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La formation continue pour l’inclusion

3. Les transformations et conditions favorisant la généralisation de l’inclusion scolaire et sociale

3.3. Transformations dans le champ de l’accompagnement des professionnels

3.3.2. La formation continue pour l’inclusion

Les formations rapides en début d’année pour les enseignants concernés

La mission préconise une formation rapide pour celles et ceux concernés par une classe ou des profils d’élèves relèvent du DITEP ou de tout autre profil approchant, en lien avec des troubles du

comportement. Cette formation spot pourrait être dispensée dès la fin du mois d’août si l’affectation est connue suffisamment tôt, soit au tout début de l’année scolaire afin de ne pas laisser de jeunes enseignants (en particulier) aux prises avec des situations qui pourraient les dépasser et ne pas les encourager dans sa prise de fonction.

Par ailleurs, une régulation, à l’échelle du département et de la circonscription pourrait être mis en place avec une passation d’informations nécessaires à la prise en main de la classe par l’enseignant stagiaire ou titulaire, mais aussi avec un accompagnement par des professionnels de l’enseignement adapté (IEN-ASH, conseillers pédagogiques départementaux ASH par exemple).

Le plan académique de formation (PAF) et les plans départementaux de formation

Les plans académiques de formation, ou les animations de circonscription pour le premier degré devraient pouvoir maintenir un volant suffisant d’heures de formation permettant aux enseignants ayant besoin d’une aide ou d’une expertise, de trouver, dans le cadre de la formation continue, un appui, des outils et une réassurance afin d’accompagner aux mieux les élèves qui leur sont confiés.

L’accent doit pouvoir être mis sur l’amélioration des outils de lecture des comportements d’enfants et d’adolescents. La vie scolaire et le climat de classe et d’établissement doivent pouvoir être au cœur des réflexions.

Les formations pour le secteur médicosocial

Pour la formation continue, les moyens classiques existent pour actualiser et améliorer les pratiques professionnelles. Un accent doit être mis sur les formations concernant la désinstitutionalisation et la logique d’inclusion. Plus largement, les témoignages ont fait ressortir que l’appropriation est bonne sur les enjeux législatifs des réformes récentes, tandis qu’elle est nettement plus en retrait sur la compréhension des différents dispositifs réglementaires et des instructions qui les accompagnent.

Les formations doivent permettre d’étendre les mises en situation.

Les formations mixtes

La place des accompagnements du médicosocial dans le monde de l’éducation et la venue des enseignants ordinaires au contact des services sont un enjeu majeur des formations sur l’inclusion.

Quelques plans départementaux et académiques de formation prévoient l’intervention d’enseignants ou d’éducateurs spécialisés affectés en ITEP pour aborder la gestion des troubles du comportement (Alpes-de-Haute-Provence, Bouches-du-Rhône, etc.). Des formations croisées associant les différents acteurs sont également recensées. Ces formations mixtes peuvent et doivent s’enrichir de l’apport des interventions des personnels issus de l’univers de la pédopsychiatrie.

Les collaborations en matière de formation sont aussi le fruit de relations personnelles qu’entretiennent les IEN-ASH et des conseillers pédagogiques avec les directeurs et les équipes d’ITEP. Elles reposent le plus souvent sur un investissement personnel. Cependant, ces actions demeurent modestes et le cloisonnement institutionnel entre les ITEP / SESSAD, d’une part, et l’éducation nationale, d’autre part, constitue un frein. La mission a ainsi constaté que l’accueil en inclusion dans les EPLE d’élèves d’ITEP pouvait engendrer des craintes précédées par des recherches personnelles d’information sur la « nature des publics accompagnés dans les ITEP » témoignant

d’une grande ignorance. Une meilleure connaissance par les enseignants des missions et du fonctionnement des ESMS serait de nature à renforcer leur acculturation à l’inclusion. Ainsi, l’intervention de personnels affectés en ITEP, dans les plans de formation des enseignants, sur la thématique de la gestion des troubles du comportement ainsi que l’organisation de visite dans les instituts d’enseignants en formation (initiale et continue) sont à promouvoir.

