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FORMATIONS VEGETALES OUVERTES

Dans le document Forets, geosystemes et dynamique du milieu (Page 154-158)

Introduction

Celles-ci représentent le dernier géosystème du massif de l’Aurès. A l’opposé de certains chercheurs qui ont mené des études approfondies sur l’Aurès (J.L. BALLAIS ,1981), nous avons englobé aussi bien la steppe que les labours et les nombreuses oasis qui s’y trouvent, dans un seul paysage et ce malgré le contraste radical que ces dernières forment avec la première. Néanmoins et vu la superficie trop restreinte, l’altitude et même les facteurs édaphiques, nous avons estimé suffisant pour admettre un paysage végétal à part entière.

Celui-ci est donc formé de trois géo- faciès : la steppe, les labours et les oasis.

1. La steppe :

Il est indéniablement connu que les formations végétales ouvertes qui occupent de vastes superficies dans les parties sèches du monde méditerranéen ne sont pas dans leur état naturel mais le fait de l’intervention répétée des hommes dans un milieu biogéographique fragile (H. El HAI 1968). C’est le cas aussi dans le massif de l’Aurès où elles couvrent de grandes surfaces qui le ceinturent de tous les cotés. De l’est la steppe commence dans le piémont de Ras Serdoun et longe en s’élargissant tout le massif de Khenchela à partir de l’isoligne 1 200. Aux environs de l’oued Foum Tarhit, ce géofaciès s’élargit vers le nord pour englober l’oued Mellagou ainsi que les abords de Bouhmama, au sud tout le versant du Djebel El Kannouf. Ensuite il continue sa course parallèlement à l’oued El Arab en contournant le massif de Béni Imloul pour s’élargir enfin du coté d’El Ouldja et remonter l’oued Dermoun après avoir occupé la quasi-totalité du Djebel Borga (1 290m).

Sa présence est signalée d’une façon continue sur tous les Guerguits jusqu’au piémont sud du Djebel Ahmar Kheddou où il est concurrencé par le genévrier de Phénicie. Après avoir été interrompue par la vallée de l’Oued El Abiod sur lequel essaime une multitude d’oasis, il occupe tout le versant sud et sud-est de l’Azreg. La même disposition est signalée dans la vallée de l’Oued Abdi où il n’apparaît que d’une façon sporadique en raison de la féroce

Photo 3 :STEPPE DEGRADEE AU SUD DE L’AURES (MEHARZI 2010)

Plus au nord et vers le pièmont ouest de l’Aurès, il apparaît d’une façon dense et continue notamment sur le Djebel Haouidja et Djebel Djar Ouled Bellil qui cernent la vallée d’El Kantara ou sur toute la rive droite de l’Oued Fédhala jusqu’aux abords du Djebel Chenntouf. Sur le versant nord, cette espèce est plutot concurrencée par la garrigue sur lithosol où il apparaît, quand même, sous forme touffue.

1.1. Facteurs de répartition:

La répartition de ce géo faciès peu aisément nous expliciter le bioclimat auquel il est soumis. Plusieurs stations pluviométriques dont Ain Touta, El Kantara, Biskra – respectivement 269, 241 et 150 mm.- où les précipitations se raréfient déjà et les températures augmentent (cf. partie II) avec une sécheresse bioclimatique qui dure sept mois et plus (avril à octobre) nous révèlent les dures conditions de vie de cette essence. Dans le diagramme

d’Emberger, ce géofaciès occupe plutôt l’étage sub-aride avec un léger chevauchement dans l’étage semi-aride inférieur (cf. fig. N°40).1

1.2. Quel cortège floristique compose-t-il la steppe ?

Vu la grande superficie qu’occupe l’Aurès et les différents géo-faciès qui le composent, il est incontestable que la steppe qui le colonise soit composée de types différents, dans la partie septentrionale du massif et notamment dans la dépression de Bouhmama et Médina, c’est le règne de l’Ampelodesma mauritanica car c’est une végétation qui aime et supporte l’humidité. Plus à l’est dans le Djebel Djahfa et au piémont sud de Djebel Chenntouf, c’est plutôt la steppe à Stipa tenacissima et Artemisia campestris qui peuvent se développer considérablement dans l’étage sub-humide. Plus en hauteur, elle est envahie par le Chamoerops humilis. En général le taux de recouvrement est très faible en raison de l’arrachage pour les besoins domestiques des autochtones, en raison aussi de la surcharge des ovins et caprins en pacage d’hiver après leur descente de l’alpage à la fin de l’été sans oublier le défrichement pour la céréaliculture2.

Plus au sud en contrebas du géosystème précédent, nous retrouvons plutôt la steppe à Artemisia herba alba qui colonise beaucoup plus les sols limoneux et argileux ((J.L.BALLAIS,

1981). 2) d’El Ouldja ou le sud du djebel Ahmar Kheddou et sud ouest du Djebel El Azreg.

Enfin dans le secteur le plus méridional, sur les sols salés, jusqu'à une altitude de 600m, une steppe halophile constituée notamment d’Atriplex halinues et des Amarantacées-Chénopodiacées.

2. Les labours :

Ceux-ci se pratiquent au détriment de la forêt et de la steppe (M. COTE, 1971). Car malgré sa réputation de sédentaire, l’Aurasien a en fait quasiment toujours pratiqué la transhumance. Mais celle-ci reste quand même interne au massif. En effet, parallèlement à

1 Il arrive qu’elle monte jusqu’à 1500m. d’altitude suivant la position du relief et des défrichements de l’homme.

l’élevage il pratique la culture de la terre notamment les cultures sèches qui « montent le plus haut, évitant la roche en place pour les accumulations limoneuses des poljés, des dépressions entre les bourrelets de solifluxion, des vallons en U et les lobes en coulées boueuses »

(J.L.BALLAIS, 1981).

Ces cultures se font donc dans des secteurs plus élevés, puis en contrebas où elles occupent les glacis et les replats ainsi que les terrasses des oueds.

3. Les oasis :

Le contact brutal du massif de l’Aurès et le Sahara avec toutes ses spécificités -influences climatiques surtout- a fait que la végétation saharienne pénètre plus profondément dans les entrailles à la faveur des larges incisions que sont les vallées des oueds. Nous citons dans ce cas l’oued El Abiod sur lequel une série d’oasis s’égrène, à commencer par M’chounèche située à la limite sud du massif (400 m.), puis Takroumt Aouana, Baniane, Ouled Mansour, Rhouffi (662 m) et Rhassira (750 m.), soit une distance de 30 km.

Même situation tout le long de l’Oued Abdi où s’étirent quelques oasis à commencer par Djemorah (400 m.), Béni Souk (500 m), Amentane (550 m.) et Ourka (600 m.) et même Menàa (900 m.) sur la même distance que la première cité

Ces oasis sont les paysages les plus marqués par l’homme où la maîtrise de l’eau a fait émerger de très beaux jardins au milieu d’une steppe à la limite de sa survie. Nous y trouvons bien sur une végétation abondante qu’elle soit arborée ou légumineuse : le premier végétal qui symbolise l’oasis est le phoenix dactilefera, suivi d’abricotier, de pêcher, de figuier, de grenadier, d’oranger et même de noyer.

Sous cette strate sont cultivés les légumes très variés, de fourrages, de céréales qui sont moissonnées à la fin du printemps. Ces jardins sont séparés par des haies de Rumex, d’Opuntius et d’Aquileutum.

Dans le document Forets, geosystemes et dynamique du milieu (Page 154-158)

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