d’exposition et la taille angulaire des
stimuli. Ils observent une interférence atypique des éléments locaux sur
l’identification des éléments globaux chez les personnes autistes et un avantage
du traitement local dans les conditions non congruentes. Ces résultats pourraient
indiquer que les personnes autistes n’ont pas de difficultés à traiter l’information
globale mais qu’un mode de traitement local « par défaut » est dominant chez
Chapitre 3. Traitements global et local dans les TSA
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elles. Ces résultats sont corroborés par ceux d’une étude en neuro-imagerie (Liu,
Cherkassky, Minshew, & Just, 2011). Dans cette étude, deux tâches sont
proposées : une tâche globale d’identification de figures possibles ou impossibles
ainsi qu’une tâche locale de comptage de lignes (rouge ou verte) sur des figures
possibles ou impossibles. Les auteurs observent que les deux groupes autiste et
contrôle ont le même niveau d’activation dans la tâche globale mais que le groupe
autiste présente un moindre effet d’interférence du traitement global sur le
traitement local. En effet, dans la tâche locale lorsque la détection de lignes se
fait sur une figure impossible, une moins grande activation des régions frontales
est observée chez les participants autistes. De plus, cette réduction d’effet
d’interférence s’accompagne d’une moins grande connectivité entre les régions
frontales et les régions postérieures comme observé chez les participants
contrôles. Les auteurs concluent donc à une moins grande implication des
processus descendants dans la réalisation de cette tâche chez les personnes
autistes, ce qui expliquerait donc une moins grande interférence du traitement
global sur le traitement local. Le fait que les personnes autistes soient moins
sensibles à l’interférence de la forme globale sur la forme locale, et dans
l’hypothèse de processus descendants non obligatoires dans l’autisme, appuie la
conclusion de Poirel et al. (2008). En effet, ces auteurs postulent l’implication des
processus cognitifs dans l’effet d’interférence globale alors que l’avantage du
traitement global serait sous-tendu par des processus sensoriels.
On peut cependant remarquer qu’aucune de ces études ne soulève la question
de l’âge dans le développement du traitement global et local dans l’autisme. Ceci
d’autant plus que l’âge des participants des études présentées précédemment
varie entre 7 et 16-20 ans (Mottron, et al., 2003 ; Mottron, Burack, et al., 1999 ;
Ozonoff, et al., 1994 ; Plaisted, et al., 1999 ; Rinehart, et al., 2000). Pourtant,
comme souligné précédemment, le développement du traitement global et local
dans la population générale semble évoluer jusqu'à 12 ans (Dukette & Stiles,
2001 ; Harrison & Stiles, 2009 ; Mondloch, et al., 2003). L’autisme étant un
trouble développemental, il semble important de questionner le développement
de ces différents processus dans la population autiste (Karmiloff-Smith, 1998).
Chapitre 3. Traitements global et local dans les TSA
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A notre connaissance, seule l’étude de Scherf et al. (2008) a étudié le
développement des traitements global et local dans l’autisme. Dans cette étude, il
est demandé aux participants d’identifier soit la forme globale soit la forme locale
de stimuli présentée au centre de l’écran. Quinze enfants, 15 adolescents et 9
adultes autistes et autant de participants contrôles ont participé à cette étude.
Scherf et al. (2008) observent une augmentation de la sensibilité au traitement
global avec l’âge uniquement dans le groupe contrôle. Autrement dit, plus les
participants sont âgés plus ils montrent un avantage du traitement global. Or,
cet avantage du traitement global n’est pas observé pour le groupe autiste. Ces
résultats indiquent un développement atypique du traitement global et local dans
l’autisme.
Dans une seconde partie de cette étude, une tâche d’amorçage a été utilisée
(Kimchi, 1998). Dans cette tâche une amorce est présentée pendant 40, 90, 190,
390 ou 690 ms, puis une cible pouvant avoir la même configuration (global) ou les
mêmes éléments (local) que l’amorce, est présentée pendant 3000 ms. Les
participants doivent décider si la cible est identique ou différente de l’amorce. Les
formes peuvent avoir une densité faible (4 éléments) ou bien une densité élevée
(16 éléments). Quand les formes ont une densité faible, les participants autistes
et contrôles sont plus rapides pour identifier les éléments locaux que la
configuration globale. Lorsque les formes ont une densité élevée, les participants
autistes, quel que soit leur âge, montrent une plus grande propension à se baser
sur les éléments locaux que sur la forme globale pour discriminer les deux
formes. Dans le groupe contrôle, la même tendance à se baser sur les éléments
locaux est observée, bien que l’effet soit plus grand dans le groupe autiste. Par
contre, le groupe adulte contrôle montre un avantage de la configuration globale
lorsque l’amorce est présentée à 40ms. Cet effet concorde avec le modèle « coarse
to fine » en vision où l’information globale prime lorsqu’il y a peu de temps pour
traiter l’information (Oliva & Schyns, 1997). Cet effet n’est observé dans aucun
autre groupe. Le groupe autiste montrerait donc un développement plus lent des
processus de groupement qui n’arriveraient pas à totale maturation. Cette étude
confirme les résultats observés chez des adultes autistes (Behrmann, et al.,
2006). Cependant, une étude reprenant la même tâche n’a pas permis d’observer
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