Visite des enseignants concernés à l’ITEP / SESSAD en début d’année scolaire

Afin de renforcer cette imbrication entre le médicosocial et l’éducation nationale, la mission suggère de faire en sorte de généraliser les visites des enseignants accueillant dans leur classe des élèves relevant du DITEP dans les structures ITEP dont dépend l’élève concerné (ou les élèves concernés).

Ces visites, loin d’être de curiosité, seraient l’occasion de mieux comprendre, sur une journée complète par exemple, en quoi consiste l’offre médicosociale et l’articulation possible avec l’éducation nationale notamment pour tout ce qui ressort du suivi de scolarité et de l’accompagnement aux devoirs. Ces visites auraient aussi une fonction de rapprocher les personnels de l’éducation nationale et des services médicosociaux pour une meilleure connaissance commune, gage d’une fluidité accrue des relations professionnelles autour du dossier des élèves.

Réciproquement, des stages d’immersion de personnels du médicosocial dans les établissements scolaires seraient très utiles. Ils pourraient même être systématisés pour les personnels qui sont amenés à venir en soutien, dans le cadre d’équipes mobiles d’appui.

La question des accompagnants scolaires

Près de 45 % des élèves en situation de handicap font l’objet d’un accompagnement soit par un personnel auxiliaire de vie scolaire (AVS) ayant le statut de contrat aidé et relevant du droit privé, soit par un accompagnant des élèves en situation de handicap (AESH) dont le contrat relève du droit public et peut aboutir à un CDI. On comptera à la rentrée 2018 plus de 80 000 accompagnants tout statuts confondus (AESH et contrats aidés).

Le besoin de ces personnels est fortement revendiqué et sollicité par les familles des enfants en DITEP. Cependant, certains acteurs locaux ont attiré l’attention de la mission sur les limites du recours massif à ces personnels. Leur présence peut en effet involontairement produire un effet paradoxal en contribuant à une forme d’inclusion / exclusion au sein de la classe. En effet, d’une part, la prise en charge au sein de la classe de l'enfant est alors entièrement déléguée à l'accompagnant et aboutit à une autre forme de marginalisation de l'élève en situation de handicap au sein de la classe.

D’autre part, la nature du recrutement et les contrats des AVS, indépendamment de l’engagement des intéressés, engendre régulièrement un écart entre les compétences et postures professionnelles exigées et le service constaté. Les formations déployées lors des prises de fonction ne compensent pas toujours ces écarts. La professionnalisation et la personnalisation de l’accompagnement dans la durée sont considérées comme un élément important du succès de l’inclusion pour ces jeunes.

La mission n’a pu mener d’investigations à ce sujet qui a fait l’objet du rapport Évaluation de l’aide humaine pour les élèves en situation de handicap (IGAS n° 2018-012R – IGEN / IGAENR n° 2018-055), mais elle note une grande disparité des prescriptions d’accompagnement par les MDPH qui nécessiteraient une harmonisation des critères et des pratiques.

La formation au management du changement

Les évolutions nécessaires au développement de l’inclusion et à la transformation de l’offre médicosociale supposent de telles modifications du travail quotidien et de l’organisation des projets et des partenariats que les équipes de direction et d’encadrement doivent être formées aux techniques de management du changement de façon systématique et rapide. Les responsables d’établissements scolaires peuvent avoir besoin de cette réflexion sur le changement, afin d’engager leurs équipes dans la dynamique de l’inclusion.

La qualité de vie au travail, tant côté médicosocial et côté éducation nationale, en dépend largement, et conditionne la réussite ou le rejet de l’inclusion.

Recommandation n° 15 : faire évoluer la formation initiale avec de véritables modules dédiés au handicap et aux troubles du comportement ; renforcer la formation continue, les formations rapides et favoriser des formations mixtes destinées à renforcer les cohérences de prise en charge des publics concernés. Former les responsables et cadres au management du changement.